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des premiers âges étaient souvent persécutés pour les causes les plus injustes. « Nous savons, dit-il, qu'il y eut un tremblement de erre en plusieurs lieux, et que plusieurs difices croulèrent, de sorte que les impies, trangers à la foi, disaient que les chrétiens étaient la cause de ce tremblement de terre; c'est pourquoi les églises souffrirent persé

cution et furent brûlées. >>

Recherchons maintenant les traces des églises apostoliques, et recueillons à ce sujet au moins les témoignages de l'histoire ecclésiastique. L'église qui fut érigée en Thonneur de sainte Pudentienne, entre le mont Viminal et le mont Esquilin, par le pape saint Pie I", vers l'année 145, avait une origine antérieure. Pourvue à cette époque d'un titre fixe, le titre du Pasteur qui était le nom du frère de saint Pie, aux soins duquel elle fut confiée, cette église ne fut en quelque sorte que la prise de possession définitive par laquelle le souverain pontife consacrait au culte à per, étuité l'oratoire primitif établi par saint Pierre dans la maison de Pudens (S. Damasius, Vit. S. Pii I). Il serait intéressant de connaître par quel e voie les relations de l'apôtre avec ce sénateur ont commencé. Une seule circonstance fournit quelque lumière sur ce point. On sait par le témoignage de Juvénal que les étrangers qui venaient en foule de l'Orient à Rome, logeaient ordinairement sur les monts Viminal et Esquilin (1). Il est à croire que l'apôtre n'a pas tardé à se mettre en rapport avec ces Orientaux, qui pouvaient avoir déjà eu connaissance de la prédication évangélique et dont plusieurs étaient peut-être chrétiens. En fréquentant leur quartier, il se sera trouvé habituellement dans le voisinage du sénateur Pudens, qui demeurait dans cette partie de Rome, et par là même était à portée d'entendre parler de lui. Celui-ci, après sa conversion, a dû presser saint Pierre d'accepter dans son palais une retraite plus sûre; les réunions des chrétiens y donnaient moins d'ombrage, à raison du grand nombre de clients et d'étrangers qui se rendaient pour leurs affaires dans les palais des sénateurs. Quoi qu'il en soit, la tradition la plus constante nous apprend que la maison de Pudens a été la demeure de saint Pierre, le lieu où s'est formé le noyau primitif de l'Eglise romaine, où les chrétiens ont commencé à se réunir pour participer aux saints mystères. « Majorum firma traditione præscriptum est domum Pudentis Romæ fuisse primum hospitium sancti Petri principis apostolorum; illicque primum Christianos convenisse ad synaxim, coactam Ecclesiam, vetustissimumque omnium titu

(1) Hic alta Sycione, an hic Amydone relicta, Hic Andro, ille Samo, hic Trallibus aut Ala[bandis, Esquilias dictumque petunt a Vimi e collem, Viscera magnarum domuum, don inique fu¿turi. (Sat. 11, vers. 69.)

Jum Pudentis nomine appellatum (Baron., Annal. eccles. ad ann. 57). »

La maison de saint Paul in via Lata quand il vint, sous la surveillance de Jules, le centurion de la cohorte d'Auguste, à Rome où il resta deux ans, est un des sanctuaires primitifs de Rome, puisqu'il est certain que Fapôtre a dû y célébrer le service divin, durant cet espace de temps, avec les chrétiens qui demeuraient près de lui, ou qui avaient la liberté de le visiter. C'est là « qu'il a reçu tous ceux qui venaient à lui, leur prèchant le règne de Dieu et leur enseignant ce qui est du Seigneur Jésus-Christ, avec toute confiance, sans prohibition (Act. apostol., cap. xxvIII, v. 30 et 31).» C'est là que « Dieu s'est tenu près de lui et l'a conforté (Epist. II ad Timoth. cap. iv, vers. 17).» C'est là qu'il a écrit les Epitres aux Ephésiens, aux Philippiens, la II à Timothée, celle à Philémon et celle aux Hébreux. C'est là aussi que saint Luc, son fidèle compagnon, a composé ou tout au moins achevé les Actes des apôtres.

