Page images
PDF
EPUB

Le Bègue parle aussi des huiles de lin, de chènevis et de noix, préparées pour peindre : ‹ Si vous voulez rougir tables ou aultres choses, prenez oile de lin, de chanvre ou de noix, et mêlez avec mine ou sinope sur une pierre et sans eau. Puis enluminez à un pincel ce que vous voulez rougir. › (art. 535.)

Le Bègue donne une curieuse recette pour faire une préparation glutineuse, qui pourrait partager les qualités de l'huile, comme véhicule de la couleur. Elle semble avoir été employée par quelques artistes vénitiens pour poser leurs couleurs sur leurs tableaux, à une époque plus rapprochée. Aqua, in qua semen lini diu, per diem et noctem saltem, steterit, recipit ab ipso semine glutinositatem que ipsam facit aptain ad distemperandum colores. › (art. 347.)

-

L'eau dans laquelle de la graine de lin a séjourné longtemps, ou au moins pendant un jour et une nuit, reçoit de cette graine une propriété glutineuse qui la rend propre à détremper les couleurs. >

Cennini, qui parle des couleurs à l'huile pour peindre sur mur, dont l'usage était très-répandu de son temps, nous apprend que les Allemands surtout en ont fait un emploi fréquent: Che l'usano molto i tedeschi. Il nous donne des recettes pour préparer les huiles, soit au soleil, soit au feu, en faisant réduire de moitié. (Cennino Cennini, Trattato della pittura, cap. 91 el 92.)

Le Rév. M. Bentham a remarqué, sous le titre de Nova Pictura, dans les comptes de dépenses annuelles pour la cathédrale d'Ely, en 1355, qu'il y avait plusieurs sommes pour achat de l'huile à peindre. Les faits recueillis par Walpole, Pownall et autres, mettent hors de doute que la peinture à l'huile pour les décorations était connue et pratiquée en Angleterre avant le x siècle. Muratori soutient que l'art de la peinture ne se perdit jamais entièrement dans aucune des provinces qui firent partie de l'empire ro

main.

Note S

Pallidus, cap 1.

La couleur påle, pallidus, est une couleur non entièrement blanche ou claire, mais inclinant à la couleur d'ombre. Tab. voc. synonym.

Théophile emploie cette expression dans un sens approchant de celui de Catulle, qui écrit: statua inaurata pallidior, plus pâle qu'une statue dorée. › Note T.

Posc, cap. 3.

Le mot posc vient du latin fuscus, ou du grec quós, Sombre ou obscur. Scaliger, dans son Dictionnaire, s'exprime ainsi : Quasi poroσxuά, id est, lucis umbra, a pox, luceo. Le mélange du vert foncé et du rouge, de manière à faire la couleur d'ombre, pourrait, unie avec la couleur de chair, former une ieinte grise graduée sans être froide, calculée pour faire T'ombre ou la demi-teinte, lucis umbra.

Dans la langue romaïque, rúžos signifie morella, espèce de solanum qui produit une baie noire, propre à donner une couleur épaisse qui sert à teindre et à peindre. C'est le morello des Italiens, le moreau des Français et le murrey des Anglais. Pose et rúžos sont dérivés de la même source.

Dans la Table des mots synonymes, on lit: Morellus est color ex rubeo et nigro factus. Cette couleur parait avoir disparu depuis l'introduction de l'indigo.

Note U. Prasinus, cap. 1.

Le prasinus des Grecs était une terre verte l'étymologie de ce mot est pácov, porrum. Le Catholicon appelle prasis ou prasim une craic verte; il appelle prasius, lapis viridis, une pierre verte. S. Isidore écrit prasina, et dit que c'est une argile ou terre

verte, que l'on trouve en plusieurs endroits; la meilleure cependant provient de la Libye Cyrenea La Libya Cyrenea est appelée Pentapolis par Ptolémée, à cause du nombre des cinq villes qui s'y trouvaient. (Voc. AFRICA.)

Le prasinus de Théophile parait avoir été un acetate de cuivre, pour la composition duquel il donne la recette à la fin du premier livre. Theophile mentionne ensuite le succus et la couleur verte, viridis, qui paraissent être une terre verte.

