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XI. Indiquons simplement le château princier de Stors, reconstruit au dernier siècle sur les dessins de Mansard; nous espérons en faire l'objet d'une étude spéciale.

XII. — Nous nous proposons aussi de donner une notice sur l'ancien fief de Cassan. Citons également le nouveau château qui vient de remplacer l'antique manoir des Vanneaux, nom emprunté sûrement à ces oiseaux aquatiques qui peuplaient les étangs de cette délicieuse vallée.

XIII.

Enfin prosternons-nous devant cette croix qu'une main a pieusement plantée à l'endroit même où s'élevait, suivant le dicton populaire, le vieux moutier, l'une des quatre églises que la foi de nos pères avait construites dans cette fertile contrée, à laquelle il nous plaît encore de donner ce nom bien-aimé : la France.

III

Sur quelques personnes de marque

QUI PAR LEUR NAISSANCE, LEUR SÉJOUR OU LEUR SIMPLE PASSAGE ONT CONTRIBUÉ A LA GLOIRE DE L'ISLE-ADAM

Il est inutile de rappeler ici les noms des seigneurs dont il est fait mention dans la présente notice.

Ouvrons cette liste glorieuse par le célèbre géographe Cassini, qui tint sur les fonts de baptême l'un des nombreux enfants de Bardou de Valicieux.

François-Louis Magallon, comte de La Morlière, général de division, né à l'Isle-Adam le 26 octobre 1754, et décédé à Paris le 30 décembre 1825. Sous la République, il fut nommé gouverneur des îles de Bourbon, de France, et des établissements français dans l'Inde.

Charles-Auguste Mathias Horix de Valdan, décédé à l'Isle-Adam le 5 janvier 1883, dans sa 73° année. Le général Horix de Valdan, pendant le siège de la capitale, fut promu aux fonctions de chef d'état-major-général. C'est en cette qualité qu'il a été chargé de la douloureuse mission d'aller à Versailles, accompagné de Jules Favre, pour discuter les conditions de l'armistice et signer la capitulation de Paris. Cet acte, imposé par les circonstances, jeta une profonde

tristesse dans l'âme de notre général, et c'est après avoir déposé son épée qu'il s'était retiré à l'Isle-Adam.

Le peintre Fragonard, avec sa famille, était l'hôte de M. Bergeret, fermier général, au château de Cassan.

Au nombre des artistes qui ont pris séjour à l'Isle-Adam, nous pouvons nommer:

Jules Duprez, célèbre paysagiste,

Victor Le Chenetier, peintre en miniature,
Valentin Foulquier, l'habile aqua-fortiste.

Nous pouvons encore citer, comme hôtes passagers du château de Stors, les peintres Hébert et Benouville.

Nous venons de nommer le château de Stors, le rendez-vous de toutes les illustrations passées et contemporaines.

Le marquis de Verderonne, qui avait succédé à la famille de Laubespine dans la possession du domaine de Stors. Lorsque ce petit seigneur venait rendre hommage et visite au prince de Conti, son suzerain, il attelait à son carrosse six chevaux blancs; aussi le prince ne manquait pas de dire en plaisantant : Voici le marquis qui nous arrive avec ses six blancs.

Ce fut ce seigneur qui vendit Stors au prince de Conti en 1743; dès lors ce château devint la résidence de Mme d'Arty, qui auparavant habitait le château de l'Isle-Adam.

J.-J. Rousseau était reçu à Stors du temps de Mme d'Arty; c'était aussi le rendez-vous des princes du sang où ils se livraient à de joyeux ébats.

Depuis le commencement du siècle, les propriétaires du château de Stors ont été :

M. Ardant, auquel a succédé sa fille.

Mme Kapeler, non moins recommandable par sa vaste érudition que par son grand amour pour toutes les œuvres charitables.

