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tion des reliques de St.-Lucien et de ses compagnons, faite en l'abbaye de St.-Lucien de Beauvais, en présence du Roi St.-Louis. En 1275, il souscrivit à la lettre que Pierre Barbet archevêque de Reims écrivit au pape Grégoire x au sujet de la canonisation de St.-Louis. Deux ans plus tard, il se trouvait au concile provincial tenu à Compiègne sous l'archevêque Jean. Les biographes fixent sa mort au mois de mars 1278. Son obit est marqué dans l'obituaire du chapitre le 11 des calendes d'avril. Si sa tombe n'orne pas la Cathédrale, comme celle de ses prédécesseurs Evrard, Gaudefroy, Gérard de Conchy et Aleaume de Neuilly, c'est que lui-même avait demandé d'être inhumé auprès de sa mère Ide de Bouberch, femme de Guillaume d'Abbeville, dans l'église du Béguignage qu'elle venait de fonder en son hôtel, à Abbeville, sur un bras de la Somme. — La maison d'Abbeville issue, comme on sait, d'Angilbert comte de Ponthieu et de Berthe fille de Charlemagne, a donné en outre à notre église un chanoine du nom de GANFRY, et un autre du nom de JEAN qui fut doyen du chapitre, ardinal et archevêque de Besançon.

Plusieurs de ces détails nous sont communiqués par M. le comte de Bourbers-Abbeville, chef de noms et armes de cette antique et illustre

maison.

NOTE G. (pages 428. )

Dans la séance du Comité historique des arts et monuments, tenue le 13 avril 1842, M. du Sommerard, après avoir rappelé que c'est un artiste français qui a sculpté les stalles de la cathédrale de Milan, ajoutait les réflexions suivantes, relativement à celles de Padoue :

<< Les belles stalles sculptées à sujets religieux qui décorent, dans toute la portée du mot, le chœur de l'église de Sainte-Justine de Padoue, sont principalement l'ouvrage d'un français, RICHARD TAURIGNY, de Rouen, le même qui sculpta aussi les stalles du chœur de Milan. Ce travail doit remonter au règne d'Henri III, puisque l'abbé Entichius d'Anvers, qui le dirigea, avait siégé au concile de Trente.

» L'histoire de Padoue représente Richard Taurigny comme un nou

veau Cellini, à raison de son talent d'abord, puis de son humeur peu sociable. Il y est dit que le sculpteur normand fut guidé dans ce travail par les modèles en terre cuite exécutés par André Campagnola (1). Mais pourquoi les Italiens, lorsqu'ils avaient de semblables guides à donner à nos sculpteurs en bois, ne les imposaient-ils pas à leurs artistes nationaux, lorsqu'ils se trouvaient chargés de travaux analogues? Rien de plus misérable, malgré la complication de la composition et par conséquent du travail, que les anciennes stalles du chœur de l'église dei Frari à Venise (où se trouve le tombeau de Canova); rien de plus pauvre que les innombrables sculptures en relief qui garnissent la sacristie de la Chartreuse de Pavie. L'exécution de ces boiseries contraste désagréablement avec celles des stalles du chœur qui sont en bois de rapport incrusté, à surfaces planes (ce que les Italiens appellent lavore di tarsia, sorte de marqueterie) genre de travail rentrant dans la mosaïque et plus approprié sans talent des Italiens que l'art tout spécial de couper le bois tirer des reliefs.

doute au

pour en

>> Tout ce que nous avons vu en travaux de ce dernier genre à Gênes, à Pavie, à Lorette, etc., en fait de confessionnaux surtout, est d'une exécution grossière et d'un style qui rappelle les montants d'alcôves flamandes dont nos fabricants d'antiquités de Paris font des dressoirs pour les cabinets d'amateurs. Nous n'en exceptons pas les

(1) Cicognara (Hist. de la sculp. t. V. p. 530) appelle Richard de Taurigny un élève d'Albert Durer. C'est une assertion qui voudrait une preuve, dit M. Didron. Par suite d'une lecture faite légèrement, on attribue l'érection de Notre-Dame-del'Epine à un architecte allemand; mais l'inscription gravée sur pierre et lue at tentivement déclare que cet architecte, ANTOINE GUISCARD, est français et sans doute champenois. On dit aussi que le vitrail de St.-Etienne de Beauvais, qui représente l'arbre de Jessé, l'arbre généalogique du Christ, est d'Albert Durer, qui en aurait au moins fourni les cartons. Mais l'examen attentif de cette peinture et les documents positifs recueillis dans des titres manuscrits reconnaissent Engrand Leprince pour l'auteur de cette œuvre remarquable. Il faudrait done que l'assertion de Cicognara fut bien établie et basée sur des pièces authentiques; autrement on a le droit de la traiter comme une tradition dénuée d'autorité.

sculptures des stalles du chœur de San-Giorgio-Maggiore, à Venise, œuvre du flamand ALBERT BRULE (hist. de St.-Benoit), que vante Cicognara, en rapportant qu'on les désigne sous cette pompeuse dénomination: Lavoro di nuovo Policleto. Cette exagération prouve bien la rareté des beaux travaux de ce genre en Italie. En effet, il n'y a de remarquable, en fait de sculpture en bois, dans les divers états que nous avons parcourus, que quelques travaux éxécutés par de grands artistes, tels que les portes ou autres boiseries du Vatican, sculptées sous la direction de Raphaël par Jean Barile (peutêtre français, d'après la désignation de son nom.) Encore le travail en est-il moins fin, moins facile surtout, que la plupart des bahuts de tous genres qu'on trouvait par milliers chez nos paysans de Normandie, de Picardie, etc. Cela tenait sans doute à l'organisation de nos corporations de BAHUTIERS, et aux épreuves que subissaient les sculpteurs chargés de ces travaux.

