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à l'étage de l'argile plastique; mais sans rappeler les nombreuses circonstances qui, sur les côtes, peuvent faire varier la nature, la forme et la couleur des galets, on trouve dans la craie supérieure, par exemple, du silex très foncé à Meudon, grislair ou blanchâtre à Marly, jaunâtre et passant au jaspe à la descente de Tours, etc. Hors de différences analogues dans les silex des poudingues, il me semble qu'on n'est pas tout-à-fait en droit d'en induire une différence correspondante dans le gisement.

Les carrières du Camp et celle de Beaumoulin, commune de La Madelaine, sont, comme les précédentes, ouvertes dans le calcaire lacustre qui repose sur les marnes et les poudingues. On y trouve des moules et des empreintes d'une espèce de lymnée et de deux espèces de planorbes presque indéterminables.

Si on remonte ensuite vers Maisoncelle, on rencontre entre ce village et Bouligny, au sortir de la petite vallée du bois aux loups, un dépôt de sable siliceux, parfaitement blanc, reposant sur le calcaire lacustre. Ce sable agglutiné par place donne un grès friable. Il est recouvert et pénétré à sa partie supérieure par un calcaire blanc, tendre, complètement pétri de moules et d'empreintes de coquilles marines, accompagnées de l'ostrea cyatula et O. cymbula. On peut y reconnaître un cerithium voisin du mixtum ou du variabile, une vénéricarde, une cythérée, un trochus, une très grosse ampullaire qui, par son volume et l'élévation de la spire, se rapprocherait de l'A. scalariformis, et d'au̟tres moules plus surbaissés ressemblant assez à la natica crassatina. Ce dépôt de peu d'étendue me paraît devoir se rapporter à ceux déjà signalés par MM. Héricart-Ferrand, Huot et C. Prévost. Si l'on réunit ces divers lambeaux, dont quelques uns ont l'air de s'enfoncer dans le calcaire d'eau douce par suite d'irrégularité que j'ai cru observer à la surface de celui-ci, on sera porté à admettre qu'un dépôt marin a recouvert autrefois cette grande surface de calcaire lacustre, et que ce qui en reste doit être rapporté à l'étage des grès marins supérieurs dont ce ne serait que la continuation ou le prolongement. On peut penser aussi que ces fossiles indiquent une côte où les coquilles ont été accumulées et le rivage des mers dans lesquelles se seraient déposés les sables et grès de Fontainebleau.

De ce point jusqu'à Château-Landon, la plaine présente le calcaire lacustre moyen dans lequel sont ouvertes de nombreuses carrières. Au-dessous de celles du gouvernement, sur les flancs de la vallée de Saint-Sevrin, on retrouve les poudingues et les sables comme précédemment, et un sondage pratiqué, il y a quelque Soc. geol. Tom. VII,

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temps, pour connaître la puissance des couches exploitables, a confirmé cette observation. Le calcaire de Château-Landon est trop connu pour le décrire ; j'indiquerai seulement les résultats de quelques essais comparatifs entre ce calcaire et ceux de Beaumoulin, de Nemours et de Fontainebleau. Ce dernier, reposant sur les grès, appartient à la troisième formation d'eau douce. Tous quatre ont présenté, outre le carbonate de chaux qui en est la base, une quantité d'alumine appréciable et sensiblement la même. Des traces de silice à l'état de mélange se sont offertes dans le calcaire de Nemours; la même substance, à l'état de combinaison et en proportions croissantes, dans ceux de Beaumoulin, de Château-Landon et de Fontainebleau. Les quantités de fer se sont trouvées à peu près dans le même rapport, mais je n'ai vu de magnésie dans aucun échantillon. De pareils résultats me semblent insignifians pour une question de ce genre, et je ne les ai rappelés que parce que des différences dans la composition chimique de ces roches on en avait aussi déduit une correspondante dans le gisement. Les coquilles fossiles ne peuvent non plus nous éclairer, ce ne sont que des moules ou des empreintes fort incomplètes, rapportés au lymneus longiscatus et au planorbis corneus.

