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église épiscopale d'Autun. Elle fut dédiée à saint Nazaire, parce qu'elle possédait la relique précieuse d'un linge teint du sang de ce généreux martyr de Milan. Après des désastres, des ruines et des reconstructions multipliées, là cathédrale d'Autun dut être rebâtie au commencement du xn siècle. L'œuvre fut entreprise avec grande ardeur. Le zèle se refroidit promptement. Enfin, on abandonna l'édifice, qui ne fut jamais achevé. Durant la reconstruction, dès l'année 1195, les chanoines célébraient l'office divin tantôt dans la nouvelle cathédrale, où quelques parties avancées étaient appropriées à cet usage, tantôt dans la chapelle des ducs de Bourgogne. Plus tard, quand les ducs de Bourgogne quittèrent Autun pour résider à Dijon, ils abandonnèrent la chapelle du château aux chanoines de la première ville. Cette concession, faite au moment où les ressources étaient épuisées, surtout le zèle étant éteint, décida à prendre la chapelle ducale pour église cathédrale. L'église de Saint-Nazaire, malgré son triste état d'abandon et de délabrement, garda longtemps encore le titre de cathédrale. Jusqu'à l'année 1770, les évêques d'Autun, en prenant possession de leur évêché, allaient s'asseoir dans une chaire en pierre, située derrière l'autel, appelée la chaire de saint Léger. La tradition attribuait à ce saint et courageux évêque cette chaire ou ce trône épiscopal, d'une simplicité tout évangélique, semblable à la chaire que l'on voyait jadis dans l'église métropolitaine de Reims.

La chapelle du château, aujourd'hui cathédrale d'Autun, fut fondée par Robert I", vers l'an 1060; continuée par Hugues, son petit-fils; consacrée, en 1132, par le pape Innocent II, et achevée seulement sous l'épiscopat d'Etienne, en 1178. Elle est consacrée sous le vocable de saint Lazare, parce que quelques reliques de ce saint, apportées de Marseille, furent déposées dans le sanctuaire.

La cathédrale d'Autun, dans ses deux parties les plus importantes, présente les caractères architectoniques du XII et du xv® siècle. C'est un des monuments les plus importants de la France. Le style du xir siècle y a pris un développement particulier et revêtu des formes propres à l'école que l'on appelle Ecole bourguignonne. Les colonnes y sont transformées en pilastres cannelés, dans le genre de ceux qui décorent les portes d'Arou et de Saint-André, à Autun. Les arcades et les voûtes sont ogivales; mais l'ogive s'y montre avec la forme usitée durant la phase de transition du xII au x siècle. Le portail est très-beau; l'art de la sculpture y a déployé tous ses trésors d'imagination, d'adresse et de patience. Nous n'avons jamais rien vu alleurs de plus complet et de plus original. C'est ce caractère d'originalité qui fait le mérite du grand portail de la cathédrale d'Autun. On le peut regarder comme une œuvre à part dans les monuments français, et il doit occuper une place fort importante dans l'histoire archéologique de notre pays.

L'adside de la cathédrale d'Autun a été bâtie par le cardinal Rollin, en 1465, ainsi que la charmante tribune en pierre qui soutient le buffet d'orgue. Plusieurs des chapelles ont été érigées et décorées à diverses époques. dans le cours des xv et XVI siècles. La flèche pyramidale en pierre est encore l'œuvre du cardinal Rollin. Elle fut construite après l'incendie de 1465, qui détruisit une grande flèche en bois et endommagea fortement les voûtes.

Cathédrale d'Avignon. NOTRE-DAME DES Doмs.-L'église d'Avignon fut fondée dès la plus haute antiquité ecclésiast que. Sans discuter ici une opinion hérissée de difficultés, qui prétend que sainte Marthe de Béthanie prêcha la première la foi chrétienne dans cette contrée, nous savons que saint Paul, envoyé dans les Gaules par le pape saint Fabien, évangélisa les populations de Narbonne, de Béziers et d'Avignon. Il établit saint Ruf évêque de cette dernière ville. L'église épiscopale fut rebâtie, ou peut-êtro seulement restaurée par Constantin. Cet empereur, devenu chrétien, assista à un concile d'Illyrie et ordonna la construction de plusieurs églises. Un titre mentionné dans le Gallia Christiana nous apprend que celle d'Avignon était du nombre, et qu'elle était placée sous l'invocation de la sainte Vierge. L'évêque Aventius en fit la dédicace solennelle au mois de septembre 326, et consacra en même temps trois autels qu'il y avait fait ériger. C'est un des actes les plus anciens où il soit fait mention de la pluralité des autels dans la même église.

