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pelle côtes de dôme les saillies qui excèdent le nu de la convexité du dôme dans le sens de la hauteur; elles sont quelquefois simples, en forme de plates-bandes ; d'autres fois elles sont ornées de moulures. Les côtes de coupe sont des saillies qui séparent la douille d'une voûte sphérique en parties égales. Elles sont parfois enrichies de compartiments.

COTÉ (BAS). Voy. COLLATÉRAUX, NEFS, BAS CÔTÉS.

COUDÉE. La plupart des monuments antiques sont mesurés par coudées. Cette mesure eut d'abord pour type vague la longueur de l'avant-bras, depuis le coude jusqu'à l'extrémité des doigts, la main étant étendue. Cette mesure été ensuite précisée, mais de diverses manières, dont aucune ne nous est connue que par des conjectures plus ou moins incertaines. Quelques auteurs donnent à la coudée dont parle l'Ecriture 1 pied 824 millièmes de pied, ou la 400 partie d'un stade; d'autres réduisent cette longueur à 1 pied 4 pouces 5 lignes (pied du Capitole, lequel a 10 pouces 10 lignes et 6 points), mesurés sur le pied de France. Selon Vitruve le pied faisait les deux tiers de la coudée. Suivant des observations et des conjectures ingénieuses faites au commencement de ce siècle et consignées dans la collection des Mémoires de l'expédition d'Egypte, la coudée égyptienne, la même vra semblablement que celle des Hébreux, aurait été de 19 pouces 6 lignes du pied de France.

COUPE, I. On appelle coupe, en architecture, le dessin géométral de la section verticale d'un édifice. La coupe a pour but de faire voir la distribution des étages et le système de construction de l'intérieur de l'édifice, de même que le plan en fait connaître la distribution sur la superficie du terrain et que l'élévation en montre les façades extérieures. On multiplie les coupes selon qu'il est nécessaire pour faire connaître les détails intérieurs, l'épaisseur des murailles à diverses hauteurs, l'agencement des combles, etc. Sans cela il serait impossible de comprendre un projet de construction, ou de rendre compte, uniquement par la description, d'un monument ancien de quelque importance.

II.

La coupe des pierres est l'art de tailler les pierres pour former, par leur assemblage, les arcs, des voûtes, des pièces de construction de toutes les formes. Cet art, qu'on appelle aussi art du trait ou stéréotomie, est celui qui apprend à donner aux pierres la forme qu'elles doivent avoir pour se soutenir avec solidité dans les positions qu'il faut qu'elles occupent. L'étude de la coupe des pierres, basée sur la géométrie, a été portée au plus haut degré au xv siècle et au xvi, époque où les artistes aimaient à se créer des difficultés pour avoir l'honneur de les vaincre, sentiment qui leur fit entreprendre et exécuter des travaux vraiment surprenants, mais qui ne sont pas toujours d'un goût irréprochable.

III.

Dans la construction, coupe signifie l'inclinaison des claveaux. On dit ainsi : donner peu ou beaucoup de coupe à un voussoir, pour indiquer que ses lits se rapprochent ou s'éloignent de là perpendiculaire.

COUPOLE. On appelle coupole la partie concave d'une voûte sphérique, telle que l'intérieur d'un dôme. On se sert quelquefois indistinctement des mots coupole et dôme, pour désigner l'ensemble de la voûte sphérique. Le mot de coupole vient de l'italien cupola : la coupole est une espèce de coupe renversée. Les anciens la connaissaient, mais ils en firent usage dans un très-petit nombre de cas. La forme des temples ronds en rendait l'emploi nécessaire.

On peut dire que la coupole appartient à l'architecture chrétienne, à cause de l'emploi fréquent qui en fut fait dans nos églises. Quelques églises de forme circulaire, appartenant à l'époque romano-byzantine primordiale, furent recouvertes de coupoles; mais c'est dans les monuments byzantins particulièrement que cette espèce de voûte a été souvent usítée. On peut même dire que la coupole constitue le caractère essentiellement distinctif de l'architecture orientale. Dans nos églises d'Occident bâties au xr siè cle et surtout au xii, on remarque assez fréquemment des coupoles byzantines, construites généralement au-dessus de l'intertranssept. Nous avons eu l'occasion d'en observer plusieurs très-habilement bâties dans les monuments du centre de la France. Voy. BYZANTIN, AGE DES Églises, Voute.

