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personnages qui occupent la partie inférieure, trois sont intactes, les jambes exceptées; les deux autres, outre cette dégradation, ont en outre perdu la partie supérieure et sont mutilés dans l'ensemble.

Les personnages de la partie supérieure sont indiqués par les têtes qui, toutes, sont conservées. La plupart des bustes sont demeurés, ainsi que plusieurs mains portant les insignes propres à la cérémonie. De plus, parmi ces huit personnages, deux sont à peu près intacts, et un troisième n'est dégradé que dans la partie inférieure. Au reste, on voit se rattacher à la majeure partie des treize figures, des blasons qui lèvent toute espèce de doute sur la qualité de chacun des personnages. Les laïques portent des couronnes de ducs ou de comtes, les ecclésiastiques, tous prélats, portent la mitre.

Ces personnages sont le roi, les ducs et comtes d'Aquitaine, de Normandie, de Champagne, de Toulouse et de Flandre; les archevêques et évêques de Reims, prélat consécrateur, de Laon, de Beauvais, de Langres, de Noyon et de Châlons.

Après l'examen de cette verrière, M. l'abbé Tridon a conduit les membres du Congrès vers une porte intéressante dans le collatéral de gauche. Cette porte a deux baies séparées par un pilier formé de plusieurs colonnettes en faisceau, et surmontées de deux couronnes formant chapiteau. Dans la couronne supérieure sont deux animaux à forme svelte; huit petits oiseaux se jouent dans la guirlande inférieure. Ces détails sont surmontés de nuages développés sur un massif en pierre, base d'une statue dont il ne reste que le pied; audessus est demeuré un dais découpé à jour et destiné à couronner la statue.

Le portail collatéral de droite, qui fait face à celui dont nous venons de parler, n'offre plus que quelques fragments en dégradation autour de la baie.

Vous vous êtes ensuite dirigés, Messieurs, derrière le maître-autel, pour y procéder à l'examen des verrières. La plus intéressante que vous ayez remarquée se trouve à l'autel de la communion; le sujet est l'institution de l'Eucharistie par Jésus-Christ entouré des douze apôtres.

Au centre, au dessous de Jésus-Christ, deux anges portent la sainte Eucharistie dans un ostensoir d'or. A droite de cette scène, on voit, en trois tableaux successifs, la manducation de l'Agneau pascal, la manne du désert, les pains de proposition offerts à David par le grand-prêtre. Dans les trois panneaux de gauche, le miracle de la multiplication des pains, les noces de Cana.

Le Congrès émet le vœu que la partie du rétable qui masque une partie de la verrière soit enlevé; mais M. le curé fait observer que le rétable ne va point au-delà de la pierre de l'édifice et dissimule, au contraire, une chose qui serait disgracieuse.

Près de la sacristie, vous avez remarqué les vitraux représentant le crucifiement et la sépulture du Christ. Cà et là dans les collatéraux sont encore conservés des fragments plus ou moins complets de verrières, moins intéressants, près desquelles le Congrès ne s'est point arrêté, comme à l'autel de la Vierge, où, de chaque côté d'une annonciation, sont les portraits des donateurs, Pierre et Nicolas d'Origny, l'oncle et le neveu, successivement curés de St.-Jean. Sous l'image de Nicolas d'Origny se lit cette inscription :

MONSEIGNEUR MAITRE NICOLE D'ORIGNY,

EN DÉCRET CONSEILLER DU ROY NOTRE SIRE EN LA COUR
DE PARLEMENT, CURÉ DE CÉANS, CHANOINE ET CHAN-
CELIER DE PARIS, A BAILLÉ CETTE VERRIÈRE L'AN MIL Vo. XXII.

Sous l'autre personnage existe une inscription du même genre:

MONSEIGNEUR MAITRE PIERRE D'ORIGNY, LICENCIÉ,
DOCTEUR EN DÉCRET, CONSEILLER DU ROY EN SA

COUR DE PARLEMENT A PARIS, JADIS

CURÉ DE CÉANS ET PRIEUR DU SAINT sépulcre.

De cette chapelle, le Congrès est revenu vers le chœur, et tout en admirant le tableau, chef-d'œuvre de Mignard, il regrette qu'il soit à une place où, avec les constructions qui l'entourent, il empêche de projeter les regards jusqu'au chevet de l'église.

Avant de quitter St.-Jean, les membres de la Société française se dirigent vers la chapelle des fonts, qui offre à leur étude quelques sculptures intéressantes. Ils y trouvent des reliefs et des rondes-bosses. Les reliefs, qui ne paraissent point être du même ciseau que le reste, représentent le portement de croix, la descente de croix, la mise au tombeau, la résurrection.