Les barbares du Nord et les Sarrasins dévastèrent Avignon et ruinèrent la cathédrale. Charlemagne releva l'église et lui accorda de nombreux priviléges.

M. Mas, auteur d'une notice curieuse sur le monument d'Avignon, prétend que le porche de l'église est antérieur au règne de Charlemagne, et qu'il date probablement du vi au vin siècle. Cette opinion est inadmissible nous ne l'avons indiquée que parce que plusieurs historiens ont voulu la soulenir. Les caractères archéologiques ne permettent pas de le rapporter à une époque plus ancienne que le xir siècle.

L'intérieur de la cathédrale d'Avignon est irrégulier, à cause des réparations et des additions qui y ont été faites successivement. Les arceaux intérieurs et extérieurs sont à plein cintre; la plus ancienne voûte est ogivale. En 1670, on agrandit la nef et l'on reconstruisit le chœur.

Le souvenir des papes qui ont résidé à Avignon depuis 1308 jusqu'à 1377, et de ceux qui y sont restés penant le grand schisme d'Occident, depuis 1378 jusqu'à 1403, est encore vivant dans les monuments civils et religieux de la ville. C'est au grand regret des amis de nos antiquités monumentales que l'on voit se dégrader chaque jour les restes gigantesques du palais des papes.

Cathédrale de Bayeux. NOTRE-DAME.---Saint Exupère passe pour avoir bâti la première

église épiscopale de Bayeux. Agrandie et reconstruite à plusieurs reprises, la cathédrale fat ruinée, ainsi que la ville, par les pirates du Nord, en 891. En 10:6, elle fut détruite par un incendie qui réduisit la ville en cendres. L'évêque Hugues en commença la réédification; mais il mourut en 1049. Son successeur, Eudes de Conteville, aidé par son frère Guillaume, duc de Normandie, fit faire la dédicace par Jean, archevêque de Rouen, en 1077 ou 1078. En 1105, la cathédrale est de nouveau ruinée par la guerre qui eut lieu entre Henri I, roi d'Angleterre, et Hélies, comte du Maine. Elle fut rétablie, en 1159, par l'évèque Philippo de Harcourt, et Henri, son successeur.

Dans son état actuel, la cathédrale de Bayeux offre des vestiges de ses diverses reconstructions. Le massif des tours doit être rapporté à l'an 1046; la grande nef, jusqu'à la galerie, à l'an 1077. Toute la partie supérieure, entreprise après les malheurs occasionnés par la guerre, date de 1105. En 1159, de grans travaux furent commencés, qui se prolongèrent jusque dans le x siècle. L'abside, véritable chef-d'œuvre de goût et de délicatesse, fut achevée, vers 1221, par Robert des Ablèches, tandis que le portail doit être attribué à la belle architecture du XIV siècle, et le transsept à la fin de ce même x:v siècle, ou peut-être même au commencement du xv. La courole, commencée en 147, fut détruite en 1676; elle ne fut rehatie en pierres qu'en 1714 et 1715, sous l'épiscopat de Franço's de Nesmond.

Dimensions principales: longueur totale, 192 m.; largeur de la ref, 10 m.; largeur des collatéraux, 5 m.; largeur des chapelles des bas côtés,5m.; largeur totale, 20 m.; hauteur des voûtes, 23,30; longueur du transsept, 37,60; élévation des deux flèches du portail, 76,60; hauteur de la tour de l'horloge, 71.5.

Sous le sanctuaire et une partie du chœur règne une crypte très-spacieuse; elle est du X! siècle.

Cathédrale de Bayonne. NOTRE-DAME. -Le plan de la cathédrale de Bayonne est grand et régulier; il est à trois nefs, mais le transSept n'est marqué que par l'espacement des travées à la naissance du choeur. La longueur est de 78 m.; la largeur, les chapelles non comprises, est de 28 mètres.