Dans les Mss. Sloane, 1754, on lit le passage suivant: Viride bonum est quod de Græcia venit. Item aliud viride quod terrestre dicitur, et quod terra sit et de monte Galboe affertur. C'est une montagne de Syrie, à six milles de Scythopolis ou Bethsan. Cette dernière espèce de couleur est probablement notre vert de montagne.

Le vert grec, viride græcum, est un acétate de cuivre que Théophile appelle vert d'Espagne, viride hispanicum.

La terre verte était aussi appelée théodote. (Theodote, græce-latine, est creta viridis, cujus melior nascitur in Creta Cyrina (Cyrene), et aliter, videlicet in græco theodoce dicitur. (Tab. voc. synonym.)

Un autre acétate de cuivre vert, appelé viride Rothomagense, vert de Rouen, était fait de la même manière que le vert salé, viride salsum, de notre auteur; on se servait seulement de savon pour oindre le cuivre, au lieu de miel et de sel.

ti

Davy dit que les verts trouvés dans les bains de Titus et de Livie sont des oxydes de cuivre (probablement employés à l'état d'acétates de cuivre), et qu'il découvrit trois espèces de vert sur les fragments provenant du tombeau de Caius Cestius; l'une, rant sur le vert olive, était une terre verte de Vérone; l'autre, plus pâle, était un carbonate de cuivre et de craie; le troisième, un vert de mer, était un cuivre mêlé avec de la fritte blene (sans doute le cæruleum de Pouzzoles, de Vitruve). Les verts qui sont dans le tableau des Noces Aldobrandines sont tous de cuivre: probablement des terres naturellement colorées par le cuivre.

Note V. Rubeum.

Théophile mentionne le rouge, rubeum, plusieurs fois dans son livre; il en explique l'espèce en disant : Comburitur ex ochru.

Note W.

Throni rotundi, cap. 16.

Les Trônes sont représentés par les Grecs byzantius comme des roues de feu entourées d'ailes. Le centre de ces ailes est couvert d'yeux, et l'aspect de cette figure représente un trône royal. (Ms. du Mont-Athos: Le Guide de la peinture.).

Dans l'église de Césariani, sur le mont Hymette, la Trinité est représentée dans un tableau peint à fresque. Le Père a la figure d'un vieillard, le Fils celle d'un homme de trente-cinq ans environ, et le Saint-Esprit celle d'une colombe: c'est ainsi que nous avons coutume de voir la représentation de ce grand mystère. Les pieds nus du Père et du Fils sont placés sur un cercle de feu, ayant deux ailes de ammes. C'est de cette dernière manière que les Grecs représentent le choeur des anges, auxquels its donnent le nom de Trônes. Le cercle ailé et enflammé est comme le trône des pieds divins.

Voici la classification des choeurs des anges, d'après les écrits attribués à saint Denis l'Areopagite.

[blocks in formation]

en trois sections, a été admise par les deux Eglises, latine et grecque. Saint Grégoire de Nysse, saint Jean Chrysostome, saint Ignace, saint Jérôme, Origène, le pape saint Grégoire, saint Bernard, Denis le Petit, Jacques de Vorage, Dante et autres, ont traité eux-mêmes de la hiérarchie des esprits célestes.

Note X.

Sella equestres el ocioforos, cap. 22.

Suétone nous apprend que les octofori étaient des litières portées par huit hommes. Lectica quæ ab octo servis gestatur. Ce luxe venait des Romains, ou plutôt des Grecs du Bas-Empire. Walpole prétend qu'au temps de la conquête, la peinture n'était pas uniquement consacrée à peindre les églises ou à faire les portraits des grands hommes, mais qu'on s'en servait à divers autres usages, spécialement pour décorer les appartements, les meubles, les écus, etc., des personnes riches et d'un rang distingué.

Comme ce chapitre suit immédiatement celui où il est question de la peinture à l'huile et de la composition du vernis, il est plus que probable, vu la nature du travail, que les selles, etc., étaient peintes avec des couleurs à l'huile, et ensuite vernies.

