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IL SE RÉCONCILIE AVEC SON FRÈRE. 293 le crime était antérieur à son couronnement; enfin il rétablissait expressément les lois et coutumes du roi Édouard, corrigées par son père Guillaume.'

Ses promesses ne restèrent pas sans effet. On s'arma pour la défense de son trône. Il marcha ensuite contre les Normands. Quand les deux partis furent en présence, les parens et amis se reconnurent mutuellement; il y eut de part et d'autre une grande répugnance à en venir aux mains. Les conseillers prudens de Henri en profitèrent pour l'engager à recourir aux négociations. Henri, connaissant le caractère vacillant de son frère, et sa pénurie constante, alla le trouver, et sut si bien s'emparer de sa volonté dans cet entretien que Robert promit de se retirer sans coup férir, et qu'il renonça à toutes ses prétentions sur le trône anglais, moyennant une pension annuelle de 3,000 marcs d'argent. Henri, de son côté, abandonna entièrement ses droits sur le Cotentin, et ne se réserva que la place de Domfront, qu'il avait

On trouve une traduction de cette charte et du discours de Henri dans le Ge essai, chap. 2, de Guizot, Essai sur l'Histoire de France.

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PACTE ENTRE LES DEUX FRÈRES.

promis de ne jamais aliéner. Les deux frères s'engagèrent à rendre aux partisans de l'un et de l'autre, en Normandie et en Angleterre, les terres et les honneurs dont on les avait privés ; à reprendre les domaines de leur père, dont une grande partie avait été aliénée; à vivre désormais en paix et bonne intelligence, et à punir mutuellement ceux qui trameraient des complots contre l'un d'eux.

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CHAPITRE IV.

Henri saisit les fiefs de Robert de Bellême en Angleterre. Robert Courteheuse se rend en Angleterre pour réclamer la restitution des biens de ses barons. Il est forcé de renoncer à sa pension. -Guerre féodale en Normandie au sujet de la succession de Guillaume de Breteuil. Le duc de Normandie fait la paix avec Robert de Bellême. - Henri, roi d'Angleterre, débarque en Normandie. Robert Courteheuse se réconcilie avec lui. —Nouveau voyage de Henri sur le contiSermon politique prêché par l'évêque de Séez devant la cour du roi à Carentan. —Origine des querelles entre cet évêque et Robert de Bellême.

nent.

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lures scandalise le clergé.

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- La mode des longues cheve

- Siége de Bayeux, duel entre deux chevaliers. Incendie et prise de la ville. - Caen se rend au roi. Henri revient en Normandie en 1106. -Bataille de Tinchebrai, entre les armées de Henri et de Robert Courteheuse. Celui-ci est fait prisonnier. Robert de Bellême fait sa paix avec le roi-Henri tient une cour plénière à Lisieux. Articles qui y sont délibérés et arrêtés.

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Ce traité, conclu sans la participation des barons, réjouit les Anglais, qui se virent tout à coup délivrés du danger de l'invasion; mais il indigna les barons normands, compromis, à l'égard de leurs fiefs en Angleterre, pour avoir embrassé la cause de l'aîné des deux frères. Ils se virent de nou

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II02. ROBERT DE BELLEME

veau abandonnés et sacrifiés par leur duc, qu'ils avaient voulu mettre sur le trône. Il n'intercéda point pour eux auprès de Henri, quoiqu'il passât encore deux mois à la cour de son frère avant de retourner en Normandie; plusieurs d'entre eux le suivirent après avoir perdu tout ce qu'ils possédaient en Angleterre. De ce nombre était Guillaume de Varenne, qui déplaisait à Henri à cause des railleries qu'il avait faites au sujet de la passion de ce prince pour la chasse, à l'époque où Henri, sans terre et sans dignité, n'avait guère d'autre occupation. Yves de Granteménil eut aussi ses terres saisies, et il ne put obtenir sa grâce qu'en partant pour la croisade, et en laissant pour quinze ans ses fiefs entre les mains du roi, qui lui avança 500 marcs d'argent pour son équipement.'

Robert de Bellême fut poursuivi, en 1102, avec plus de solennité : ce puissant baron venait de fortifier Shrewsbury, Arundel et d'autres châteaux. Il avait à sa solde un corps de troupes galloises: c'était presque un roi dans ses domaines. Un acte contenant quarante-cinq chefs d'accusation fut dressé contre lui, et il fut sommé de.

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PRIVÉ DE SES FIEFS EN ANGLETERRE.

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comparaître devant la cour de justice du roi, pour y répondre. Il comparut en effet, mais seulement pour demander un délai afin de pouvoir préparer sa défense. Ayant vu sans doute la cour mal disposée, il se hâta de jeter des troupes dans ses forts d'Arundel, Shrewsbury, Blithe et Bridgenorth auprès du pays de Galles, afin de s'y défendre. Malgré l'intercession de ses amis, et malgré les secours que lui fournissaient les Gallois, il fut poursuivi avec vigueur par les troupes anglaises; celles-ci prirent ses forts, vaillamment défendus par les garnisons normandes, et il dut s'estimer heureux de pouvoir se retirer sain et sauf de l'Angleterre, où tous ses fiefs furent saisis par Henri '. Mais Robert de Bellême, habitué aux vicissitudes du sort, savait diriger la fortune lorsqu'elle paraissait l'abandonner. Il lui restait de vastes domaines en Normandie; il y joignit le comté de Ponthieu, vacant par la mort du comte, son beaupère, qui avait éprouvé aussi la barbarie de ce baron farouche; car Robert de Bellême avait fait enfermer, comme nous avons dit, sa propre femme dans un des donjons de ses châteaux.

Orderic Vital, lib. 10.

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