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COMPTES-RENDUS, RAPPORTS.

Lettre de M. le Curé de St-Aignan-de-Cramesnil au Secrétaire de la Société.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE,

11 décembre 1869.

Voici la nomenclature des pièces trouvées au Valdes-Dunes et les circonstances de leur remise aux mains de M. Charma :

1° Au commencement de septembre 1868, les fouilles opérées au nom de la Société des Antiquaires dans le champ d'Arsène La Housse, vallée de Conteville, section A du cadastre, amenèrent, à la profondeur de 55 et 60 centimètres, la découverte de soixante-dix squelettes, - d'un tombeau mérovingien isolé, d'une lame de sabre et d'une agrafe de cette époque reculée. La pointe du sabre avait été légèrement courbée par un coup de pioche. M. Charma emporta lui-même le sabre, l'agrafe et quelques vases en terre.

2o Vers la fin du même mois de septembre ou au commencement d'octobre, à l'occasion de nouvelles fouilles pratiquées à la butte St-Laurent, chemin de Jort, territoire de Bellengreville, sur l'emplacement d'une ancienne église, neuf squelettes d'époque mérovingienne

milieu, avaient la forme d'aiguilles ou d'aiguillettes, la pièce du centre plus longue: le tout assemblé à la hauteur de la courbe des deux C.-M. Charma, après avoir constaté les dimensions des trois édifices différents, emporta la frêle décoration, les vases, un crâne pour étude et un bloc de minerai brun-rougeâtre qui reposait dans l'angle sud-ouest du grand bâtiment, dont la longueur était en effet d'environ 30 mètres, ainsi qu'il m'avait été affirmé il y a vingt-cinq ans. M. Charma était content des résultats; pour M. La Housse, il trouvait beaucoup d'argent de dépensé (200 fr.), beaucoup de terre remuée, mais peu d'objets pour le Musée.

Aussi, après la récolte de son sarrasin, le propriétaire du cimetière mérovingien reprit les fouilles dans la partie de son champ de la vallée qui s'incline vers Conteville. De ce côté, les sépultures sont plus anciennes et plus profondes. Il trouva deux sarcophages en pierre des carrières de Conteville, juxtaposés et d'inégale grandeur; il m'appela. Contre la tête du plus grand gisaient deux lames de sabre semblables à la première (48 et 53 centimètres de longueur). Une poussière jaunâtre vers la poignée prouvait que celle-ci était en bois. Près de l'autre tombeau, également en dehors, se trouvaient une bague de cuivre ne pouvant convenir qu'à une petite main de femme, quelques perles en verre de couleur brune; d'autres petites

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pièces percées, qui ressemblaient à du bois ou à de l'ambre décomposé, indiquaient un bracelet.

Depuis un an, M. La Housse a peu cherché; il a découvert cinq cercueils en pierre et n'a trouvé d'objets remarquables que dans un seul, savoir une demi-agrafe ornée et une hache d'armes dont la forme est semblable à celle que j'ai remarquée au Musée de la Société.

Je tâcherai de vous donner une note sur mes vieux corbeaux provenant d'une chapelle St-Thomas, etc. Agréez, je vous prie, l'assurance du sincère dévoûment de votre confrère

NOEL,

Curé de St-Aignan..

Lettre du Même au Secrétaire.

5 janvier 1870.

MONSIEUR ET TRÈS-HONORÉ CONFRÈRE,

Dans une conversation sur les résultats obtenus pour l'archéologie en 1868, au Val-des-Dunes, grâce aux fonds votés par la Société des Antiquaires, je vous promis une note concernant ce qui a pu venir à ma connaissance dans le courant de l'année 1869, et notamment sur la découverte :

1° D'esselliers et de deux vieux modillons ou corbeaux provenant d'une chapelle St-Thomas, trouvés au milieu des champs, sous le sol d'une profonde cavité voisine du village détruit;

2o D'une cuve baptismale en pierre, de forme cylindrique, ornée d'entrelacs, cachée depuis longtemps dans l'encoignure d'une étable;

le thème de la note promise et de me borner à un supplément au Val-des-Dunes pour 1869, savoir : vignoble de Bellengreville, butte St-Laurent, vallée de Conteville, ancienne carrière de Conteville, qui ont pu avoir leur part d'influence sur le cimetière et les établissements primitifs de la localité. Cette communication, en vous faisant connaître l'état actuel des investigations de la Société au Val-des-Dunes, vous prouvera que, si, avant d'appartenir à la Compagnie des Antiquaires, je n'ai pas été indifférent aux souvenirs d'un passé que j'aimais à voir revivre, l'honneur d'être membre de l'Association n'a fait que stimuler mon attention, et qu'à défaut d'autre mérite, j'aurai toujours celui de la bonne volonté.

1° Vignoble de Bellengreville.-A la fin de mai 1869, il se présenta, pour moi, une occasion d'appeler l'attention de M. Huet, maire de Bellengreville, sur les fouilles de la butte St-Laurent, chemin de Jort, territoire de Bellengreville. Ainsi que l'avait fait M. Harel, propriétaire du château de Chicheboville, qui permettait à la Société de déplanter même ses sapins, M. Huet se déclara franchement dévoué aux antiquaires et disposé à les seconder, comme propriétaire et comme maire. Je lui exprimai le désir de voir remplacer, un jour, par une croix de pierre, la chapelle de St-Laurent, détruite en 1562, et dont la dernière pierre avait été arrachée devant nous. M. Huet approuva

un squelette avec des armes. Ce tombeau devait être dans une portion du vignoble de Bellengreville, appartenant à M. Huet. Le propriétaire ignorait ce fait. Nous avons cependant sondé sur divers points; mais nous n'avons rien rencontré. Du reste, notre tentative a éveillé l'attention sur ces coteaux où une nouvelle charrue sera peut-être plus heureuse que notre pelle et notre pioche, toujours disposées à recommencer, si des renseignements plus précis étaient donnés.

2o Butte St-Laurent, chemin de Jort à Caen.-L'excursion au vignoble de Bellengreville me donna l'occasion de visiter de nouveau l'emplacement des trois édifices de la butte St-Laurent. Rien n'y avait été changé depuis le mois d'octobre 1868. Le sieur Philippe n'avait pas remué l'emplacement de l'édifice du milieu reconnu par M. Charma pour celui de la chapelle. Les fondements du plus petit édifice (champ Buret) étaient demeurés tels que Mme Dursus de Courcy les avait découverts dans le but d'épargner à la Société un surcroît de dépenses; car le déblai total du plus grand édifice (22m sur 5 ou 6) avait absorbé bien des journées d'ouvrier, et M. l'abbé Le Cointe et moi n'étions pas fiers devant des recherches qui semblaient nous défier. Enfin, la persévérance fut couronnée: neuf sépultures mérovingiennes furent découvertes et démontrèrent que le grand édifice était évidemment antérieur à 1047 et à la chapelle de M. de Bras, qui visiblement avait été bâtie avec les débris de l'ancienne église ;

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