IV.

Après la conversion de Constantin, les églises devinrent très - nombreuses dans toutes les parties de l'empire romain. En même temps, on laissa tomber ou l'on détruisit un grand nombre d'édifices publics, jusque-là consacrés au culte des faux dieux. Le zèle des évêques et des missionnaires se comprend aisément, et dans leur enthousiasme les chrétiens dépassèrent même quelquefois les instructions et les intentions des ministres éclairés de la religion (Voyez S. Aug., Sermon 63, cap. 11, tom. V, part. I, col. 364). L'exemple donné par Constantin fut suivi avec ardeur par la plupart des princes qui lui succédèrent, et principalement par Théodose. Des villes entières détruisirent elles-mêmes les statues, rasèrent les temples qu'elles avaient jusqu'alors révérés. Il est à remarquer que la destruction des idoles fut alors si générale et si complète, que lorsque Honorius renouvela pour la quatrième fois l'ancienne loi qui ordonnait de les briser, il crut devoir ajouter, << s'il en subsiste encore si qua etiam nunc in templis fanisque consistunt (Cod. Theod. tit. 10,1. xix, de pag. sacr. et templ.).» Sur ces faits intéressants et autres analogues on peut consulter Eusèbe, de Vita Constantin., lib. IV, cap. 39; Eunap. de Vit. Sophist., Vit.

desii, sub fin.; Socrates, Hist. eccles. lib. v, cap. 16; Theodor., Hist. ecclesiast. lib. v, cap. 21, 22 et 29; S. Leont. ap. S. Joann. Damasc. de Imag. orat. 3, tom. I, pag. 275; S. Joann. Damasc. ibid., orat. 2, § 2, pag. 335; Gregor. Turon., lib. 1, pag. 36; Hist. littér. de France, par des religieux bénédictins, tom. I, part. 1; Vie de S. Martin, évêque de Tours, pag. 415. Le passage de saint Léonce peut servir à prouver que s'occupait encore, au commencement du vir siècle, de renverser les temples et les

l'on

idoles qui pouvaient avoir échappé aux destructions précédentes.

Terminons ces notes historiques, d'une haute importance pour l'archéologie sacrée, en faisant mention d'un édit des empereurs, inséré au Code théodosien, qui ordonnait d'employer les matériaux provenant des temples païens à la construction des ponts, aqueducs, fortifications, édifices d'utilité publique. De là encore la rune d'une multitude de monuments; là, sans doute, se trouve l'explication véritable de la présence de débris de temples dans nos vieilles murailles de fortification des villes à l'époque gallo-romaine.

V.

Les principaux événements qui se succé dèrent depuis que Constantin quitta Rome vers 330, jusqu'à l'an 476, où l'Italie tomba au pouvoir d'Odoacre, expliquent assez comment les arts, dont la dégradation datait déjà, dans cette contrée, de plus d'un siècle, ne purent, pendant toute l'époque dont il s'agit, y produire des monuments d'une invention et d'une exécution louables. Les seuls qui nous soient restés de l'architecture de ce temps consistent dans les églises édifiées par les ordres des papes; et quant aux ouvrages de sculpture, de ciselure et d'orfévrerie, nous sommes presque réduits à la simple mémoire que nous en ont transmise les auteurs contemporains. A l'exception de quelques statues érigées en l'honneur des empereurs et des magistrats, ces travaux furent encore ordonnés par les papes, et ceux que le temps a conservés sont plutôt des monuments de dévotion que de goût pour les arts.

Ce mème iv siècle vit s'élever un grand nombre d'édifices chrétiens, surtout en Orient. On avait la coutume, à cette époque, de prier dans les cimetières. Ce fait ressort bien des détails historiques qui suivent.

Il n'était pas permis de procéder à la dédicace des églises sans l'agrément du prince. C'est dans cette cérémonie que l'on imposait un vocable à l'église. Quelque'ois on se réunissait dans une église non achevée, quand on ne pouvait pas faire autrement. C'est ce que nous voyons à Alexandrie du temps de saint Athanase. Ce même évêque dit avoir vu la même chose se pratiquer à Trèves et à Césarée.

