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tification de la Collection des historiens de France, ont trouvé bon d'adopter le contre-sens du P. Labbe et de ceux qui l'ont suivi.

Il serait superflu de vous entretenir des lectures de M. Roger, les divers chapitres qu'il vous a lus de ses Archives historiques de Picardie, forment aujourd'hui un beau livre dont le mérite est démontré par l'immense succès qu'il a obtenu.

L'envoi fait par M. l'abbé Jourdain d'un mémoire où il décrit l'une des plus anciennes verrières de notre cathédrale établit suffisamment ses titres à l'admission. Vous savez d'ailleurs avec quel soin consciencieux et quelle habileté il s'occupait avec M. l'abbé Duval, de la description des histoires de nos stalles.

La verrière qu'il a choisie est celle des fonts-baptismaux, composée de débris plus ou moins nombreux, plus ou moins conservés, de l'histoire de la S.te-Vierge et des deux rois d'Angleterre St.-Edmond et St.-Edouard.

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Après diverses hypothèses sur les circonstances qui ont pu déterminer le placement de ces légendes peintes, que l'on peut attribuer ou bien à l'un des deux souverains que la cathédrale a reçus sous ses voûtes, bien aux seigneurs de Boves et de Coucy, dont on voit les armes dans l'une des rosaces, vient la description des divers tableaux qui composent cette verrière et que M. Jourdain fait connaître sous le rapport légendaire et artistique. Parlant de l'état actuel de dégradation, l'auteur regrette que de toutes les peintures qui décoraient les gémaux, il ne reste que 20 médaillons dont aucun n'est resté intact, grâce à l'inintelligence des modernes raccommodeurs. Cette étude pleine de faits puisés dans l'histoire de la vierge et la légende des saints que l'ar

tiste traduisait vers le milieu du XIIIe ou le commencement du XIV siècle, serait du plus puissant secours pour la restauration de ces fenêtres, si quelque jour des fonds étaient affectés à cet objet.

En félicitant l'auteur de ce travail dont il avait été chargé de vous rendre compte, M. Rigollot exprimait le désir que quelques dessins bien exacts fissent mieux connaître ces peintures, et missent à même, d'après leur style, de leur assigner une date plus précise. Il invitait M. Jourdain à s'occuper des autres verrières, les descriptions publiées jusqu'à ce jour ne renfermant que des renseignements vagues et incomplets. Il appartient, disait-il, à des hommes intelligents et instruits de mettre en lumière les richesses cachées de notre cathédrale.

En même temps, M. Rigollot enrichissait vos archives du seul document connu sur les verrières de la cathédrale; c'est un procès verbal dressé par Du Cange, le 25 avril 1667, d'une visite qu'il y a faite, et dans laquelle, chose remarquable, il ne mentionne point la verrière décrite par M. Jourdain.

Là, Messieurs, ne se sont point bornés les travaux de notre collègue, il a choisi pour sujet de ses études la cathédrale d'Amiens, et en même temps qu'il prépare son grand travail iconographique sur les Stalles, il en étudie les autres parties. Les scènes sculptées autour du chœur font le sujet d'une seconde notice.

M. Jourdain s'occupe d'abord de la clôture droite du chœur dite Histoire de St. - Firmin. Il signale le progrès sensible de la statuaire de la première partie du monument, représentant la vie de St.-Firmin, à la seconde, l'invention des reliques. En moins de 30 ans

en effet, succède à la raideur des poses, à l'incorrection des dessins, un style plus naturel et plus savant.

On sait qu'Adrien de Henencourt, successivement prévôt et doyen du chapitre d'Amiens, à la libéralité duquel l'église est redevable de ce monument, en termina de son vivant la première partie destinée à recevoir les restes de son oncle, l'évêque Ferry de Beauvoir, et qu'il fit exécuter la seconde partie dans le dessein d'y reposer lui-même, suivant une disposition testamentaire par laquelle il donne son corps étre inhumé au plus près de l'histoire de l'invention de St.-Firmin.

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M. Jourdain décrit l'un après l'autre les divers tableaux de la vie et de l'invention des reliques du saint évêque; et dans une analyse pleine de goût et de vigueur, il fait ressortir les anciens usages que révèle l'observation des costumes, rétablit la légende rimée, toujours incorrectement publiée, et redresse certaines erreurs commises dans la restauration, et qui prouvent combien il est utile que les artistes travaillent sous le contrôle d'une commission à qui l'histoire sacrée et les traditions soient familières.

