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Au début de nos recherches à Sébil, nous pensions nous trouver en présence de simples éclats que nous délaissions; mais devant le très grand nombre d'outils au plan de frappe parfaitement retaillé et redressé

que nous récoltions au niveau suivant, nous avons recueilli ces pièces qui sont, à notre avis, les prototypes des pointes-éclats si belles du niveau intermédiaire.

Même dans le gisement le plus ancien, nous avons ramassé quelques-uns de ces éclats dont on a rectifié le plan de frappe de manière à former une base assez plane, presque rectiligne (pl. IV, nos 7 à 9).

C'est, en effet, en retaillant le bulbe de percussion que l'on a cherché à dresser et à faire disparaître les irrégularités du plan de frappe polygonal pour obtenir une embase plus droite, la plus épaisse possible, et cela à l'endroit le plus large de l'outil.

Nous en avons trouvé un grand nombre épars dans la plaine et brisés soit en leur milieu, soit à leur extrémité tranchante ou aiguë, qui était la partie la moins solide de la pièce.

Nous considérons ces éclats, même les plus grossiers, comme des pointes de lance ou de javelot; on les fixait par leur base épaisse dans une monture; leur embase prenait appui par sa partie la plus large et ne risquait pas de fendre, par suite des chocs d'arrivée, la rainure où elle était encastrée.

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Sur les outils représentés planche V, obtenus toujours suivant la même méthode, nous voyons apparaître une importante modification: une des arêtes latérales est retouchée d'abord à son extrémité (n° 2), puis peu à peu sur toute sa longueur (no 3, 5, 7); - sur les n° 4 et 6 elle est entièrement recouverte de retailles.

L'outil peut avoir été obtenu, comme le n° 1, par enlèvement d'un des bords du nucléus, on voit alors les traces du travail préparatoire d'épannelage en a, a1, a2, mais ce cas est assez rare, et la majeure partie de ces éclats-pointes provient d'un travail de retouche bien volontaire ayant pour but, croyonsnous, de rendre plus résistants des outils dont la pointe se brisait trop facilement.

Il est possible qu'une pièce comme le n° 1, pl. V, obtenue et employée fortuitement, ait donné l'idée de ce rabattement d'un bord qui remédie si

simplement à la fragilité de la pointe. C'est le progrès le plus important à porter à l'actif de cette période.

Nous ne pensons pas que l'invention de la pointe à tranchant transversal, si fréquente à l'étage suivant, date de ce niveau, bien que certains exemplaires aient pu être employés de cette manière (pl. V, nos 4 et 6).

Notons que l'on s'est servi surtout des éclats rendus plus aigus par suite de la retouche latérale; l'extrémité non pointue, mais tranchante, a été également utilisée (pl. V, no 8), mais assez rarement.

La retouche est pratiquée quelquefois du côté droit, mais beaucoup plus fréquemment du côté gauche de l'outil.

Ajoutons que ces éclats simples ou retouchés ont été recueillis aussi bien dans les ateliers que dans la plaine, où ils auront été perdus probablement en chassant.

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Elles sont excessivement rares, car les faibles dimensions des nucléï et surtout la qualité des matières premières ne se prêtaient guère à leur fabrication. Comme conséquence, on ne trouve pas, comme dans les deux niveaux suivants, d'éclats-pointes formés de fragments de lames brisées intentionnellement.

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Ces outils sont rares. Le n° 9, pl. V, est une lame grossière au plan de frappe à plusieurs facettes et dont l'extrémité a été fortement retouchée et usée. C'est un véritable grattoir moustérien.

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Un racloir se rapprochant du type « La Quina» a été récolté près du point ‡; il est en roche porphyroïde et par suite assez grossièrement taillé; les retouches sont suffisamment nettes et caractéristiques de cette technique.

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Les percuteurs entiers sont très rares, mais le sol de ces ateliers est jonché de fragments de diorite et de roches porphyroïdes qui proviennent probablement de percuteurs brisés.

En effet, l'ouvrier devant faire éclater un bloc de pierre particulièrement dur avec un autre de même nature, il arrivait souvent que le bloc à tailler restait intact, tandis que le percuteur se brisait.