Les caractères archéologiques de ce monument ont été appréciés par M. le colonel Gleizes, et les dates historiques établies par le chanoine Veillet, dans un travail resté manuscrit, ainsi qu'il suit. L'élie a été fondée en 1140 ou 1141. Le choeur et l'abside datent du xn siècle. Une partie du clocher et les basses nefs iurent bâties dans les premières années du xiv siècle. Dès l'année 1335, la haute nef était en construction, et la preuve en est tirée de la présence, en deux endroits de la voûte, des armoiries du cardinal Guillaume Gaudiu. Ce cardinal, mort en 1336, énonce dans son testament les sommes qu'il avait données peu de temps auparavant pour entreprendre les arcades de

la voûte principale et de la voûte du transsept, ainsi que pour placer des vitraux peints. Les dernières travées de la nef ne doivent pas remonter au delà des premières années du xv siècle, comme l'indiquent les caractères de l'architecture ogivale prismatique, et comme le démontre le placement des armoiries de France et d'Angleterre, tellement rapprochées qu'elles doivent se rapporter à l'époque de 1430, lorsque les prétentions du roi d'Angleterre eurent été confirmées par le faible Charles VI: alors l'écu britannique fut écartelé des trois fleurs de lis. Enfin le clocher, commencé en 1501, fut continué en 1515 et jusqu'en 1544; le pavillon qui le couvre est de 1605.

Le cloître qui accompagne la cathédrale de Bayonne forme une construction accessoire fort curieuse. Il est analogue à ceux d'Elne et d'Arles et il présente des particularités propres à intéresser les antiquaires.

Cathédrale de Beauvais. SAINT-PIERRE. La cathédrale de Beauvais consiste en un choeur très-étendu, avec transsept et collatéraux autour de l'abside. La grande nef n'a jamais été exécutée; mais il y a tant de magn ficence dans ce chœur, les lignes archi tecturales y sont si grandes, si pures, si hardies, que le choeur de Beauvais a toujours passé pour un chef-d'œuvre. Les fondements de cet édifice furent posés par Hervé, 40 évêque de Beauvais. Roger, son successeur immédiat, élu évêque en 996, continua l'ouvre de son prédécesseur. Ce monument fut érigé avec une cer aine recherche et une certaine somptuosité; mais il fut atteint par l'incendie, à deux reprises différentes, en 1180 et en 1225. Ce fut à cette dernière époque que Miles de Nanteuil, alors évêque de Beauvais, résolut de reconstruire sa cathédrale sur un plan grandiose. Mais l'architecte fat hardi jusqu'à la témérité. Les piliers étaient trop largement espacés, les arcades avaient une immense ouverture et une trop grande portée. A peine construites, les voutes, appuyées sur des contre-forts trop faibles, s'écroulèrent, sans qu'on en pût arrêter la chute. En 1272, les voûtes étaient reconstruites; mais le 29 septembre 1284, par une épouvantable catastrophe, les voûtes tombèrent une seconde fois; plusieurs piliers furent emportés dans le désastre. Cet accident força à bâtir des piliers intermédiaires à ceux qui existaient primitivement. On employa quarante ans à ces réparations.

En 1338, Févêque de Beauvais et le chapitre de la cathédrale, voulant achever le choeur de cette vaste basilique, choisirent l'habile architecte Enguerrand pour l'exécu tion de cet important travail. Ses dessins et ses projets ayant été approuvés par l'évêque Jean de Marigny, les travaux furent commencés avec la plus vive ardeur. Mais alors s'ouvrit pour la France et pour la Picardie une série de calamités qui arrêtèrent l'élan général : les guerres intestines qui ensanglantèrent alors nos provinces pendant plus d'un siècle, et l'occupation d'une grande partie du territoire par les armées anglaises, ne per.

mirent pas de s'occuper activement de mener à fin les constructions ébauchées. Après bien des malheurs, le 21 mai de l'an 1500, sous l'épiscopat de Villiers de l'Ile-Adam, la première pierre de la croisée fut bénite et posée avec un cérémonial pompeux. Jean Vaast, de Beauvais, et Martin Cambiche ou Cambriche, de Paris, tous deux architectes et maîtres maçons, furent chargés de la direction des

travaux.

Par les libéralités de Louis XII et de François I, on continua et l'on acheva l'entreprise. Après la mort des deux architectes que nous venons de nommer, la surveillance de l'œuvre fut donnée à Jean Vaast, fils du premier, et à François Maréchal, qui la terminèrent en 1555.

