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offrant le sein à son fils. Ce tableau est lui-même encadré soutiennent deux colonnes papyriformes.

par un dais que

Toutes les déesses mères qui doublent Isis dans les fonctions nourricières, Mout, Bast, Sekhmet, Mert-Seger, Meh-ourt, Selk, Satit ('), Anukit, etc., sont dotées du collier ménat.

le

Quelques personnages mâles le portent aussi au cou. Tel le dieu fils Khensou de la triade thébaine dans ses attributions funéraires, tel le dieu Ahi, dieu fils de la triade de Dendérah, tels aussi certains rois d'ici-bas, lorsque dans la mort ils sont devenus fils adoptifs d'une déesse mère. Il y a lieu de citer ici personnage énigmatique du Musée du Caire, appelé torse de Mit Pharès et classé parmi les monuments Hyksos. Ce soi-disant roi pasteur pourrait bien n'être qu'un prince royal dans le costume de sam, s'il faut en croire la peau de panthère qui le drape et les deux cannes théophores à tête d'Horus qu'il tenait dans ses mains. S'il n'a point la tresse de cheveux traditionnelle des prêtres sam ou des enfants royaux, il a néanmoins une perruque qu'on dirait hathorienne à cause de ses mèches en bourrelets de ménat. Ce prince, aux traits accusés des Sebekhotep, est un des rares exemples connus, jusqu'ici, d'un homme portant le collier ménat (2). Comme il est contemporain d'une reine Nefert, de même style et coiffée des lourdes volutes du sistre d'Hathor, on serait amené à penser qu'à cette époque la déesse de Dendérah était au premier plan des préoccupations religieuses, ou que ce torse est tout simplement celui d'un dieu fils de quelque triade provinciale.

2, 3) y voit la forme du bucrâne. Cette forme ménat inspire celle des grands vases qui, pour les funérailles, devaient contenir l'eau, le lait ou la bière.

(1) Hapi lui-même, comme dieu Nil nourricier, s'affuble parfois du ménat quand il revêt la forme animale. L'épervier Sokar l'a aussi quelquefois parce que et sont identiques en valeur, ainsi qu'il appert d'un bas-relief du temple de Séti I à Abydos, où Sekhmet présente aux narines du roi un ménat retenu à son cou par le contrepoids et autour du bourrelet duquel passe le signe . D'ailleurs le contrepoids fou

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I, qui est souvent

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Quant au ménat qui pend de l'encolure de la vache Hathor et retombe sur la poitrine de la reine Hatshepsout à Deir el Bahri, ou sur la poitrine du roi Amenhotep dans les tombeaux de Deir el Médineh (1), il indique clairement une idée d'adoption divine.

Le ménat, enfin, que tiennent en main les femmes thébaines du Nouvel Empire, à l'occasion des fêtes d'Hathor ou dans l'accomplissement d'un rite

hathorien funéraire, perd souvent sa qualité de collier pour n'être plus, par

une application artistique, qu'une sorte d'instrument bruyant appartenant à la magie plutôt qu'à la musique (2).

Lorsque les déesses mères portent ce collier au cou, avec le contrepoids pendant entre les épaules, par derrière, elles font des gestes, prononcent des paroles qui sont des rites d'adoption, vis-à-vis du souverain défunt et divinisé qui se présente devant elles.

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La plupart du temps elles approchent ce collier du visage du roi : 2 • (3) pour lui insuffler par les narines le fluide vital, ce en quoi il s'assimile au f. Ainsi le voit-on au temple funéraire de Séti Ier à Gournah, où le roi Ramsès II, dans la salle hypostyle,

paroi sud, est accueilli par Mout:-CSOL

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-======&= et sur la paroi nord par Hathor

(sic)

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Mais l'adoption divine est rendue plus évidente encore par les bas-reliefs dans lesquels les déesses mères font le simulacre prescrit par la loi égyptienne, d'offrir le sein aux lèvres de l'adopté; acte de même nature que celui de la vache de Deir el Bahri se laissant traire par Hatshepsout.

L'allaitement des défunts royaux est le préliminaire obligatoire de leur admission à la vie divine et l'expression la plus symbolique du lien de parenté qui associe après la mort la divinité et l'humanité (4).

