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soumise à l'approbation du Saint-Siège. Son décret a pour but, non pas assurément de supprimer l'élément profane qui doit entrer dans les études classiques, mais de l'y rattacher étroitement à l'élément divin, et de faire pénétrer d'une manière profonde le principe chrétien dans toutes les branches de l'enseignement. Les idées exprimées dans ce décret me paraissent répondre aux besoins les plus impérieux de l'éducation, surtout de nos jours, et j'ai la ferme conviction qu'avant la fin de ce siècle elles seront généralemeut adoptées dans les écoles catholiques.

13. D'une phrase ajoutée à Rome aux actes des conciles.

Tels ont été, messieurs, dans ce qu'ils ont de principal, les travaux du Concile d'Amiens, approuvés par le Souverain-Pontife. La Sacrée-Congrégation ne nous a pas indiqué le plus petit changement à faire. Elle a désiré seulement que l'on insérât dans le décret qui se rapporte à quelques usages de la province ecclésiastique de Reims, un membre de phrase pour reconnaître formellement que le Pape a toujours le droit de juger de ce qu'il est bon de conserver dans les usages des Églises. Ce principe avait été très explicitement énoncé dans le décret qui précède immédiatement celui qui est relatif aux coutumes. Mais le sens de celui-ci, pris à part, aurait pu être mal compris, si cette clause n'y avait pas été introduite. Nous n'avons qu'à remercier la Congrégation d'avoir corroboré par l'observation qu'elle nous a faite, la doctrine même que le Concile a entrepris de défendre contre les adversaires qui venaient de l'attaquer.

Nous publions, avec ses actes, la lettre Encyclique de Pie IX. En la relisant avec attention, vous remarquerez avec bonheur, je n'en doute pas, que la pensée de vos évêques s'est trouvée d'avance parfaitement d'accord avec celle du Chef de l'Église, et vous y verrez un nouveau et puissant motif de respecter des décrets qui sont devenus une loi de la province ecclésiatique de Reims. 14. De la nécessité de favoriser le mouvement qui porte les esprits vers Rome. Causes et avantages de ce mouvement des esprits.

D'après ce que je vous ai rappelé hier et aujourd'hui, vous pouvez, Messieurs, avoir la confiance que tous nos travaux, ceux de ños synodes comme ceux de nos conciles, sont dans la ligne visiblement tracée, pour le moment actuel, par le doigt de la Providence. Le trait caractéristique de cette époque est le mouvement vers Rome. Déjà bien des églises, affranchies plus ou moins des entraves que d'aveugles gouvernements leur avaient fait subir, s'efforcent de

resserrer les liens qui les unissent au centre de la catholicité. Le protestantisme s'étonne des instincts d'unité qui se réveillent en lui. Du fond de l'Allemagne protestante des voix s'écrient: En avant, vers Rome! le travail qui s'opère sous ce rapport depuis quelques années dans le sein de l'église anglicane se manifeste par des signes éclatants. Les sociétés politiques, qui ne sont si agitées, si souffrantes, que parce que la notion et le respect du pouvoir ont défailli en elles, sentent qu'il y a à Rome une institution à laquelle rien ne peut être comparé, parce qu'elle réflète à un plus haut degré les caractère de la souveraineté de Dieu : la puissance, l'intelligence et l'amour.

La puissance se manifeste par l'étendue dans le temps et dans l'espace : la Papauté est le seul pouvoir qui ait des sujets dans tous les lieux où Dieu a des adorateurs, le seul pouvoir dont les ordres soient traduits dans toutes les langues que les hommes parlent. Elle est aussi le seul qui ait vaincu le temps, ce grand vainqueur de toutes les choses humaines. Depuis dix-huit siècles, tout a tourné autour d'elle: elle est restée immobile. Tous les gouvernements sont tombés, elle est debout. Leurs lois, leurs maximes, leurs traditions ont varié dans ce qu'elles avaient de plus fondamental; elle est invariable; les traditions du Vatican sont celles des catacombes. Voilà pourquoi elle est le seul gouvernement qui ait foi dans son avenir, le seul pour qui le moment présent ne soit pas tout.

