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fection dévouée; il faut allumer en lui une ardeur qui le fasse aspirer à un perfectionnement toujours nouveau, et cependant le prémunir contre toute ambition indiscrète qui le détournerait de la modeste carrière à laquelle il s'est voué.

La solution de ce problème difficile ne se trouve que dans le christianisme. C'est lui seul qui nous apprend à faire l'euvre que la Providence met devant nous; à ne pas chercher essentiellement nos satisfactions au dehors, mais au dedans, et à aimer toute position dans laquelle on peut glorifier Dieu et se rendre utile à ses semblables. Or quelle position est plus favorable, à ce point de vue, que celle de l'instituteur primaire qui prépare, par son influence et par son travail, le bonheur de la génération qui va paraître?

L. F. F. GAUTHEY.

LE CADRAN MOBILE UNIVERSEL (1).

Nous sommes bien loin du temps où nos pères étaient obligés d'attendre un rayon de soleil pour connaître l'heure, ou de retourner vingt-quatre fois par jour (quelquefois plus), leurs sabliers et leurs clepsydres pour mesurer le temps. Grâce à nos montres et à nos pendules, nous connaissons facilement aujourd'hui à quel moment nous sommes de la journée, et nous ne pensons guère aux difficultés que le monde a éprouvées, pendant près de cinq mille ans, pour connaître l'heure, ni aux efforts qu'on a dû faire pour les surmonter.

Jusqu'au septième siècle de notre ère, on ne connaissait d'autres horloges que les cadrans solaires, les sabliers et les clepsydres. Mais ces horloges incommodes s'arrêtaient à l'instant même où le soleil disparaissait, ou quand le sable et

l'in

(1) Nous reproduisons très-volontiers cet article, à cause de l'intérêt de curiosité qu'il est de nature à exciter; mais il serait désirable que venteur, M. Loncq, pût, très-prochainement, donner quelques probabilités -satisfaisantes du mérite réel de son invention.

l'eau finissaient de s'écouler des fioles qui les conténaient. Il fallait à l'homme des machines plus exactes, plus régulières et plus commodes.

Frappé de ces graves inconvénients, quelque homme de génie, dont le nom ne nous est point parvenu, a enfin, 'sans doute après bien du travail, inventé, il y a mille ans environ, les premières horloges à rouages qui marchaient à l'aide d'un poids suspendu, comme on le voit encore dans nos campagnes.

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Mais, au bout de plusieurs siècles, on reconnut que ces horloges, déjà si parfaites, avaient encore certains inconvénients, et on imagina, il y a environ trois cents ans, de remplacer les poids par des ressorts: ce qui permit de placer les horloges, ou pendules, sur des meubles au lieu de les suspendre le long de murailles.

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On les dégrossit peu à peu, et l'on eut bientôt des horloges de poche la montre était trouvée.

Les premières de ces montres étaient de lourdes et grossières machines, à peines portatives, sept ou huit fois plus grossés que celles d'à présent; mais, depuis soixante ans, on les a tellement perfectionnées et dégrossies, qu'on en trouve aujourd'hui qui ne sont guère plus épaisses qu'une pièce de deux francs.

Pourtant ces montres si régulières, qui seraient parfaites si l'heure était partout la même, sont encore fort incomplètes et présentent encore bien des inconvénients pour les voyageurs, les marins, les négociants, etc.

En effet, le voyageur qui part de Paris pour se rendre à Saint-Pétersbourg, où l'on arrive maintenant presque en un elin d'œil, grâce au chemin de fer, est obligé, en y arrivant, d'avancer sa montre d'une heure quarante-sept minutes pour avoir l'heure de cette ville. S'il revient par Vienne, il est encore obligé de retoucher à sa montre et de la retarder, cette fois, de cinquante-cinq minutes, et ainsi de suite, l'heure variant toujours suivant les contrées et les villes. Les marins retrouvent les mêmes inconvénients dans leurs courses autour du monde. Toutefois on a inventé, pour ces derniers,

des montres d'une très-grande perfection appelées chronomètres, mais qui, à cause de leur prix, ont l'inconvénient de n'être pas à la portée de tous les marins.

La dépêche télégraphique qui part de Londres à huit heures du matin arrive à la Nouvelle-Orléans environ sept heures plus tôt, c'est-à-dire au milieu de la nuit. En sorte que si, après son déjeuner, un négociant de Londres voulait correspondre, au moyen du télégraphe sous-marin, avec un négociant de la Nouvelle-Orléans, il faudrait aller éveiller celui-ci, au milieu d'une grande ville, dans un moment où il serait sans doute profondément endormi: ce à quoi l'Anglais importun n'au̟rait sans doute pas pensé en jetant les yeux sur le cadran de sa montre ou de sa pendule. -Voilà, en effet, de graves inconvénients. Pour y obvier, on a déjà inventé, il est vrai, des montres qui indiquent l'heure de plusieurs grandes villes, au moyen d'une complication de mécanisme et de cadrans qui doivent fatiguer les rouages et les ressorts, et qui, par conséquent, peuvent singulièrement nuire à la parfaite régularité de leur marche.