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et

Malgré la différence épigraphique qui les sépare, le collier ménat semble bien être celui des déesses mères en tant que nourrices c'est pourquoi sa place est toute indiquée dans la fresque de Deir el Médineh (1). Il est donc possible de reconstituer ainsi la peinture entière: La déesse Hathor, assise sur un tronc de palmier qui la rattache à la terre comme Nout

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en son sycomore, nourrit de son lait divin, qui donne la seconde vie, son fils Horus, personnifiant tout défunt renaissant de l'autre côté de la tombe. Les races humaines représentées par les trois esclaves apportent les accessoires de toilette, qui redisent, eux aussi, en langage mystique le retour à la vie, à la santé et à la force. L'ensemble a pour encadrement la pergola de ces plantes

de Gournah (Séti I"; L., D., III, 131f, 150 b), de Deir el Bahri (NAVILLE, t. IV, pl. CI), de Bet el Wali (L., D., III, 177, f-g, Abahuda 122 b). Il y a similitude complète entre l'accueil de toute déesse infernale, qualifiée dans les temples funéraires royaux, et la scène très fréquente dans les tombes de particuliers, des deux bras et des deux seins de Nouit tendus

vers le soleil mourant qui vient à l'Occident.

(1) Une association d'idées est possible entre toute déesse mère assimilée à la vache Hathor qui attend, nourrice accueillante,, le défunt, au port d'arrivée de l'Occident, et le piquet d'amarrage, point d'aboutissement des barques funèbres à Abydos, piquet d'ailleurs déifié sous forme féminine.

grimpantes qui montent le long des tiges de papyrus, souvent offertes aux défunts en guise de souhait de longue vie et dont les branches retombent des toitures des kiosques qui abritent la vie douce et intime des villas thébaines (1). Les deux colonnes soutenant la tonnelle sont également des emblèmes d'éternelle jeunesse (fig. 5). L'Hathor de la fresque est orientée face à l'est, comme il convient à la dame de l'Occident qui reçoit les défunts venus de l'Orient.

De ce que cette peinture est religieuse, il s'ensuit logiquement que la salle où elle était placée avait une destination religieuse, et comme elle est de caractère funéraire, il se pourrait que cette salle eût été plus qu'un sanctuaire privé, une sorte de lieu d'initiation de la confrérie des sotmou ashou ou encore quelque chapelle mammisi de la XVIII dynastie à l'usage des simples mortels. Rien ne prouve que les « sotmou ashou du domaine de Mât» ne furent pas des prêtres des morts, des sam pour la plèbe, dont la création serait une fondation d'Amenhotep Ier afin d'assurer le service des défunts en général dans toute la nécropole occidentale. On dit que toutes les cérémonies mystiques du cycle osirien étaient mimées par des prêtres. Les funérailles des humains rentraient dans ce cycle et n'étaient qu'un épisode de la tragédie osirienne. Alors il n'est point d'empêchement à penser que les morts, au sortir des ateliers de momification, étaient portés dans une salle de ce genre pour y recevoir, de l'accueillante Dame de la Montagne, les prémices de la seconde vie avant de passer peut-être par le temple de Deir el Médineh, lieu de justice, tribunal d'Osiris où se mimait la pesée de leur âme en présence du chapitre des juges infernaux figurés par les sotmou ashou (2).

Deir el Médineh, 5 mars 1923.

:

(1) PRISSE D'AVESNES, Monuments égyptiens, Planche Le pharaon Akhounaten servi par la reine. On y retrouve les mêmes feuillages en fer de lance, ce qui, à la rigueur, est encore un indice d'époque pour la fresque de Deir el Médineh; voir aussi NAVILLE, Deir el Bahari, vol. II, pl. XII, n° 11, et pl. XXVII.

Il y a lieu de considérer cette plante comme une interprétation spéciale de la vigne par l'école de Tell el Amarna. La stylisation artistique en

B. BRUYÈRE.

a altéré les caractères spécifiques. La vigne appartient au culte d'Osiris. Le lierre et le volubilis ne semblent pas antérieurs à l'époque grecque. Au Nouvel Empire, les parents des défunts portent souvent une longue pousse de papyrus garnie, sur toute sa longueur, de feuilles triangulaires opposées.

(3) L'hypothèse des sotmou ashou, juges de la nécropole, abandonnée par la plupart des savants, n'a rien de commun avec la suggestion présente.

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