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C'est dans les endroits les plus élevés (quelques mètres à peine au-dessus des lits actuellement à sec) que nous avons trouvé les traces des premières occupations.

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Sur le bord du sillon Est le moins exposé aux inondations et sur la longue bande de terre en direction de Méniha, nous avons noté les points d'occupations les plus importants du Ile niveau.

Les ateliers du Ille niveau sont presque toujours au bord de petites cuvettes où s'assemblaient les dernières eaux du fleuve agonisant.

INDUSTRIES.

Nous basant autant sur la forme des nucléï et outils que sur les emplacements occupés aux différents niveaux des eaux, nous distinguerons trois ni

veaux :

1o Le plus ancien à nucléï et éclats-pointes de formes moustériennes; 2o Le niveau intermédiaire de perfectionnement;

3o Le niveau à microlithes.

NIVEAU ANCIEN.

POSITION. Nous l'avons rencontré en quelques points marqués sur la carte no 2, toujours aux endroits les plus élevés qui seuls devaient alors émerger des eaux du marécage et offrir un sol relativement sec aux habitants. Le point marqué à l'ouest de la grande flaque d'eau (carte no 2) est probablement le plus ancien; de plus, il est le seul qui n'ait pas été occupé au cours des périodes suivantes.

L'étude de l'outillage que nous y avons recueilli nous permet de juger de l'état de civilisation de ces premières tribus.

MATIÈRES PREMIÈRES.

La plupart des outils sont en diorite, en roches porphyroïdes, en grès ou en quartz; la proportion des instruments en silex est très minime, mais, quelle que soit leur nature, les outils ont été obtenus de la même manière.

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Ils ressemblent A. pour la plupart aux nucléï-disques de l'époque moustérienne l'épannelage (1) préparatoire des faces inférieure et supérieure est identique à celui que nous avons remarqué et signalé dans les stations moustériennes des environs de Nag-Hamadi (2).

Le bloc a été dépouillé de sa gangue sur tout son pourtour; généralement la face supérieure est peu décortiquée, seuls les bords ont été dégagés par de petits enlèvements (pl. I, no 1 et 2); la face inférieure, sur laquelle devaient être prélevés les outils, a été mieux préparée (pl. I, nos 1 et 2).

La partie la plus épaisse du nucléus, le talon, est plus soignée; une série d'enlèvements plus ou moins abrupts forment une plate-forme sur laquelle des chocs perpendiculaires viendront décoller les éclats.

tout comme

En conséquence, le plan de frappe des outils ainsi obtenus dans le moustérien - possède plusieurs facettes, et leurs arêtes latérales portent souvent l'empreinte des enlèvements préparatoires de la face inférieure (pl. III, IV et V a, a', a2, a3).

Le mode de taille des nucléï est donc parfaitement semblable à celui usité à l'époque moustérienne, seules leurs dimensions diffèrent.

Le n° 2, pl. I, est un nucléus sur lequel on a enlevé un petit éclat Levallois; no 1, nucléus en roche porphyroïde d'où l'on a extrait des éclats-pointes (remarquer l'épannelage circulaire et la préparation du talon).

La majeure partie des nucléï de Sébil ont de très grandes ressemblances avec les disques moustériens, qui sont pour la plupart (au moins dans la région du Nord de la France) de véritables nucléï.

Les disques de chez Pourret, près de Brive (Corrèze), offrent de très grandes analogies avec ce que nous dénommons ici des nucléï. Ceux que nous avons représentés sont de dimensions moyennes; dans les stations de préparation (3) nous en avons rencontré de plus volumineux, et M. Demulling en possède un du poids d'un kilogramme environ.

(1) Par le terme répannelage" nous voulons indiquer l'enlèvement du cortex du bloc à tailler. (2) Voir Bulletin de l'Institut français d'Archéo

logie orientale du Caire, t. XX, p. 97 Stations
paléolithiques de la carrière d'Abou el-Nour.
(3) Nous nous proposons d'étudier séparément

Sur ceux dessinés planches I et II, les éclats dont on remarque les traces sont relativement plus petits que ceux que l'on trouve transformés en outils dans le gisement; c'est qu'en effet, seuls les premiers éclats étaient relativement importants; les suivants, par suite de la forme du bloc, étaient très rapidement de dimensions plus restreintes. Les nucléï à l'origine ne sont pas aplatis, mais plutôt globuleux, et ceux des planches I et II ne sont arrivés à la forme plate que parce qu'ils ont été utilisés au maximum.

Il est possible que quelques-uns de ces outils aient été employés comme pierres de jet; mais pourquoi alors les trouver toujours dans les ateliers et jamais dans la plaine, où encore plus que les éclats-pointes ils auraient dù être égarés en chassant?

B. En même temps que ces nucléï à facture franchement moustérienne, nous avons recueilli quelques pièces d'un genre un peu différent qui, tout en ressemblant aux précédents, forment transition avec ceux que nous récolterons en abondance dans les deux niveaux suivants.

Planche II, nos 1 et 2, les deux enlèvements ou séries d'enlèvements a1, a2, a3, etc., de la face supérieure forment deux talons - au lieu d'un d'où partiront les éclatements de la face inférieure. Dans ces conditions, on n'obtient plus d'éclats Levallois, mais bien des éclats-pointes dont les extrémités se rejoignent ou se chevauchent parfois sur le nucléus (pl. II, no 2).