Au lieu d'achever la nef, dont ils avaient commencé une travée,les deux architectes vouJurent lutter contre les grands travaux de Michel-Ange, dont la renommée leur faisait connaître la gloire.On parlait, dans toute l'Europe, de la hauteur et de la hardiesse de la grande coupole de Saint-Pierre, à Rome. Jean Vaast et François Maréchal, piqués d'émulation, construisirent au-dessus de la partie centrale du transsept une tour pyramidale de 96 mètres de hauteur, et dont la base avait 16 mètres de largeur sur chaque face. La tour qui servait de base à cette pyramide, percée à jour de toutes parts, était ornée de vitres peintes, et ses quatre angles, surmontés d'obélisques, se rattachaient au corps de la pyramide octogone par plusieurs arcs trèsdélicatement travaillés. L'intérieur en était voûté en ogives, de manière que le spectateur, placé au centre du transsept, pouvait en considérer toute la hauteur. Voy. DÔME, COUPOLE. Cette magnifique pyramide ne subsista que cinq ans. Le jour de l'Ascension de l'année 1573, elle s'écroula avec un épouvantable fracas. Après cette catastrophe, on se contenta de réparer les voûtes du transsept méridional qui avaient beaucoup souffert de la chute de la pyramide, et tous projets furent abandonnés.

Dimensions de la cathédrale de Beauvais : longueur totale, 63 mètres; largeur des transsepts, 58,60 m.; hauteur des voûtes, 48 mètres.

Cathédrale de Belley. SAINT-JEAN-BAPTISTE. - L'ancienne cathédrale était d'architecture romano-byzantine. La nouvelle, récemment bâtie, n'offre pas une grande pureté de style; la construction en est même assez médiocre, à cause du mélange et de la confusion des formes ogivales.

Cathédrale de Besançon. SAINT-JEAN.- La La ville de Besançon avait jadis deux cathédrales, l'une consacrée à saint Etienne, premier martyr, l'autre dédiée à saint Jean-Baptiste. Cette dernière était l'église baptismale, isolée de la première, où l'évêque avait établi son siége épiscopal. L'une et l'autre cependant, dès le principe, étaient honorées du titre d'église épiscopale. C'est pourquoi, au moyen âge, elles furent toutes les deux regardées comme églises cathédrales; à cette époque, il y eut même de fréquents démêlés entre

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les chapitres de ces deux églises, à cause de leurs prérogatives. L'église de Saint-Etienne, bâtie sur le mont Coelius, fut renversée lors de la construction de la citadelle.

La cathédrale actuelle de Saint-Jean de Besançon est un édifice appartenant à l'architecture romano-byzantine; elle doit êtro comptée au nombre de nos rares églises épiscopales rebâties au moment de la régénération des arts chrétiens et conservées jusqu'à nos jours. On y reconnaît des signes certains du style architectonique qui prévalut aux XI et XII siècles.

Plusieurs chapelles intérieures sont décorées avec luxe. A la partie inférieure de la cathédrale, à la place de la porte d'entrée, se trouve un s cond chœur d'architecture grecque, dont la construction est récente. La tour des cloches, étant tombée en 1726, fut rebâtie dans un style moderne, ainsi que le portail et la chapelle dédiée au saint suaire.

Cathédrale de Blois. SAINT-LOUIS.-L'église de Blois ne jouit des honneurs d'un siége épiscopal qu'à la fin du xvII° siècle. L'église de Saint-Solenne, évêque de Chartres, mort à Maillé, aujourd'hui Luynes, en Touraine, fut plusieurs fois ruinée et rebâtie, au moyen âge. En 1544, elle avait été reconstruite à peu près entièrement. Dès 1568, les calvinistes s'en emparèrent et s'y livrèrent à toutes sortes d'excès. En 1609, les habitants de Blois construisirent la tour, surmontée de son petit dôme à jour, qui domine encore et la cathédrale et la ville. Cette tour résista aux coups de la tempête horrible qui, dans la nuit du 5 au 6 juin 1678, renversa l'église et occasionna tant de malheurs sur les bords de la Loire. Touchées de tant d'infortunes, Marie Charron, épouse du marquis de Colbert, ministre des finances de Louis XIV, et la marquise de Soumeri, sa sœur, supplièrent le roi de relever l'église de ses ruines. Leur prière fut exaucée Louis XIV ordonna la restauration complète de l'église de Blois. Le nouvel édifice fut consacré, le 9 juillet 1730, sous le vocable de saint Louis, pour perpétuer à jamais le souvenir de la générosité du roi.