Sous le règne de Henri II d'Angleterre, de 1154 à 1189, Henri de Blois, archidiacre de Bath et chapelain du roi, se récrie contre le luxe des hommes de guerre de son temps, et il blâme l'ostentation de quelques-uns des barons. Ils portent des écussons et boucliers dont le champ est si richement doré, qu'ils présentent à l'ennemi plutôt un butin qu'un danger; aussi les rapportent-ils intacts, et, si l'on vait s'exprimer ainsi, dans un état vierge. Ils veu

et

peints, et qu'on y représente des batailles et des combats de chevaux ou lournois, et ils se plaisent à entretenir leur imagination de scènes qu'ils sont impuissants à renouveler. ›

Note Y.

Sinopis, cap. 1.

Théophraste nous apprend que la terre de Sinope était tirée de Cappadoce, mais qu'elle était transportée à Sinope pour être vendue. Il nous dit encore qu'il y avait trois espèces de terres de Sinope: une de couleur rouge foncé; la seconde påle; la troisième d'une couleur moyenne entre les deux premières, laquelle était appelée espèce pure et simple, parce qu'elle était employée sans aucun mélange, Landis qu'elle pouvait entrer dans le mélange d'autres couleurs. Il ajoute Il y a encore une autre espèce de sinope, faite avec de l'ocre brûlée, invenLion de Cidias, qui remarqua que l'ocre mise dans le feu et à deni brûlée prenait une couleur rouge. › (Theoph., Hist. lap., cap. 94 et 95.) Sinope devint le nom général de tous les rouges de terre d'ocre, le millos des Grecs, le rubrica des Latins.

Le miltos de Théophraste n'est certainement pas autre chose que la terre d'ocre rouge, qui se colore par la rouille ou oxyde de fer. Il donne différentes variétés de miltos, et dit que la meilleure venait de Cea, particulièrement celle qui se trouvait dans les mines de sanguine, car celles-ci se rencontrent quelquefois dans les mines de fer. Il y avait encore le miltos de Lemnos et de Sinope; il provenait de Lemnos et se rencontrait simplement dans la terre.

Le miltos de Lemnos ne doit pas cependant être confondu avec le oppáns ou terra sigillata. Cette dernière espèce de terre était une argile onctueuse, de couleur rouge pâle, que les prêtres seuls pouvaient meler avec le sang des boucs et des chèvres immolés en sacrifice, et alors scellée par eux: terra sigiltata. C'était la sanguine de Lemnos, et non la terre de Lemnos, qui était employée par les peintres. Pline confond ces deux substances.

Saumaise fut le premier à découvrir une erreur importante dans les différentes éditions de Pline, e à restituer un passage, à son avis, selon l'intention de l'auteur.

Le passage: Milton vocant Græci minium, quidam cinnabarin, les Grecs appellent le miltos minium, d'autres cinabre, a été restitué de la manière suvante (Rubricam) Milton vocant Græci, miniumqu cinnabari. Cette réstitution est correcte, et pourrait être assurément attribuée à Pline plutôt que les ereurs, qui appartiennent souvent bien plus à ses come mentateurs qu'à l'auteur lui-même.

enim Trojanis temporibus rubrica in honore erat, q Saumaise rétablit ainsi le passage entier: Jan naves ea commendat, alias circa picturas, pigment que rarus, milton vocant Græci, miniumque cinna bari. Le miltos se rapporte certainement à rubrict Hill remarque qu'Homère, en parlant des vaisse grecs, les appelle νῆας μιλτοπαρήίους, vaisseaux peti avec le millos, et qu'il est impossible qu'ils fussent peints avec le minium ou le cinabre, alors in

connus.

Cette correction d'une erreur qui a existé si long temps, et qui a été diversement propagée, est ar tainement importante. Le sinope ou miltos a été e ployé comme couleur de temps immémorial, et no avons la preuve que les Egyptiens s'en servaient, ainsi que les Assyriens. Ezéchiel, cap. xxi, vers l parle d'hommes représentés sur les murailles, de!. ressemblance des Chaldécns représentés avec du si поре.

extérieurement au cinabre minéral. Les ocres jaus Quelques-unes des variétés d'hématite ressemblent sont des hydrates de fer, les ocres rouges des oxyd de fer; et la couleur devient d'autant plus foncee que la quantité d'oxygène combinée est plus conside ble. Le tritoxyde ou oxyde pourpre est le plus las degré d'oxydation. La proportion plus ou mois grande d'argile qui se trouve dans les ocres janës ou rouges leur donne une couleur plus ou moins bri lante.

Note Z. Succus, cap. 14.