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Mais voici, relativement à ces montres, un nouveau perfectionnement et une grande simplification qui seront sans doute accueillis avec empressement de tous les amateurs du progrès.

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Un jeune homme du département de l'Aisne, le sieur Loneq, de Chambry, près Laon, actuellement clerc de notaire à Montaigu, canton de Sissonne, vient de terminer, à force de patience, un travail curieux et assez original : un Cadran mobile universel, qui simplifie beaucoup tout ce qu'on a essayé jusqu'ici de faire en ce genre. Cet ingénieux travail, aussi utile qu'intéressant, indique en même temps, au moyen d'une combinaison claire et facile à comprendre, l'heure exacte de soixante villes principales disséminées sur tous les points du globe. Presque sans modification, l'inventeur pourrait aisément changer et remplacer telle ou telle ville et même toutes, au gré des amateurs, qui seraient tou-jours parfaitement libres d'en faire eux-mêmes le choix, Ce cadran, qui ferait, nous n'en doutons pas, l'admiration et

l'envie des voyageurs, des marins, des négociants et des amateurs du progrès, pourrait être adapté à toutes les montres, sans changement ni addition au mécanisme ordinaire, et n'entraînerait qu'une minime dépense.

Lancé dans l'industrie, ce curieux cadran obtiendrait infailliblement un grand succès, aussi bien comme originalité que comme utilité; car, dès qu'il serait adapté à une montre bien réglée, il remplirait parfaitement son rôle et mériterait, à juste titre, le nom de Cadran mobile universel que nous -nous plaisons à lui donner.

GOBERT,

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1

Instituteur public à Montaigu.

(Bulletin de l'Instruction primaire pour le département de l'Aisne, 5 janvier 1859.)

VARIÉTÉS.

:

DE L'AUTORITÉ MORALE DE L'INSTITUTEUR.

Le premier besoin d'un instituteur, et l'une des conditions essentielles de ses succès, est d'acquérir l'estime et la confiance des familles et cette autorité morale qui est la meilleure sauvegarde de la discipline de sa classe, et qui fait respecter ses ordres et ses conseils, même lorsque l'infracteur pourrait compter sur l'impunité.

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C'est par sa conduite et ses bons exemples, plutôt que par son instruction, qu'il parviendra à ce but. Sans doute, le savoir peut donner une certaine considération, mais il ne suffirait pas pour attirer l'estime ef mériter la confiance. Cela est vrai pour tout le monde et surtout pour l'instituteur chargé des intérêts les plus chers des familles, devant former pour le bien des générations entières. Quelles garanties offrirait-il, si sa conduite n'était pas irréprochable? Son devoir le plus essentiel comme maître est de pratiquer la vertu qu'il recom

mande, de fuir le mal qu'il conseille d'éviter; quelle considération mériterait-il, quelque instruit qu'il soit d'ailleurs, s'il violait la première des obligations de son état? Lautorité de l'instituteur est pour ainsi dire toute morale. Elle est fondée plutôt sur son propre ascendant que sur une règle dont il n'a qu'à surveiller l'exécution. Le jour où sa vie cesserait d'être sans reproche, cette autorité, soyez-en sûr, serait fortement ébranlée, si ce n'est détruite. Comment oserait-il recommander l'accomplissement de devoirs que luimême a violés et quelquefois avec scandale? Pourrait-il inspirer l'amour du travail, la reconnaissance des services rendus," la sobriété, la pureté des mœurs, si lui-même se montrait négligent, ingrat, immoral et intempérant ? C'est bien en vain qu'il aurait à la bouche les plus beaux et les meilleurs préceptes, s'il ne les appuyait de l'autorité de l'exemple.

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Ce n'est pas que je veuille dire que l'instruction ne lui soit nécessaire. Sa profession est d'enseigner, il doit savoir. Mais je prétends établir que, pour lui, le moyen le plus sûr, je dirais même le seul moyen d'obtenir la considération et l'autorité, est une conduite régulière et l'attachement aux devoirs. Par là il prouvera aux familles que leurs enfants sont en sûreté dans ses mains, qu'il est digne de leur confiance, et à ses élèves et à tous, qu'il croit du cœur ce qu'il enseigne de bouche, et qu'il sait s'acquitter des obligations dont il recommande aux autres la pratique. Il acquerra ainsi l'influence bien legitime d'un homme dont la vie est conforme à ses propres enseignements, et la considération qu'on ne refuse jamais à la vertu. Il aura, sur ses élèves, cette autorité dont je parlais en commençant, et non cette autorité matérielle, si je puis m'exprimer ainsi, basée uniquement sur la crainte des punitions, et qui ne s'exerce plus dès que celle-ci disparaît.

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