Page images
PDF
EPUB

LES ANCIENNES FORGES DU LIMOUSIN

Dans le riche chartrier de M. le comte de Montbron, au château de Chauffaille, nous avons trouvé, pour le xvu siècle, l'exposé ciaprès concernant les forges de notre contrée :

Mémoire sur les forges du Limousin et représentations à Mgr l'Intendant.

Monseigneur, les propriétaires des forges du Limousin étant informés que vous avez demandé à MM. vos subdélégués des éclaircissements détaillés des forges et fourneaux de cette province, ont cru devoir avoir l'honneur de vous présenter, Monseigneur, un mémoire sur ce sujet.

Il est certain que les forges et fourneaux du Limousin sont les plus médiocres du royaume, à cause de l'éloignement des mines et castine, et de la cherté du bois qui devient plus rare chaque année. On n'a jamais trouvé de corps de mine de fer en Limousin: il s'en trouve quelques morceaux détachés dans les paroisses d'Ayen et de Saint-Robert (et Ferrières) fort éloignées des forges; mais toute la mine qu'on y ramasse, feroit à peine 10 milliers de fer chaque année. Il faut, par conséquent, que les maîtres de forge fassent venir leur mine du Périgord, où ils l'achètent fort cher.

<«< C'est un fait constant sur l'aveu de tous les mes de forge qui achètent des mines creusées à Ixideuil et des ouvriers qui les fondent, que la fondue de cette mine, malgré la médiocrité de la mesure, rent de 28 à 30 milliers de fonte.

>> Une fondue de mine ne couteroit en la payant comptant que 360 (lisez livres) de 20 sous chaqune).

360 liv.

» Pour la faire voiturer d'Ixideuil icy (à Chaufaille) il n'en couteroit au plus que... . . .

275 >>

» Pour fondre cette fondue de mine, il faut 80 charges de charbon à 4 fr.....

320 >>

[blocks in formation]

Report...

>> Il faut aussi 30 bacs de castine.

>> Salaire des ouvriers.....

» Vin et ustancilles qu'on leur donne....

>> Pour partye des frais pour faire l'ouvrage ou echaufer le fourneau..

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

» Cette fondüe de mines creusées rendroit donc 28 milliers de fonte revenant à 38 fr. et 10 sols le millier. 1051 >> >> Une fondüe de mines ramassées réduite en fonte coûte 1068 liv. car elle n'en rend que 25 milliers, revenant à 42 liv. 14 sols le millier. En effet, une fondüe de mines ramassées, portée

ici, coûte...

>> Il faut pour la fondre 100 charges de charbon 4 liv.

» 40 bacs de castine....

» Salaire des ouvriers..

>> Vin et ustancilles..

>> Frais comme dessus.

550 liv.

400 >>

40 >>

48 »

10 >>

20 >>

1068 >>

» TOTAL....

>> La fonte de mines ramassées coûte 4 liv. 4 sols par milliers plus que celle faite de mine creusée à Ixideuil; et pour fondre une fondüe de mine ramassée rendant 250 milliers de fonte, il faut 100 jours; et avec la mine d'Ixideuil 75 jours. On perd le profit qu'on fairoit par le battage pendant 25 jours, y ayant rarement suffisamment d'eau pour fournir au fourneau et à la forge. On gagne cependant de faire une fonte de qualité supérieure, à mêler de la ramassée à la mine creusée.

