Page images
PDF
EPUB

qu'ils sont de dimensions restreintes indique qu'ils ont été utilisés jusqu'à la dernière limite. Dans les stations de préparation - où il n'y a que très peu d'outils sébiliens nous avons rencontré une quantité énorme de lames entières ou brisées qui correspondent à des enlèvements de nucléï plus grands. y a récolté quelques nucléï assez volumineux dont le débitage aura été arrêté pour une raison quelconque.

On

Nous retrouvons d'abord :

A. Les nuclei à technique moustérienne de l'époque précédente (pl. VI, nos 1 et 2). La face supérieure est peu (no 1) ou point déganguée (no 2); le pourtour a été épannelé complètement; le talon est à l'endroit le plus épais : T; la face inférieure est complètement dégagée, et c'est toujours sur elle que l'on a enlevé les outils qui sont de véritables éclats Levallois ou des lames à facture moustérienne de petites dimensions; leur plan de frappe portera toujours plusieurs facettes.

B. Avec les figures 1 et 3 de la planche VII nous voyons la technique se modifier légèrement les deux faces du nucleus sont déganguées complètement, mais c'est toujours sur la face inférieure que l'on enlève les éclats, le talon est en T; a, a1, a2, a3, sont les traces du travail préliminaire d'épannelage.

C. Les figures 2 et 4 de la planche VII montrent un nouveau progrès : l'enlèvement de lamelles et d'éclats sur les deux faces, mais dans un sens toujours différent pour chaque face (voir p. 32, IIle niveau, catégorie C).

2

D. La figure 3 de la planche VI est une forme qui procède du no 2, pl. II (Ier niveau), et qui prendra au Ille niveau un développement prépondérant. Elle est déjà assez répandue et a dû servir surtout à la fabrication de lames et non d'éclats-pointes. En a et a' on a cherché à obtenir deux talons, platesformes pour la percussion et l'enlèvement de lames dont le plan de frappe ne possède qu'une seule facette.

E. Il existe encore de nombreux nuclei discoïdes analogues sauf pour les dimensions à ceux de l'époque moustérienne (pl. VI, no 4); ce sont surtout des nucléï sur lesquels on a détaché des éclats-pointes; les derniers petits enlèvements périphériques que l'on y remarque sont, croyons-nous, des éclatements qui n'ont pu s'étendre et non des retouches intentionnelles pour

fabriquer des pierres de jet, puisqu'on ne les trouve jamais en dehors des ateliers.

F. Nous n'avons trouvé que d'assez rares nucléï en calcédoine, cependant assez répandue à la fin du Ile niveau. Cette matière se prêtait si bien à la taille qu'on a épuisé complètement les nucléï, bien qu'ils fussent volumineux si l'on en juge d'après quelques grands éclats qui en proviennent.

II. ÉCLATS LEVALLOIS.

Cet outil, peu usité à l'époque précédente, disparaît; il est remplacé définitivement par l'éclat-pointe, obtenu d'ailleurs de la même manière, mais de dimensions plus réduites. Il y en a encore quelques exemplaires, qui sont plutôt des accidents de taille, et n'ont pas été utilisés.

La diversité des nucléï de ce niveau permet d'obtenir soit des éclats-pointes, soit des lames, soit des grattoirs; aussi l'éclat Levallois -outil unique servant à trancher, à couper, à scier, à racler, etc. — est-il remplacé par plusieurs instruments mieux appropriés à ces différents travaux.

[blocks in formation]

Cet outil est très répandu; il affecte d'abord la forme de simple éclat de taille dont le plan de frappe porte plusieurs facettes (pl. VIII, nos 1 et 2). Ce plan de frappe quelquefois irrégulier tel qu'il provient de la taille a été le plus souvent rectifié, et son embase, finement retouchée, est large, rectiligne (nos 3 à 5).