Les coupoles, dont l'architecture moderne a renouvelé et multiplié l'usage, sont ordinairement construites en pierre. Ce n'est guère que depuis la renaissance qu'on en a bâti en bois. Voy. CHARPENTE.

COURONNE.-I. Dans le moyen âge, la couronne est devenue un signe constant de la dignité impériale, royale et seigneuriale. En France, les rois de la première race se contentaient d'ordinaire d'un diadème d'or; quelques-uns portaient une couronne à pointes, ou couronne radiale, à la manière des empereurs romains, comme on le peut voir sur les médailles du Bas-Empire; car les empereurs de la race des Césars ne portaient qu'une couronne de laurier. On remarque sur les monnaies fabriquées sous la seconde race, que la tête des rois est toujours couronnée de laurier. Louis VI et Louis VII, de la troisième race, portent une couronne en forme de bonnet carré, avec des fleurons ou des fleurs de lis aux extrémités. (Le Blanc.) Charlemagne fit faire une couronne d'or enrichie de pierres précieuses et rehaussée de quatre fleurons. Elle était autrefois dans le trésor de saint Denis. Sous la seconde race, c'était la coutume que les rois, dans les grandes fêtes, parussent à l'église avec leurs ornements royaux, la couronne sur la tête, le sceptre en main et revêtus d'un manteau royal. Dans le x siècle, ils la recevaient de la main des évêques. Ainsi Yves de Chartres dit, dans ses Epitres

(Ep. 66, 67, 8+), que le roi Philippe reçut une fois, à Noël, la couronne de la main de l'archevêque de Tours, et une autre fois, à la Pentecôte, de quelques évêques de la province belgique; ce qui n'avait rien de commun avec le sacre, puisque Philippe avait été sacré à Reims, en 1059, par l'archevêque Gervais, et que le sacre ne se faisait pas deux fois, mais une fois seulement, au commencement du règne.

Les premières couronnes, des empereurs d'Allemagne ont été d'abord le diadème, ceint d'un double rang de perles le camelaucium des empereurs d'Orient. Sous Charles le Chauve, la couronne impériale était composée d'un diadème d'un double rang de perles, et d'un bonnet surmonté d'une croix, sur un bonnet fermé par le haut avec des pointes de lambeaux de perles : ses successeurs ont adopté la même couronne. L'empereur Lothaire, selon l'abbé Suger, était coiffé d'une mitre, entourée vers le haut d'un cercle d'or en guise de casque. Dans la suite, la couronne impériale a été composée de quelques pointes avec des perles, ou quelquefois de feuilles de trèfle. Depuis le règne de l'empereur Rodolphe II, la couronne impériale est composée d'un bonnet formé de quatre feuilles, entre lesquelles se trouvent des pointes avec des perles, et de trois arcs, dont celui du milieu soutient le globe; du bonnet circulaire descendent deux fanons ou rubans.

Les anciennes couronnes royales n'étaient d'abord qu'un simple cercle, telles sont celles d'Agilulphe, roi des Lombards, que l'on voit à la bibliothèque nationale, et celle que l'on voit sur la tête du roi David, dans une miniature d'une Bible de Charles le Chauve, qui se trouve également à la bibliothèque nationale, à Paris. Quelquefois on a appliqué à ce cercle des feuilles d'une plante inconnue, ou d'une plante de fantaisie. Entre les feuilles se trouvent communément de grandes perles, ou des pointes ornées de perles.

La couronne papale ou la tiare est formée d'un bonnet élevé, entouré de trois cercles placés l'un au-dessus de l'autre ; au sommet se trouve un globe. Chaque cercle a, comme ceux des couronnes royales, quatre feuilles entre lesquelles sont des pointes garnies de perles. Quelquefois on trouve aussi les cercles garnis de rayons pyramidaux au lieu des feuilles et des pointes ordinaires. Elle est accompagnée de fanons pendants, comme la mitre des évêques. La plus ancienne tiare n'était qu'un bonnet rond élevé, entouré d'abord d'une seule couronne. Boniface VIII en ajouta une seconde, et Benoît XII une troisième.