Les fidèles avaient accoutumé en priant, même dans les assemblées publiques, de lever les mains vers le ciel et de prier pour les princes.

Outre les églises, ils avaient encore des lieux saints qu'ils appelaient cimetières, où quelquefois ils s'assemblaient pour prier: saint Athanase le remarque des chrétiens d'Alexandrie, qui, pour ne pas communiquer avec Georges, dont ils avaient la communion en horreur, s'assemblèrent dans le cimetière la semaine d'après la Pentecôte pour y faire leurs prières; c'était là aussi qu'on enterrait les corps des fidèles.

L'année 330 est très-célèbre par la dé

dicace de Constantinople, que Constan n nomma aussi la Nouvelle Rome et où il éta blit le siége de l'empire. Ou're les mouvements qu'il se donna pour l'embellir aux dépens même des autres villes, il eut soin de la purifier de toutes les souillures de l'idolâtric, de substituer quantité d'églises très-grindes et très-magnifiques aux temples des idoles. On remarque celle de SainteIrène, qui fut sous ce règne la grande église et la cathédrale de Constantinople; celle des douze apôtres qu'il destina pour sa sépulture, et qui le fut toujours des empereurs suivants, ainsi que des évêques de la ville, et celle de l'archange saint Michel, à 25 stades de la ville par la mer. Sozomène témoigne assez que c'était un des monuments de la piété de Constantin, et il dit, que dès le temps de ce prince elle était célèbre par des miracles et des apparitions. Mais le plus grand nombre des églises bâties par Constantin, tant au dedans qu'au dehors de la ville, consistait en oratoires de martyrs. Son zèle ne se borna point aux églises; il mit la figure de la croix dans divers endroits publics de la ville; et sur les fontaines qui étaient au milieu des places on voyait les images du bon Pasteur et celle de Daniel entre les lions, d'un ouvrage de bronze couvert de lames d'or. Dans la salle principale de son palais, au milieu du plafond, était un grand tableau, contenant une croix de pierreries enchâssées dans l'or. Au vestibule était un autre tableau, où l'empereur était représenté avec ses enfants, ayant la croix sur sa tête, et sous ses pieds un dragon percé d'un dard par le milieu du ventre et précipité dans la mer.

Saint Grégoire de Nazianze, archevêque de Constantinople, finit le récit de la vie de son père en relevant le zèle avec lequel il s'opposa à l'exécution des édits de Julien l'Apostat contre les chrétiens, et sa générosité dans la construction de l'église de Nazianze, qu'il avait fait batir presque toute à ses dépens, en 374. Elle était de figure octogone, à faces égales ornées de galeries, de colonnes et de lambris, avec des peintures d'une si grande délicatesse, que l'art ne cédait point à la nature. Ele recevait le jour par le toit, ce qui la rendait si éclairée, qu'elle paraissait comme le séjour de la lumière. Au dehors elle était environnée de galeries, qui, formant des angles égaux, enferinaient un grand espace elle avait des portails d'une grande beauté et des vestibules qui paraissaient de loin, le tout bâti do pierres carrées avec du marbre aux bases, aux chapiteaux et aux corniches. Les ceintures qui allaient des fondements jusqu'aux toits faisaient quelque tort aux spectateurs, dont elles bornaient la vue. (19 discours de saint Grég., éloge fun bre de son père.)

Le même saint Grégoire de Nazianze, archevêque de Constantinople, dans son 10 poëme, décrit un songe qu'il avait eu sur

Anastasie, celle des églises de Constantinople qu'il avait le plus aimée. Il lui avait semblé être au milieu de cette nouvelle Bethléccia

-

comme il l'appelle à cause de son extrême petitesse, environné des ministres de l'autel, et d'une grande foule de peuple qui écoutait avec avidité les paroles du salut qui sortaient de sa bouche. Il y parle aussi des autres églises de cette ville qui toutes étaient d'une grande magnificence, entre autres celle des Apôtres, qui se faisait remarquer par ses quatre collatéraux en forme de croix. Quoique chagrin de voir ces églises entre les mains d'un autre, il témoigna que celle qu'il regrettait le plus était l'Anastasie, dont il dit avoir pleuré la perte plus amèrement qu'un berger ne pleure celle de son troupeau. Il marque que les femmes et les vierges y étaient en haut dans des tribunes.

