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Soixante ans de travaux dont l'imagination effrayée embrasse à peine la chaîne non interrompue et la prodigieuse variété, tous les idiomes, tous les dialectes de l'Europe au moyen-âge connus et interprétés, l'impénétrable cabos de nos origines rendu accessible aux lecteurs de tous les pays, la philologie et la critique historique fondées, les sources de nos annales divulguées; les faits capitaux de notre histoire, les bases de notre droit public et privé, les croisades et toutes les circonstances qui s'y rattachent devenus le sujet de dissertations que distinguent l'érudition et le bon goût, une bibliothèque d'in-folios créés par des labeurs demi-séculaires; tels sont les titres de Du Cange à cette célébrité qui a fait de ses ouvrages philologiques et historiques, un patrimoine inappréciable pour le monde savant tout entier, et de son nom le symbôle universel de l'érudition classique.

Un monument consacrera done dans nos murs un 'nom depuis deux siècles révéré, il ornera sa ville natale, comme depuis deux siècles la gloire de Du Cange décore la France toute entière. Votre appel aura trop de sympathie pour demeurer sans une prompte réponse, et le jour n'est plus éloigné où vous pourrez mettre à exécution cette œuvre toute de patriotisme et de justice.

Vous le voyez, Messieurs, par ce compte-rendu, la société n'a point failli à sa mission, et les marques de sympathie qu'elle reçoit, en lui imposant des devoirs dont elle ne s'est point dissimulé l'importance, sont la récompense flatteuse de ses modestes efforts à marcher dans la voie qu'elle s'est tracée à côté des travaux plus vastes des autres académies.

Vous n'avez point perdu de vue l'idée que votre patriotisme vous avait inspirée, l'étude spéciale de votre province, et vous avez eu raison. Devinant d'avance la pensée d'une intelligence élevée, de Jouffroy, dont l'Université déplore la perte, que les études sur les localités, on ne les trouve que là, parce qu'elles ne peuvent être faites que là, et que la province interrogée sur son histoire, sur tout ce qui la touche repondra et répondra juste, vous vous êtes convaincus que toute académie locale qui saura se faire sa part la gardera, et que la partie originale de sa mission, quelque petite qu'elle soit, n'en est pas moins noble. et moins puissante, puisqu'elle peut ce que nulle autre ne peut, et que tout historien qui s'occupe de la France ou de l'Europe, a besoin de ces études sur les localités. Ces travaux sont en effet une pierre de l'édifice qu'il veut élever et qui, si elle lui manque, sera imparfait; il faut donc qu'il vienne la chercher où elle doit être, et qu'il rende hommage à la société qui a eu le bon sens de comprendre qu'elle devait la préparer, ou s'il est trop fier et assez puissant, qu'il se fasse lui-même ce que vous êtes, académie de province passagère, pour accomplir à la hâte une moisson que vous aviez réservée pour de longs jours.

RAPPORT

SUR LES TRAVAUX DU COMITÉ LOCAL DE BEAUVAIS, PENDANT L'ANNÉE 1842-1843, PRÉSENTÉ A LA SÉANCE GÉNÉRALE DU 2 JUILLET 1343. 9

PAR M. DANJOU, DIRECTEUR.

MESSIEUERS,

Le comité archéologique de Beauvais, fidèle à la tâche qu'il a entreprise, a fait, depuis votre dernière séance, de nouveaux efforts pour continuer son œuvre et répondre à l'attention bienveillante que vous accordez à ses travaux.

Voué par son institution à la conservation de tous les monuments et de tous les souvenirs locaux, il a compris que l'un de ses premiers soins devait être de recueillir et de placer dans un dépôt public, tous les

objets de ce genre qui n'ayant pas une destination spéciale sont exposés à se perdre pour tout le monde. Une commission spécialement chargée de réunir et de classer les antiquités conservées par le comité, s'est occupée avec zèle de cette mission, sous l'active impulsion de M. Stanislas de Saint-Germain et de M. Graves, et ses travaux ont déjà fondé une collection archéologique intéressante. L'année qui vient de s'écouler n'a pas été moins productive que les précédentes pour notre musée naissant. Des médailles curieuses dont deux très-belles en or, des armes celtiques, quelques menus objets ciselés et autres, appartenant à la civilisation romaine ou à celle du moyen-âge, ont été achétés le comité ou par donnés par de généreux amis de la science. La démolition complète d'un ancien rempart de la cité de Beauvais, dont la fondation remonte à l'époque de la domination romaine, a été l'occasion de plusieurs découvertes pleines d'intérêt. Déjà l'espace commence à manquer pour répondre aux progrès de notre collection. L'exiguité des locaux que l'administration municipale à pû, dans sa bienveillance, mettre à notre disposition, a forcé de diviser dans deux dépôts, très-éloignés l'un de l'autre, les objets recueillis par le comité. Il est indispensable qu'un local plus spacieux et spécialement affecté à la conservation des antiquités, puisse être mis d'une manière définitive à la disposition du comité. Ce secours, le seul que nous demandions à l'autorité, suffira pour doter le pays d'un établissement désiré depuis longtemps et qui intéresse au même degré les progrés de la science et l'honneur du pays.

La collection d'antiquités de Beauvais comprend un

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