Il paraît que Charles le Chauve est le premier qui accorda aux ducs le droit de porter la couronne. Depuis, les comtes et tous les gentilshommes, suivant leur titre, portèrent la couronne, au moins au-dessus de leurs armoiries. Les couronnes de duc consistent en un cercle d'or garni de pierres précieuses et rehaussé de huit fleurons fendus en feuilles d'ache. Celle de marquis est un cercle d'or à quatre fleurons alternés cha

cun de trois perles en forme de trèfle. Celle de comte est un cercle d'or surmonté de neuf rayons pyramidaux terminés par de grosses perles. Celle des vicomtes est un cercle d'or avec quatre doubles pointes surmontées d'une grande perle. Celle des barons consiste en un cercle entouré de plusieurs cordons de perles. Celle des chevaliers est un simple cercle d'or sans ornements; aussi les chevaliers préféraient-ils mettre un casque au-dessus de l'écu de leurs armes.

Sur les couronnes du moyen âge, on peut consulter les ouvrages héraldiques, principalement ceux de Paliot, du P. Menestrier, de Gatterer, et l'excellente dissertation de Du Cange à la fin de son édition de Joinville. Quant aux couronnes antiques et aux couronnes en métal, Sallengre a écrit sur les couronnes d'or; Banduri, sur les couronnes de laurier; Lambicius, sur la couronne civique; Lanzoni et Freytag, sur les couronnes des festins; Albertinus Mussatus, sur la couronne des poëtes; Walchius, sur la couronne des orateurs, etc.

II.

On trouve des couronnes très-souvent usitées dans les ornements d'église. Elles étaient suspendues au-dessus des autels, en signe d'honneur, comme nous l'apprend Ciampini, Vet. Monum., cap. 12, tom. II. Elles entouraient aussi les croix ou le monogramme de Notre-Seigneur, ou celui de la sainte Vierge; elles étaient encore placées sur des reliquaires. C'est ainsi, pour ce dernier fait, que l'on voit à la planche 42 de l'histoire du monastère de Saint-Udalric, à Augsbourg, deux couronnes admirablement travaillées, placées sur des châsses. On remarque quelquefois les reliques elles-mêmes des saints, ornées de couronnes dans l'ouvrage que nous venons de nommer, il y a plusieurs crânes de saints entourés de couronnes précieuses.

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La pratique d'offrir de riches couronnes pour être mises sur la tête des images ou statues de Notre-Seigneur et de la sainte Vierge est fort ancienne, et l'on trouve des couronnes de ce genre d'un travail très-remarquable. Une couronne, garnie de perles et de pierreries, offerte par Marie, reine d'Écosse, est conservée actuellement dans le trésor de l'église d'Aix-la-Chapelle. Quoique peu de ces couronnes aient échappé à la destruction, à cause de la richesse de leur matière, nous pouvons néanmoins nous faire une idée de leur beauté et de leur élégance par celles qui sont représentées dans les tableaux de peintres du moyen âge. La galerie d'Anvers en renferme plusieurs exemples, parmi lesquels nous devons mentionner spécialement une petite peinture de Van-Eyck, représentant la sainte Vierge et Notre-Seigneur, avec un chanoine à genoux. Dans le grand tableau de l'adoration de l'Agneau, du même maître, à la cathédrale de Gand, la couronne placée sur la tête de la sainte Vierge est d'une extraordinaire beauté : c'est un cercle de perles et de pierreries, surmonté de lis et de pointes terminées par des étoiles

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rayonnantes. Cette décoration est bien appropriée aux couronnes pour les images ou les monogrammes de la sainte Vierge; tandis que les couronnes pour les figures de NotreSeigneur doivent être surmontées de croix, de diadèmes et du globe.

La couronne de Baudouin, roi de Jérusalem, est conservée dans la sacristie de l'église principale de Namur. Elle consiste en un cercle d'or, richement garni de pierreries et surmonté de feuilles en trèfles, dont deux renferment des épines de la couronne de Notre-Seigneur. Elle est enfermée dans une espèce de boite ou coffret en cuivre, doré et émaillé, d'une antiquité qui paraît être aussi reculée que la couronne elle-même.

