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1888.

Épingles en os sculpté trouvées à Lyon

dans la nécropole

de Saint-Just.

Fouilles

de Cherchel.

M. Auguste Nicaise présente à l'Académie des épingles en os sculpté, découvertes à Lyon, dans la nécropole romaine de Saint-Just, qui, depuis quelques années, a donné des monuments si remarquables et si nombreux en tous genres, tombeaux, inscriptions, vases, ornements, bijoux, et notamment plus de cinq cents marques de potier. Ces épingles ont été trouvées dans un vase de bronze renfermant une incinération. Elles constituent, par leur beauté et leur conservation, de très rares monuments d'une civilisation qui a porté fort loin le raffinement et l'élégance dans toutes les choses de la vie. (Comptes rendus, p. 239.)

M. de Vogüé communique un nouveau rapport de M. Victor Waille sur les fouilles de Cherchel (Algérie). (Comptes rendus, p. 241.)

Il ajoute quelques explications verbales sur ces intéressants travaux, qu'il a récemment visités. Il n'y a aucun doute sur la nature du monument déblayé : ce sont des thermes, très probablement construits à l'époque de Commode. L'architecture est celle de l'empire romain, elle en a le caractère officiel et la magnificence. On avait cru que c'étaient les ruines du palais de Juba II; cette opinion n'est plus soutenable aujourd'hui. L'art des derniers rois indigènes avait un tout autre caractère. Il tenait à la fois de l'art grec et de l'art égyptien, comme les monuments répandus sur tout le littoral de la Méditerranée et qui datent de l'époque immédiatement antérieure à la grande expansion de l'art impérial romain. Le Musée de Cherchel renferme une stèle de cette époque. M. de Vogüé en montre la photographie: elle porte une inscription néo-punique, malheureusement mutilée; on ne lit que les formules du commencement et de la fin : «Au seigneur Baal [Hammon]... parce qu'il a exaucé sa prière. » Mais ce texte caractérise le monu

ment : il représente un sacrifice; c'est la première fois peutêtre que cette scène apparaît sur une stèle néo-punique. Le style est mélangé de grec et d'égyptien. Le tombeau connu sous le nom de Medracen offre les mêmes combinaisons hybrides.

En terminant, M. de Vogüé signale à l'attention de l'Académie les fouilles dirigées depuis plusieurs années par M. Duthoit à Thimgad. Elles ont produit des résultats considérables, qui dépassent en importance tout ce qui a été fait en Algérie depuis longtemps. Tout un quartier de l'ancienne ville est déblayé et montre ses rues, son forum, ses boutiques, ses portes, son théâtre; des inscriptions nombreuses sont encore à leurs places primitives. Ces fouilles font le plus grand honneur à l'architecte éminent qui les dirige et que sa modestie seule empêche de se faire connaître. M. de Vogüé est heureux de l'occasion qui lui est offerte de lui rendre justice.

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Séance du 22 juin. M. Ravaisson annonce qu'il a trouvé dans le Musée des antiques du Louvre une tête en marbre qui est une belle reproduction, la plus belle qu'on ait encore, de celle du célèbre bronze de Polyclète, qu'on appelait le Diadumène. Il met sous les yeux des membres de l'Académie un moulage de ce marbre.

M. Ravaisson a aussi retrouvé au Louvre une belle reproduction en marbre du torse du Diadumène. Il se propose de demander qu'il en soit fait un moulage, qui pourra aussi être soumis à l'Académie. Le Diadumène ne pouvait guère être apprécié jusqu'à présent que d'après une médiocre copie, qui a été trouvée à Vaison et qui appartient au Musée britannique.

M. Georges Perrot signale une œuvre nouvellement décou

1888.

Tête en marbre

du Diadumène de Polyclète.

Torse en marbre du Diadumène.

1888.

Chapiteau du temple d'Epidaure.

Antiquités chaldéennes du

Musée du Louvre.

Inscriptions de Tello.

verte, qui paraît pouvoir être attribuée à Polyclète. C'est un chapiteau qui vient d'être trouvé à Épidaure. D'après un témoignage antique, Polyclète était architecte en même temps que sculpteur, et il avait construit le temple d'Épidaure, sur l'emplacement duquel ce fragment a été trouvé. Selon les renseignements transmis par M. Guillaume, de qui M. Perrot tient cette nouvelle, le chapiteau dont il s'agit est un modèle d'une rare perfection et l'on peut, avec vraisemblance, en faire honneur au ciseau du grand artiste.

