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LES MANUSCRITS DU SÉMINAIRE DE LIMOGES

NOTICE ET CATALOGUE

Peu de personnes, même parmi celles qui ont consulté, pour leurs recherches ou leurs travaux, les manuscrits de la bibliothèque de MM. les Sulpiciens du Grand Séminaire de Limoges, connaissent complètement cette riche et intéressante collection. Comme nos confrères et comme nos prédécesseurs, nous avions eu souvent à recourir, depuis vingt-cinq ans, à quelques-uns des recueils de l'abbé Nadaud et de son continuateur Legros, recueils bien connus de tous les érudits limousins et sans cesse feuilletés avec grand profit par l'un ou par l'autre; mais, pas plus qu'aux familiers les plus assidus de la bibliothèque du Séminaire, la pensée ne nous était venue d'étendre notre examen à la collection tout entière et de l'étudier dans son ensemble avec quelque soin.

La curiosité nous en prit un jour, il n'y a pas bien longtemps. Grâce à la bienveillance de M. le Supérieur actuel et de MM. les Directeurs de la maison, il nous a été permis, au cours des dernières vacances, de passer un certain nombre d'après midi dans la bibliothèque des manuscrits, et toute facilité nous a été donnée de les étudier. Nous avons mis à profit ces séances, poussées aussi tard que le permettaient les belles journées, encore longues, de la saison, pour dresser, de ce précieux dépôt, avec l'agrément de qui de droit, un catalogue détaillé et complet.

La bibliothèque du Séminaire de Limoges est, on le sait, beaucoup plus riche en ouvrages manuscrits que la bibliothèque communale et qu'aucune des collections publiques ou particulières existant actuellement dans les trois départements: Haute-Vienne, Creuse et Corrèze, qui correspondent, à peu de chose près, à la circonscription de l'ancien diocèse de Limoges. Au reste, si nous exceptons la belle

galerie du château de Bach, près Tulle, à M. Clément-Simon (laquelle contient une grande quantité de documents historiques, mais peu d'ouvrages manuscrits proprement dits), et quelques cabinets d'amateurs comme celui de M. Ch. Nivet-Fontaubert, de Limoges, la plupart des collections particulières de la région ne sont que des chartriers de famille. Quant aux dépôts publics, c'est à peine si les manuscrits énumérés à leurs catalogues (1) méritent une mention. Il faut excepter ceux de la Bibliothèque communale de Limoges, dont plusieurs offrent un réel intérêt. Encore cet établissement n'en possède-t-il que 39. La Bibliothèque des archives de la HauteVienne en a 96, mais pour la plupart de peu d'importance (2); la Bibliothèque de la ville de Guéret, 23; celle de Brive, 13. Les manuscrits de la Bibliothèque communale de Tulle n'ont jamais, que nous sachions, fait parler d'eux.

En dehors des ouvrages provenant du Séminaire lui-même, écrits ou donnés soit par les Directeurs, soit par les élèves, soit par des amis de la maison, la collection que nous nous proposons d'étudier ici a été surtout constituée par de nombreuses épaves de la bibliothèque de l'abbé Legros (1744† 1811), vicaire de la collégiale de Saint-Martial avant la Révolution, vicaire général de Mgr Du Bourg après le rétablissement du culte, mort chanoine de la Cathédrale (3). Legros, mis en possession, après le décès de

(1) Le catalogue des manuscrits des bibliothèques de Brive et de Guéret a été dressé par M. J. de Fréminville; celui des manuscrits des Archives de la Haute-Vienne, par M. Leroux, archiviste.

Nous nous étions chargé, à la demande de M. Ulysse Robert, d'inventorier ceux de la Bibliothèque communale de Limoges.

(2) Ajoutons que la moitié des articles de la bibliothèque des archives provient du Séminaire.