Les rondes-bosses représentent en trois tableaux le lavement des pieds, la cène eucharistique et un serment de Clovis aux pieds de saint Remi; derrière le roi franc se tient richement vêtue sainte Clotilde, et dans l'enfoncement un moine que l'on pourrait bien prendre pour saint Vaast, chargé d'instruire Clovis dans la foi de Jésus Christ.

Après avoir admiré ces sculptures, empreintes d'un cachet de grande hardiesse et soigneusement exécutées, les membres du Congrès quittent l'église de St.-Jean en offrant leurs remercîments à M. le Curé qui n'a cessé de les accompagner.

Le Secrétaire,

L'abbé BONNEMAIN,

Vicaire de la Madeleine.

VISITE A SAINT-PANTALÉON ET A SAINT-NICOLAS,

LE DIMANCHE 12 JUIN 1853.

Le dimanche 12 juin 1853, à 8 heures du soir, le Congrès s'est rendu à l'église St.-Pantaléon pour en faire la visite, sous la direction de M. l'abbé Tridon.

St.-Pantaleon fut bâtie, dit-on, en 1624, par le cardinal Ancher Pantaleon, neveu du pape Urbain IV, dont le tombeau a été découvert dernièrement par un de nos compatriotes à Rome, dans l'église Ste.-Praxède. Détruite en 1524, lors du grand incendie, l'église St.-Pantaléon fut relevée de ses ruines par les habitants de la paroisse; le portail offre peu d'intérêt; l'église est d'une forme régulière; on remarque que les transepts sont plus étroits que la nef. La peinture et la sculpture étalent dans St.-Pantaléon toutes leurs richesses ; le Congrès a vu avec intérêt les tableaux de cette église, œuvres d'artistes troyens; les sculptures sont dues au ciseau de Gentil et de Dominique. L'heure avancée n'a pas permis au Congrès de s'arrêter long-temps dans ce musée chrétien ; il a fallu jeter un coup-d'œil rapide sur les verrières difficiles à examiner à cette heure; les visiteurs n'ont pu que constater, pour ainsi dire, l'existence des verrières attribuées à Macadré, verrières que le cardinal de Richelieu aurait voulu acquérir à prix d'or; mais les paroissiens de St.-Pantaléon préférèrent noblement leurs beaux vitraux à l'or du puissant ministre de Louis XIII.

Dans la chapelle du fond, du côté de l'évangile, la verrière représente la légende de la croix, depuis la plantation de l'arbre sur la tombe d'Adam jusqu'à la reprise de la croix par Héraclius, vainqueur de Cosroès. La verrière qui vient en

suite retrace l'histoire de la Sainte Vierge; celle d'ensuite représente une bataille exécutée avec habileté et correction. Vous avez aussi admiré, Messieurs, en passant, un petit autel du XVIe siècle; puis votre attention s'est arrêtée sur le groupe de la Notre-Dame-de-Pitié, qui vous a paru mériter quelques éloges; vous avez seulement émis le vœu de voir disparaître au plus tôt certain coq empaillé qui serait beaucoup mieux ailleurs que là où il a été placé par je ne sais quelle bizarrerie de très-mauvais goût. Les éloges que vous avez accordés au beau groupe de saint Crépin et saint Crépinien ont justifié la réputation séculaire de ce travail digne d'admiration.

Le vitrail de la chapelle de la Sainte Vierge n'est pas inférieur à ceux qui l'accompagnent; les emblêmes mystiques de la Sainte Vierge, la toison de Gédéon, le buisson ardent, sont dessinés avec une grande perfection, ainsi que le vitrail de la passion et celui de Daniel; dans ce dernier vous avez remarqué les armes de la famille Largentier, dont l'écusson, au champ d'azur, porte trois chandeliers d'or surmontés d'une étoile d'or. Avant de quitter l'église St.-Pantaleon, on vous a fait remarquer encore les vitraux qui ornent les fenêtres de la partie supérieure ; vous avez pu voir que tous ont été donnés par la générosité des paroissiens, et sur l'un de ces vitraux vous avez même pu lire: Donné par noble homme Jacques Truelle, etc.; puis vous avez exprimé le désir de voir remplacer l'informe rétable du maître-autel par une belle verrière.

En sortant, vous avez examiné le chevet de l'église sur la rue du Dauphin; vous avez été frappés de la beauté des niches sculptées et du raccord parfait de la partie circulaire avec la partie carrée.

La porte méridionale de St.-Pantaléon, que vous avez visitée la dernière, est simple et ne manque pas d'élégance.

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