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Ces armes, qui étaient les plus répandues à l'étage précédent, sont encore très nombreuses au début du IIle niveau. Comme pour les éclats simples, plusieurs ont été trouvés en dehors des ateliers; d'autres, qui sont brisées à leur extrémité pointue, semblent bien indiquer qu'elles ont été employées et perdues comme pointes de flèches.

A côté des microlithes (nos 10, 11, 17), nous avons représenté quelques pièces de dimensions légèrement plus grandes (nos 15, 16 ter et 17) qui ont été recueillies dans les stations de transition entre les II et IIIe niveaux, où l'on voit poindre la civilisation microlithique. Ces pièces fines, peu épaisses, sont d'un travail soigné, et la plupart ne pourraient être classées dans les microlithes que par comparaison avec leurs semblables très larges en calcédoine de la fin du Ile niveau.

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En utilisant la technique usitée à l'époque précédente, les tailleurs de microlithes de Sébil ont employé les mêmes procédés que ceux signalés par le capitaine Octobon à Montbani, où abondent ces outils qu'il dénomme «pointes géométriques (pl. III, nos 11 à 17, 19 à 28). «L'ouvrier a taillé son arme dans le corps même de lames en tronquant obliquement le fragment choisi. » A Sébil, on a conservé souvent le plan de frappe comme base de ces outils; par suite, l'allure générale de nos pointes est moins géométrique qu'à Montbani; chez nous, on a utilisé les éclats de préférence aux lames (no 1 1). Nous possédons quelques exemplaires absolument semblables aux nos 14 à 23, pl. III, de Montbani (pl. XVI, no 17), avec cette différence qu'à Sébil la partie tronquée est presque toujours à gauche.

Ces éclats-pointes - simples ou retouchés

disparaissent à peu près complètement à la fin du IIIe niveau et seront remplacés par la pointe de flèche unilatérale.

V.

ACHEMINEMENT DE L'ÉCLAT-POINTE RETOUCHÉ

VERS LES FORMES TRIANGULAIRES, TRAPÉZOÏDALES ET DEMI-LUNAIRES.

Planche XVI. Comme au niveau précédent, l'éclat-pointe retouché a donné naissance à une série d'outils venant aboutir aux formes triangulaires (nos 18 à 27), ou trapézoïdales (no 36 à 39), ou encore à la demi-lune (no 40).

Nous retrouvons la même technique qu'à l'époque précédente, et ces outils microlithiques dérivent de ceux du IIa niveau par une série de transformations analogues; seules les dimensions ont changé; on peut suivre les modifications de l'inclinaison de la partie retouchée sur les nos 18 à 39; la pointe aiguë partie active cède peu à peu peu la place au tranchant; cette arme avait sur l'éclat-pointe l'avantage, une fois enfoncée dans les chairs, d'y rester fixée et de gêner dans sa fuite une proie blessée.

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Les formes no 25 à 43 étaient d'un usage courant à l'époque pharaonique, comme nous le verrons à propos des demi-lunes.

A. TRIANGLES. Planche XVI. Les no 19 à 35 représentent les triangles les plus usités; on a toutes les formes: depuis l'angle obtus (no 29) jusqu'à l'angle aigu (n° 24), en passant par l'angle presque droit (no 20). On remarque quelquefois des traces de service sur le tranchant non retaillé; les deux côtés non retouchés sont tantôt égaux (n° 25 à 27), tantôt inégaux (n° 29, 32), l'angle qu'ils forment est quelquefois légèrement arrondi (no 23), ou arrive aussi au trapèze, dont la petite base serait très réduite (no 28, 36 et 37); ils ont été taillés dans une extrémité ou dans le corps d'une lamelle (no 18 et 28); souvent même ils sont extraits d'une lame dont toute la largeur n'a pas été employée (no 20 à 22, 25 et 26).

Le n° 35, dont le côté retouché inférieur est légèrement concave, se rapproche de la pointe de flèche unilatérale (pl. XIX). Vers la fin du III niveau (atelier no 5) ces triangles proviendront surtout d'éclats déjetés à base retouchée dont on abattra simplement l'autre petit côté (no 32).

Triangles spéciaux. Planche XXIII, nos 35 à 38. Nous avons récolté au point 25 une série d'outils que nous classons dans les triangles réguliers; ils portent une sorte de petite proéminence située à l'angle obtus ails sont plus robustes, moins élégants que ceux des stations récentes. Cette forme pas été trouvée dans les autres campements de Sébil, et leurs dimensions sont légèrement supérieures à celles des autres outils semblables; quand on considère les 130 pièces que nous avons recueillies, on est frappé de l'allure spéciale de cette série.

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Nous ferons plus loin la même observation pour les pièces mi-trapézoïdales mi-demi-lunaires.

B. TRAPÉZES.

Planche XVI. Les nos 36 à 39 et 41 à 55 donnent différentes formes de petits trapèzes taillés sur lames.

La forme no 43, très régulière, est assez rare; les extrémités pointues sont très aiguës (no 43), quelquefois arrondies (no 55) ou brisées (no 47). La partie tranchante est rectiligne (nos 43, 44, 51), parfois concave (n°39) ou convexe (no 45); elle porte très souvent des traces de service, quelquefois même une partie est retouchée (no 48).

Les côtés retouchés sont égaux et rectilignes (no 43), mais le plus souvent inégaux (no 50); l'un d'eux est quelquefois concave (no 46) ou convexe (no 45). La forme irrégulière no 49, dont un côté est légèrement concave, l'autre convexe, est très répandue. On arrive insensiblement à la forme no 5, pl. XXII.