(3) Rappelons, pour être complet, que tous les manuscrits de Nadaud et de Legros ne sont pas au Séminaire de Limoges. La Bibliothèque de la ville possède (no 30 du catalogue) un Mémoire de Nadaud sur un palais des rois de France de la seconde race. Jocundiac, 10 f., avec une épître dédica toire au comte d'Artois, une note sur les fonds limousins des Archives de Pau, et six lettres de l'auteur, dont l'une est datée, comme le mémoire, du 1er janvier 1775. Les héritiers de M. Auguste Du Boys conservent « six cahiers in-folio », de l'écriture du curé de Teyjac, formant ensemble 480 pages sur « les Hommes illustres du Limousin ». La Société d'Agriculture de Limoges a dans ses archives deux mémoires intéressants de Legros : ils sont intitulés : Recherches sur l'antiquité et le gisement des mines du Limousin et Dissertation sur l'origine, les progrès et la décadence de la langue limousine. On verra plus loin qu'un cahier relatif à l'histoire des guerres civiles des

l'abbé Nadaud, curé de Teyjac (1712† 1775), des recueils de copies et des ébauches historiques de l'infatigable érudit, avait recopié une grande partie des documents collectionnés par son prédécesseur, en y ajoutant quantité de textes nouveaux, et rédigé ou tout au moins digéré et préparé en vue d'une rédaction définitive, un certain nombre de mémoires, tels que ses notices sur les abbayes, sur les chapitres, etc.

Les papiers réunis des deux vénérables ecclésiastiques conservaient le butin presque tout entier de l'érudition limousine pendant plus d'un demi-siècle. Après la mort de Legros, sa nièce offrit sa bibliothèque aux Sulpiciens du Séminaire, en les chargeant de dire un certain nombre de messes pour le repos de l'âme de l'excellent chanoine. Ainsi fut acquise par MM. les Directeurs de cet établissement cette précieuse collection dont deux ou trois personnes à peine, à ce moment, soupçonnaient la réelle valeur et l'importance considérable pour l'étude de notre histoire provinciale. Il y a là, en effet, une quantité énorme de matériaux dont la plupart n'ont pas été encore utilisés et dont beaucoup sont inconnus. C'est le passé limousin tout entier mœurs et institutions, géographie et histoire, hommes et choses, que recèlent ces volumes, fruits du patriotice et persévérant labeur de deux hommes qu'un amour passionné de leur pays anima jusqu'à la fin de leur carrière et dont tout fils pieux de notre province doit saluer le nom avec un sentiment de respectueuse gratitude. A leurs compilations et mémoires étaient joints

xvi et xvn° siècles, du même Legros, est aujourd'hui à la bibliothèque de la Société archéologique du Limousin et que M. Tandeau de Marsac, notaire à Paris, possède son Mémoire pour servir à l'histoire de l'abbaye de Grandmont, 58 feuillets.

Nous connaissons enfin, dans le cabinet de M. Nivet-Fontaubert : {o un beau et curieux plan de Limoges, colorié, tout entier de la main de Legros; 20 un cahier de quatorze feuillets petit in-4°, intitulé: Histoire de la translation de quelques reliques à Grandmont, faite en l'an 1181, et autres pièces qui y ont rapport, traduite sur l'original en latin; à Limoges, chez François Dalesme, imprimeur du clergé, 1790, — manuscrit d'un opuscule qui n'a jamais été imprimé et qui n'est autre chose que la traduction de l'Itinerarium Fratrum compris aux deux recueils de Pardoux de la Garde, figurant plus loin; 30 La vito de Modame saincto Valerio, suivie d'une hymne, copie faite par Legros sur un manuscrit du xvIIe siècle; 4o enfin le procèsverbal d'inventaire des reliques et reliquaires provenant de l'abbaye de Grandmont (4-10 mai 1790) et de la distribution de ces reliques aux diverses églises du diocèse (6 août de la même année). Ce procès-verbal, rédigé par M. Sicelier, directeur du Séminaire des Ordinands et l'abbé Legros, est tout entier de la main de ce dernier.

quelques manuscrits anciens, recueillis et conservés par eux. Tous ces ouvrages ou presque tous se trouvaient renfermés dans une vieille malle dont le contenu fut inventorié en 1821 par l'auteur de la Description des monuments de la Haute-Vienne, l'ingénieur des mines Allou. Cet inventaire, dont M. Allou lui-même remit alors au conservateur de la bibliothèque communale une copie retrouvée quarante ans plus tard par M. Emile Ruben et insérée par les soins de ce dernier, en 1863, au Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin (t. XIII, p. 210 et 211), fournit en partie la matière d'un intéressant article de l'Annuaire historique pour l'année 1837 (1), publié à la librairie Jules Renouard par la Société de l'Histoire de France (p. 221 à 234).