Nous trouvons quelques détails curieux sur les couronnes avant autrefois appartenu à une église dans l'inventaire de la chapelle de SaintGeorges, à Windsor. Item, tres coronæ argentea deauratæ, cum diversis lapidibus pretiosis ornatæ, videlicet, una pro beata Maria, et alia pro Filio, et tertia pro sancto Edwardo; videlicet, in una corona beatæ Mariæ deficiunt quinque lapides et in corona Filii deficit unus flos delicatus: et in sancti Edwardi deficiunt sex lapides, et quatuor knappes in bordura; et duo knappes majores argentei deaurati super flores delicatos.

D'après Jean de Meulen, dans son Histoire des saintes images, d'anciens crucifix ont une couronne d'épines sur la tête. Quelques-uns ont la couronne royale. Il y en a un trèsbeau spécimen dans l'église de Sainte-Gertrude, à Nivelle, restauré en 1433. Un autre, en bois de cèdre, à Siroli, près d'Ancône, a une couronne royale, et est regardé par le peuple comme l'œuvre de saint Luc. Un autre se trouve à Lucques; il est voilé, et Curtius de Clavis, dominicain, en donne la description suivante: « La couronne est en or pur, semblable à la couronne royale. Audessus on voit les lettres grecques A et 2. On y voit encore les clous; ils sont d'argent et recouverts de plaques d'or, marqués d'une croix. » Par cet emblème on a voulu dire que Notre-Seigneur n'est pas seulement semblable à un roi, mais qu'il est vraiment roi, a le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, dont le règne n'aura point de fin. »

COURONNE (DE LUMIÈRE). C'était une couronne ou un cercle en métal suspendu à la voûte des églises, sur laquelle étaient fixés des cierges que l'on al'umait aux grandes solennités. Autrefois, il y avait à peine une élise qui ne possédât une couronne de lumière de ce genre, plus riche ou plus #simple, suivant la richesse de la fondation ou la dignité de l'église. Souvent ces espèces de couronnes étaient formées de trois cercles, qui, lorsqu'ils étaient garnis de flambeaux, produisaient une pyramide de lumière. Le nombre des flambeaux ou cierges allumés état ordinairement en rapport avec la solenuité de la fête, et à la grande fête de Pâques la couronne, splendidement illuminée, présentait le plus brillant emblème de la triomphante résurrection de Jésus-Christ.

Le Brun des Marettes, dans son Voyag liturgique, en parlant de Saint-Jean de Lyon, fait la mention suivante de couronnes qui se trouvaient jadis dans cette église: Outre ce ratelier, il y a au jubé trois couronnes d'argent chargées de trois cierges chacune, et encore quelques autres cierges à matines, que l'on éteint sur la fin des psaumes de laudes, parce qu'il fait plus grand jour : comme on fait dans nos églises sur la fin de laudes des trois derniers jours de la semaine sainte. » L'église de Sainte-Croix d'Orléans avait également, suspendue au milieu du choeur, une lampe d'argent à laquelle étaient attachées trois couronnes de lumière. Dans les Antiquités de Paris de Claude Malingre, imprimées en 1640, il est fait mention de lampes et de flambeaux curieux, qui étaient autrefois en usage à l'église de Noire-Dame. «Ils (le doyen et le chapitre) ordonnèrent aussi que les deux grandes roues de fer suspendues à l'église (contenant chacune cent cierges) seraient allumées le jour de la purification de Notre-Dame. »

Une magnifique couronne était autrefois suspendue dans le choeur de la cathédrale de Reims. Elle consistait en un cercle de 54 pieds de circonférence, divisé en douze parties égales par douze lanternes travaillées à jour, garnies de verres; entre les lanterns il y avait des pointes pour 96 cierges. L'Évangile de saint Jean était gravé autour de la circonférence en lettres capitales ornées. Cette intéressante couronne, maintenant détruite, est figurée dans l'ouvrage de M. Prosper Tarbé, intitulé: Trésor de la cathédrale de Reims, pag. 215.

Siméon, archevêque de Thessalonique, en décrivant les différentes espèces de lampes et de chandeliers qui servaient dans l'église, se propose cette question: Quid multipler luminum ordo, vel duodecim cerei, vel trifurcus, vel reliqui in ecclesia accendendi? Il y répond de la manière suivante: Velut in cœlo, scilicet in templo visibili lumina, velut stelle, sublimia coruscant. Et corona quidem, sive luminum circulus firmamentum, planetarumque zonas alia lucigera subindicant vasa, quorum quædam trifulgida sunt velut tricipites cerei, alia septilucernaria sunt propter gratiarum numerum: alia iterum duode naria sunt propter apostolorum chorum, eorumque medius quidam sublimior est in magni luminis Christi Jesu signum. De là il parait que des couronnes étaient suspendues dans les églises grecques, ayant une signification mystique différente, selon le nombre des cierges. Trois lumières signifiaient trois personnes de la très-sainte Trinité; sept étaient l'emblème des sept dons du SaintEsprit; douze et un autre au centre représentaient Jésus-Christ entouré des douze apôtres.