Ces détails historiques et archéologiques, inconnus jusqu'à présent des auteurs qui ont traité spécialement l'archéologie chrétienne, fournissent d'utiles éclaircissements à la question des églises primitives. Nous y ajouterons quelques traits empruntés à un autre saint Grégoire, évêque de Nysse.

Du temps de saint Grégoire, évêque de Nysse, les églises étaient magnifiques; il y en avait dont les voûtes étaient enrichies de sculptures et toutes dorées.

«Vides hanc concamerationem quæ capitibus nostris imminet? Quam pulchra sit as pectu! quam affabre factis sculpturis aurum intersplendeat! Hæc cum tota videatur aurea, circulis quibusdam multorum angulorum cæruleis picta distinguitur, etc. (Greg. in ordin. suam, pag. 873.) »

L'église où reposaient les reliques de saint Théodore d'Amazée, et que saint Grégoire appelle un temple de Dieu, n'était pas moins admirable par la grandeur et la magnificence de sa structure que par les richesses et la beauté de ses ornements; il y avait quelques figures d'animaux en bois, et une peinture sur la muraille qui représentait l'histoire du martyre du saint, avec une image de JésusChrist qui, sous une forme humaine, présidait au combat de saint Théodore.

« Si venerit (aliquis) ad aliquem locorum similem huic, ubi hodie noster conventus habetur, ubi memoria justi, sanctæque reliquiæ sunt, primum quidem earum magnificentia quas videt obiectatur, dum ædem ut templum Dei et magnitudine structuræ et adjecti ornatus decore splendide elaboratum intuctur, ubi et faber in animalium figuram I gnum formavit... Induxit autem etiam pictor flores artis in imagine depictos, fortia facta martyris, repugnantias, cruciatus, efferatas et immanes tyrannorum formas, impetus videntes, flammeum illum fornacem, beauissimam consummationem athletæ, certaminum præsidis Christi humanæ fornæ effigiem, etc. (Greg. Nyssen., Orat. de S. Theod. mart., pag. 1011.) »

Le même saint Grégoire avait vu une peinture qui représentait le sacrifice d'Abraham tellement au naturel qu'il ne pouvait la regarder sans verser des larmes. Cet évêque était né en 331.

Saint Jérôme, ce prêtre austère, s'élève contre la richesse que l'on déployait dans les

églises. Il dit qu'il ne croit pas que dans la loi nouvelle où Jésus-Christ a consacré par sa pauvreté celle de son Eglise l'on doive s: faire un mérite de bâtir des temples magnifiques, d'y élever de superbes colonnes, de les enrichir des marbres les plus rares, de faire éclater l'or dans les lambris, et briler tout autour de l'autel des compartiments de pierres précieuses. Tout cela, dit-il, était bon du temps que l'on immolait au Seigneur la chair des animaux, et que les prêtres expiaient les péchés du peuple dans le sang d'une bête égorgée.

VI.

Nous avons puis les faits qui précèdent dans l'histoire de l'Eglise d'Orient. Nous devons maintenant en citer quelques-uns relatifs à l'Eglise latine.

