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Les travaux des puits Saint-Charles et Saint-Eugène ont prouvé qu'à Kergogne, comme en beaucoup d'autres localités, les premières assises du grès houiller contenaient des blocs plus ou moins considérables de granite sur lesquels ces terrains reposent.

En deux endroits (au village de Lesteir, et dans un chemin creux entre Jourmarch et Kerlividie) on aperçoit de petits affleuremens de schiste argileux passant au schiste micacé, placés cntre le terrain houiller et le granite.

La formation houillère de Kergogne est séparée de celle de Quimper :

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1o Par le granite déjà signalé. — 2o Par une grande masse cunéiforme de porphyre amphibolique. 3° Par une zone de roche fendillée, ayant parfois l'apparence d'un vrai schiste argileux, le plus souvent celle d'un micaschiste. 4o Enfin, par un groupe de roches granitoïdes.

Le mélaphyre offre la plus grande ressemblance avec ceux de Gourin; plus moderne que le granite, il paraît l'avoir modifié... Au contact, celui-ci contient des cristaux nombreux d'amphibole. Quant aux micaschistes, ils se rattachent par un passage graduel à ceux qui, dans l'étendue de pays situé entre Gourin et Quimper, ont été reconnus staurot diferes.

Les roches granitoïdes ont ici un aspect imparfaitement stratiforme; généralement composées de quarz plus ou moins cristallin, et de feldspath, elles contiennent fréquemment une assez forte proportion de talc, et ce n'est qu'en étudiant les aspects nombreux qu'elles présentent, depuis la pointe du Raz jusqu'à Rosporden et Scaër, qu'on peut arriver à connaître ces permutations du véritable granite en granite stratifié et en pegmatite.

Le terrain houiller de Quimper est entièrement enclavé dans la vallée où se trouve située cette ville. Les puits ou tentatives exécutés depuis 1740, prouvent qu'il est composé de poudingues à galets de dimensions variables, de grès houiller, surtout de schistes argileux et d'argile schisteuse. La houille n'y a été rencontrée que par petits nids ou veinules peu suivies. Malgré les légères inflexions qu'on remarque du côté de Kerfeunteun, on peut dire que l'orientation générale des couches est comprise entre S. 57° et S. 70° E. Les pentes plus rapides du côté du nord s'approchent, au contraire, fréquemment de la verticale dans la ré-, gion méridionale.

Des alternances de pegmatites et de gneiss cu de micaschistes séparent Quimper du terrain tertiaire de Joulven.

Ce dernier est composé d'argile blanche ou grise avec lits de

pyrites de fer et de matières brunâtres assez semblables à des liguites. Au-dessus vient une couche de sable jaune ou rouge; enfin, à la partie supérieure, une zone ou nappe de petits galets quarzeux.

Si le sable manque, les galets reposent directement sur l'argile. Ces mêmes galets se montrent encore quelquefois lorsqu'après avoir passé le terrain de transition de Pont-Croix, on se rend à Cleden-cap-Sizun et à Lanboban.

Ici existe derechef un terrain houiller connu depuis fort longtemps, et qui a les plus grandes analogies avec celui de Quimper sous les rapports topographique, géologique et minéralogique.

RÉSUMÉ DU DEUXIÈME CHAPITRE. Reprenant la série, à partir des grauwackes grises et rouges, du chapitre premier, on voit que l'ensemble des terrains des deux versans de la montagne Noire est distribué à partir du granite comme suit :

Gneiss ou micaschistes;

Schistes stéatiteux lustrés du système cambrien.
Au-dessus en stratification discordante :

A. Des schistes argileux gris-bleuâtre, employés pour ardoises, avec empreintes végétales, etc.;

B. Des grès gris ou gris-rougeâtres également fossilifères qui, avec les schistes précédens, appartiennent au système silurien;

C. Le terrain houiller paraît s'être déposé, après le premier relèvement de la montagne Noire, dans de petits bassins particuliers existans au milieu des roches anciennes, et son bouleversement ne semble dater que de l'apparition des amphibolites;

D. La formation tertiaire de Joulven termine la série.

CHAPITRE TROISIÈME. Le chapitre 3 est exclusivement consacré à la description des filons de Poullaouen, d'Huelgoat et des gites de minéraux exploités dans les contrées décrites.