Ces trapèzes sont rectilignes (n° 43), plus rarement incurvés; ils sont peu épais en général; mais quelques exemplaires sont massifs et grossiers; ils sont tantôt trapus et courts, tantôt allongés et étroits; quelques-uns se rapprochent du triangle (no 36) quand une base est très réduite; dans beaucoup de cas on arrive à la pointe de flèche unilatérale (no 47; et pl. XIX, no 10).

Toutes ces observations peuvent s'appliquer aux trapèzes de taille plus grande dont nous donnons des exemples (nos 1 à 4, pl. XVII), et qui sont probablement plus anciens. La forme no 5 à trois côtés abattus est rare.

Il ne faut pas confondre ces trapèzes allongés avec les formes (pl. XXI, no3 1 à 9) retouchées seulement aux extrémités, et qui sont intermédiaires entre les trapèzes et les pièces demi-lunaires.

A Sébil, les trapèzes et les triangles ont été usités surtout au milieu et à la fin de la période microlithique; ils doivent précéder la découverte de la pointe de flèche unilatérale. D'abord, on les a taillés sur des lames fracturées, mais vers la fin de cette époque on a abandonné la fragmentation des lames pour employer l'éclat (pl. XIX, nos 1, 32 et 33), qui réduisait le travail au minimum. Comme conséquence, les trapèzes provenant de fragments de lames sont plus réguliers que ceux venant d'éclats déjetés dont un des côtés non parallèles est plus court, souvent légèrement concave et se rapproche de la pointe de flèche unilatérale.

Toutes ces formes existent à Montbani, sauf le trapèze irrégulier, qui est ici le plus abondant : c'est une conséquence de la fragmentation des lames si courante dans cette station de l'Aisne.

Trapèzes spéciaux.

Nous venons de voir que la majorité des trapèzes de Sébil sont légèrement irréguliers; il en existe quelques-uns de formes très irrégulières : épais et courts, ou allongés et étroits. La forme nos 5 et 6, pl. XXII, est assez répandue. Le n° 41, pl. XVI, est à pédoncule.

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C. DEMI-LUNES. Ce sont des outils convexes à dos complètement abattu des retouches très abruptes; on distingue :

a) Les formes grossières ressemblant aux pièces du Ile niveau (pl. XII, nos 1 à 11); nous en avons représenté deux exemplaires (pl. XVIII, nos 28 et 29), épais, irréguliers, de profil courbe; ils peuvent avoir servi de grattoir en a b, tellement l'arête est écrasée et usée; quelquefois la retouche est sur la face inférieure.

b) Planche XVII. Les no 6 à 22 sont les formes les plus courantes : dos abattu sur toute la partie convexe, profil tantôt rectiligne (nos 7 et 18), tantôt recourbé (no 17); elles sont plus ou moins allongées et convexes, elles proviennent de lames entières (no 6) ou brisées (no 7) dont on a renforcé la pointe et la partie dorsale par des retouches très abruptes; le plan de frappe est à une seule facette et la retouche est presque toujours du côté gauche, rarement du côté droit (no 21). Quelques-unes ont leurs pointes très aiguës, quelquefois le plan de frappe et le bulbe de percussion ont complètement disparu.

Beaucoup ont pu servir de couteaux, ainsi que semblent l'indiquer les nombreuses traces de service que porte le tranchant.

Cette forme est la plus ancienne des microlithes, car elle apparaît dès la fin du 2o étage et se rencontre en abondance dans les stations intermédiaires entre les lle et IIle niveaux.

c) Les nos 40, pl. XVI, et 23 à 25, pl. XVII, représentent la forme nettement microlithique qui se trouve surtout dans les gisements les plus récents. Ce sont les véritables demi-lunes signalées dans les gisements tardenoisiens; le tranchant porte souvent des traces d'usage.

d) Avec les formes nos 26 et 27, pl. XVII, on arrive au croissant rare.

Les triangles, les trapèzes et surtout les demi-lunes courtes, catégories c et d, ont été trouvés montés en pointes de flèche dans les tombes historiques de Libye (tombeau des ancêtres de Piankhy).

Pendant la période pharaonique ils étaient encore très couramment employés à cet usage; le Musée des Antiquités égyptiennes du Caire en conserve de nombreux exemplaires (1):

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Figures 9 et 10, salle n° 43, provenant d'Assiout, XIIe dynastie : une compagnie d'archers nègres est armée entièrement de ces flèches; l'arête tranchante n'est pas toujours rectiligne (fig. 9); ces silex sont montés sur un bois portant une rainure (fig. 8), où se logera leur partie dorsale retouchée, puis ils seront lutés avec un mastic très résistant parfaitement conservé.

Fig 8

Fig. 9.

Fig 10 Fig 11

(Le ciment est indiqué par des hachures.)

La figure 11 est composée de deux demi-lunes ou trapèzes latéraux presque complètement noyés dans un ciment fort dur; malheureusement toutes les pointes terminales ont disparu, mais ont laissé des traces dans le ciment qui les enchâssait. Cette figure nous permet d'interpréter la rencontre trois fois répétée de deux demi-lunes et d'un trapèze trouvés ensemble en dehors de tous autres outils.

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Ces montures de bois qui portaient le silex avaient 10 à 12 centimètres de longueur; elles étaient emmanchées elles-mêmes dans un roseau creux de 40 à 50 centimètres, dont la base fendue se plaçait sur la corde de l'arc (fig. 12).

(1) Nous tenons à remercier ici M. Lacau, directeur général du Service des Antiquités d'Égypte, MM. Lefebvre et Quibell, conservateurs, de l'obligeance et de l'empressement qu'ils ont

montrés à notre égard en nous permettant d'étudier en détail toutes les montures de flèches historiques conservées au Musée des Antiquités égyptiennes du Caire (Kasr el-Nil).

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