Saint Paulin, évêque de Nole, en Campan ́e, loue Pammaque d'avoir satisfait non-seulement à ce qu'il devait au corps de son épouse en l'arrosant de ses larmes, mais encore d'avoir soulagé son âme par de grandes aumônes. Considérant, lui dit-il, les pauvres comme les protecteurs de nos âmes, et sachant qu'il y avait un grand nombre de personnes dans Rome qui ne vivaient que d'aumônes, vous les avez tous assemblés dans le palais de l'apôtre saint Pierre. Il me semble les voir entrer en foule dans le temple de ce glorieux apôtre, par cette porte magnifique ornée d'or et d'azur, dont l'éclat brille de toute part; et que n'y ayant pas assez d'espace, ni dans cette vaste église, ni dans le parvis, ni sur les degrés pour les contenir tous, ils se répandent dans la place du côté de la campagne. Quelle joie n'avez-vous pas causée au prince des apôtres, lorsque vous avez rempli son église de cette prodigieuse foule de pauvres, soit le long de la nef, qui s'étend au milieu, sous le plus haut comble, et dont l'éclat qu'elle reçoit du trône élevé de ce saint apòtre, frappe agréab'ement les yeux de ceux qui entrent dans ce temple, et réjouit saintement leurs cœurs? Quel plaisir n'avait-il pas de voir que plusieurs de ces misérables se pressaient pour trouver place dans les deux ailes de cette nef, sous de longues voûtes, couvertes du même comble, et que les autres ne pouvant trouver place dans l'église, se rangeaient en ordre sous ce grand et magnifique vestibule ! L'on y voit un admirable bassin, orné d'un riche couronnement de bronze, qui fournit de l'eau pour laver la bouche et les mains de ceux qui entrent. H est soutenu par 4 colonnes qui font l'ornement de cette fontaine. (Saint Paulin, Lettre à Pammaque (1), page 66.)

Le texte suivant de saint Paulin de Nole (Epist. 32, ad Severum) est un des plus précieux monuments de l'archéologie chrétienne; c'est pour cela que nous le donnons en entier et en latin. Nous plaçons à la suite le poëme x de Natali sancti Felicis, où il fait encore la description de la basilique qu'il avait fait bâtir:

(1) Cette lettre fut écrite en 597.

10. Recepi igitur et hunc ad peccata mea cumulum, ut fratri cupidissimo talis sarcina, qua ejus anima gravato corpore levaretur, præstarem quam desiderabat injuriam. Nam et vere ad unanimitatem nostram congruere hæc illius postulatio videbatur, qua asserebat ut oporteret tibi nostras in Domino ædificationes ita notescere, ut nobis tuas in titulis et in picturis indicare voluisses. Hac igitur ratione persuasus, basilicas nostras tuis, sicut et operis tempore et voti genere conjunctæ sunt, ita etiam litteris compaginare curavi: ut in hoc quoque nostra conjunctio figuraretur, quæ jungitur animis et distat locis; sic et ista, quæ in nomine Domini eodem spiritu elaborata construximus, diversis abjuncta regionibus, ejusdem tamen epistolæ serie sibi tanquam consignata visentur. Basilica igitur illa quæ ad dominædium nostrum communem patronum in nomine Domini Christi Dei jam dedicata celebratur, quatuor ejus basilicis addita, reliquiis apostolorum et martyrum intra apsidem trichora sub altaria sacratis, non solo beati Felicis honore venerabilis est. Apsidem solo et parietibus marmoratam camera musivo illusa clarificat; cujus picturæ hi versus sunt:

Pleno coruscat Trinitas mysterio,
Stat Christus agno: vox Patris cœlo tonat:
Et per columbam Spiritus sanctus fluit.
Crucem corona lucido cingit globo;
Cui coronæ sunt corona apostoli,
Quorum figura est in columbarum choro.
Pia Trinitatis unitas Christo coit,
Habente et ipsa Trinitate insignia:
Deum revelat vox paterna, et Spiritus.
Sanctum fatentur crux et agnus victimam.
Regnum et triumphum purpura et palma indicant.
Petram superstat ipse petra Ecclesiæ,
De qua sonori quatuor fontes meant
Evangelista viva Christi flumina.

11. Inferiore autem balteo, quo parietis et cameræ confinium interposita gypso crepido conjungit aut dividit, hic titulus indicat deposita sub altari sancta sanctorum:

Hic pietas, hic alma fides, hic gloria Christi,
Hic est martyribus crux sociata suis.
Nam crucis e ligno magnum brevis astula pignus,
Totaque in exiguo segmine vis crucis est.
Hoc Melani sancto delatum munere Nolam,
Summum Hierosolymæ venit ab urbe bonum.
Sancta Deo geminum velant altaria honorem,
Cum cruce apostolicos quæ sociant cineres.
Quam bene junguntur ligno crucis ossa piorum,
Pro cruce ut occisis in cruce sit requies!