L'érection de l'évêché de Blois ne date que de l'année 1693..

Dimensions de la cathédrale de Blois : longueur dans œuvre, 60 mètres; largeur totale dans œuvre, 30,80 m.; hauteur de la nef sous la clef de voûte, 18,70 m.; hauteur des latéraux, 8,70 m.; élévation du clocher,

50 mètres.

Cathédrale de Bordeaux. Saint-André. La basilique primitive de Bordeaux, mentionnée par saint Grégoire de Tours, fut détruite plusieurs fois par les barbares et par le malheur des temps, notamment en 725, par les Sarrasins; en 848 et 864, par les Normands. En 1096, une grande église romano-byzantine fut consacrée, le 1 mai, par le pape Urbain II.

La nef de l'édifice actuel, dans sa plus, grande partie, appartient à la dernière moitié du xr siècle, quoique, à l'intérieur, un travail postérieur en ait altéré le caractère..

On y découvre, en d'autres endroits, les caractères de l'époque transitionnelle au xi siècle, et ceux du style ogival du x et du XIV siècle. Nous savons, en effet, par une bulle de Clément, que l'on faisait des travaux importants à l'église métropolitaine de Bordeaux en 1307. Un tremblement de terre fit tomber les voûtes en 1427. On ne commença à les reconstruire que 48 ans après; la restauration n'en fut achevée que dans les premières années du xvi siècle, par les soins de Jean Foix, archevêque de Bordeaux.

La cathédrale de Bordeaux a la forme d'une croix latine; elle se compose d'une nef sans latéraux, longue de 72 mètres, large de 18 mètres, et haute de 27 mètres; d'un transsept dont la longueur est de 44,26 m.; la largeur de 9,65 m., et la hauteur sous voûte de 33,33 mètres; d'un choeur, comprenant quatre grandes travées, et d'un sanctuaire formé circulairement par cinq autres travées, se déployant ensemble sur une longueur de 33,95 mètres et sur une largeur de 14 mètres.

Les murailles des sept travées de la nef portent les caractères évidents des constructions romano-byzantines. Des arcades cintrées, prises dans l'épaisseur du mur, ornées de dents de scie, avec chapiteaux et archivoltes finement sculptés, forment la zone inférieure et accusent la fin du xr siècle et le commencement du XII. Elles sont surmontées d'une galerie dans le style ogival du XIV siècle, récemment établie, qui sépare la zone supérieure bâtie au XIIIe siècle. La nef est éclairée par des fenêtres ogivales géminées, couronnées d'une rosace de médiocre dimension. Au-dessus de cette espèce de grande galerie on voit d'autres fenêtres plus étendues, dont l'ouverture est concentrique aux arcades ogivales ou formerets de la voûte. Cette disposition originale produit un heureux effet.

Quatre travées, près du transsept, portent des colonnettes groupées, qui s'élancent du sol jusqu'à la naissance des voûtes. Les ornements des chapiteaux, les moulures qui accompagnent les colonnettes, les nervures diagonales des voûtes, la simplicité des clefs de voûte, rappellent la plus grave époque du x siècle. Dans une autre partie, jusqu'à la hauteur de la première galerie, on observe des piliers romans avec la pureté de style du XIe siècle et tous les caractères de la seconde époque romano-byzantine. C'est dans cette partie de la nef qu'on a relevé les voûtes, ruinées par le tremblement de terre de 1437. On y remarque les nervures prismatiques, les fleurons ouvragés, les culsde-lampe ciselés et les autres particularités du style ogival flamboyant.

Dans la partie orientale, l'église métropolitaine de Bordeaux porte l'empreinte évidente du style du xiv siècle. Il est à regretter que la ligne des voûtes soit brisée à l'extrémité supérieure de la nef; la partie moderne est plus haute de 7 mètres que les Voules anciennes.

Les portails sont malheureusement très

mutilés. La façade du nord est accompagnée de deux flèches aiguës, hautes de 80 mètres, qui forment le couronnement de la cathédrale de Bordeaux.