Nous avons donné ailleurs (voy. AUTEL, accessoires, colonn. 429 et suiv.) la description de la couronne que nous avons vue dans l'église d'Aix-la-Chapelle nous avons placé au même endroit l'indication de la cou ronne de la cathédrale de Bayeux, ainsi

:

que plusieurs passages curieux d'Anastase le Bibliothécaire.

Dans l'inventaire de la cathédrale de Cantorbéry par Gervais, moine de Dover, il est fait mention d'une couronne dorée, portant vingt-quatre lumières et qui était suspendue au milieu du chœur. A Metz, on avait mis sur une couronne l'inscription suivante : Cujus in æde sacra rutilans micat ista corona ad lumen turbæ, vel decus ecclesia. Relativement au nombre des couronnes, l'auteur de l'Histoire des évêques de Verdun, dit d'un certain évêque : « Il orna tellement de couronnes l'église de Sainte-Marie, que si l'on en touchait une, toutes les autres étaient mises en mouvement. >>

Georgius s'exprime ainsi sur les couronnes d'argent. « Les couronnes étaient des chandeliers de forme circulaire, en manière de couronne, remplis de flambeaux, suspendus à la voûte des églises. » Nous pouvons mentionner en premier lieu une ancienne notice sur la Charta cornutiana, où il est parlé de quatre couronnes d'argent, avec leurs chaînes et huit dauphins. Saint Grégoire mentionne également ces couronnes avec des dauphins et des lis (Lib. 1, epist. 71). Dans la Vie de saint Benoît d'Aniane nous lisons que dans l'église du monastère, « devant le grand autel étaient suspendues sept lampes.....; dans le choeur, il y avait le même nombre de lampes d'argent, en forme de couronne, sur laquelle couronne il y avait des bassins, que l'on remplissait d'huile, et qui donnait, aux jours de grande fête, une lumière si étincelante, que la nuit était, pour ainsi dire, changée en jour. Au commencement du 1x siècle, il y avait dans toutes les églises du monastère de Centule ou de Saint-Riquier, deux couronnes d'or. Au-dessus des autels du saint Sauveur, de saint Riquier et de sainte Marie (Ap. Dacheri, tom. IV, pag. 467), il y avait trois ciboires ou baldaquins d'or et d'argent, auxquels étaient suspendues trois couronnes, une à chaque ciborium en or, et ornées de pierreries, avec des croix d'or et divers ornements. Ces trois dernières couronnes ne paraissent pas avoir été des couronnes de lumières, mais seulement des couronnes suspendues au-dessus de l'autel, comme emblème d'honneur. Dans une autre église de Saint-Riquier, il y avait cinq autels ornés d'or et d'argent, avec une couronne d'argent. Saint Ansigise, abbé de Fontenelle ou de Saint-Wandrille, an 830, offrit à l'église de se monastère une grande et belle couronne d'argent avec ses lampes d'argent. L'évêque Conrad, dans la Chronique de Metz, dit : « Il y a une large couronne suspendue dans le chœur, semblable à celle qui est à SaintAlban; il y en a une autre au milieu de l'église, et trois autres plus petites devant l'autel de saint Martin, toutes d'argent et travaillées très-artistement. »>

Les couronnes s'appelaient en français roe, du latin rota. La roue de l'église de SaintRemi à Reims était de fer et de cuivre doré. Son pourtour représentait une enceinte de ville flanquée de douze tourelles, entre les

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appelle couronnement tout membre ou tout ornement qui termine un édifice ou une partie d'édifice. Ce mot est à peu près synonyme d'amortissement. Ainsi l'on dit que la corniche forme le couronnement de l'entablement et que le chapiteau est le couronnement de la colonne. Dans les instructions du comité historique des arts et monuments on désigne sous le nom de couronnement l'espèce de plafond très-orné, qui surmonte les stalles adossées à une muraille, et les bas-reliefs ornant les clôtures du choeur. Le couronnement des stalles d'Amiens est fort remarquable, de même que toute l'ornementation de cette be le œuvre de menuiserie, l'une des plus importantes du style ogival qui soient parvenues jusqu'à nous.