12. Totum vero extra concham basilicæ spatium, alto et lacunato culmine geminis utrinque porticibus dilatatur, quibus duplex per singulos arcus columnarum ordo dirigitur. Cubicula intra porticus quaterna longis basilica lateribus inserta, secretis orantium vel in lege Domini meditantium, præterea memoriis religiosorum ac familiarium accommodatos ad pacis æternæ requiem locos præbent. Omne cubiculum binis per liminum frontes versibus prænotatur, quos inserere his litteris nolui, eos tamen quos ipsius basilicæ habent aditus, scripsi ; quia possent si usurDICTIONN. D'ARCHÉOLOGIE SACRÉE. I.

pare velis, et ad tuarum basilicarum januas
convenire, ut istud est :

Pax tibi sit, quicumque Dei penetralia Christi
Pectore pacifico candidus ingrederis.

Vel hoc de signo Domini (signo crucis) super ingressum picto hac specie qua versus indicat:

Cerne coronatam Domini super atria Christi
Stare crucem, duro spondentem celsa labori
Præmia tolle crucem, qui vis auferre coronam.

Alteri autem basilicæ, qua de hortulo vel pomario quasi privatus aperitur ingressus, hi versiculi hanc secretiorem forem pandunt:

Cœlestes intrate vias per amœna vireta,

Christicola; et lætis decet huc ingressus ab hortis,
Unde sacrum meritis datur exitus in paradisum.

Hoc idem ostium aliis versibus ab interiore sui fronte signatur:

Quisquis ab æde Dei perfectis ordine votis

Egrederis, remea corpore, corde mane.

13. Prospectus vero basilicæ non, ut usitatior mos est, orientem spectat, sed ad domini mei beati Felicis basilicam pertinet, memoriam (id est tumulum) ejus aspiciens: tamen cum duabus dextra lævaque conchulis intra spatiosum sui ambitum apsis sinuata laxetur, una earum immolanti hostias jubilationis antistiti patet, altera post sacerdotem capaci sinu receptat orantes. Lætissimo vero conspectu tota simul hæc basilica in basilicam memorati confessoris aperitur trinis arcubus paribus, perlucente transenna: per quam vicissim sibi tecta ac spatia basilica utriusque junguntur. Nam quia novam a veteri paries apside cujusdam monumenti interposita cbstructus excluderet, totidem jafronte ingressus sui foribus nova reserabatur, nuis patefactus a latere confessoris quot a quasi diatritam speciem ab utraque in utramque spectantibus præbet, sicut datis inter utrasque januas titulis indicatur. Itaque in ipsis basilicæ novæ ingressibus hi versiculi

sunt :

Alma domus triplici patet ingredientibus arcu,
Testaturque piam janua trina fidem.

14. Item dextra lævaque crucibus minio superpictis hæc epigrammata sunt:

Ardua floriferæ crux cingitur orbe coronæ,
Et Domini fuso tincta cruore rubet.
Quæque super signum resident cœleste columbæ
Simplicibus produnt regna patere Dei.

Item de eodem:

Hac cruce nos mundo, et nobis interfice mundum, Interitu culpæ vivificans animam. Nos quoque perficies placitas tibi, Christe, columbas, Si vigeat puris pax tua pectoribus. lud, quod propinquas sibi basilicas prius 15. Intra ipsam transennam (qua breve ildiscludebat, intervallum continuatur) è regione basilica novæ super medianum arcum hi versus sunt:

38

Ut medium valli pax nostra resolvit lesus,
Et cruce discidium perimens duo fecit in unum :
Sic nova, destructo veteris discrimine tecti,
Culmina conspicimus portarum fœdere jungi.
Sancia nitens famulis interluit atria lymphis
Cantharus, intrantumque manus lavat amne mi-
[nistro.
Plebs gemina Christum Felicis adorat in aula,
Paulus apostolico quam temperat ore sacerdos.