En observant ce plateau depuis Fay jusqu'à Château-Landon, ce qui est d'autant plus facile qu'il est constamment bordé par le canal et la rivière, on verra que le niveau est sensiblement le même, mais qu'il est bien inférieur aux collines des grès de Fontainebleau qui bordent l'horizon au nord. Si, de plus, on observe que le calcaire lacustre repose sans interruption sur les poudingues et les sables en contact immédiat avec la craie, que l'opinion des ouvriers carriers est unanime sur la continuité de la couche calcaire entre ces deux localités, on sera, ce me semble, porté à admettre la contemporanéité du calcaire entre ces deux points. Maintenant, en suivant la liaison du calcaire qui recouvre le côteau sud de Fay avec celui du côteau nord, et le calcaire lacustre moyen intercalé à Nemours entre les grès de Fontainebleau et la masse des poudingues, on pensera que le calcaire lacustre de la plaine de Château-Landon n'est que la continuation de celui de Nemours, et que, comme ce dernier, il appartient au calcaire lacustre moyen. Seulement, une gibbosité de la surface de la craie en a produit une correspondante dans les dépôts de poudingues, de marne et de calcaires immédiatement superposés, résultat qui devait s'atténuer à une certaine hauteur, et qui, en effet, ne se remarque presque plus dans les sables et grès marins pour lesquels l'horizontalité s'était à peu près rétablie. Cette opinion

sur la position du calcaire de Château-Landon se trouve encore confirmée par le dépôt marin qui lui est superposé entre Bouligny et Maisoncelle, et ceux déjà signalés par M. C. Prévost.

J'ajouterai, en terminant, que l'existence de coquilles marines trouvées par M.Gillet de Laumont dans une fouille faite au-dessous du calcaire de Château-Landon, ne pourrait, à ce qu'il me semble, devenir une objection fondée qu'autant que leur état, leur nombre, leur contemporanéité avec la roche qui les renferme, les genres et les espèces auxquels elles se rapportent, auraient été déterminés avec soin; et cela parce que, si ces espèces n'étaient point celles des terrains tertiaires supérieurs, peut-être pourrait-on les rapporter aux espèces de la glauconie inférieure, sur laquelle repose, dans le nord du bassin de Paris, les argiles des lignites, et alors se confirmerait encore l'opinion qui rapporte les poudingues et leurs sables à l'étage de l'argile plastique.

M. Constant Prévost fait observer que les résultats auxquels est parvenu M. d'Archiae sont parfaitement conformes à ceux qu'il a publiés dans sa dernière notice.

M. Élie de Beaumont fait à M. d'Archiac plusieurs objections, basées sur la disposition de diverses assises calcaires et arénacées, sur le gisement de coquilles marines que M. Gillet de Laumont fils a découvert dans une fouille qu'il a fait faire à Château-Landon, et enfin sur les niveaux absolus et relatifs des différens points de la contrée; il annonce au surplus que, n'ayant pu, en 1835, réaliser son projet de visiter de nouveau et avec plus de détail les environs de Château-Landon, il se propose d'y aller en 1836.

M. Rivière expose les principaux faits relatifs à la géologie de la Vendée.

La géognosie du département de la Vendée est aussi variée que difficile à déterminer en raison de l'accès pénible de certaines localités, du petit nombre des coupes naturelles, de la confusion des roches, mêlées quelquefois sans ordre et s'interrompant à de faibles distances.

On voit figurer en première ligne le granite, qui part de l'E. du département, forme successivement le sol de Bourneseau, Lachaize, Belleville, Aizenay, occupe diverses étendues vers Palluau, reparaît à l'ile de Noirmoutiers, en Bretagne, à Bourgneuf, à Sayenay,

et plus au N. pour se perdre enfin sous l'Océan. Ce massif n'est qu'une ramification de la grande chaîne granitique, qui fournit une bande passant par Montaigu, Cugand, Tiffauges, Mortagne, Les Herbiers, Pouzauges, un des points culminans du département, qui se continue dans les Deux-Sèvres, se trahit dans la Vienne, à Ligugé, et se rattache à celles du Limousin.

On trouve encore plusieurs espaces occupés par le granite, mêlé de kaolin et de pegmatite, et sur lequel reposent quelquefois le gneiss, le micaschiste. La première formation prend naissance près de Saint-Florent-des-Bois et de Nesmy, se dirige vers Bourbon, et se termine aux Fontenelles. Une seconde va de l'E. à l'O. depuis Le Poiré jusqu'à la chapelle Palluau.