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C'est un bloc arrondi et allongé dont la face inférieure qui devait être placée en terre - a été martelée et retaillée pour prendre appui sur le sol et ne pas glisser sous l'action des chocs répétés. La partie supérieure porte vers le milieu de nombreuses rayures produites par l'éclatement et la taille de pierres plus dures.

C'est le seul objet en grès de grandes dimensions que nous ayons récolté à ce niveau; il pèse 3 kilogr. 700.

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Nous n'avons pas trouvé trace de broyeurs ou de meules en grès. Il semblerait donc que les céréales n'étaient pas encore connues; le peu de terres laissées libres par les eaux de cette époque viendrait confirmer cette hypothèse.

XI. COQUILLAGES.

Dans l'atelier primitif marqué ‡ nous avons constaté l'absence complète de coquilles de grosses moules fluviales genre unio et «anodonte, que nous trouverons en abondance formant de véritables kjøkken-moddings aux étages suivants.

Ces premiers habitants étaient probablement des chasseurs (et pêcheurs), et ce n'est que plus tard, au fur et à mesure du retrait des eaux, qu'ils auront trouvé dans les coquillages du marais une source de nourriture qui dut être très abondante.

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Dans tous les points occupés, même les plus anciens, nous avons remarqué des fragments de terre cuite que nous prenions au début pour de la poterie grossière; ce sont, en réalité, des blocs de limon qui servaient à protéger des vents les tisons et les cendres des foyers, ainsi que nous avons pu nous en

rendre compte dans des foyers intacts de l'étage à microlithes. Sous l'influence des flammes, cette terre a pris l'apparence de brique cuite, tantôt noirâtre, tantôt rougeâtre, suivant les combustibles employés.

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Dans tous ces ateliers nous avons trouvé des ossements parfois assez volumineux que nous n'avons pu faire déterminer. Ils sont toujours brisés et silicifiés. Les niveaux les plus élevés nous en ont fourni un certain nombre encore enfouis en partie dans le sol. Le niveau des eaux à cette époque était donc élevé, puisque la silicification a pu avoir lieu à ces endroits.

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Il existe encore d'autres points appartenant au Ier niveau, mais comme leur mobilier est plus ou moins mélangé à celui de campements de l'étage suivant, nous n'en avons pas tenu compte dans le dénombrement.

II NIVEAU.

C'est la période qui semble avoir été la plus longue et dont le développement fut le plus grand, si l'on en juge par la surface que recouvrent ses campements.

POSITION. Les premiers Sébiliens étaient cantonnés aux quelques points les plus élevés émergeant des eaux du marécage; leurs descendants du IIe niveau s'établirent légèrement en contre-bas des endroits antérieurement habités (fig. 1, coupe A B) sur la pente des anciennes rives d'abord, puis plus tard sur de petites bandes de terre qui émergèrent au retrait des eaux.

Ils durent s'installer de préférence sur les points qui n'avaient rien à craindre des inondations toujours possibles, et d'où il était facile de se retirer en cas de crue subite.

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indiquant schématiquement les positions respectives des ateliers des différents niveaux.

B.

Les outils de cette deuxième époque sont souvent mélangés à ceux de la première, principalement à l'est de la grande flaque d'eau aux points marqués 1-2 sur la carte no 2; ce sont des stations intermédiaires entre ces niveaux.

Nous allons décrire les outils que nous avons trouvés dans de nombreux campements exempts de tout mélange, qui s'étendent sur plus de 10 kilomètres sans interruption et occupent les rives des deux principaux bras du Delta (carte no 2).

MATIÈRES PREMIÈres.

Une chose frappe d'abord : l'abandon progressif et assez rapide des roches dures et leur remplacement par le silex, sans doute découvert à cette époque dans la plaine à l'est de Kom Ombo que les eaux découvraient peu à peu (1).

La calcédoine abonde dans les ateliers les plus bas, donc les plus récents.

OUTILLAGE.

I. - NUCLÉÏ.

Une partie de l'outillage a été apportée des stations de préparation » (1) à l'état d'éclats et de lames ébauchés; nous avons trouvé cependant de nombreux nucléï qui ont été dégangués et travaillés sur place.

Bien qu'ayant de grandes ressemblances avec les riennes, ces outils ne peuvent - à notre avis

pierres de jet» moustéleur être assimilés; le fait

(1) Nous étudierons séparément ces stations de recherche du silex; voir I" niveau, p. 6, n. 3.

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