COURONNER. En architecture, couronner c'est terminer une partie de construction en posant au sommet des ornements ou simplement les formes qui en constituent la terminaison ordinaire. C'est ainsi que l'on dit : « Cette tour est couronnée par des créneaux;- ce clocher est couronné par une lanterne, etc. » On dit encore qu'un piédestal est couronné, quand il se termine par une corniche; qu'un membre d'architecture et qu'une moulure sout couronnés, lorsqu'il y a un filet au-dessus. COUSSINET.

Premier claveau d'un arc ou d'une voûte on l'appelle aussi sommier. COUVENT. On disait autrefois convent du latin Conventus; de là les expressions de bâtiments conventuels, d'église conventuelle, etc. Voy. ABBAYE, CONVENTUEL, MONASTERE, COUVERCLE. Les fonts baptismaux, surtout durant la période ogivale, furent surmontés d'un couvercle pyramydal, dont les arêtes étaient plus ou moins ornées, Comme ces couvercles étaient ordinairement fort lourds, on imagina divers moyens pour les mouvoir. Quelquefois, le sommet, ou finial, était terminé par une boucle, dans laquelle était fixée une corde qui passait sur une poulie attachée aux voûtes ou à la charpente quand on avait besoin de découvrir les fonts, on enlevait le couvercle aisément et il restait suspendu pendant la cérémonie, Quelquefois on faisait mouvoir le couvercle au moyen d'une espèce de pivot fixé en dehors de la fontaine du baptême, et qui était relié à ce couvercle par des traverses solides. Ces divers systèmes étaient plus ou moins incommodes. C'est ce qui fit abandonner l'usage de ces grands couvercles pyramidaux, semblables aux aiguilles d'architecture qui surmontent les statues et les contre-forts. Au XVIe siècle, on se contenta de faire des couvercles bien moins développés et d'un usage beaucoup plus commode: ils laissaient libre la fontaine du baptême, en roulant sur un demicercle en fer qui les maintenait solidement, en dehors de leur point d'appui ordinaire, pendant tout le temps de la cérémonie. On voit encore des couvercles de fonts baptismaux dans plusieurs églises d'Angleterre et

de France, notamment dans l'église de Bueil, au diocèse de Tours. Voy. BAPTISTÈRE, FONTS

BAPTISMAUX.

COUVERTE. — La couverte qui se met sur les vitraux peints est produite par un émail qui en détruit la trop grande translucidité et qui communique aux couleurs plus de force et de solidité. Quelques antiquaires ont avancé que les vitraux anciens n'avaient pas de couverte, et que la vigueur des tons était due uniquement à l'épaisseur des verres employés dans la fabrication des verrières. C'est une erreur. Le verre, quelque épais qu'on le suppose, sera toujours trop transparent pour être employé tel qu'il sort des fourneaux de fusion. La lumière, en le traversant sans aucun obstacle, en rendrait les couleurs froides et crues. L'émail de la couverte a précisément pour but de remédier à cet inconvénient. Il ternit le verre, en ce sens qu'il oppose un corps granuleux ou un dépoli au passage de la lumière, qui doit nécessairement alors se briser pour le traverser: de là ces beaux effets si agréables à l'œil, si harmonieux, si doux. L'observation vient ici à l'aide du raisonnement, et l'expérience en a été faite depuis longtemps. Les peintres verriers du x siècle ont mis des couvertės sur les verres par eux employés, et si ces couvertes n'existent pas partout dans leurs verrières, elles se trouvent au moins dans les endroits où ils tenaient à éviter la trop grande translucidité du verre. Aujourd'hui que les verrières du xu siècle sont recouvertes d'une épaisse couche de poussière que les siècles y ont déposée, et que les verres sont rongés à l'extérieur par le temps, elles paraissent revêtues d'une couverte épaisse. C'est à cela qu'elles doivent cette force extraordinaire de ton, que nous sommes impuissants à donner à nos verrières neuves. Ce serait exiger l'impossible de nos meilleurs peintres verriers modernes, que de demander le même effet aux vitraux neufs en style du xin siècle. Ils doivent nécessairement assurer les couleurs et en fortifier le ton par des couvertes sagement distribuées ; mais le temps fera le reste, et il ne tardera pas à rendre les verrières moins transparentes et plus harmonieuses encore. Il en serait autrement s'il s'agissait d'une restauration de vieux vitraux: il faudrait alors que les panneaux neufs ou les parties nouvelles fussent chargés d'une couverte très-épaisse, afin de les mettre en accord de ton avec les parties primitives.