>> Il est remarquable que Cicognara, parlant (t. V. p. 583) des belles stalles de Gaillon aujourd'hui placées pour la plupart dans le chœur de St.-Denis, et qui sont exécutées partie en relief, partie en marqueterie (tarsia), attribue la perfection de leur travail, qu'il date de 1500, au contact des Italiens; comme si à cette époque les premiers artistes Italiens, dont la migration en France est bien constatée (ceux appelés par Chales VIII pour construire Amboise), avaient pu exercer une véritable influence sur nos travaux de bahuterie très-remarquables, surtout pendant tout le cours du xv. siècle! Cicognara ajoute que, sans doute, de bons sculpteurs et intagliatori italiens avaient apporté en France ce bon goût de sculpture et de manifatture. Sans nier que la marche progressive des arts en Italie pendant le xv. siècle, n'ait dû influencer les progrès et surtout le style des nôtres, on ne saurait admettre qu'il ait fallu que des sculpteurs Italiens vinssent professer chez nous pour y infiltrer leur art, que de jeunes français allaient puiser à sa source, témoins nos JACQUES D'ANGOULÈME, nos frères RICHIER, etc. L'historien de la sculpture dit encore que les arts en France avaient alors (en 1500) grand besoin d'être relevés par de bons principes, car toutes leurs

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productions étaient des plus faibles. Mais on pourrait répondre en citant non-seulement nos monuments de Dijon du commencement du xv. siècle (le puits de Moïse, les tombeaux de Jean-sans-Peur et de Philippe-le-Hardi) faits par des flamands sous les yeux et avec la collaboration de nos artistes, mais un très-grand nombre de monumeuts, tous français, et de tout genre, de la deuxième moitié du même siècle, qui ne le cèdent en rien aux productions contemporaines de l'Italie..... (Bulletin du comité historiq. des arts et mon. t. II. p. 246.)

NOTE

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A AJOUTER AU CHAP. III. DE LA PREMIÈRE PARTIE.

Nous devons à l'intervention obligeante de M. De Grattier, président de la Société des Antiquaires, la communication qui nous a été faite par un de nos honorables compatriotes du précieux document qu'on va lire. Cette pièce, dont nous avons l'original sous les yeux, nous révèle le plus grand danger que nos stalles aient couru. On verra ce qu'en voulait faire l'architecte de la république. Heureusement le bon sens et la fermeté du citoyen André Dumont, membre de la Convention et représentant du peuple à Amiens, firent prompte justice d'un pareil projet :

MÉMOIRE.

L'opinion publique a prononcé. La ci-devant église cathédrale est devenue l'azyle de la Raison et de la Vérité. Leurs noms brillent au centre lumineux de la gloire au fond du Temple. Des inscriptions répandues de tous côtés accompagnent leur triomphe. Cependant il n'est pas complet. Nombre de simboles du précédent culte, encore existans, semblent leur disputer la victoire. Il est temps qu'on voie finir cette lutte étrange; il est temps que les ordres soient

donnés de faire promtement disparoître ces chapelles de goût tudesque adossées aux piliers, ces ambons, ces vieilles stales gothiques qui ont jusqu'ici défiguré l'une des plus superbes baziliques de l'Europe. C'est ainsi qu'en débarassant ce beau temple des antiquailles dont je parle, on lui rendra, comme à la vérité qui y préside, toute sa beauté originelle. L'opération faite, je voudrois le consacrer uniquement aux assemblées du peuple, en faire un promenoir public toujours ouvert, y fixer, à heures marquées, les rendez-vous de la jeunesse pour s'exercer au maniement des armes et y passer des revues; que là, sous les regards des magistrats, des prix de gymnastic fussent distribués. Je voudrois que ce lieu fut surtout destiné aux fêtes civiques pour cet effet j'éleverois l'autel de la patrie au centre du rond-point. Le pourtour du ci-devant choeur se trouvant libre par la suppression des stales et de leurs murs-dossiers, je le laisserois tel. Point de grilles, point de barrières; trois marches distingueroient l'enceinte du ci-devant chœur. Elles contribueroient d'ailleurs à faire piramider l'autel avec plus d'avantage.

Je supprimerois toutes les grilles des chapelles collatérales, ainsi que les objets de culte qu'elles renferment, pour faire de ces chapelles autant de serres ou de cabinets fermés sur le devant par un mur en pierre de peu d'élévation, percé dans son milieu d'une porte. Le parement de ce mur et la porte seroient construits dans le stile de l'édifice, afin de ne pas mésallier les genres. Ces cabinets serviroient de dépot aux armes de la jeunesse, aux divers instruments de gymnastic. On pourroit en faire des salles d'institution de tout genre. Plusieurs seroient à usage de buffets, lors des banquets civiques. D'autres seroient destinés à des comités particuliers, etc., etc., etc.

Au centre de la croisée des voutes je placerois le symbole de l'immortalité figuré par une haute pyramide cantonnée aux quatre angles, dans sa partie inférieure, par des faisceaux portant entablement au dessus duquel seroient successivement posés les bustes des républicains législateurs morts pour le salut de la patrie. Les bustes de Marat et de Lepelletier s'y offriroient à nos yeux les premiers.

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