M. Heuzey communique à l'Académie de nouveaux renseignements sur les antiquités chaldéennes du Musée du Louvre. On ne connaissait jusqu'ici que deux monuments du très ancien roi chaldéen Ourou-kaghina: un barillet de terre cuite au Louvre et une tablette de pierre dans la collection de M. de Clercq. M. Heuzey annonce qu'un troisième monument de ce roi a été reconnu au Louvre. C'est une pierre de support, couverte d'une inscription très fruste et très archaïque, dont il avait été impossible de rien tirer. Un peu de blanc de chaux ayant été passé dans le creux des caractères, qui sont gravés sur une pierre de couleur sombre, M. Amiaud, professeur d'assyriologie à l'École des hautes études, a réussi à déchiffrer par deux fois le nom d'Ourou-kaghina, suivi du titre de « roi de Sirpourla», avec une série de renseignements complétant ceux des deux textes précédemment connus.

M. Heuzey profite de cette communication pour faire connaître à l'Académie les résultats que M. Amiaud a obtenus par l'étude philologique des inscriptions de Tello, et particulièrement de celles des statues, dont il a fait la traduction. La comparaison de tous ces textes lui a permis d'arriver à des conclusions plus précises et neuves en plusieurs points. (Comptes rendus, p. 196.)

M. Oppert rend compte d'une découverte faite en Égypte de tablettes qui portent des inscriptions cunéiformes, datant du temps d'Aménophis III et d'Aménophis IV. (Comptes rendus, p. 197 et 251.)

M. Georges Perrot annonce un don important fait à l'Institut:

«La bibliothèque de l'Institut, dit-il, possède la riche collection des estampages d'inscriptions latines qu'avait formée M. Ernest Desjardins; elle lui a été offerte par la veuve de notre regretté confrère. Sa fille, Mme Rayet, obéissant à une semblable pensée, m'a chargé de présenter à l'Académie la suite des estampages de textes grecs que M. Rayet avait réunis en vue de ses travaux. M. Homolle, ami et collaborateur de M. Rayet, a bien voulu dresser un catalogue de ces estampages, qui devra être joint, dans notre bibliothèque, aux empreintes elles-mêmes, et la note qu'il m'a remise indique quel intérêt peut présenter cette série constituée par un de nos meilleurs épigraphistes. » (Comptes rendus, p. 199.)

M. Clermont-Ganneau adresse au

1888.

Tablettes

avec inscriptions

cunéiformes en Égypte.

Don

des estampages de textes grecs de M. Rayet.

Inscription française

du XIII® siècle

de

Séance du 6 juillet. Président la copie d'un fragment d'inscription française du XIIIe siècle, qui vient d'être trouvé à Saint-Jean-d'Acre. On y Saint-Jean-d'Acre. lit le nom de Hugues Revel, grand maître de l'ordre de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, mort en 1278. (Comptes rendus, p. 324; cf. p. 319 et 371.)

M. Ravaisson présente le moulage d'un torse en marbre du Musée du Louvre, qui lui paraît provenir, comme il l'a dit dans une séance précédente, d'une très belle reproduction du Diadumène de Polyclète. Ce torse est surmonté, au Louvre, d'une tête romaine, et une restauration moderne y a ajouté des bras et des jambes. C'est ce qui explique pourquoi on

Regrettable

restauration

du Diadumène de Polyclète.

1888.

Inscriptions romaines

n'en avait pas remarqué jusqu'à présent la rare beauté. On a là un exemple, auquel on en pourrait joindre une infinité d'autres, du tort que font à l'histoire et à la critique de l'art antique d'indiscrètes restaurations. Il serait à désirer qu'on s'en abstînt à l'avenir, et non moins à l'égard de nos monuments du moyen âge qu'à l'égard de ceux qui nous restent de l'antiquité.

M. Héron de Villefosse présente à l'Académie le texte de trouvées au Maroc. deux inscriptions romaines découvertes au Maroc par M. de la Martinière. Ces inscriptions ont été trouvées sur l'emplacement de l'ancienne ville de Volubilis, qui porte aujourd'hui le nom de Ksar-Faraoun. La première est une dédicace en l'honneur d'Isis; la seconde rappelle une statue élevée à un citoyen de Volubilis et contient la mention de l'ordo Volubilitanorum.

Mission académique en Tunisic.

Belle tête

de brzueo

D'après des nouvelles récemment reçues du Maroc, M. de la Martinière aurait, depuis cette trouvaille, découvert quatorze nouveaux textes. C'est une contribution précieuse pour l'épigraphie romaine de l'Afrique et en particulier pour celle de la province de Maurétanie Tingitane, dans toute l'étendue de laquelle on n'avait jusqu'ici découvert que huit à dix textes.

du

M. Héron de Villefosse rend compte ensuite à l'Académie voyage qu'il vient de faire en Algérie et en Tunisie avec MM. Wallon et Perrot. (Comptes rendus, p. 302.)

Séance du 20 juillet. M. Héron de Villefosse communique ouvée à Lozoux. la photographie d'une tête de bronze récemment découverte à Lezoux (Puy-de-Dôme) par M. le docteur Plicque.

Cette tête, d'une exécution fort remarquable et d'un style tout à fait surprenant, représente un personnage barbu, la tête surmontée de cornes de taureau. On pense, en l'examinant, à la figure du fleuve Achéloüs et il est très probable en tout cas

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