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sements. Cependant, la discipline de l'école est généralement bonne. Le Conseil départemental désirerait que les maîtres fussent en communication plus fréquente avec les élèves pendant les récréations. Quant aux études, malgré la privation d'un maître adjoint pendant un trimestre et une suspension de travail d'un mois, elles ont donné des résultats satisfaisants dans les diverses branches d'enseignement.

Nous devons une mention particulière à l'enseignement du chant. Les méthodes si simples de M. Danel et son dévouement au-dessus de tout éloge, nous assurent maintenant des maîtres capables de former d'excellentes écoles de chant.

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COURS NORMAL D'INSTITUTRICES. Le cours normal d'institutrices est toujours dirigé avec le plus grand zèle et les plus heureux succès. Les institutrices qui sortent de cette maison se distinguent généralement autant par leur esprit de conduite que par leur aptitude, et MM. les inspecteurs en rendent le meilleur témoignage. Chaque année, presque toutes reviennent passer quelques jours dans la maison, afin de puiser dans une retraite spéciale de nouvelles forces pour s'acquitter dignement de leur mission.

Les examens auxquels les élèves du cours normal ont été soumises pendant le cours de l'année ont prouvé qu'elles ont bien profité des leçons de leurs maîtresses, et qu'elles sont à même d'exposer convenablement une leçon sur les diverses parties du programme. Nous avons seulement dû insister pour que les procédés d'enseignement occupassent une plus grande place. Les élèves-maîtresses sont d'ailleurs exercées à la pratique dans la classe communale annexée à l'établissement. Les travaux d'aiguille se font avec beaucoup de soin.

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COMMISSION D'INSTRUCTION PRIMAIRE. - La commission d'examen pour les brevets de capacité a eu à examiner dans la session d'août 57 candidats, et elle en a admis 23, dont 4 avec le brevet complet et: 9 avec la mention d'une ou plu sieurs matières facultatives. Les élèves de l'école normale se sont placés aux premiers rangs dans ces examens. A la session d'avril, 66 candidats ont été examinés, un seul a com

plété son brevet et 14 candidats ont obtenu le brevet élémentaire.

Pour les institutrices, la Commission a examiné dans la session d'août 42 aspirantes, et en a admis 25, dont 5 au brevet de premier ordre, 8 avec mention des matières facultatives. Deux élèves du cours normal qui avaient échoué dans cet examen ont réparé cet échec au mois d'avril. Dans cette session, sur 31 aspirantes examinées, 13 ont été reconnues aptes au brevet, et parmi elles 3 ont obtenu le brevet supérieur.

La Commission a constaté, comme dans les épreuves précédentes, la supériorité des aspirantes sous le rapport du style, mais surtout dans la session d'avril elle a dû manifester aux candidats tout son étonnement de les trouver si peu préparés sur les procédés d'enseignement.

La Commission pour le certificat d'aptitude à la direction des salles d'asile, dans la session d'août, a examiné 10 aspi rantes, et 8 d'entre elles ont été reconnues dignes du certificat.

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DÉLÉGATION CANTONALE. La délégation cantonale continue à exercer sur l'instruction primaire une salutaire influence. Plusieurs créations d'écoles de filles sont dues à l'insistance de MM. les délégués auprès des administrations communales. Les écoles reçoivent assez régulièrement leur visite en gé néral, ils rendent bon témoignage des instituteurs, dont ils surveillent attentivement la conduite.

INSPECTEURS PRIMAIRES. MM. les inspecteurs nous ont efficacement secondé dans notre tâche et ont fait preuve de zèle et d'activité dans la surveillance des écoles. Grâce à leurs efforts persévérants et aux conseils multipliés qu'ils ont donnés aux instituteurs pendant la visite des classes et dans les réunions cantonales, nous voyons les méthodes se perfectionner, les instituteurs s'animer d'un grand zèle, et nous pouvons espérer que l'institution primaire marchera résolûment dans la voie du progrès.

En résumé, nous avons été heureux de constater un accroissement continu et marqué dans la population des écoles

et nous avons pu constater aussi dans l'enseignement des progrès sérieux.

Les candidats à l'école normale sont plus nombreux que les années précédentes, et nous pensons que la mesure par laquelle le traitement des instituteurs suppléants a été élevé à 600 francs nous permettra dans la suite d'assurer le recrutement des instituteurs que nous n'avons pas dû demander cette année aux départements voisins.

L'élévation du taux de la rétribution scolaire demandée par le Conseil d'arrondissement d'Avesnes semble au Conseil départemental une mesure utile et dont on pourrait d'ailleurs adoucir la rigueur, si on donnait une prime à l'assiduité en autorisant dans les communes un abonnement annuel, facultatif des parents, représentant les trois cinquièmes de la rétribution mensuelle totalisée pour onze mois d'école. Cette mesure, récemment mise en pratique dans le Pas-de-Calais, a produit uné fréquentation plus assidue et elle a eu pour effet d'augmenter le chiffre de la rétribution. Elle sera mise à l'essai dans quelques communes.