S'il est vrai, ajoute l'auteur, que des artistes étrangers furent appelés au xv. siècle, pour exécuter les sculptures et les peintures de la cathédrale, il est certain aussi que des artistes français, parmi lesquels sans doute bon nombre de Picards devaient se trouver, peuvent revendiquer une large part de ces divers travaux.

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L'intérêt qu'a excité la lecture de ce mémoire, fait vivement désirer d'entendre la 2. partie de ce travail relatif à l'histoire de St.-Jean-Baptiste, dont s'occupe en ce moment M. Jourdain.

C'est avec la même faveur que la société a entendu le mémoire de M. l'abbé Duval, et ses suffrages ont prouvé combien elle en avait apprécié le mérite.

Un missel d'Amiens de 1529, imprimé à Paris et appartenant à Mgr. l'évêque, est l'objet du travail de M. Duval. On peut le diviser en deux parties, la typographique et la liturgique. Dans la première, l'auteur donne le titre et la description du livre; dans l'examen du calendrier, s'occupant surtout des saints dont les noms remplissent le cycle sacré, il y voit jouir d'un honneur plus grand qu'aujourd'hui les principaux patrons du diocèse, et dans le nom de St.-François, inscrit en gros caractère, voit moins sa popularité que l'influence exercée sur le bréviaire français par le bréviaire romain dont la réforme au XIIIe siècle fut l'œuvre des franciscains. Il rappelle le concordat passé au XIII. siècle entre l'église d'Amiens et celle de Rouen pour les fêtes de St.-Firmin et St.-Romain, dont les noms brillent également, et s'étonne de l'omission des noms de St.-Geoffroy, de St.-Joseph et de St.-Bernard. M. Duval n'oublie point de mentionner les gravures sur bois qui ornent le volume, et surtout celle où l'hostie qu'élève le célébrant se change en la personne du Sau veur, comme pour protester contre les erreurs nouvelles au sujet de la présence réelle.

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Pénétrant alors, après un examen matériel, ainsi dire, au cœur du livre, pour examiner les paroles sacrées qui composent les introïts, les graduels, les traits, l'auteur y reconnait une identité parfaite avec le Sacramentaire de St.-Grégoire et le missel romain. Rappelant alors les modifications adoptées par notre église au préjudice du rit gallican, et les diffé

rences qui distinguent le missel de 1529 et le missel actuel de M. de la Motte; il cite les proses et séquences qui ont disparu, et regrettant que plusieurs chants pieux et naïfs de nos ancêtres, monument curieux de la poésie du moyen-âge, qui se plaisait à y retracer les miracles des saints qu'elle vénérait, aient été sacrifiés au goût épuré de ces derniers temps, il cite surtout la prose de St.-Firmin, la légende si naïve qui fait baisser la téte à l'image du Christ pour saluer St.-Honoré, et la séquence de l'octave de l'Assomption qu'il traduit en vers français avec autant d'exactitude que de simplicité. C'est ainsi que l'auteur, examinant ce livre au point de vue liturgique et littéraire, a su vous intéresser par des considérations de l'ordre le plus élevé sur un sujet si simple en apparence.

Chargé de vous rendre compte de ce travail, je n'ai pu qu'ajouter quelques notes bibliographiques, restituer sa véritable date au premier Missel d'Amiens, imprimé en 1498 et non en 1496, signaler la belle édition de 1506, dont la bibliothèque d'Amiens possède un magnifique exemplaire sur vélin enluminé, ajouter que l'édition de 1529 qui nous occupe, fut aussi imprimée sur vélin, et qu'un an après, Jean Petit en donnait une édition in-8.o, ces détails nous ayant paru nécessaires pour compléter la notice de M. Duval. A un juge si compétent il appartient d'écrire l'histoire de notre liturgie. Aussi votre rapporteur a-t-il engagé l'auteur à s'occuper de l'examen comparatif des missels imprimés du diocèse et de ceux que possède manuscrits notre bibliothèque, persuadé que ces livres sacrés où M. Duval sait puiser de si curieuses révélations, lui fourniront la matière d'un travail du plus haut intérêt.

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