COUVERTURE. Voy. COMBLE, CHARPENTE,

TOIT.

COUVERTURE D'AUTEL. - «< Anastase le Bibliothécaire dit que l'empereur Constans étant à Rome dans l'église de SaintPierre, il y fit présent d'une couverture de drap d'or pour couvrir l'autel où l'on célébra la messe. Le même auteur rapporte un grand nombre de présents de cette sorte, faits par les papes et par d'autres, pour couvrir les autels. Le nom qu'il leur donne et la manière dont il en parle ne permettent pas qu'on entende cela de parements d'autel,

semblables à ceux dont on se sert aujourd'hui. Il fallait que ces tapis couvrissent entièrement l'autel, la table, le devant, le derrière et les côtés: aussi les appelle-t-il vestes altaris, les robes de l'autel. Il y a des églises où l'on voit encore de ces anciennes couvertures d'autel, qui servent tout ensemble de nappes et de parements. Il y en a une de toile d'or dans l'abbaye de la ChaiseDieu, en Auvergne, dont on se sert aux fêtes solennelles.» (Bocquillot, Traité hist. de la liturgie sacrée.)

On peut faire la remarque, à cette occasion, que les ornements des églises, mentionnés par Anastase le Bibliothécaire, étaient d'un tissu extrêmement riche. Et en effet, la peinture en broderie est fréquemment mentionnée dans les descriptions des présents que les papes faisaient aux églises, soit en vêtements pour les ministres du culte, soit en ornements pour les autels, et surtout pour les portes; soit encore en voiles ou rideaux, alors très-multipliés dans les temples. Cette broderie, exécutée en fils d'or et d'argent sur des étoffes de soie des plus belles couleurs, leur prêtait un éclat extrême, et pour peu que celui-ci fat tempéré par une distribution harmonieuse des teintes, les sujets sacrés que retraçaient ces riches tissus pouvaient plaire à l'œil, et présenter des tableaux intéressants. On sent bien qu'exécutés sur des matières aussi légères, aussi périssables que des tissus de laine, de lin ou de soie, ces brillants ouvrages n'ont pu résister au temps, et qu'il n'est possible de s'en faire une idée que par les récits de l'écrivain qui nous en a transmis le souvenir.

COUVERTURES DE LIVRES. — Il suffit d'ouvrir les livres des écrivains ecclésiastiques du moyen âge pour se convaincre du luxe qui était déployé dans la couverture de certains livres d'église et surtout des évangéliaires. On était persuadé que le livre de la Loi Nouvelle, auquel on rendait hommage presque comme à Notre-Seigneur lui-même dans l'eucharistie, ne pouvait être décoré avec assez de richesse et de magnificence. Aussi l'art de l'orfévrerie a-t-il déployé toutes ses ressources pour en orner la couverture de pièces d'or et d'argent, de pierreries et d'objets précieux de tout genre. Il nous suffira de citer quelques-uns des faits archéologiques les plus intéressants: nous les choisirons parmi ceux qui peuvent être actuellement constatés. Nous parlerons seulement de quelques riches évangéliaires ou livres liturgiques échappés à la destruction.

Les seuls monuments de l'orfèvrerie du vr siècle, qui soient parvenus jusqu'à nous, proviennent des dons offerts par Théodelinde, reine des Lombards, en 616, à la basilique de Monza, où ils sont encore conservés. Ils consistent en une riche boîte renfermant un choix d'évangiles, et une couverture d'évangéliaire ornée de pierres de couleur. Saint Grégoire de Tours, écrivain du vr siècle, parle souvent de ces coffrets précieux ou boîtes en or et en argent, destinés à renfermer le livre des saints Evangiles.

En 852, Hinemar, archevêque de Reims,

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