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VEUX DES CONSEILS D'ARRONDISSEMENT. Le Conseil départemental termine son rapport en mentionnant les vœux émis par les Conseils d'arrondissement. Depuis deux ans nous avons pu assurer aux institutrices communales un minimum de traitement de 500 francs comme le désire le Conseil de Cambrai, mais il ne semble pas indispensable de les assimiler pour le minimum aux instituteurs, et le Conseil départemental ne partage pas, sur ce point, le désir du Conseil de Dunkerque, parce que, si l'institutrice conserve une toilette modeste comme celle qui a été prescrite pour le cours normal, elle pourra vivre avec moins de dépenses.

Le Conseil de Douai sollicite l'annexion d'ouvroirs aux écoles de filles; mais, dans les écoles bien dirigées, une part convenable de la classe est consacrée aux ouvrages manuels, et si des communes populeuses éprouvent le besoin de ces utiles établissements, l'annexion d'une sous-maîtresse à l'institutrice sera la seule dépense qu'elles auront à faire.

Le Conseil départemental appuie le vœu du Conseil

d'Avesnes et insiste pour que la rétribution dans les écoles de filles soit perçue d'une manière obligatoire, dans la même forme que pour les écoles de garçons.

Le Conseil d'arrondissement de Lille demande qu'au moins dans la belle saison la durée de la classe soit prolongée; mais, si l'activité des maîtres est parvenue à fixer pendant trois heures l'attention des enfants, nous trouverons certainement dans l'école des progrès sérieux, et si l'on augmentait la durée de la classe, il serait aussi utile pour le maître que pour les élèves de la partager par une courte récréation.

Bien que les fonds alloués pour récompenses aux instituteurs les plus méritants soient déjà assez élevés, il est certain qu'une augmentation de 600 francs encouragerait les institu

teurs.

Fait à Lille, en Conseil départemental, le 12 août 1858. Le Préfet du Nord,

VALLON.

PÉDAGOGIE.

DE LA LOI DU RESPECT ENVERS L'INSTITUTEUR.

Parmi les vertus les plus nécessaires à l'instituteur, je nommerai toujours en première ligne la sainteté des mœurs, la fermeté du caractère, une patience inaltérable, l'abnégation, l'amour le plus désintéressé, et en même temps l'intelligence, le savoir, la docilité.

Eh bien ! c'est d'abord à tous ces titres que je réclame le respect pour l'instituteur; et si je veux un respect profond, filial, religieux, c'est que l'instituteur a manifestement droit à tous les respects qui sont dus à la dignité paternelle ellemême, c'est-à-dire à la plus sainte autorité et aux plus grands services.

Voilà ce que doivent comprendre les enfants, et les parents aussi; car le respect de l'enfant pour ses instituteurs dépend beaucoup de celui que les parents eux-mêmes leur témoignent. Malheureusement, il faut ajouter que quand les parents n'ont pas le respect convenable pour les instituteurs de leurs enfants, les instituteurs n'en inspirent guère aux enfants pour personne; et il sort de là cette triste jeunesse que nous connaissons.

Quelle que soit la distance que puisse laisser, entre un instituteur et des parents, leur fortune, leur naissance, ils doivent sentir que, quand ils lui confient l'éducation de leurs enfants, c'est-à-dire ce qu'ils ont de plus cher au monde, ils lui montrent par là une confiance telle, qu'ils se doivent à eux-mêmes de la respecter; ils élèvent cet homme jusqu'à eux, et désormais la considération, les ménagements, les égards et toutes les délicatesses de leur respect pour lui n'iront jamais trop loin.

Aussi, je n'ai jamais pu voir sans tristesse des parents, sous la funeste influence de je ne sais quelle légèreté, méconnaître une si grave obligation, traiter avec dédain les instituteurs de leur choix, et oublier ainsi, non-seulement ce qu'ils doivent à eux-mêmes, mais, ce qui est déplorable encore, ce qu'ils doivent à leurs enfants.

Qui n'a éprouvé une impression plus pénible encore, en entendant des parents, et cela même devant les enfants, nommer un précepteur par son nom tout court, sans faire précéder ce nom de la formule la plus vulgaire du respect?

«Le respect, voilà notre grande dette envers nos institu<«<teurs, disait Sénèque. Ils sont nos bienfaiteurs, et il y a << des bienfaits qui valent mieux que tous les prix par les« quels on chercherait à les reconnaître. Quand il s'agit de «<l'éducation et de ces belles connaissances qui sont le sou<< tien et l'ornement de la vie, peut-on croire sans bassesse « avoir acquitté sa dette, parce qu'on a payé un salaire con« venu? Non, quoi qu'on ait fait à cet égard, on doit toujours <«< à un instituteur le salaire du cœur, le prix du respect.

<< Quoi ! disait encore ce même philosophe, mon institu

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