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M. Brown procède, ses ancêtres nous sont connus et la lignée tout entière ne date pas de plus loin que le siècle dernier. C'est un petit-fils de ces Anglais qui ont trouvé une gamme de couleur à eux, des harmonies claires et des tons sonores; par cela même ils constituent, avec leur petit cénacle restreint et bien composé, tout un charmant aréopage de coloristes aristocratiques très-distingués et qui sont bien de leur pays. Pourquoi M. Lewis Brown, qui est né à Bordeaux, se réclame-t-il tout d'un coup de Bonington, de Dobson, de Gainsborough, de Lawrence, de Constable et de Crome? Je l'ignore et je n'ai pas à le rechercher, mais le fait est évident. Ce n'est ni le cerveau ni la raison qui nous touchent dans M. Brown; c'est l'œil du peintre et sa palette; il a des jaunes soufre, des vermillons, des roses de Chine à lui; les couleurs de son bouquet ne ressemblent pas à celles des fleurs des autres, et, comme il a sa palette, il a aussi son monde dans lequel il gravite. Ce que disent ses personnages nous est assez indifférent, ce que ses amazones viennent chercher sur les plages nous ne le demandons pas davantage. Pourquoi ces relais, ces rencontres, ces cavalcades, ces bivouacs et ces reconnaissances; pourquoi ces attaques et ces rendez-vous? Demandons-nous aux fleurs ce qu'elles pensent? C'est dire que les sujets que choisit l'artiste nous sont indifférents. Où a-t-il connu Lafayette, M. de Rochambeau et Washington? qu'est-ce que cet officier de la maréchaussée vient faire, solitaire sur cette grève? quel vaisseau attend-il? pourquoi cette impatience, et quelle raison a-t-il pour braquer ainsi sa longue vue sur l'horizon liquide? Qu'il peigne la Marée montante et le Voyage sentimental, comme cette année, ou des épisodes de la guerre d'Amérique, comme les années précédentes, peu nous importe; l'impression qui nous reste est celle qu'on ressent en regardant un bouquet, on oublie la forme qui n'est pas toujours bien nette, et la pensée qui est parfois absente singulière particularité qui rend bien notre pensée et qui doit la compléter pour le lecteur, nous pourrions dire la couleur de la robe de son cheval de l'an passé et le ton de la jaquette de son officier de Royal-Champagne, avec toutes les nuances qu'il avait juxtaposées dans les divers tableaux qu'il expose depuis quelques années; mais nous ne pourrions préciser quel était le sujet qui servait de prétexte à ces brillants échantillons.

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M. Detaille est en progrès, il faut le lui dire, car nous avions craint un instant de le voir se perdre dans les infiniment petits; son tableau En reconnaissance est de tous points une œuvre excellente, c'est franc, solide, clair et en même temps l'expression picturale est à la hauteur de la conception nette et précise. Un bataillon de chasseurs à pied envoyé

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