Dieu a voulu que la Papauté fût douée d'une intelligence, d'une sagesse égale à sa puissance. Je ne parle pas ici de ce que la foi nous apprend de l'assistance mystérieuse qui lui est promise ; je ne veux remarquer en ce moment que ce qui est en quelque sorte visible an plus simple regard. La hauteur de son intelligence est, pour ainsi dire, un fait nécessaire, parce qu'elle contemple les choses humaines par en haut, tandis que les autres pouvoirs ne les aperçoivent que d'en bas. Ils ne les observent que dans leurs rapports avec des intérêts passagers; elle les saisit dans leurs relations avec des réalités éternelles. Elle sait que toutes les vicissitudes de ce monde sont subordonnées à une pensée de Dieu dont l'Église est la réalisation : cette pensée est sa préoccupation permanente, son étude suprême; mais en même temps, comme l'œuvre de Dieu est continuellement en contact avec les œuvres des hommes, et qu'elle ne s'accomplit que sous des conditions terrestres. Rome est obligée d'étudier à toute heure toutes les conditions des choses humaines. Pour vous donner un seul exemple, je vous citerai quelques-unes des affai

res qui l'occupaient au moment où se traitait celle de notre Concile, qui n'était en quelque sorte qu'un point dans le vaste cercle que sa pensée embrassait. Elle préparait la reconstitution de la hiérarchie dans la Hollande; elle observait les suites de son rétablissement en Angleterre; elle examinait ce qu'il était opportun de faire pour la Suisse catholique opprimée des négociations étaient entamées avec le Piémont pour apporter quelque remède à ses maux ; la question des Lieux-Saints; la situation des catholiques dans l'empire de Russie fixait aussi l'attention de Rome; elle concluait un arrange-ment avec la cour de Lisbonne, dans le but de déraciner un schisme qui désole les possessions portugaises dans les Indes; elle concluait avec un des États de l'Amérique-Méridionale un concordat très favorable aux intérêts de la religion. Voilà les affaires qui ont été sur le tapis, pendant les quelques semaines de mon séjour à Rome, sans parler des affaires courantes que lui apporte sa correspondance continuelle avec toutes les contrées catholiques et avec tous les pays de mission. Il est facile de concevoir quelle hauteur de pensées, quelle largeur de vues doit lui donner cette diplomatie universelle : les petites idées sont impossibles dans ce grand centre du monde.

Un merveilleux esprit d'amour et de dévouement pour les grands intérêts de l'Église s'unit dans la Papauté à la hautenr de l'intelligence. Quelques écrivains catholiques, obéissant à d'autres sentiments que le scrupuleux respect de la vérité, ont pris un triste plaisir à relever dans l'histoire de la papauté les traces que les passions humaines y ont laissées. Les écrivains protestants se sont donné le même plaisir pour l'histoire de l'épiscopat catholique en général; nous n'en disons pas moins aux protestants que l'épiscopat catholique est, de toutes les corporations existantes, celle qui occupe le premier plan dans les annales de la charité. De même, nous n'en dirons pas moins que la suite des Papes, pris en masse, depuis saint Pierre jusqu'à Pie IX, a perpétué à un degré incomparable, cette tradition d'amour, de zèle, de souffrances pour la vérité et la justice, qui a sa source au pied de la croix du Sauveur.

15. Actes récents du Souverain Pontife en faveur de l'épiscopat dont il défend seul les droits légitimes.

⚫ On nous parle de son égoïsme; on nous dit qu'elle aspire à absorber en elle tous les pouvoirs, qu'elle tient surtout à annihiler celui de l'Episcopat.

XXXVI VOL. -2 SÉRIE.-TOM. XVI.-N° 91. 1853.