Le succus, en général, est la couleur verte on ser des plantes, à laquelle on ajoute souvent d'autres couleurs pour obtenir des verts variés. Tab. voc. a. Le succus doit être mêlé de vert et de noir po faire les ombres; les clairs se font en y mélangea du blanc. Dans la même Table des mots synongas, le succus est décrit encore comme une couleur ressemble à l'indigo; d'autres disent qu'il est rou plus foncé que le vermillon et plus brillant que les nope, et qu'il est aussi appelé menesch. La base de ces couleurs est succus folium, un pourpre ou violet. Le succus sambuci est une couleur pourpre fake avec les baies du sureau. Théophile nous appre qu'on peut se servir de cette dernière couleur conse d'indigo ou de menesch avec de l'orpiment.

Le passage suivant, d'Eraclius donne le procéde usuel pour fabriquer et employer le succus.

De viridi colore, quomodo fieri possit ad que volueris depingere.

Sic poteris viride tibi, pictor, habere colorem, Cum foliis albam morella contere cretam; loc in marmorea pariter quoque contere petra, Usus ad pene liquidum dum fiat utrumque,, Et post hunc succum pincello sume probandum. Hinc quascumque cupis scripturas conde colores, Ne creta nimium ponas tamen ante caveto.) (Eraclius, de Artibus Romanorum, lib. u, Mss. L Bègue, à la Biblioth. Nat., à Paris.)

Note Aa. Veneda.

La couleur veneda est une couleur grise, que l'ac teur dit être composée de noir avec un peu de biza

de plomb. Si on se sert de cette couleur pour peindre sur mur, il faut y ajouter un peu de chaux. (Tab. roc. synonym.)

C'est la couleur berectinus des Lombards, et le terettina de Cennini.

Le bleu clair était une des couleurs des factions du cirque. Ces couleurs étaient le blanc, le bleu clair, le vert et le rouge, auxquelles Domitien

:

ajouta le jaune, ou l'étoffe d'or et de pourpre. Sidoine Apollinaire, à ce sujet, dit: Micant coloribus, albus cum VENETO, virens, rubeusque.

La couleur berectinus, ainsi appelée dans le dialecte lombard, est une couleur entre le blanc et le noir, qui, dans la langue latine, est appeléc elbus ou elbidus; chez les Gaulois, elle est appelée grisus. S. Isidore écrit elbum. (Tab. voc. synonym.)

FIN DES NOTES DU LIVRE PREMIER,

LIBER SECUNDUS.

INCIPIT PROLOGUS

IN LIBRUM SECUNDUM.

In præcedenti libello, frater karissime, sincere dilectionis affectu non me piguit tuæ indoli insinuare, quanti honoris quantæque perfectionis sit, otium declinare, et inertiam desidiamque calcare; quamque dulce ac delectabile, diversarum utilitatum exercitiis operam dare, juxta vocem oratoris eujusdam dicentis:

Scire aliquid laus est; culpa est, nil discere velle.

Nec pigritetur quispiam, eum, de quo Salomon ait, Qui addit scientiam, addit“ et laborem, apprehendere; quia, quantus ex eo procedat animæ corporisque profectus, diligens meditator poterit advertere. Nam luce clarius constat, quia, quisquis otio studet ac levitati, fabulis quoque supervacuis operam dat, et scurrilitati, curiositati, potationi, ebrietali, rixæ, pugnæ, homicidio, luxuriæ, furtis, sacrilegiis, perjuriis et cæteris hujusmodi, quæ contraria sunt oculis Dei respicientis super humilem et quietum et operantem in silentio in nomine Domini, et obedientem præcepto B. Pauli apostoli: Magis autem laboret operando manibus suis, quod bonum est, ut habeat unde tribuat necessitatem patienti. Hujus imitator ego desiderans fore, apprehendi atrium regia (1) Sophiæ, conspicorque cellulam diversorum colorum omnimoda varietate referlam et monstrantem singulorum utilitatem ac naturam. Quo mox inobservato pede ingressus, replevi armariolum cordis mei sufficienter ex omnibus, quæ diligenti experientia sigillatim perscrutatus, cuncta visu manibusque probata satis lucide tuo studio commendavi absque invidia. Verum quoniam hujusmodi picturæ usus perspicax non valet esse, quasi curiosus explorator omuibus modis elaboravi cognoscere, quo artis ingenio et colorum varietas opus decoraret, et lucem diei solisque radios non repelleret. Huic exercitio operam dans vitri naturam comprehendo, ejusque solius usu et varietate id effici posse considero, quod artificium, sicut visum et auditum didici, studio tuo indagare curavi.

