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Quant aux outils de dimensions moyennes qui demandaient une percussion violente, nous pensons que les blocs et éclats de diorite, roches porphyroïdes, quartz et autres pierres dures, que l'on trouve toujours en abondance dans tous les ateliers de Sébil, ont dû servir de percuteurs, dont la plupart ont été brisés.

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Le tranchet campignien n'existe pas, et l'on peut appliquer à Sébil toutes les observations que faisait à ce sujet le capitaine Octobon pour les stations de Montbani.

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Planche XXII. Les nos 43 et 50 à 54 sont de petits grattoirs rectilignes sur éclat ou lame brisée analogues à ceux signalés au Ile niveau (pl. XII, no 14 à 17): ce sont de véritables raclettes destinées à racler des surfaces planes. Il ne faut pas les confondre avec les pièces microlithiques semi-trapézoïdales-semilunaires (pl. XVII, nos 30 à 43), dont l'arête latérale est plus ou moins re

touchée.

La planche XX donne une série de grattoirs de tous genres et de dimensions courantes : no 1 et 14, grattoirs simples sur éclat; no 12, sur une extrémité de lamelle; nos 2 et 13, aux deux extrémités d'une lame; no 4, nucléïforme; sur éclat à talon polygonal (nos 3 et 6), circulaires (no 10, 17 et 18), à retouches très abruptes (nos 7 et 13), carénés (no 21), convexe et concave (no 19), sur lame retouchée à talon polygonal (no 20).

D'une manière générale, ces outils sont plus soignés qu'au niveau précédent; la forme en coquille signalée à Montbani est absente. On trouve de nombreux éclats ou fragments de nucléï encore recouverts de gangue qui ont dû servir de grattoirs provisoires.

Grattoirs microlithiques.

Chaque point d'occupation nous a fourni quelques tout petits grattoirs (pl. XXII, no 13 à 19) retouchés tantôt sur un côté (no 13 et 14), en éventail (no 15), en grattoir double (no 16). La forme no 17 ressemble beaucoup au no 14, pl. XIII, du Ile niveau.

Usités surtout au milieu de l'époque microlithique, ils semblent disparaître peu à peu dans les derniers temps de l'occupation de Sébil.

Dans l'ensemble, on peut faire pour Sébil les remarques que fit à Montbani le capitaine Octobon pour les grattoirs (page 118).

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Nous n'avons pas remarqué de véritables burins semblables à ceux des époques aurignacienne ou magdalénienne.

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Le capitaine Octobon nous ayant signalé à Montbani la présence d'un outil spécial (pl. III, no 43) classé comme «burin de forme nouvelle " par l'abbé Breuil, nous avons examiné attentivement nos rebuts de microlithes. Nous y avons recueilli une dizaine de ces outils auxquels nous ne pouvons mieux faire que d'appliquer la description de leur inventeur: «Ce burin est créé à l'extrémité d'une lamelle par l'enlèvement d'un éclat produisant un biseau oblique dans la partie la plus épaisse de la lame (vers l'arête médiane); l'autre arête est abattue par une série de petites retouches très fines formant encoche et mettant le biseau en valeur. L'outil comporte (toujours) une encoche d'un côté et un biseau de l'autre sans préférence de côté. "

Planche XXII, nos 7 à 12, et pl. XXIII, nos 1 à 30.

Poursuivant nos recherches en surface dans la plaine de Sébil, nous avons récolté une soixantaine de ces outils, répartis assez uniformément dans les ateliers récents de ce niveau. Nous avons opéré deux tamisages superficiels au point no 5, qui nous en a donné 210 au total.

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Une telle abondance nous a permis de les étudier en détail. Bien que chaque pièce porte un véritable coup de burin, nous pensons que la dénomination de mèche à percer» conviendrait mieux, car nous sommes en présence d'instruments à perforer qui correspondent parfaitement comme formes aux mèches métalliques employées dans nos ateliers modernes; depuis des millénaires l'on n'a rien fait de mieux pour forer des trous, même dans les métaux. Nous leur appliquerons donc les dénominations des mèches à percer actu

elles :

1o LA MÈCHE À TÉTON (pl. XXII, no 11; pl. XXIII, no 1), formée d'un coup de burin et d'une encoche très évasée; le biseau s'enfonce dans la matière à

que le

perforer et la partie concave permet le dégagement du copeau; noter coup de burin a été donné au point A au milieu de l'encoche déjà préparée (pl. XXIII, no 1).

2° LA MÈCHE À LANGUE D'ASPIC, qui porte rarement deux coups de burin : l'un sur la face supérieure, l'autre sur la face inférieure (pl. XXIII, nos 7 et 8); le plus souvent le deuxième coup est remplacé par l'arête de l'outil dont on a mis à profit une courbure naturelle (pl. XXIII, no 9, 11). Quelquefois cette arête a été retouchée sur toute sa longueur droite (no 10). Il y a donc deux parties coupantes, deux biseaux, pas d'encoche et deux dégagements pour les copeaux. La forme générale est celle d'une langue d'aspic; c'étaient les meilleurs outils de forage en profondeur.

3° MÈCHES INTERMÉDIAIRES.

Ce sont les plus nombreuses; elles portent toujours un coup de burin et une encoche plus ou moins évasée, c'est l'outil de Montbani (pl. III, no 43).

nos

Elles sont à petit et à grand dégagement (pl. XXIII, no 15 à 20; pl. XXII, 9 et 10). Le copeau se dégageait par la partie concave; le coup de burin

a été donné le plus souvent avant l'aménagement de l'encoche.

L'encoche est très concave et forme un

coup

4° MÈCHES À BEC DE PERROQUET. bec très prononcé dans les pièces neuves; l'extrémité du de burin porte une arète très tranchante qui donne à l'outil une allure toute particulière (pl. XXII, no 8; pl. XXIII, nos 2 à 6).