[ocr errors]

Quelquefois un éclat brisé a été retouché à la fracture et a donné une nouvelle pointe (no 6); quelques lames courtes (no 8) ont été ouvragées dans le même but. Parfois le bulbe a été supprimé, soit après fracture (no 6), soit volontairement (nos 4, 7, 11); d'une manière générale, on a retaillé le bulbe jusqu'à sa partie la plus épaisse de manière à obtenir une embase la plus large possible. La partie active est tantôt aiguë (no 1, 2, 6, 9), tantôt tranchante (no 4, 7, 10, 11); l'éclat est parfois très large et aussi large à son tranchant qu'à sa base (nos 11 et 12).

Ces pièces, épaisses au début, s'affinent peu peu; bablement de pointes de lance ou de sagaie.

elles ont dù servir

pro

On remarque, en effet, que les éclats en roches dures, nombreux au début de ce niveau, sont encore très massifs; dès l'apparition des outils en silex on note un progrès très net provenant surtout de la nature de la matière qui permet d'obtenir des objets plus légers et dont la facilité de taille a amené une amélioration notable dans la forme et dans la retouche de l'embase. Les éclats en calcédoine de la fin de ce niveau sont très larges, peu épais, très tranchants. Vers la fin de la deuxième époque, dans les stations intermédiaires entre les II et IIIe niveaux, ces outils sont beaucoup moins épais et leurs dimensions arrivent très rapidement à celles de microlithes.

[blocks in formation]

Nous avons récolté ou rencontré une très grande quantité d'éclats-pointes entiers ou brisés retouchés sur une arête latérale, de préférence sur le côté gauche.

Cette retaille apparaît vers la pointe de l'outil nos 1 et 1 bis (pl. IX); on la voit s'étendre (no 2, 3, 6) et recouvrir parfois toute l'arête (nos 5,

7, 9). Les nos 12 et 13 sont parfaitement retouchés; les outils retaillés sur les deux arêtes sont très rares (no 8).

Ces éclats-pointes sont taillés tantôt sur un simple éclat (no 1, 4), tantôt sur une lame brisée (nos 10, 16), tantôt sur une lame (nos 17 et 18), tantôt sur une extrémité d'éclat brisé qui a été retouché à la fracture (no 9); quelquefois c'est une extrémité (no 1 bis) ou la base d'une lame qui semble avoir été brisée intentionnellement (pl. IX, no 5, et pl. X, no 4). Sur certains spécimens on remarque quelques petites encoches (pl. X, nos 1, 5). Ces outils ont dû servir par leur pointe aiguë, parfois par leur tranchant terminal (pl. IX, nos 6, 10).

Nous attirons l'attention sur les formes planche IX, nos 6 et 10, et pl. XIII, no 16, assez répandues, qui appartiennent ordinairement à des pièces à tranchant large. La concavité de l'arête retouchée souvent plus accentuée que sur le dessin semble intentionnelle, et certains de ces outils pourraient, dans quelques cas, avoir servi de tranchets, ou accolés deux à deux par embase avoir formé une sorte de courte faucille.

Les formes nos 17 et 18, pl. IX, sur lames brisées ne sont pas rares.

Bulletin, t. XXII.

3

leur

Remarquer la faible épaisseur de certaines pièces (pl. IX, nos 17 et 18). Nous possédons de très nombreux fragments brisés tantôt près du talon, tantôt près de la pointe.

Cette retouche latérale n'est pas obtenue par l'écaillage de la surface de la lame, dont le bord serait simplement aminci; elle a pour effet de rabattre l'arête, de la rendre abrupte et a pour but de donner plus de solidité à la pointe mince et large trop fragile; toutefois, le fait de la survivance au lle niveau et pendant toute sa durée du type éclat simple, après découverte de la retouche latérale, semble indiquer que ces deux sortes d'outils ne devaient pas toujours servir aux mêmes usages, puisque malgré son infériorité l'éclat simple a été maintenu.

