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auxquels ont donné lieu les divers ouvrages qui vous sont adressés par les sociétés correspondantes et par les membres qui vous sont affiliés.

Citons un rapport plein d'intérêt de M. Hardouin sur la chronique de Reims publiée par M. L. Paris, chronique qui présente un récit animé des principaux événements de la chrétienneté, mais surtout de l'histoire générale de France et d'Angleterre dans le laps de temps qui s'est écoulé depuis 1136, et dont le rapporteur nous a fait connaître le style en mettant en relief quelques événements qui empruntaient au récit des chroniques une physionomie nouvelle, en même temps qu'ils signalaient les détails circonstanciés de quelques faits qui rendent difficile de persévérer dans le doute émis sur la réalité de plusieurs épisodes de notre histoire que l'on a coutume de considérer comme anecdotiques.

M. de Grattier vous a fait connaitre la publication de M. de Croy et de Loyrette ayant pour titre Louis XI dans une analyse succincte et animée.

Et vous rendant compte des mémoires de l'académie de Rouen pour 1841, il a rendu hommage à l'heureuse fécondité au vrai talent et au zèle de l'académie de Rouen, et à l'amour qu'elle a toujours montré pour les lettres, les sciences, les arts, la patrie et l'humanité et qu'elle continue de déployer.

J'arrive, Messieurs, à la partie de vos travaux qu'il importe le plus de faire connaître, à celle-là surtout qui a besoin d'être hautement proclamée, car il ne doit rester aucun doute sur les opinions et les doctrines que vous avez émises, quand deux fois M. le

Préfet de la Somme vous a consultés sur les travaux d'arts à exécuter dans la cathédrale d'Amiens.

Par une lettre du 30 décembre, M. le Préfet annonçait que l'on avait exprimé le vœu que les parties neuves des sculptures de la clôture du chœur fusssent mises en harmonie de couleurs avec celles auxquelles elles se rattachent, et demandait l'avis de la Société sur l'opportunité de ces travaux et ses vues sur leur exécution.

Vous avez nommé une commission pour répondre à cette lettre. Nommer MM. Rigollot, comte de Betz, Duthoit, Leserrurier et Woillez, c'est faire connaître assez que la question a été traitée de manière à satisfaire l'art et l'archéologie.

Votre commission, aprés avoir loué l'intelligence et l'exactitude des travaux de MM. Duthoit et Caudron, est entrée dans de longues considérations sur les procédés pratiques employés pour ces peintures, qu'il importerait de renouveler; elle a demandé et la Société adoptant ses conclusions, a reconnu :

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1. L'opportunité des travaux à exécuter pour mettre en harmonie de couleurs les parties neuves avec celles qui s'y rattachent.

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2. De repousser toute proposition qui tendrait à faire adopter la peinture complête de tous les bas-reliefs; mais d'accorder sa sanction à la peinture intelligente et raisonnée des seules parties qui ont été nouvellement exécutées.

3. De demander au préalable un travail graphique qui conservât les traces des travaux modernes et des parties anciennes.

4. De réclamer que l'on suivît les procédés que la commission indique, et que les peintures fussent con

fiées à des artistes d'Amiens, sous la direction d'hommes experts en peintures.

La lettre de M. le Préfet ne laisse aucun doute sur l'approbation accordée aux conclusions de votre rapport, et le second rapport qui vous fut demandé pour la restauration du portail de la Vierge dorée, prouve assez que vous avez apporté dans l'examen de la question qui vous était soumise tout le soin qu'elle exigeait. Une nouvelle commission composée de MM. Rigollot, Woillez, Garnier, Duval et Jourdain, s'est occupée du portail; et nous devons le dire, c'est à ces deux derniers que revient tout l'honneur d'un travail que la commission approuva et que vous avez sanctionné.

Une monographie complète du portail a précédé les conclusions du rapport, et fournira à l'artiste chargé des restaurations, avec la connaissance des sujets, tous les éléments dont il a besoin pour réparer les parties mutilées et pour remplacer celles qui n'existent plus.