5o ALÉSOIR OU FRAISE D'AGRANDISSEMENT (pl. XXII, no 12, et pl. XXIII, no 22 à 25). Ces outils larges servaient à agrandir un trou déjà foré avec une mèche plus fine.

6o MÈCHES DE PRÉPARATION. Destinées à faire dans le bois des trous larges sans profondeur (pl. XXIII, no 26 à 30); la forme du coup de burin et la position de l'encoche ne permettent, en effet, qu'un travail de surface, peutêtre d'ornement.

7° LES TARIÈRES, qui sont des mèches à téton dont le bec est très proéminent; elles étaient destinées plus particulièrement au travail du bois, tandis que les catégories 1, 2 et 3 étaient employées plus probablement pour l'os

et l'ivoire. Le coup de burin a été donné à l'extrémité du téton; il fallait à l'ouvrier une très grande habileté pour enlever dans l'épaisseur d'une pointe si fine, sans la briser, une lamelle hélicoïdale que le dessin rend imparfaite

ment.

8° TARAUD (pl. XXIV).

Le n° 3 est une curieuse pièce usagée ayant servi à faire des trous en tournant"; elle est retouchée sur les deux faces dans le sens du travail, elle a deux arêtes coupantes qui forment une sorte de mèche langue d'aspic sans coup de burin.

REMARQUES. Tous ces outils étant donné leur robustesse sont rarement brisés; ils portent presque toujours des traces bien visibles d'utilisation. Le coup de burin existe toujours tantôt à droite, tantôt à gauche, très rarement sur la face supérieure; le biseau est avivé par l'encoche plus ou moins concave. Ce cran n'existe d'ailleurs pas toujours et a été remplacé dans ce cas par un deuxième coup de burin.

Quelques outils sont assez volumineux (pl. XXIII bis, nos 1 et 2), tandis que ceux du point no 5 — le plus récent — sont certainement les plus petits microlithes de Sébil (38 pèsent 6 grammes 700). Par suite de leurs petites dimensions, la plupart de ces outils ne pouvaient être utilisés à la main; on a dû les emmancher dans une monture de bois ou d'os creux et les fixer sur une sorte de vilebrequin qui donnait le mouvement de rotation nécessaire à la perforation.

Les retouches du cran apparaissent rarement à la face inférieure; le coup de burin a été donné indifféremment à la base ou à l'extrémité de l'éclat ou lamelle. On voit toujours très nettement en creux le bulbe de percussion de l'éclat du burin enlevé; le coup a été porté le plus souvent à l'extrémité aiguë de l'outil (pl. XXIII, no 2 à 5).

REMARQUE IMPORTANTE. — Certaines mèches ont reçu un coup de burin au point A (pl. XXIII, nos 5, 7, 8, 16, 19), c'est-à-dire dans le corps même de l'outil; il fallait une sûreté de main remarquable pour obtenir un biseau tranchant quelques millimètres plus haut, biseau que l'on rendait plus vif par la retouche de l'encoche, car ces pièces ont été avivées.

Éclats de facture ou d'avivage. Nous possédions une dizaine d'éclats semblables aux no 12 et 13, pl. XXIII, que nous ne pouvions interpréter; la découverte de la station n° 27 (1), en juillet 1922, où nous avons recueilli, en surface, soixante-deux éclats pareils associés à seize mèches, nous a permis d'en déterminer la nature : ce sont des éclats d'avivage analogues à ceux des burins aurignaciens.

Le petit conchoïde de percussion que l'on remarque en A sur la face inférieure des pièces nos 5, 7, 8, 16, 19, pl. XXIII, correspond au conchoïde A des éclats no 12 et 13, pl. XXIII, et 5 à 10, pl. XXIII bis; la petite coche B, qui est la trace du contre-coup du choc donné en A, a aussi son équivalent sur les mèches nos 7 et 19.

L'éclat no 5, pl. XXIII bis, a avivé une mèche «bec de perroquet en emportant toute l'encoche demi-circulaire. Le n° 6 est un éclat d'avivage d'une mèche «langue d'aspic » parce que la partie retouchée enlevée est rectiligne; remarquer la hauteur du biseau enlevé au-dessus du point de percussion A. - Les no 7 et 8 sont des éclats d'avivage de mèches intermédiaires, l'encoche emportée étant de dimensions moyennes.

- partie

En effet, pour aviver une mèche, il fallait faire sauter l'encoche active qui s'usait le plus; -on donnait le nouveau coup de burin dans le corps même de l'outil au point A en s'appuyant sur une enclume -tranchante sans doute qui facilitait l'enlèvement de l'éclat (pl. XXIII, nos 5, 7, 8, 16, 19); on achevait le travail en taillant une nouvelle encoche pour mettre en valeur le nouveau biseau.

Les éclats nos 9 et 10, pl. XXIII bis, montrent mieux encore cette technique; on remarque que A et B, au lieu d'être l'un un conchoïde, l'autre un cran, sont deux esquilles dues sans doute à la mauvaise qualité du silex; nous en possédons plusieurs absolument semblables où l'on voit l'acharnement de l'ouvrier qui a écrasé complètement le conchoïde par une série de martelages. Le no 14, pl. XXIII, est sans doute un éclat de facture portant deux encoches A A' destinées sans doute à limiter le coup de burin.

1) La station n° 27 était située sur l'emplacement d'un ancien campement du II' niveau. Son mobilier (tableau n° III) comprend un nombre élevé d'éclats-pointes simples ou retouchés

de dimensions restreintes qui ne lui appartiennent peut-être pas, mais le reste de l'outillage date sans doute du milieu du niveau à microlithes.

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