Il n'y a pas loin de certains de ces outils aux pointes à un tranchant abattu de l'Abri Audi qui sont à la base de l'aurignacien (pl. X, no 8). Nous notons encore de grandes ressemblances avec certaines pointes à dos abattu trouvées dans le Campignien ("). Ces analogies ne se bornent d'ailleurs

aux éclats-pointes.

pas uniquement

V.

ACHEMINEMENT DE L'ÉCLAT-POINTE RETOUCHÉ

VERS LES FORMES TRAPÉZOÏDALES ET TRIANGULAIRES.

Pour permettre de suivre plus aisément le progrès de l'inclinaison de la partie retouchée, les outils des planches X et XI ont été dessinés sur trois rangs dans le sens le plus large de la page.

La planche X représente une série d'éclats-pointes retouchés montrant, par un choix systématique des pièces, comment la partie active la pointe aiguë — a été remplacée peu à peu par le tranchant; on remarque l'inclinaison progressive de l'arête abattue venant aboutir au trapèze final.

Cette série n'existe pas avec des éclats-pointes simples.

Certains spécimens sont de véritables éclats ou lames à dos abattu (pl. X, nos 3,8).

Le tranchant qui fendait l'air et pénétrait dans les chairs porte souvent des

(1) PHILIPPE SALMON, D'AULT DU MESNIL et CAPITAN, Fouille d'un fond de cabane au Campigny,

dans Revue mensuelle de l'École d'Anthropologie de Paris (1898), p. 31.

traces d'usage (nos 10, 11, 17). Dans l'ensemble, ces outils sont peu épais; ils sont taillés tantôt sur la base d'une lame brisée (no 4), tantôt sur un fragment de lame (no 11 et 12), tantôt sur une lame entière (no 8); la plupart du temps ils sont formés d'un éclat (nos 1, 3, 14). Les plans de frappe, tous orientés du même côté sur le dessin, sont souvent polygonaux (nos 4, 10, 14) et ont été retouchés de façon à former une embase plate (pl. X, nos 6, et 12).

7, 11

Certains éclats devaient être emmanchés par leur côté (a b) tranchant (pl. X, n° 11); ils proviennent de fragments de lames brisées intentionnellement sans doute (1); ils devaient être fixés sur une tige fendue dont les deux lèvres s'appliquaient sur le biseau par des ligatures prenant appui sur les retouches de l'outil et empêchant la fente de s'ouvrir. D'autres ont leur côté a b retouché; on évitait ainsi plus sûrement la fente de la monture sous l'action des chocs d'arrivée (pl. XI, nos 5, 6, 8, 11).

Toutefois l'usage auquel beaucoup d'entre eux étaient destinés — ceux dont la partie retouchée est très convexe est assez obscur.

La planche XI montre l'évolution vers le trapèze (no 1 à 12 inclus). Le plan de frappe est à plusieurs facettes. Le n° 10 pourrait avoir servi de tranchet, mais il ne ressemble pas au même outil du Campignien.

Le n° 8 est un fragment de lame retouché sur les deux arêtes, le tranchant porte des traces de service.

Les nos 13 à 16 montrent l'acheminement de l'éclat-pointe vers la forme triangulaire.

Sur les nos 13 à 15 les trois côtés sont égaux, deux sont retouchés, le troisième formant le tranchant porte souvent des traces d'utilisation (nos 13 et 14). Le n° 16 est une base de lame retouchée sur deux arêtes.

Nous attirons l'attention sur les n° 17 à 20, intermédiaires entre le trapèze et le triangle.

(1) Nous avons remarqué que quelques pointes avaient été obtenues par fracture intentionnelle de lames. Ce fait, peu fréquent à Sébil même (où les gros nucléï sont rares), semble avoir été courant dans les stations de préparation où nous avons trouvé de grandes quantités de lames

"

brisées dans les mêmes conditions que celles signalées par le capitaine Octobon dans la question tardenoisienne (Ateliers des buttes de sable près de la ferme Montbani, commune de Mont-Notre-Dame (Aisne), Revue anthropologique, mai-juin 1920, p. 112).

« PreviousContinue »