Le gneiss, accompagné de leptynites, de pegmatites, souvent de la variété graphique avec des cristaux d'orthose de 3 à 4 pouces de longueur, est bien développé sur la côte des sables d'Olonne, et par son prolongement sous les eaux va former l'île d'Yeu. Dans plusieurs endroits, par exemple à la Chaume, le gneiss est lié à des dépôts de granite, et le passage d'une roche à l'autre est irrécusable, De plus, le gneiss est généralement abondant en gisemens métallifères; je citerai notamment celui de galène des Sards et celui de stibine de La Ramée : ces minerais se rencontrent encore dans d'autres roches près de Fontenay et de Mouchamp.

On remarque plusieurs régions, quelquefois très étendues, de micaschiste, dans lequel affleurent de petites masses de hyalomicte, de gneiss et de granite, comme à Saint-Georges de Pointindoux, à Avrillé. Ce micaschiste, d'une infinité de nuances, et quant au faciès et quant à la composition, renferme une foule de minéraux, ainsi que plusieurs roches quarzeuses, entre autres du quarz graphytifère et un quarzite celluleux contenant une substance provenant de l'oligiste, et qui néanmoins ne ressemble point au sidérocriste.

Le talcschiste passant au micaschiste, au chloritoschiste, au phyllade, etc., s'observe en divers lieux. Deux de ces formations renferment de la limonite excessivement riche, et qui, selon la tradition, et à en juger par les scories que j'ai rencontrées, aurait jadis été exploitée. Des schistes alumineux, siliceux, des phtanites, des lydiennes, des brèches, des ardoises, des anagénites, sont généralement subordonnés aux talcschistes.

Les phyllades sont disséminés sur différens points, et diverses roches leur sont aussi subordonnées, ou, comme l'ardoise, résultent de leur passage.

On voit ensuite les stéaschistes, souvent feldspathiques, et passant aux protogines schistoïdes et porphyroïdes. Vers la limite du terrain primitif, aux poudingues qui alternent avec les talcschistes, les stéaschistes, les protogines etc., succède une formation de quarz et de jaspe de transition.

Outre les bassins houillers qui se trouvent à l'E. du département, j'en ai reconnu un autre à l'O., et dont l'exploitation fut tentée autrefois, mais dont il ne reste aucun souvenir dans le pays.

Le lias caractérisé par des jaspes, arkoses, ocres, dolomies, mar nes, etc., forme une ceinture peu large, partant de Sards, se dirigeant vers Mareuil, et se terminant près des Essarts. On en voit aussi un lambeau à Saint-Jean-d'Orbetiers; enfin, il donne lieu à deux petites îles au milieu des marais.

Le calcaire oolitique inférieur constitue le sol de la plaine; de là il passe à Niort, Poitiers, Montmorillon, et se continue dans le Berry. Un second massif se trouve à la Gachère, et presque toutes les petites îles des marais sont en calcaire oolitique inférieur, formé en Vendée par une assez grande variété de roches calcaires, qui offrent au paleontologiste une ample récolte de fossiles.

On distingue le terrain crétacé, ainsi que le terrain tertiaire en différens lieux situés au N.-O. du département. Une bande de grès et de sables entoure à peu près le marais occidental du côté de la terre.

Parmi les dépôts de tourbe, celui des Granges offre le plus d'intérêt; il est formé de fucus, de ceramium, d'ulves, etc., et contient des hélices, paludines, etc, associées à des coquilles qui existent dans les marais salans, circonstance qui assigne à ce dépôt le même âge qu'aux terrains d'alluvion, occupant des espaces considérables dans ce département, ainsi que dans celui des DeuxSèvres et de la Charente-Inférieure. Les dunes sont aussi très remarquables par leur aspect, leur oasis et leur accroissement.

Les porphyres, argilophyres, argilolithes, eurites, se montrent à Saint-Nicolas de Brem, à Saint-Julien, à Aizenay, etc. L'amphibolite, le diorite à belles et nombreuses variétés, le petrosilex stratifié, l'eclogite, l'aphanite, l'ophiolite, l'ophicalce et l'hémitrène, paraissent souvent en grandes masses et sur beaucoup de points de la contrée.

Enfin les psammites, les euphotides, et diverses roches dont je ne parle point, font de la Vendée une des parties les plus curieuses de la France sous le rapport géologique. Je regrette que la

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