Vous avez ensuite déclaré qu'en donnant l'avis qui vous est demandé sur les restaurations du portail St.Honoré, vous vous êtes placés dans l'hypohèse que ces restaurations sont irrévocablemement décidées, et qu'en conséquence vous n'aviez point à émettre d'opinion sur la question três grave des restaurations de la statuaire du moyen-âge, au point où en est aujourd'hui l'iconographie sacrée. Vous n'aviez qu'un fait à examiner, et n'avez point dû vous prononcer sur un principe.

Vous avez été d'avis que dans les circonstances qui seront rares, il est vrai, pour ce portail, le travail des restaurations n'ait pas lieu ou soit suspendu jusqu'à ce que de nouveaux progrès de la science puissent faire espérer et assurer une bonne et intelligente

réparation, quant aux sculptures dont l'état primitif était obscur ou incompris.

Procédant par affirmations positives dans les divers détails du rapport, vous avez indiqué les restaurations et les remplacements, acceptant dans ce cas la responsabilité des conseils que vous avez donnés; déclarant toutefois qu'il n'en saurait être de même pour les questions où vous n'avez pu offrir que des conjectures, des probabilités et des doutes.

Partageant l'avis de la Société, M. le Préfet a donné des instructions pour que le sculpteur ne s'occupât point des parties du portail qui sont détruites, et ajournât la restauration de celles ou la détérioration des sujets en rend le sens obscur et inintelligile.

Quand vous avez repoussé le grattage comme une opération désastreuse qui ferait perdre à la sculpture ancienne sans aucun profit pour la nouvelle son caractère, son mérite et son intérêt, vous étiez surs de la sollicitude éclairée de M. le Préfet pour nos monuments, et ne doutiez point de son approbation.

Enfin vous avez émis le vœu qu'un dessin destiné à compléter ce rapport et à demeurer dans les archives fût exécuté: il constaterait l'état où le XIX. siècle a trouvé la sculpture et celui où il l'aurait laissée. Pour ce qui est de ce dessin, M. le Préfet a promis d'examiner si les fonds consacrés aux travaux pourront en permettre l'exécution. Il serait d'autant plus à désirer, qu'il donnerait la preuve de l'intelligence et du talent avec lequel notre époque a su comprendre et rétablir l'œuvre chrétienne, et donnerait une sorte de satisfaction à l'opinion qui repousse toute restauration des

monuments anciens par la crainte de leur voir perdre leur caractère natif.

Dans un supplément de rapport qui doit être prochainement adressé, la commission constate une découverte précieuse pour l'histoire de notre cathédrale, celle d'une inscription gravée sur la plinthe de la galerie du premier étage, où elle a pu reconnaître, malgré de très-graves mutilations, une date, un fait et un nom; le millesime de 1220, la pose de la première pierre de l'église, et le nom de Robert de Luzarches, l'immortel architecte. Cette inscription sera publiée avec un dessin exact, dans le 6. volume de vos mémoires.

C'est ainsi que vous avez accompli la tâche qui vous était donnée, et vous avez la confiance que ces restaurations qui touchent à l'honneur de la société chargée de donner son avis, de l'administration qui les commnande, des architectes qui les dirigent et des artistes qui les exécutent, n'altéreront en rien la physionomie de notre antique basilique, et que les défenseurs exclusifs de la pure antiquité peuvent se rassurer, en voyant tous les jours que l'art moderne peut réparer les ravages du temps, sans rien faire perdre à l'édifice de son caractère et de son unité.

Si vous avez contribué à la conservation des monuments qui font la gloire de votre pays, vous n'avez point oublié les hommes qu'il s'honore d'avoir vus naître, et vous avez conçu la pensée d'élever un souvenir durable à la mémoire de Du Cange, l'immortel auteur du Glossaire, le prince des érudits du grand siècle, sous le patronage duquel s'est placée notre société.

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