» Les forges qui sont situées près des frontières du Périgord, comme celle qui sont dans les paroisses de Paysac (Dordogne), Savignac (-Lédrier), Saint-Mémy (Dordogne), toutes trois en aval de Ségur), n'étant éloignées que de 3 à 4 lieües des mines, en reçoivent assez facilement; mais elles ne peuvent profiter de cet avantage, parce que le bois est très rare et très cher dans ce canton. [Il faut naturellement en rabattre, car M. du Burguet de Chauffaille, qui écrivait à l'occasion de la marque projetée sur la fonte, usait là, pour ses co-intéressés, de son droit de légitime défense visà-vis du fisc. Tout était, au contraire, plantureuses forêts vers Saint-Yrieix-la-Perche et Coussac, quand il s'est agi de nous enlever la voie ferrée Limoges-Uzerche]. De sorte qu'elles ne peuvent faire que de petits fondages. « Les autres forges étant plus éloignées des frontières du Périgord, sont conséquemment plus éloignées des mines, telles que celles de Bessous, Les Béges (assez voisines: la

2 est de la commune de La Roche l'Abeille), Chauffaille (Coussac), La Grénerie (Salon) et Miallet (Orgnac), qui sont éloignées depuis 5 jusqu'à 9 lieues des mines, ne peuvent faire de fondage que tous les 2 ou 3 ans, malgré l'activité des maîtres de forge pour se procurer des mines et de la castine, à cause des difficultés des chemins, impraticables pendant 5 mois de l'année, et des voitures (au sens latin) qui ne peuvent se faire qu'à dos de mulet et par des entrepôts. Chacun de ces petits fondages rend ordinairement de 150 à 200 miliers de fonte (1).

« Il n'y a actuellement en Limousin que 10 fourneaux où il se fait des fondages, qui sont ceux de Savignac, Payssac, Malerbaud, Faye (près St-Yrieix-la-Perche), Bort (probablement près SaintYrieix), Bessous, Les Béges, Chaufaille, La Grénerie et Miallet. On est même forcé de tirer des pierres de brasier du Périgord pour chaque fondage.

>> Les fourneaux rendent si peu en Limousin, que, de mémoire d'homme, on en a abandonné 5 dont il ne reste que masures; qui sont ceux de La Jalignie, Bolange, [1664, Isabeau Doneves veuve de feu c'est-à-dire décédé récemment par opposition à défunt, mort depuis longtemps - Michel Michiallet s de Boyron, d' à la forge de Bollange (Coussac). 1788, le s Gondinet a des forges en la paroisse Saint-Pierre dans Saint-Yrieix (fonds Bosvieux, L. 32.)] Marsaguet, La Forge-Neuve et Cherchaud (toutes près Coussac ou Montgibaud).

» Indépendamment des dix forges où il y des fourneaux, il y en a encore 19 autres où l'on affine et bat le fer, qui sont celles de l'Etang de Baudy (commune de Saint-Yrieix-la-Perche), de l'EtangDernier, de Bolange, de Marsaguet [(Coussac-Bonneval, Hte-Vienne) 1672, 27 juin, Michel d'Ardoneau, écuyer, sieur du Cheyron, habitant de la forge basse et ayant la forge haute de Marsaguet], de La Serrerie (Coussac), de Chabrenas Meuzac), de la ForgeNeuve, de Chamvert [(La Porcherie). Il y eut de bonnes forges à fers durs, dit la Monogr. du canton de Châteauneuf-la-Forêt, par M. l'abbé Lecler, au Pont-les-Deux-Eaux (Saint-Méard près La Croisille, Haute-Vienne), à La Garde, à Jarige, à Pissac (Beyssenac), au Peyrat, au moulin du Gô (du Gué), à Miremont, [(Peyzac), 1789 au s' de Fénis de Saint-Victour et associés] à Colom,

(4) D'après un titre de M. de Nussac, « le chemin du Bourbonais en » Périgord, est impraticable aux abords de Pompadour du côté d'Uzerche, » en 1792, et on est néanmoins obligé d'y passer pour la communication » du Bas-Limousin, du Périgord et des forges dont Tulle tire une grande >> provision de fer (Chaufaille) pour les manufactures des canons ».

à L'Essard, à Tavaux [(Dournazac), aux Jésuites de Limoges] et à Firbeix.