Cathédrale de Bourges. SAINT-ÉTIENNE. Les historiens ne nous donnent rien de bien certain sur la première église épiscopale de Bourges. La tradition rapporte que l'oratoire primitif, consacré à l'honneur de Jésus-Christ, fut une portion de la maison du sénateur Léocadius, qui commandait dans les Gaules pour l'empereur Décius, vers l'an 251. Cette église aurait été dédiée au premier martyr saint Etienne, par l'évêque saint Ursin. Quoi qu'il en soit, un temple plus vaste fut élevé par saint Palais, et cet édifice, également dédié à saint Etienne, mérita les éloges de saint Grégoire de Tours: Hæc est nunc ecclesia apud Biturigas urbem miro opere composita et primi martyris Stephani reliquiis illustrata, et ceux du poëte-évêque de Poitiers, saint Fortunat, qui parle de la délicatesse de ses colonnes et de la richesse de leurs ornements (Venant. Fortunat., Carm., lib. 1, cap. 4). Rodolphe de Turenne, évêque de Bourges, entreprit la reconstruction de son église au Ix siècle. Les travaux furent continués par ses successeurs, et spécialement par Gauslin, mort en 1030: ce dernier était fils d'Hugues Capet et frère du roi Robert le Pieux, dont il employa les largesses au profit de l'œuvre de saint Etienne. Le style ogival domine dans la basilique actuelle de Bourges. La voûte du centre a été achevée sous l'épiscopat de Jean de Sully, 73 archevêque, ou de Guy, son frère et son successeur, mort en 1280. Au rapport de certains auteurs, le roi Philippe le Bel avait puissamment contribué à l'achèvement complet des voûtes, en 1315. Enfin, les travaux intérieurs furent terminés sous l'épiscopat de Guillaume de Brosse, qui consacra solennellement l'église le 5 mai 1324, le dimanche avant la fête de saint Nicolas.

Le plan de la cathédrale de Bourges est à cinq nefs, sans transsepts. Les chapelles du chevet sont au nombre de cinq; un grand nombre d'autres sont établies dans toute la longueur des collatéraux. La masse de l'édifice est appuyée sur soixante piliers, largement espacés et distribués dans la grande nef, de manière qu'il y at alternativement une colonne plus volumineuse, entourée de plusieurs colonnettes, et une colonne moins considérable, également entourée de colonnettes. La longueur totale de la cathédrale de Bourges est de 116 mètres, sur une largeur de 41 mètres; dans la grande nef, la hauteur, sous clef de voûte, est de 37 mètres 50 centimètres ; les premiers bas-côtés ont une élévation de 21 mètres 60 centimètres, et les seconds de 10 mètres; les deux collatéraux, pris ensemble, ont une largeur de 10 mètres.

Les construct ons les plus anciennes de l'église métropolitaine de Bourges sont incontestablement les cryptes qui s'étendent, sous le sanctuaire, le choeur et deux portails latéraux. Les parties les plus vieilles ne paraissent pas pouvoir être attribuées à une

époque plus reculée que le x siècle. Les chapelles absidales doivent remonter au

même temps, elles sont fort curieuses et poles. La voûte en était peinte, ainsi que

ties en encorbellement sur les contreforts qui séparent les fenêtres de la crypte. A l'extérieur ces chapelles sont couvertes d'un toit pyramidal en octogone et en pierres semblable à un clocheton.

Les vitraux peints de Bourges sont une

des gloires de cette célèbre église. On compte 183 verrières peintes à différentes époques du moyen âge, et pour la plupart peintes au XI' siècle. On y voit représentés des sujets empruntés à l'Ancien et au Nouveau Testament, des traits de la vie de Notre-Seigneur et de la sainte Vierge, les figures des prophètes, des apôtres et de plusieurs saints évêques, de longues légendes exprimées dans de très-nombreux médaillons. Nous possédons une belle monographie des vitraux du x siècle de Saint-Etienne de Bourges; les figures, supérieures en mérite au texte, ont été dessinées par le P. Arthur Martin, et le texte a été écrit par le P. Ch. Cahier.

L'extérieur de la cathédrale de Bourges ne répond pas entièrement à la beauté de l'intérieur. Les portails latéraux du xir siècle forment un accessoire très-piquant à l'édifice dont l'ensemble est du style ogival. La décoration en est riche, très-originale et d'un effet pittoresque. Le portail occidental est imposant avec ses cinq voussures garnies de statuettes et d'ornements variés. La façade cependant manque d'harmonie, à cause des additions qui ont été faites à des époques diverses. La tour située à gauche a été commencée en 1508; elle est la plus haute, et le caractère de la construction indique bien le style de la première moitié du xvi siècle.