Hæc vero binis notata versiculis epigrammata super arcus alios dextra lævaque sunt: In uno hoc :

Attonitis nova lux oculis aperitur, et uno

Limine consistens geminas simul aspicit aulas. In altero hoc:

Ter geminis geminæ patuerunt arcubus aulæ, Miranturque suos per mutua limina cultus. Item in iisdem arcubus a fronte, quæ ad basilicam domini Felicis patel, mediana, hi

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1° INTRA ABSIDEM. Majoris altaris concham quæ Græcis scriptoribus nude xó dicitur, latini inferioris ætatis passim absidam seu absidem appellavere. Diserte enim Paulinus, epist. 12, nunc 32, absidam cum concha confundit. Nec abludit Walafridus Strabo, lib. de Rebus ecclesiast., cap 6, dum ait absidam esse exedram separatam a templo, et Græce xúzlo vocari. Verum si res stricte accipiatur, aliud fuit concha, aliud absida. Nam absida proprie est semicirculus ήμίκυκλος, qui ab inferiori parte vampiou in altum assurgit, et in absidem seu arcum, aut semicirculum sinuatur: concha vero ipsius absidis pars interior in concha speciein superne

camerata, curvata et sinuata. Unde recte Paulinus apsidem a camera, interiori scilicet, distinguit: apsidem solo et parietibus marmoratam camera musivo illusa clarificat. Apsidem porro et absidam dici vulgo idem anno tat Paulinus. Si quando autem plura essent altaria in templo aut æde sacra, unumquodque absidam suam habebat. Leo Ostiensis lib. II, cap. 28: unicuique altari sua absida.

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Notandum quoque ut plurimum absidam dici a scriptoribus ipsam concham, vel ipsam sacram mensam, seu altare, verbi gratia, cum in absidis repositas sanctorum reliquias scribunt, quas sub altaribus et intra altaria recondi solitas notum est. Cangius in Constantinop. Christ., lib. III, pag. 45 et 46. 2o TRICHORA SUB ALTARIA Rarius vero trichorum, nec unius certæ constitutæque significationis. Spartianus in Pescennio Nigro; « Domus ejus hodie Romæ visitur in Campo Jovis, quæ appellatur Pescenniana: in qua simulacrum ejus in trichoro constituit. » Ad quem locum ita Isaacus Casaubonus: In trichoro, id est, in uno a trichoris. Magnatum ædes et palatia tribus distinctis partibus constare solent, quarum una ingredienti adversa occurrit, duæ sunt ad latera has tripartitas domos architecti vocabant trichora, pixapa. Statius, Papinius in Tiburtino Manlii Vopisci :

Quid nunc ingentia miror,

Aut quid partitis distantia tecta trichoris? Architecti nostri vocant hodie papiliones, quia harum partium (ædificii corpora vulgo dicimus) diversa tecta sic consurgunt, ut in metatura castrorum separata totidem papilionum fastigia. Ita Casaubonus non omnino male.

Aliter Claudius Salmasius ad eumdem locum in trichoro domus, inquit, id est, in fastigio. Nam in fastigio domorum augustarum statuæ collocari solitæ, ut et in fastigiis templorum. Vopiscus in Vita Floriani: « Imago Apollinis, quæ ab his colebatur, ex summo fastigio in lectulo posita sine cujuspiam manu deprehensa est. » Fastigium autem trichorum dictum a forma triangulari: nam τρίχωρον et τρίγωνον idem. Omnia enim ædificiorum tecta apud veteres, aut erant plana, aut fastigiata. Sed minus bene Clau

dius.

Quid trichorum sit, non aliunde melius disces quam ex hoc loco Paulini : « Reliquiis apostolorum et martyrum intra absidem trichoria sub altaria sacratis. » Vult intra majorem absidem duas alias absidas fuisse, sub quibus singulis singula erant altaria, vel potius unum altare in medio trichori positum, sive intertres absidas; id est, in medio majoris absidis, ita tamen ut duas alias laterales absides respiceret. Atque ita quoque Spartianus videtur intelligendus, ut statua Pescennini Nigri col locata sit in trichoro, id est in medio trichori; nam totus locus tribus constans absidibus vel partibus dicebatur trichorus, vel trichorum.

Dixi unum altare, quia primis Ecclesiæ temporibus unicum plerumque altare in templis erat, uti constat ex templo Tyri a Pau

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