Filon d'Huelgoat. Le filon d'Huelgoat est renfermé dans une montagne assez élevée, dont le flanc septentrional est composé de schistes argileux, sensiblement dirigés de l'est à l'ouest, avec une pente au sud qui varie de 50 à 70°. Ces schistes, laumonitifères dans la bande qui se rapproche des schistes mâclifères signalés au contact du granite, sont pénétrés vers le sud de roches porphyriques qui ont produit des poudingues et amené des fragmens de schistes et de grauwackes coquilliers. Viennent ensuite des schistes alumineux au sud desquels a été reconnue une roche amphibolique; puis au-delà une grande formation de schistes graphiteux avec empreintes végétales..

Le filon d'Huelgoat court à travers cette succession de roches

avec direction générale S. 30° à 40° E. et une inclinaison à l'est de 70o. — Il ne suit pas une ligne rigoureusement droite.

Limité d'abord vers le sud par une faille d'argile schisteuse pyritifère à peu près verticale, dirigée E.-O., il a été ensuite reconnu sur une longueur fort grande après un rejet de 25 à 28'au Sa puissance varie entre 1 et 2 mètres. Ce qu'il offre de plus remarquable, c'est la disposition du minerai en colonnes qui semblent suivre le chemin de l'épanchement porphyrique.

mur.

La crête de ce filon est surtout formée de quarz carié et de fer hydrate (véritable pacos) contenant de l'argent natif et chloruré.

On y a trouvé des nids de cuivre gris, de galène antimoniale, de blende, au milieu desquels se sont formés les plombs carbonaté, sulfaté, phosphaté et aluminaté. La pyrite de fer y a été très abondante, et les hydrosilicates d'alumine y ont été souvent découverts en assez notable proportion.

Dans la partie inférieure, la galène, unie à la blende et à la pyrite de fer, forment la partie principale du gisement. Accidentellement, on y voit des plombs carbonaté cristallisé, et phosphaté mamelonné.

Le quarz qui forme la gangue de ces minéraux possède souvent la forme de la chaux carbonatée rhomboïdale, ou bien est cou. vert de moules représentant cette forme cristalline.

On reconnaît facilement dans cette mine que la formation des minéraux secondaires, phosphates, carbonates, etc., a été pro duite par des réactions électro-chimiques. On essaiera de la prouver dans un travail particulier.

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Filons de Poullaouen. On doit diviser les filons de Poullaouen en deux classes: ceux qui ont une direction peu différente de la ligne N.-S., et ceux qui sont très obliques ou presque perpendiculaires à ce premier système. Tous sont renfermés dans une suite de roches schisteuses (schistes argileux et grauwackes fossilifères) qui varient fréquemment d'aspect et d'inclinaison, suivant les positions qu'elles occupent.

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10 Filons nord-sud. Filon de la nouvelle mine. Malgré les veines accessoires à ce filon, et sa ramification en cinq branches dans une certaine partie de son étendue et près de la surface, on est fondé à dire, pour peu qu'on envisage l'ensemble des travaux, que le grand système minéral de Poullaouen marche suivant une ligne moyenne qui ne dévie que de 24 à 30° à l'est de celle déterminée par la position du nord vrai. Sa pente, qui est orientale, se soutient assez bien sur 45o.

Le minerai est encore ici, comme au Huelgoat, disposé par colonnes. La puissance de la masse exploitable varie entre 1 et 4 ou 5 mètres, abstraction faite des grands renflemens observés de distance en distance. La galène forme l'objet principal de l'exploitation, et fort heureusement la pyrite de fer et la blende y sont moins abondantes qu'au Huelgoat.

Au nouveau filon, on a découvert en outre de la woltzine, de la pholérite, et une substance blanche prismatique, dont l'analyse n'a pas été faite.

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Filon Saint-Charles. Entre la maison d'habitation et la fonderie, ont été ouverts quelques travaux d'exploration sur un filon à peu près N.-S., mais encore très peu connu.