La cathédrale de Bourges passe pour un des chefs-d'œuvre de l'architecture ogivale, et est comptée au nombre des plus beaux monuments religieux de France. Elle mérite à juste titre la réputation dont elle jouit. C'est incontestablem nt un des édifices les plus admirables que le moyen âge catholique nous ait légués.

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Cathédrale de Cahors. SAINT-ETIENNE. Nous avons déjà eu occasion de mentionner plusieurs fois la cathédrale de Cahors, qui est, en effet, un de nos monuments français les plus intéressants, à cause de sa physionomie byzantine.

Dimensions générales de la cathédrale de Cahors longueur totale, 85,50"; largeur, 33,50; hauteur des piliers qui supportent les coupoles, 19,60; hauteur des arcades sous clef, 19 m.

Les deux voûtes en coupole de Cahors ont 19 mètres de diamètre. Elles sont parfaitement cons. rvées et peuvent servir de type aux constructions byzantines et même carlovingiennes. Le cintre affecte à l'extérieur la forme conique à sommet obtus; on l'a plusieurs fois recouvert d'épaisses couches de mortier pour le préserver de l'infiltration des eaux pluviales.

Quatre ouvertures ou fenêtres, placées aux

quatre points cardinaux, éclairaient les coul'atteste un vieil historien. Maleville dit dans sa Troisième Centaine, an 290 : « Sainct Gaubert fust evesque de Caors après sainct Genulphe. Tous les deux avecque sainct Urcisse et sainct Ambroise, aussi par après evesque dudict Caors, se voyent peints dès plusieurs siècles en l'une de ces belles coupes de la vouste de l'église cathédrale avec le nom soubz chaque peinture. »

le

Le rond-point du chevet, de même que les chapelles absidales, ne date que de la fin du XIe siècle et du commencement du xir. La voûte qui recouvre l'abside est ogivale et fut élevée en 1293. « Alors, dit M. Calvet, fut construite cette belle voûte ogivale qui, prenant pour base les colonnes du XIe siècle, s'élève au-dessus de l'abside et la couvre de ses élégantes nervures. » Deux étages de vastes fenêtres à ogives, tréflées et divisées par de légers meneaux, remplissent le vide qui se trouve entre les supports des nervures de la voûte.

Plusieurs chapelles latérales ont été ajoutées, dans la nef, au plan primitif. Elles furent bâties dans le cours des XIII, Xive et XVe siècles, telles que les chapelles de sainte Catherine, de saint Blaise et de la sainte Vierge.

Un narthex du XIIe siècle, caché longtemps derrière une muraille, est une des parties les plus curieuses de la cathédrale de Cahors; M. Calvet en a fait la description. On voit sur le tympan la figure de Jésus-Christ dans une auréole, accompagnée de divers groupes de la hiérarchie céleste. La statue de la sainte Vierge est placée au-dessous de cel.e de son divin Fils; elle est entourée des apôtres placés dans de belles niches. Plusieurs sujets sont sculptés en bas-relief on distingue sans peine le martyre de saint Etienne, patron de la cathédrale, et différentes scènes de la vie de saint Genoulph, premier évêque de Cahors.

Cathédrale de Cambrai. NOTRE-DAME. — La cathédrale de Cambrai, comme toutes les églises épiscopales, offrait une histoire fort curieuse; aujourd'hui il n'en reste pas pierre sur pierre. Elle fut vendue le 6 juin 1796 et démolie bientôt après. Le grand clocher, avec sa flèche pyramidale, était seul resté debout, comme pour porter témoignage contre le vandalisme des prétendus patriotes; mais, privé de ses points d'appui, il ne tarda pas à se lézarder. Il s'écroula le 8 janvier 1809.

Cette église, illustrée par le passage et le souvenir d'un grand nombre de personnages distingués, conservait surtout la mémoire d'un prélat qui restera à jamais la gloire de Cambrai. Fénelon est un nom depuis longtemps devenu populaire; il est synonyme de la douce piété jointe à l'élévation du talent.

L'église abbatiale du Saint-Sépulcre, bâtie au commencement du XVII siècle, fut choisie, en 1804, pour remplacer la cathédrale. Le fondateur de la première chapelle et de l'ancienne abbaye fut saint Lietberg,

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