>>

» Quelques-unes de ces forges et fourneaux appartiennent à de grands seigneurs, les autres à des gentilshommes de la province ou gens vivant noblement. [Nos verreries de Camps, sur la Cère, anoblirent, notamment les de Colomb.] La majeure partie de ces forges est affermée; le prix du bail roule « de 200 à 400 liv. », et les propriétaires payent les vingtièmes et sont obligés de faire les grosses réparations qui absorbent souvent au delà du prix du bail. Les fermiers ne sont tenus qu'aux réparations locatives, et à payer la taille imposée sur la forge, qui monte souvent presque autant que le prix de l'afferme.

>> ... On voit clairement par ce détail que si on mettait de nouvelles charges sur les forges et fourneaux du Limousin, les propriétaires seroient forcés de les abandonner. Ce commerce est si ingrat dans cette province qu'on offre de prouver que la moitié des maîtres de forge décédés depuis quarante ans sont morts insolvables on ignore qu'aucun d'eux ait fait la moindre fortune. Il est cependant très avantageux à la province d'être ainsi approvisionnée de fer sur place, à meilleur compte, et dont il occupe les habitans durant l'hyver. » Il a été proposé plusieurs fois au Conseil d'établir en Limousin un droit de marque sur le fer, mais les frais de régie excéderaient le rapport au roi.

>> Les exposants ont l'honneur de supplier M. l'Intendant d'avoir la bonté de représenter leurs raisons. Son amour pour la justice, son zèle pour le bien de la généralité, dont les colons ne seroient pas en état d'acheter le fer à un plus haut prix, leur font espérer qu'il ne leur refusera pas ses faveurs. »

Nous pouvons compléter la liste fournie par notre document, à l'aide de notes prises par nous aux archives de la préfecture d'Angoulême. L'ÉLECTION DE CONFOLENS, généralité de Poitiers, en 1785, comprend :

Rochechouard-Biennat: Une forge en ruines, en Limousin, sur

la Gore.

Champagnac: Deux forges à fer, point de fourneau à fonte.
Chéronac: Une forge à fer au Buisson et une à Persoulas.
Cussac Plusieurs forges à fer.

Maisonnais: A Raud, une petite forge à fer battu sur la Tardoire. Marval: Trois forges à fer en exercice, et trois abandonnées. Oradour-sur-Glane: Une petite papeterie, trois petites poteries, un moulin à foulon et cinq à grain.

Oradour-sur-Vayres

540 feux, 2,000 communiants, et il y a 1,000 enfants depuis la mamelle jusqu'à quatorze ans. Emigrations. d'ouvriers allant moissonner trois mois en Berry. Six moulins, quatre tuileries.

1° Pensol Pays montagneux, marécageux; les terres sont hardilleuses (en vieux franc. ardille: argile), peu sont bonnes à blé. 2o Pensol en Poitou, forges de Jacques, en ruines.

St-Jean-sur-Gorre: Les gens exportent du sel à dos de mulet. St-Jean de Vayres: id. et ils repartent pour l'Angoumois chargés de blé. Entrepôt de sel.

St Martial: On émigre à la maçonnerie.

St-Mathieu Deux forges à fer, deux moulins; produits force châtaignes, des pommes de terre et du bigarot ou blé d'Espagne. Mortalité sur porcs, sans cause connue.

Marval, en Poitou (par oppos. à la partie limousine de Marval): forges au Mas-Bertier, à L'Espinassie, à Ballerand, au Teillou, à la Chautrandie, à Branterrias, en Limousin (aujourd'hui Beautarias, près La Chapelle-Montbrandeix).

St-Mathieu, en Poitou: Forge de la grande et petite Couade. Altavaux, 1769 (d'après les vieux titres de M. le comte de Montbron, au château de Montagrier, près Bellac) forge à fer composée d'un marteau et deux raffineries (sic), et maison dite la Forge-Vieille, sur la Dronne, près du chemin de Châlus aux Bordes.]

J.-B. CHAMPEVAL.

« PreviousContinue »