M. Keller, duc de Valmy, devint acquéreur de Stors; c'est lui qui offrit la gracieuse hospitalité à M. le comte de Falloux, alors ministre de l'instruction publique et des cultes, à Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, et à Mgr Parisis, évêque d'Arras.

M. Cheuvreux-Aubertot succéda à M. le duc de Valmy. Sous ce nouveau Mécène toutes les illustrations accourent au château de Stors; citons en premier lieu, et comme neveu de M. Cheuvreux : M. Léon Say, ancien ministre des finances, ambassadeur d'Angleterre et actuellement sénateur;

M. le comte de Montebello, ambassadeur à Bruxelles;
M. Thiers, ancien président de la République;

J.-J. Ampère, membre de l'Institut;

Le Père Gratry, de l'Oratoire, et membre de l'Académie française; Son Em. le cardinal Morlot, archevêque de Paris.

Citons avec reconnaissance le célèbre Dupré qui, pendant un certain nombre d'années, a donné des Concerts au profit de nos indigents.

Notre devoir est de ne pas oublier ici M. Chantepie-Mancier qui, sous l'inspiration de sa pieuse femme, a construit l'hospice, et l'a doté des revenus pour six lits.

Ce n'est pas sans orgueil que notre modeste village présente ces titres de noblesse.

IV

Sur les rues de l'Isle-Adam

On entre dans le bourg de l'Isle-Adam par le pont du Moulin, ainsi nommé à cause du moulin banal, dépendance de la seigneurie, qui y était établi.

Du pont du Moulin, en traversant l'île du château et du prieuré, on arrive au pont de la Cohue, sur lequel s'élevait autrefois une grande croix de forme pyramidale. Sur le socle de cette croix, on lisait une inscription gravée sur un marbre noir, qui indiquait la date de sa reconstruction. Ce pont est dit de la Cohue, du nom de cet îlot; c'est là qu'on se réunissait pour apprendre et surtout pour débiter des nouvelles plus ou moins vraies, et trop souvent soufflées par la médisance; c'est là que les flâneurs s'abordaient avec cette question : « Quid novi? »

Enfin l'île de la Cohue est reliée à la Grande-Rue par le pont du Cabouillet; il est probable que ce nom lui vient de son constructeur, à moins que ce ne soit un terme quelque peu altéré de la navigation.

La Grande-Rue s'appelait autrefois la rue du Château dans cette rue se trouvait l'hôtel Saint-Nicolas, il y a bientôt deux cents ans; cette auberge, plus ancienne que celle de l'Ecu-de-France, se trouvait dans les bâtiments ci-devant occupés par la boucherie Lachasse. Dans cette même rue et à gauche se trouvaient le grand et le petit hôtel Bergeret.

En passant devant l'Eglise paroissiale, on entre dans la rue SaintLazare: cette dénomination lui vient de la Maladrerie qui était au lieu dit « la Ferme du Curé. » Le vocable de la chapelle était ordinairement celui de Saint-Lazare. Don Mabillon, le savant bénédictin,

pense que cette dénomination vient du pauvre Lazare qui se tenait à la porte du riche et non de Lazare ressuscité par Notre-Seigneur. Les maladreries ont cessé d'exister en France au xve siècle, il n'y avait plus de lépreux. Au xviie siècle ce petit bénéfice a été réuni à la Cure, afin d'aider à la subsistance des prêtres missionnaires dits: les Joséphistes.

Dans la même rue Saint-Lazare, mais plus près de l'église, s'ouvre la rue des Bons-Hommes; cette rue tire son nom du couvent des Bons-Hommes établi à Maffliers, à l'extrémité de la forêt de l'IsleAdam.

L'avenue des Marronniers, ou route de Paris, traverse les maisons neuves que le Père Prince avait fait construire sur une place uniforme. Presque toutes ces constructions, dont le second étage était mansardé, ont été remplacées par d'autres plus commodes peut-être, mais d'un aspect moins agréable. Deux maisons seules ont conservé leur forme primitive.