Nous attirons l'attention sur le n° 3 de la planche II, qui appartient à cette technique et a été récolté dans une station moustérienne d'un des contreforts sud du Guébel Silsilé, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Sébil; il est en quartz et fortement patiné comme les pièces paléolithiques en silex

trouvées à côté.

C. En dehors de ces deux types de nucléï qui dominent, il en existe d'autres où l'on a cherché à obtenir des éclats par des chocs donnés, semblet-il, au hasard. Nous pensons que c'est la difficulté de taille de ces roches qui a donné à ces blocs ce manque apparent de méthode de taille.

les très importantes et très curieuses stations de recherche de matières premières, de préparation et de dégangage que nous avons découvertes en

me

octobre 1920 en compagnie de Mm et M. Demulling vers le nord-est de la plaine de Wadi Kom Ombo.

Nous notons une grande quantité d'éclats informes en diorite, quartz, roches porphyroïdes jonchant le sol de ces ateliers; ce sont pour la plupart des éclats mal venus, très grossiers, de fragments de percuteurs ou de blocs brisés en cours de taille.

Ces roches proviennent des montagnes de l'est ou du sud, car les immenses amas de cailloux de Méniha devaient être encore à cette époque sous les eaux.

Il est à remarquer que les matières premières employées à ce niveau ne se taillent pas comme le silex ordinaire au lieu de donner de grands éclats genre Levallois, ces roches se débitent en éclats épais et courts. Ceci est confirmé par la présence de nucléï absolument semblables trouvés :

1° dans une station moustérienne du Guébel Silsilé en plein air, et

2o au milieu d'outils légèrement roulés et franchement moustériens découverts à Bayarah (carte no 1), à environ 13 mètres de profondeur dans le cailloutis de la rive aurignacienne.

Les nucléï planche II bis proviennent, le no 1 du Guébel Silsilé, le no 2 de Bayarah. On voit les grandes ressemblances que présentent ces outils de provenances différentes, et nous pensons pouvoir conclure que c'est surtout la nature des matières premières qui, par la difficulté de taille, a forcé les habitants de nos contrées d'abandonner les lames, les pointes et éclats Levallois qu'ils avaient l'habitude d'obtenir. Ils conservèrent toutefois leurs anciennes méthodes de taille, mais ce n'est que par accident qu'ils ont obtenu des éclats Levallois ou des pointes de bonnes dimensions (pl. III, no 2 à 5; pl. V, no 9).

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sauf pour

Nous avons trouvé quelques éclats que l'on peut assimiler leurs dimensions réduites - aux éclats Levallois du moustérien européen et égyptien.

Un choc violent porté sur le talon du nucléus épannelé a enlevé un éclat qui en emporte plus ou moins complètement toute la face inférieure (pl. I, n° 2).

(1) Voir Bulletin de l'Institut français d'Archéologie orientale du Caire, t. XX, p. 99.

Planche III, no 1: petit éclat épais très commun; on voit en a, a', a2, a3, le travail d'épannelage; le plan de frappe porte plusieurs facettes.

Planche III, no 2 : éclat qui a dû servir de grattoir, le plan de frappe est polygonal; a, a1, a2, a3, traces du travail préparatoire.

Planche III, no 3 et 4 : petits éclats Levallois peu épais aboutissant à la pointe; toujours plusieurs facettes au plan de frappe.

Le n° 5 est un éclat Levallois dont l'extrémité opposée au plan de frappe a enlevé une partie de la face supérieure du nucléus; de bà b′ on voit nettement les traces des enlèvements préparatoires a1, a2, a3.

Nous en possédons quelques-uns de plus volumineux.

peu

D'une manière générale, ces pièces semblent n'être que des éclats très employés. L'éclat Levallois, d'abord difficile à obtenir, puis trop volumineux, ne correspondait plus aux besoins nouveaux; il tombe en désuétude et n'est plus que le fait d'un accident de taille, car des nucléï on extrait surtout les éclats-pointes que nous allons étudier.

III. ÉCLATS-POINTES SIMPLES.

C'est l'outil le plus répandu et même le seul outil, la seule arme de ce niveau (pl. IV).

On l'a obtenu de la même manière que la pointe moustérienne (1), de laquelle il se rapproche beaucoup; ses dimensions sont toutefois plus réduites et son épaisseur est moindre.

Le plan de frappe porte toujours plusieurs facettes provenant du travail spécial de préparation du talon du nucléus, mais ces éclats présentent plus rarement des traces de l'épannelage préparatoire, puisque plusieurs ont été taillés sur le même nucléus et que seuls les éclats provenant des bords peuvent porter trace des éclats de «dégangage" : 2 sur 5 sur le nucléus no 2, pl. II.

La planche IV en montre une série complète, presque tous en roches porphyroïdes, en diorite ou même en grès. Les uns (nos 4, 6, 9) sont assez aigus; les autres, plus nombreux (nos 1, 2, 3, 7), ont un tranchant obtus; quelquefois même (no 8) le tranchant est presque rectiligne et utilise l'extrémité de l'éclat tel qu'il s'est détaché du nucléus.

(1) Voir Bulletin de l'Institut français d'Archéologie orientale du Caire, t. XX, p. 100. Bulletin, t. XXII.

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