LIVRE SECOND.

PROLOGUE

DU LIVRE SECOND.

Dans le livre précédent, très-cher frère, guidé par le sentiment d'une affection sincère, je me suis efforcé de vous prouver combien il était honorable et parfait d'éviter l'oisiveté et de dompter la paresse et l'indolence; combien il est doux et agréable de se livrer à l'exercice des arts utiles, selon ce mot d'un auteur:

« Savoir quelque chose est digne d'éloges; c'est une faute de ne vouloir rien apprendre. »

Que personne ne tarde à imiter celui dont Salomon a dit qui augmente sa science, augmente son travail, parce que quiconque y réfléchira attentivement, reconnaitra promptement quels avantages il en résulte pour l'esprit et pour le corps.

Il est évident, en effet, que celui qui s'adonne à l'oisiveté et à la légèreté, s'abandonne bien vite à des fables vaines, à des futilités, à la curiosité, à la boisson, à l'ivrognerie, aux rixes, aux violences, à l'homicide, à la luxure, au vol, au sacrilége, aux parjures et à d'autres crimes que Dieu à en horreur. Dieu se plaît à regarder l'homme humble et pacifique, travaillant en silence, au nom du Seigneur, et obéissant auprécepte de l'apòtre saint Paul: Mais qu'il travaille plutôt de ses mains, ce qui est convenable, afin qu'il ait de quoi soulager la misère de celui qui souffre.

Désirant suivre ce précepte, je ne suis approché du séjour de la sainte Sagesse, et je contemple son sanctuaire orné de couleurs variées à l'infini, et présentant la nature et l'utilité particulière de chaque objet. Dès que j'y suis entré, en silence, j'ai rempli mon cœur et ma mémoire de toutes ces choses; je les ai examinées l'une après l'autre avec une vive attention, et après m'en être rendu compte avec mes yeux et mes mains, je les ai exposées à votre étude, aussi clairement qu'il m'a été possible et sans jalousie. Mais comme l'usage de cette peinture ne peut se découvrir au premier coup d'oeil, je me suis efforcé de connaître, comme un explorateur curieux, par tous les moyens. par quel artifice ingénieux la variété des couleurs faisait l'ornement d'un travail sans repousser la lumière du jour et les rayons du soleil. En m'appliquant à cet exercice, je fais connaître la nature du verre, et je montre que cet effet est obtenu par l'emploi et la variété du verre seul. Cet art, tel que je l'ai appris par mes observations et mes souvenirs, je me suis efforcé de le proposer à votro étude d'une manière approfon lie.

(1) Agir, Cod. Lipsiensis.

LIVRE SECOND.

CHAPITRE I".

De la construction du four pour faire le verre. Si vous avez l'intention de faire du verre, commencez par couper du bois de hêtre en grande quantité, et faites-le sécher. Brûlezle ensuite dans un endroit propre, et recueillez-en la cendre soigneusement, évitant d'y mêler la moindre parcelle de terre. Après cela, construisez un four en pierre et en argile de 15 pieds de long, sur 10 pieds de large, de la manière suivante :

INCIPIT LIBER SECUNDUS.

CAPUT I.

De constructione furni ad operandum vitrun. Si sederit in animo ut vitrum componas, primum incide ligna faginea multa et exsicca ea. Deinde combure ea pariter in loco mundo, et cineres diligenter colligens, cave ne quicquam terræ commisceas. Postmodum compone furnum ex lapidibus et argilla, longitudine pedum xv et latitudine x, in hunc modum:

Primum pone fundamentum in utroque longitudinis latere spissitudine unius pedis, faciens larem in medio firmam et æqualem, lapidibus et argilla, dividens eum inter tres partes æquales, ut duæ per se sint, et tertia per se divisa, muro in latitudine posito. Deinde fac foramen in utraque fronte latitu dinis, per quod possint ligna et ignis imponi, et ædificans murum in circuitu usque ad latitudinem quatuor pedum, fac iterum laren firmam et æqualem per omnia, et sine murum divisionis aliquantulum ascendere. Post quæ fac in majori spatio quatuor foramina in uno latere longitudinis, et quatuor in altero per medium laris, in quibus ponantur vasa operis, duoque foramina in medio, per quæ flamma possit ascendere, et ædificans murum in circuitu, fac duas fenestras quadras in longitudine et latitudine unius palmæ, in utroque latere contra foramina unam, per quas vasa imponantur et ejiciantur cum his quæ in illis mittuntur. Fac etiam in minori spatio foramen per medium laris juxta parietem medium, et fenestram ad 'mensuram palmi juxta parietem frontis exteriorem, per quam possit imponi et assu mi quod necessarium est operi. Postquam hæc ita ordinaveris, fac partem interiorem cum muro exteriori in similitudinem forni cis arcuari, interius altitudine modice amplius dimidii pedis, ita ut superius larem facias æqualem per omnia, cum labro altitu dine trium digitorum in circuitu posito, ut quicquid operis vel utensiliorum superponi tur non possit cadere. Iste furnus dicitur clibanus operis.

Posez d'abord le fondement de chaque côté dans le sens de la longueur, de l'épaisseur d'un pied; vous ferez au milieu un foyer solide et bien uni avec des pierres et de l'argile. Vous diviserez ce foyer en trois parties égales, de façon qu'il y ait deux parties d'un côté et la troisième d'un autre côté, la division ayant lieu par un mur placé dans le sens de la largeur. Ensuite à chaque extrémité de la largeur pratiquez une ouverture, destinée à donner passage au bois et au feu. Puis bâtissez un mur tout autour jusqu'à la largeur de quatre pieds; établissez de nouveau un foyer solide et uni partout, et laissez le mur de séparation s'élever un peu au-dessus. Après quoi, pratiquez dans l'espace le plus étendu quatre ouvertures dans l'un des murs longitudinaux et quatre dans l'autre, au milieu du foyer, par lesquels on placera les vases destinés à l'opération, et deux autres trous au milieu, par lesquels la flamme pourra monter. Elevez un mur tout autour; faites deux fenêtres carrées d'une palme en longueur et en largeur, une de chaque côté, vis-à-vis des ouvertures, par lesquelles on placera et on otera les vases avec les objets placés dedans. Pratiquez aussi, dans l'espace le moins étendu, une ouverture au milieu du foyer, auprès du mur de séparation, et une fenêtre de la dimension d'une palme, auprès du mur extérieur de devant, par laquelle on puisse mettre et prendre ce qui est nécessaire à l'œuvre. Après que vous aurez ainsi disposé les choses, établissez à l'intérieur, avec le mur extérieur, une espèce de voûte de four, de la hauteur d'un peu plus d'un demi-pied à l'intérieur, de manière à faire par-dessus un foyer uni partout, entouré d'un bord de trois doigts de hauteur, afin que ies objets ou ustensiles qu'on y placera ne puissent pas tomber. Ce four s'appelle fourneau de travail.

[blocks in formation]

pedum sex, latitudine quatuor, altitudine trium, et foramen fenestramque et larem sicut superius. Hic furnus dicitur clibanus dilatandi et æquandi; utensilia vero ad hoc opus necessaria sunt fistula ferrea longitudine duarum ulnarum, grossitudine pollicis unius, forcipes duo in una parte ferri percussi, trullæ ferreæ duæ atque alia lignea et ferrea, quæ volueris..

CAPUT IV.

De commixtione cinerum et sabuli. His ita compositis, accipe ligna faginea omnino in fumo exsiccata, et accende ignem copiosum in majori furno ex utraque parte. Deinde tollens duas partes cinerum de quibus supra diximus, et tertiam sabuli diligenter de terra et lapidibus purgati, quod de aqua tuleris, commisce in loco mundo. Cumque diu et bene commixta fuerint, levans cum trulla ferrea pone in minori parte furni super larem superiorem ut coquantur, et cum cœperint calefieri, statim eadem trulla move, ne forte liquefiant a calore ignis el conglomerentur; sicque facies per spatium unius noctis et dier.

de peur qu'il ne se fonde à la chaleur du pendant l'espace d'un jour et d'une nuit.

CAPUT V.

