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cependant y avoir au moins un siècle d'intervalle entre son exécution et celle des deux autres épis, on voit combien cette fabrication céramique du moyen-âge est restée stationnaire pendant une longue suite d'années. Il semble qu'au XI. siècle on ait déjà fait aussi bien les poteries qu'au XII., et l'examen des carrelages apprend que, loin de se perfectionner en se rapprochant des temps modernes, les produits céramiques allaient sans cesse en dégénérant; ceux du XV. siècle sont certainement bien plus imparfaits que ceux du XIII®.

Pour que la céramique prît tout le développement dont elle était susceptible et s'élevât à la dignité d'un art, il fallait une révolution aussi brusque et aussi complète que celle qui eut pour but de substituer la terre émaillée à la terre vernissée. La renaissance profita de cette découverte inespérée pour façonner de petits chefs-d'œuvre dont la supériorité est incontestable, mais qui ont un peu trop contribué par leur perfection même, à laisser dans l'oubli les produits des siècles et des procédés antérieurs si ces derniers ne méritent pas de bien grands regrets de la part des artistes, ils méritent au moins un souvenir de la part des archéologues.

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SUR

QUELQUES MONUMENTS DE LA VILLE DE TROYES

ET SUR LANDUNUM,

ADRESSÉES A M. DE CAUMONT

Par M. THIOLLET,

Membre de la Société française pour la conservation des monuments.

MONSIEUR,

Pendant la durée du Congrès qui a eu lieu à Troyes, je me suis occupé, comme vous me l'avez recommandé, de dessiner quelques objets remarquables de cette ville, tels que les puits communs situés dans les rues ou places de la ville; ces puits vont disparaître leurs margelles et leurs ferrures offrant quelque intérêt pour l'étude archéologique, vous avez cru utile d'en conserver les dessins, et je vous en envoie un spécimen.

La toiture des maisons anciennes offre quelques particularités comme décoration des tuiles faîtières; je joins trois de ces spécimens ainsi qu'une tête de loup, tuile ornée pour former à elle seule une petite lucarne dans le rampant du toit

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ou comble. Comme objet de décoration, les tuiles faîtières ne devraient pas rester dans l'oubli; elles forment une agréable découpure sur le ciel et terminent élégamment le toit des pavillons et maisons isolées.

Dans le musée de la ville de Troyes on a réuni plusieurs pièces gallo-romaines; ce sont des fers de lances d'une grande variété de forme et de grandeur, dont plusieurs ne m'étaient pas connus; tel est un fer de javelot avec deux dards disposés dans deux directions différentes; il en est de même d'une lance dont l'extrémité est carrée, le milieu arrondi jusqu'à la douille, laquelle n'est pas fermée : sa longueur est de 90o. Le musée possède aussi plusieurs fers à deux tranchants, un sabre de soldat Franc ou Germain, deux fers qui ont appartenu à la décoration d'un bouclier en bois. Tous ces objets ont été recueillis dans les fouilles d'un cimetière gallo-romain sur le territoire de Verrières.

On voit aussi une grande quantité de fers de flèches et de petits dards en fer et en bronze (le dard et les pointes sont variés de forme; une des flèches a été trouvée avec huit autres autour de la tête d'un squelette humain en 1845), des haches en bronze d'une belle conservation. Il n'en est pas de même des haches et coignées en fer dont la forme est conservée seulement dans une masse d'oxide, etc.

Plusieurs fers de chevaux, anciens, de formes variées, ont été trouvés en creusant le canal.

Des bracelets et objets de toilette, des ustensiles de ménage, des objets en verre sont aussi conservés dans le musée: entr'autres une bouteille d'un verre très-mince et d'une forme élégante.

Des objets en terre cuite y sont en grand nombre; une des pièces la plus remarquable est une gourde en terre cuite noire elle servait aux soldats romains pour porter leur boisson

en route.

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UMBO D'UN BOUCLIER, VU DE FACE ET DE PROFIL.

UN DES PUITS DE LA VILLE DE TROYES.

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