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Jetez les yeux, Messieurs, sur ce qui s'est passé récemment en Angleterre, sur ce qui se passe aujourd'hui dans la Hollande. Depuis l'établissement du protestantisme, l'épiscopat catholique était aboli dans ces deux pays; les fidèles y étaient gouvernés par de simples vicaires apostoliques, qui, commedels, étaient complètement entre les mains du Pape, révocables à sa volonté, investis d'une autorité précaire. Ce régime serait assurément, bien plus que le régime ordinaire, dans les convenances de Rome, si elle était dirigée par les vues égoïstes que quelques-uns lui prêtent. Qu'a-t-elle fait pourtant? Dès qu'elle a cru pouvoir reconstituer l'épiscopat en Angleterre et en Hollande, sans y exposer les catholiques à de trop rudes persécutions, elle l'a rétabli avec une telle vigueur, et, si j'ose le dire, une telle audace, que quelques hommes politiques se sont demandé si elle oubliait sa prudence traditionnelle. Elle a substitué au mandat provisoire des vicaires apostoliques l'autorité épiscopale régulièrement constituée, à l'arbitraire la loi, au régime exceptionnel le droit commun. Elle s'est dépouillée de cette dictature involontaire que la force des circonstances lui avait imposée. Elle a bravé toutes les irritations populaires, toutes les menaces de la politique, pour reconstituer, là où il n'existe plus, ce pouvoir de l'épiscopat que des préjugés stupident l'accusent de vouloir briser là où il existe. Méprisons, Messieurs, ces misérables criailleries; elles ne ressusciteront pas des idées mortes, elles ne sauveront pas une cause perdue. Qu'importe que quelques hommes croient pouvoir barrer le chemin qui conduit à Rome avec leurs petites idées, leurs petites susceptibilités, le petit droit qu'ils ont fabriqué à leur usage: vieux enfants qui s'imaginent que ces toiles d'araignée pourront arrêter le mouvement qui emporte les esprits vers le centre de l'unité.

46. Exhortation à venir enaide à la reconstruction de l'unité catholique, en favorisant l'union avec Rome.

Pour nous, Messieurs, continuons de travailler, avec un esprit de paix sans doute, mais aussi avec une inébranlable fermeté, à cette reconstruction religieuse et sociale dont Dieu trace le plan sous nos yeux. Que chacun de nous s'empresse d'y concourir à la place qui lui a été assignée, pour la part de labeurs qui lui est dévolue. Si faible que puisse être cette part, apportons tous à l'édifice un grain de poussière. Entrons dans l'esprit dont nos pères étaient animés lorsqu'ils construisirent cette mystique cathédrale, qui est un des plus beaux symboles matériels de l'Église de Dieu. Ceux qui ont amené sur de pauvres charrettes les premières pierres, ceux qui ont

taillé les premiers morceaux de bois de l'échafaudage, savaient bien qu'ils ne verraient pas achever l'édifice; mais ils saluaient d'avance ses voûtes suspendues et ses tours couronnées. En visitant les hautes parties de la basilique, on découvre quelquefois dans un recoin obscur une merveilleuse statuette. Vous êtes souvent passés près d'elle sans la remarquer, il est difficile de s'en approcher assez pour bien la voir, elle se cache plus qu'elle ne se montre, et pourtant l'artiste inconnu, à qui est échue cette petite part de la grande œuvre, semble l'avoir sculpté avec autant de soin, avec autant d'amour que Robert de Luzarches en a mis dans la construction de la cathédrale tout entière semblable à ces fleurs qu'un voyageur, parcourant le sommet d'une haute montagne, rencontre par hasard dans le creux d'un rocher, où personne avant lui ne les a regardées, où personne ne les verra après lui, et dont Dieu pourtant n'a pas moins soigné la beauté que si elles devaient pendant des siècles fixer, à l'égal du soleil, les regards de toute la création.

Voilà, Messieurs, les pensées de foi et d'avenir qui soutenaient les travaux de nos pères. Faisons comme eux, Messieurs, que chacun, de nous travaille avec un grand zèle la petite parcelle qu'il doit fournir pour une œuvre immense; soyons de grand cœur les humbles artisans, et, s'il le faut, les derniers manœuvres pour l'exécution du plan que Dieu a tracé. C'est son Vicaire qui en est, après lui l'architecte; c'est lui qui veut nous employer, jurons-lui qu'il peut compter

sur nous.

Traditions anciennes.

DE L'ORIGINE HIEROGLYPHIQUE

DES FABLES GRECQUES ET LATINES.

A M. BONNETTY, Directeur de l'Université Catholique.

Monsieur,

Dans le dernier numéro de votre journal (juin 1853), vous avez observé avec une grande vérité (tome xv, p. 561) qu'on ne connaîtrait la véritable source des fables indiennes, dont les Grecs ont tiré en grande partie leur mythologie, ainsi que l'a montré il y a

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