De vasis operis et de coquendo vitro albo. In quo spatio accipe lutum album, ex quo componuntur ollæ, et exsiccans tere diligenter, et infusa aqua, macera cum ligno fortiler, et compone vasa tua, quæ sint superius lata, inferius vero stricta, habentia circa ora labium parvum interius recurvum. Quæ cum sicca fuerint, accipe cum forcipe ponens ea in foramine furni candentis ad hoc aptala, et levans cum trulla cineres coctos sabulo mixtos, imple omnia vasa vespere, et per totam noctem adde ligna sicca, ut vitrum ex cineribus et sabulo pleniter liquefactum coquatur.

de 6 pieds de long, sur 4 de large et 3 de haut: l'ouverture, la fenêtre et le foyer, comme ci-dessus. Ce fourneau s'appelle fourneau de dilatation et de nivellement. Les instruments ou outils nécessaires pour ce travail sont un tube de fer, long de deux aunes, de la grosseur du pouce; deux tcnailles de fer battu à l'une des extrémités; deux cuillers de fer; et d'autres outils eu bois et en fer, à votre disposition.

CHAP. IV.

Du mélange des cendres et du sable. Tout étant disposé de cette sorte, prenez le bois de hêtre complétement desséché à la fumée, et allumez un grand feu dans le grand fourneau, de chaque côté. Prenez ensuite deux parties des cendres ci-dessus indiquées, et une troisième de sable de rivière soigneusement nettoyé de façon qu'il n'y ait ni terre ni pierres, que vous mêlerez ensemble. Lorsqu'ils auront été longtemps et bien mêlés, vous les prendrez avec une cuiller de fer que vous placerez dans le plus petit compartiment du fourneau, sur le foyer supérieur, afin de les faire cuire. Lorsque le mélange commencera à s'échauffer, remuez-le aussitôt avec la cuiller de fer, feu et ne se forme en amas; vous ferez cela

СПАР. У.

Des vases de travail et de la cuisson du verre blanc.

Durant ce temps prenez de la terre blanche qui sert à faire des vases; quand elle sera sèche, broyez-la soigneusement. Versez de l'eau dessus, macérez fortement avec un morceau de bois. Faites-en les vases dont vous avez besoin, larges en haut, étroits en bas, ayant à l'ouverture un petit rebord recourbé en dedans. Lorsque le tout sera sec, prenez avec des tenailles destinées à cet usage et placez dans l'ouverture du fourneau ardent. Soulevez avec une cuiller les cendres cuites mêlées de sable, remplissez tous les vases le soir, et durant toute la nuit ajoutez

du bois sec, de manière que le verre, composé des cendres et du sable, se liquéfie et

cuise entièrement.

CAPUT VI.

Quomodo operentur vitree tabulæ. Mane autem hora prima accipe fistulam ferream, et si tabulas facere volueris vitreas, pone summitatem ejus in vas unum, vitro plenum; cui cum adhæserit, volve ipsam fistulam in manu tua donec conglomeretur circa eam, quantum volueris; moxque ejiciens appone ori tuo et suffla modicum, statimque removens ab ore tene juxta maxillam, ne forte, si retraxeris anhelitum, trahas flammam in os tuum. Habeas quoque lapidem æqualem ante fenestram super quem modice percuties ipsum candens vitrum, ut æqualiter ex omini parte pendeat, et statim cum festinatione crebro sufflans, toliens ab ore remove. Cumque videris illud quasi vesicam longam, adhibe summitatem

CHAP. VI.

Comment on fait des feuilles de verre.

Le lendemain matin, à la première heure du jour, prenez un tube de fer, et si vous voulez faire des feuilles de verre, mettez-en l'extrémité dans un des vases, rempli de verre. Lorsqu'elle y sera plongée, tournez le tube dans votre main, jusqu'à ce que le verre y soit aggloméré en aussi grande quantitó que vous voudrez. Retirez- le promptement, approchez-en l'autre extrémité de votre bouche et soufflez un peu; éloignez-le aussitôt de votre bouche et gardez-le auprès de votre joue, de peur qu'en respirant vous n'attiriez la flamme dans votre bouche. Ayez aussi une pierre unie devant la fenêtre (du fourneau), sur laquelle vous frapperez à petits coups le verre lui-même, pendant qu'il est

« PreviousContinue »