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médailler déjà assez nombreux et que les soins d'une commission spéciale ont disposé et classé dans un ordre trés-méthodique. Président et rapporteur de cette commission, M. le docteur Daniel a déployé autant de zèle que de science dans ce long et difficile travail. Un catalogue raisonné, divisé en quatre catégories, a été dressé par M. le rapporteur. On y trouve indiqués les caractères distinctifs de chaque médaille, et de plus le nom des donateurs et l'indication précise du lieu où elie a été découverte, mention d'autant plus nécessaire que la plupart de ces médailles ont été trouvées à Beauvais ou dans les environs, et qu'ainsi leur seule présence prépare la solution de beaucoup de questions intéressantes pour l'histoire de la contrée.

Le temps, les besoins administratifs et les révolutions' du goût font souvent disparaître des monuments curieux, derniers témoins de l'état des arts et de la civilisation dans les siècles passés. Une commission a été chargée de conserver, à l'aide du dessin, ces souvenirs prêts à s'évanouir. Le comité a reçu de cette commission et particulièrement de M. Hamel, de nombreux dessins, entre lesquels on a remarqué celui d'une porte romane, dépendant de l'ancien évêché et maintenant ensevelie complètement sous la construction d'un escalier; le plan et l'élévation de l'ancienne église St.Pantaléon, autrefois siége d'une commanderie de l'ordre du Temple. M. Weil, architecte, a donné le dessin à l'aquarelle d'un autel roman, qui décore une des chapelles de l'église de St.-Germer.

L'exploration des titres et documents relatifs à l'histoire du pays, a donné lieu à quelques découvertes intéressantes.

Deux manuscrits sur parchemin, l'un du 14 octobre 1401 et l'autre du mois de juillet 1440, ont été décrits et expliqués par M. Fabignon. Le même membre a déchiffré et transcrit deux documents curieux, découverts par M. Dupont-White dans la bibliothéque de M. Le Caron. Tous deux sont relatifs à l'histoire de la Jacquerie et donnent d'intéressants détails sur l'état des esprits à cette époque mémorable. Le 1er se compose d'une ampliation des lettres de pardon, accordées en juin 1360, par Charles, Dauphin, régent pendant la détention du roi Jean II, aux habitants de Beauvais, pour tous actes de violence et de sédition commis pendant les troubles de la Jacquerie. Le deuxième est une sentence du bailliage de Senlis, de 1383, qui condamne un habitant de cette ville à une amende pour avoir insulté un beauvaisien, en l'appelant Jacques de Beauvais, fait qui prouve combien les souvenirs de la Jacquerie étaient encore vifs et irritants, 25 ans après les événements qu'ils rappelaient!

On ne trouve pas moins d'intérêt dans la communication faite par M. Alexandre Le Mareschal, d'un manuscrit du 16 septembre 1593, contenant en détail l'état de la maison de François de Gouffier, seigneur de Crévecœur, et l'indication des mesures prises par ce seigneur pour rétablir l'ordre dans ses finances délabrées. Ce document donne des notions très-curieuses sur la tenue des maisons seigneuriales au xvio siècle.

Le comité doit encore à M. Le Mareschal la communication et la copie de plusieurs documents intéressants sur les familles nobles du comté de Clermont, et sur d'autres points relatifs à l'histoire de la con

trée.

La bibliothèque de Madame Le Caron contient collection curieuse de certificats délivrés

une

par d'Hozier en 1698 à diverses communautés, à plusieurs familles de Beauvais et à la ville elle-même. Des copies à l'aquarelle de 14 de ces armoiries ont été données au comité par M. Hamel.

La même bibliothèque possède plusieurs autographes très-curieux, que M. Dupont White a fait connaître au comité; ces documents authentiques lui ont fourni la matière d'une intéressante notice sur Jean-Foy-Vaillant, célèbre numismate, dont la biographie appartient essentiellement à l'histoire locale, puisqu'il est né et qu'il a passé la plus grande partie de sa vie à Beauvais. Dans son amour pour la science, il a pourtaut fait de longs et périlleux voyages, dont le récit présente des détails pleins d'intérêt. M. Dupont rend un juste hommage au mérite du savant et aux vertus de l'homme privé, et paye ainsi, pour la ville de Beauvais, la dette de la reconnaissance envers un de ses plus illustres enfants.

L'histoire locale de Beauvais s'est enrichie d'une notice de M. le docteur Daniel, sur deux maires de cette ville, dont les portraits ont été achetés par le comité et font partie de sa collection.

Le comité a reçu du même membre un mémoire approfondi sur l'interprétation d'une médaille romaine, qui a exercé la sagacité de plusieurs savants numismates. La société est saisie de la question soulevée par l'étude de cette médaille.

M. le comte de Merlemont, dont le château est situé non loin du Mont de Froidmont, connu dans le pays sous le nom de Mont-César, où l'on s'accorde à

reconnaître un camp romain, a relevé et décrit avec beaucoup de soin une voie romaine dont l'existence, mal constatée jusqu'à ce jour, mais démontrée clairement par son mémoire, confirme l'opinion des savants qui pensent que César a campé avec ses légions sur le Mont de Froidmont, lorsque le camp des bellovaques occupait le larris du Hez, sur la rive opposée du Thérain. Cette question, qui se rattache à l'histoire générale de la contrée, a été traitée avec une grande précision et une lucidité parfaite dans la dissertation de M. de Merlemont.

Une monographie à laquelle la société a bien voulu donner une attention toute spéciale a été publiée par M. St. de St.-Germain, sur l'église St.-Etienne de Beauvais. Les caractères remarquables de l'architecture dans les diverses parties de cette église, et la description soignée que M. de St.-Germain y a fait des peintures sur bois et des vitraux peints qui ornent cette église, donnent un grand intérêt au savant travail de notre collégue.

ma

Au moment où je vous parle des travaux du comité et de ceux de ses membres en particulier, pensée se reporte involontairement sur l'entreprise importante que laisse malheureusement inachevée la perte que nous venons de faire de M. Eugène de Vadancourt. Doué d'un goût tout particulier pour les recherches historiques, M. de Vadancourt avait une connaissance très-étendue des antiquités et de l'histoire de Beauvais. Descendant de Loisel, le savant et spirituel auteur des Institutions Coutumières, il avait hérité de cet amour du sol natal qui fait les antiquaires et soutient leur courage au milieu des recherches les plus

arides. Lorsque la mort est venu le frapper il s'occupait avec persévérance depuis deux ans de l'analyse d'un manuscrit en 4 volumes In-f, écrits vers 1690; par le chanoine Etienne de Nully et qui contient au milieu de beaucoup de faits insignifiants, des particularités dignes d'intérêt sur l'histoire de Beauvais. La société des antiquaires de Picardie, qui à reçu la communication de plusieurs mémoires de notre collégue peut apprécier par elle-même et notre perte et nos regrets.

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