Cette notice, due à M. Allou, est intitulée: Sur les manuscrits conservés au séminaire et à l'hôtel-de-ville de Limoges, relatifs à l'histoire du Limousin: elle constate qu'à la date de 1821, les manuscrits de Nadaud et de Legros n'avaient pas été encore déposés à la bibliothèque du Séminaire et étaient demeurés au fond de la malle qui avait servi à leur transport. L'auteur de la Description des monuments compta cinquante-huit volumes ou cahiers de divers formats errapportant à l'histoire générale ou à l'histoire locale. Ce chiffre, indiqué à l'Annuaire de 1837, correspond exactement au nombre des articles figurant à l'inventaire qu'a publié la Société archéologique de Limoges. M. Allou, dans sa notice, ne cite que les principaux de ces manuscrits au nombre de vingt-six, mais il constate le grand intérêt de plusieurs d'entre eux et émet déjà le vœu, souvent formulé par nous depuis, que la Continuation des Annales du Limousin de Legros, notamment, soit imprimée. Cet ouvrage, on le sait, est la principale des sources d'informations auxquelles on puisse recourir pour étudier l'histoire de notre province entre l'année 1682, date à laquelle s'arrêtent les Annales du P. Bonaventure de Saint-Amable, et l'année 1790.

Toute la bibliothèque des manuscrits du Séminaire n'est pas sortie de la malle inventoriée en 1821. Un certain nombre de ces manuscrits proviennent de la maison elle-même; d'autres, en petit nombre, ont été donnés ou acquis en diverses occasions, et nous ne sommes en mesure d'indiquer exactement ni dans quelles circonstances ni à quelle époque ils sont entrés dans l'intéressant dépôt. Nous devons faire remarquer toutefois que le relevé laissé par M. Allou des ouvrages conservés au Séminaire et provenant de la

(1) La couverture porte par erreur: 1838.

bibliothèque de Legros (1), est incomplet en ce sens que la malle inventoriée par le savant ingénieur ne contenait probablement pas tous les volumes remis aux directeurs de la maison par la nièce de l'ancien vicaire-général. Il n'est pas douteux, par exemple, que plusieurs ouvrages ou fragments, aujourd'hui en la possession de MM. les Sulpiciens, et ne figurant pas à cet inventaire, ont appartenu au laborieux ecclésiastique. On en a la preuve par les notes de son écriture qu'on trouve sur les marges, les espaces restés en blanc et les feuillets de garde du Processionnal de Saint-Michel entr'autres (no 98 ci-après) et de la plupart des articles provenant de l'abbaye de Grandmont. Notre inventaire comprend dix-sept numéros (10 volumes et 7 fragments) appartenant à cette dernière catégorie: or un seul, la Compilation des Antiquités, est porté au relevé de M. Allou. Nous sommes donc fondé à penser, ou bien que tous les ouvrages acquis après la mort de l'abbé Legros par le Séminaire n'avaient pas été communiqués à M. Allou, ou bien que, postérieurement à l'inventaire dressé par le savant ingénieur, les Sulpiciens ont été mis en possession d'autres ouvrages écrits par Legros ou lui ayant appartenu.

Par contre, on constate qu'un certain nombre de manuscrits mentionnés à l'inventaire d'Allou ont disparu de la bibliothèque de MM. les Sulpiciens de Limoges. Sur les 58 numéros que comprend son relevé, nous n'en avons pas trouvé moins de 12 en déficit, et quelques-uns, semble-t-il, manquent depuis longtemps.

Voici la liste de ces articles. Nous la donnons, en suivant l'ordre du catalogue publié dans le Bulletin de la Société archéologique de 1863 :

N° 25. Traité de la République des Hébreux, par SIGONIUS, traduction française, petit in-8°, parchemin (2).

No 35. Notaires de Limoges, grand cahier.

N° 36. Caractères des différents siècles, cahier.

No 37. Fondation de Limoges et limitation (3) de la Gaule celtique, grand cahier. (M. Allou, dans sa Description des Monuments

(1) M. Allou lui-même, dans son article de l'Annuaire, semble donner à entendre qu'il n'a pas tout inventorié : « Je m'empressai, dit-il (p. 222) de dresser un catalogue de tous ceux (les manuscrits) qui pouvaient avoir quelque importance, relativement à l'histoire et à l'archéologie du département. » Notons que cette notice constate déjà le mauvais état de quelques manuscrits.

(2) Cette mention n'a pas trait au manuscrit lui-même, mais à sa couverture. Plusieurs passages du catalogue le démontrent.

(3) La copie reproduite dans le Bulletin porte, par suite d'un lapsus évident à l'imitation de la Gaule celtique.

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