Au haut de l'avenue et à gauche est la rue de la Haute-Salle, lieu où l'on rendait la justice.

Au carrefour du Gros-Orme, ancien arbre de la liberté, viennent aboutir les rues Poupart et du Gué la première a pris son nom d'une famille importante qui y demeurait. Cette dénomination est un gage précieux de la reconnaissance publique pour cette honorable famille qui signale sa générosité par des donations, ainsi qu'en font foi nos archives.

La rue du Gué, dite autrefois la rue du Rû, doit son nom à un ruisseau qui provenait des sources voisines. Les eaux de ce ruisseau ont été en partie captées par la propriété de M. Flicotteau qui côtoie

cette rue.

La rue du Guilleri semble consacrer le souvenir des chants joyeux des moineaux qui venaient se désaltérer dans l'eau limpide du gué pour se rassembler ensuite sous les frais ombrages des tilleuls, à la fleur odorante et sanitaire, qui bordaient la rue du Tillet.

Des rues du Tillet et du Guilleri, on entre dans la rue du Martray (Martroy Martyrium), c'est le nom qu'on donnait ordinairement aux cimetières qui entouraient les églises. A en croire la tradition, le cimetière de Nogent devait occuper un vaste espace, car on venait y enterrer de Saint-Denis. Des cercueils en pierre ont été trouvés jusque dans le parc de Cassan bien au-delà des limites de cet ancien fief.

Les rues de Saint-Martin, de la Procession, de la Madeleine indiquent suffisamment les abords de l'antique église de Nogent.

La Grande-Rue de Nogent ne rappelle aucun souvenir; elle partait de la rue du Tillet et finissait au carrefour de la porte ou route de Beaumont, non loin du ru d'Orgueil.

Indiquons enfin le chemin de la Madeleine qui conduisait à la chapelle du hameau de Stors, dédiée à Sainte-Marie-Madeleine. Presque toujours, à quelque distance des léproseries, il y avait une résidence appelée la Madeleine; c'est là qu'on envoyait les convalescents achever leur guérison. Souvent on les occupait à fabriquer des cordages.

Parmi les lieux dits du territoire de l'Isle-Adam, nous devons expliquer quelques désignations: Petite-Bouverie, Grande-Bouverie, entre les Deux-Bouveries. Ces lieux dits se trouvaient sur la voie aux vaches, entre l'extrémité du parc de Cassan et la plaine des Vanneaux, à droite et à mi-côte du bois dit Laris.

L'étimologie du mot bouverie ne vient pas de bos, bovis, bœuf; on peut la trouver dans le vieux mot celtique bod; il s'écrit en ronchi ou patois picard, bos; il signifie, bois, bosquet, dont on a fait boquillon, bokillon, bûcheron. Le radical de ce mot celtique serait bod, bos, bou, qui nous ont donné bois, bove ou bouverie.

Ce serait donc se tromper que de donner à ces lieux dits une origine d'étables creusées sous terre, pour retirer les troupeaux de bœufs, après leur pâturage dans les prairies de la vallée. (1)

Nous devons donc voir, dans ces bouveries, des demeures creusées sous la terre pour servir de retraite aux populations primitives qui se sont établies dans nos contrées.

Il était important de ne pas laisser s'effacer ce faible vestige des temps préhistoriques ou celtiques dans notre contrée.

Citons aussi le lieu dit la Plaine-des-Lances, sans doute à cause des nombreuses trouvailles de ces armes de combat; il est probable que ces trouvailles sont fort anciennes, car aucune de ces lances n'est parvenue jusqu'à nous.

Indiquons enfin une station gallo-romaine qui se trouvait en haut du parc de Stors. Un certain nombre d'objets en bronze ont été trouvés en cet endroit au commencement du siècle.

(1) Ces bouveries étaient situées non loin du hameau de Presles, et, coincidence assez bizarre, on trouve dans le département de l'Aisne, canton de Braisne, un hameau dit Presles et Boves.

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