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Filons Sainte-Elisabeth. Les filons dits de Sainte-Elisabeth occupent une région telle, qu'ils peuvent être en partie considérés comme des prolongemens des veines rejetées de la nouvelle mine, que les anciens avaient perdue vers le sud.

2o Filons est-ouest.

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Les filons est-ouest sont généralement composés d'argile schisteuse, de pyrite de fer, et quelquefois de galène avec blende.

Le plus remarquable est celui dit de la Vieille-Mine, qui a donné lieu à d'assez grands travaux, et coupe celui nord-sud de la nouvelle mine.

Les autres filons de cette catégorie sont :

1o La veine de pyrite de la Boulaie, qui ne semble pas avoir apporté de perturbations dans la marche du filon de la nouvelle mine;

2o La faille dite du Nouveau-Filon, qui a rejeté le grand filon N.-S. de 10 mètres vers le toit;

3o La veine d'argile schisteuse, qui a arrêté au Nord le filon Saint-Charles;

4o La veine mal connue des puits des pyrites. La compagnie de Poullaouen a exploité à diverses époques d'autres filons, à Coatuech, à Kerlart, Penvern et Quénécan, villages situés dans les communes de Plusquellec et de Carnoët. Elle a fait faire des recherches en plusieurs autres endroits, et notamment à Kerbizien en Poullaouen et à Quenerchziaouen, près la mine d'Huelgoat.

Il existe en outre des travaux très anciens en un lieu appelé Jy-ar Gall, de la commune de Loc-Maria. Les haldes prouvent que la galène était l'objet de l'exploitation.

Pour terminer le catalogue des filons examinés, on doit désigner ceux que jadis on fouilla avec de si grandes pertes à Coatan-Nos, près Loc-Envel. Ils gisaient dans les gneiss et les roches

amphiboliques. Les minéraux recherchés étaient les pyrites cuivreuses, le cuivre gris et la galène.

Cette localité de Coat an-Nos est très remarquable par la grande quantité de fer hydraté qu'elle renferme, fer qui est utilisé pour le service d'un haut fourneau.

Ce fer hydraté, de même que celui de Gourin (Morbihan), gît au milieu des roches amphiboliques.

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RÉSUMÉ. Le groupement de toutes mes observations dans la partie occidentale de la Bretagne, c'est-à-dire des faits énoncés dans ce mémoire, et d'autres qui viennent les confirmer, conduit à conclure:

1o Que le relèvement qui a eu lieu suivant unedigne N.-E. un peu E., S.-O. un peu O., est la première catastrophe survenue aux roches neptuniennes de ce pays.

2o Qu'à la suite, pendant que s'opéraient les phénomènes de sédimentation des premières couches du terrain de transition su périeur, s'est manifestée une nouvelle cassure qui, tout en montrant de riches couches du terrain de transition inférieur, a faiblement incliné celles de transition supérieur qui venaient de se déposer.

3o Qu'à une autre époque, ont été déchirées des couches des terrains de transition, par les granites du sud, et que cette ligne de brisement, qui forme la direction première de la montague Noire, est fixée par le trait S.-E., N. O.

4° Que durant les espaces qui séparent ces trois périodes, paraissaient au jour, soit dans les plans des couches relevées, soit en les détraquant de nouveau, des porphyres quarzifères et amphiboliques.

5° Qu'après ces divers bouleversemens, ont été produites les fentes nord-sud qui ont formé les principaux gîtes métallifères de la contrée de Poullaouen.

6o Que le terrain houiller a dû se déposer peu de temps après, puisque :

70 Il a été bouleversé par les roches amphiboliques, causes du deuxième redressement de la montague Noire, et suivant toute vraisemblance, des failles qui intersectent et rejettent les premiers filons (nord-sud).

8o Enfin, que le terrain tertiaire s'est formé alors, qu'avaient cessé tous ces grands phénomènes d'arrachement, etc.

M. Rivière, après la lecture du mémoire de M: Paillette, prend la parole pour contredire quelques unes des assertions

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