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délai, il ne me serait plus possible d'assurer les mêmes facilités aux personnes qui se feraient inscrire trop tardivement.

Les billets destinés aux représentants des Sociétés, valables du lundi 7 au mercredi 23 avril, vous seront adressés en temps opportun.

Agréez, Monsieur le Président, l'assurance de ma considération la plus distinguée.

Le Ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts,

Signé: J. SIMON.

Pour copie conforme :

Le Chef du Bureau des Travaux historiques

et des Sociétés savantes,

E. SERVAUX.

MONSIEUR ET CHER CONFRÈRE,

En conséquence de cette circulaire de M. le Ministre de l'Instruction publique, je vous prie de m'envoyer, avant le 28 mars, le manuscrit du mémoire que vous vous proposez de lire aux réunions de la Sorbonne, afin que je puisse le soumettre au Conseil d'administration et l'adresser au ministère le 1er avril.

Agréez, Monsieur et cher Confrère, l'expression de mes sentiments de cordiale confraternité.

Le Secrétaire,

Eug. CHATEL.

P.-S. Veuillez m'indiquer où je dois adresser ou déposer les livraisons que vous ne seriez pas venu prendre à l'une des séances mensuelles de la Société.

SÉANCE PUBLIQUE

DU LUNDI 1er DÉCEMBRE 1873.

CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE DE LA SOCIÉTÉ.

Présidence de M. GUIZOT.

La séance a été ouverte à une heure, dans la grande salle de l'Hôtel-de-Ville, sous la présidence de M. Guizot, directeur de la Société. A ses côtés, avaient pris place au bureau M. le Préfet du Calvados, président de la Société des Antiquaires; NN. SS. les évêques de Coutances et de Bayeux; M. le général de Vendeuvre ; M..Roulland, maire de la ville de Caen ; M. le Président du Consistoire; M. Boivin-Champeaux, procureur général; M. Allou, recteur; M. Bertrand, président de l'Académie; M. Chatel, secrétaire de la Société.

Derrière eux se tenaient, sur l'estrade, les membres des diverses Sociétés savantes de Normandie. Une foule d'élite, avide d'entendre la parole de l'illustre homme d'état que tant de liens rattachent à la Normandie, remplissait la grande nef et les tribunes latérales.

Le programme, qui a été scrupuleusement suivi, comprenait un discours de M. Guizot, un résumé de l'histoire de la Compagnie pendant l'année 1872-1873, par M. Chatel; une notice sur M. de Caumont, par M. Cauvet; une étude sur Thomas Leroy, religieux

bénédictin du Mont-St-Michel, par M. E. de Robillard de Beaurepaire, et quelques vers de circonstance, par M. Julien Travers.

Nous reproduisons toutes ces lectures dans leur ordre, à l'exception toutefois de celle de M. de Beaurepaire, qui paraîtra seulement dans le prochain fascicule de nos Mémoires. Cette étude forme, en effet, l'introduction d'une histoire manuscrite du Mont-StMichel, que publie en ce moment la Société, et il a paru convenable de ne pas isoler ces recherches du document qu'elles expliquent.

Le banquet annuel de la Société n'ayant pu avoir lieu, M. le Préfet avait tenu à réunir à sa table, avec M. Guizot, les membres du Bureau de chacune des Sociétés savantes de la ville de Caen. Dans la soirée, la plupart des membres de ces Sociétés et les notabilités du pays se pressaient dans les salons de la préfecture, et attestaient par leur présence la respectueuse sympathie qu'inspirait à tous la présence de l'homme éminent qui, descendu du pouvoir dans une époque aussi profondément troublée que la nôtre, sut toujours conserver la sérénité impartiale du jugement et la dignité du caractère.

DISCOURS DE M. GUIZOT,

Directeur de la Société.

Il y a longtemps, bien longtemps, Messieurs, que je n'ai eu l'honneur de me trouver au milieu de vous et de m'entretenir avec vous. Cette longue absence, ce long silence, m'ont été pesants; mais après trentequatre années d'une vie publique très-agitée, engagée dans les grandes luttes du temps, après le double

échec de la monarchie constitutionnelle, légale et libérale, le seul gouvernement que j'aie jamais servi, je me suis senti obligé, je dis obligé pour mon propre honneur, de rester étranger aux affaires et aux agitations de la politique. Je n'ai voulu rentrer dans aucune des nouvelles questions du temps. Je ne suis pas un ouvrier de démolition, vous le savez, Messieurs; quels que soient les gouvernements qui possèdent momentanément mon pays, la plupart n'existent que momentanément! je n'ai aucun goût pour les affaiblir, pour les troubler dans leur œuvre; je les ai observés, j'ai assisté à leurs essais, je n'ai jamais travaillé à les renverser. Je mène, depuis vingt-cinq ans, cette vie-là. Aujourd'hui, je suis bien vieux; votre Société, notre Société des Antiquaires de Normandie célèbre aujourd'hui son jubilé, son cinquantième anniversaire. Messieurs, j'ai trente-six ans de plus qu'elle. Permettez-moi de ne parler que d'elle; sur moi-même, j'ai fini, j'ai dit tout ce que j'avais à dire. C'est de notre Société seule que je veux maintenant vous parler, de ses désirs, de ses œuvres, de ce qu'elle a fait, de ce qu'elle voudrait faire encore.

Quand cette Société fut fondée, c'était un temps de grande activité intellectuelle toutes les questions morales, littéraires, artistiques, étaient soulevées. C'en était une que le différent caractère entre l'art antique et l'art du moyen-âge, l'art chrétien. De 1820 à 1825, on se livrait, sur ce sujet, à des comparaisons, à des discussions élevées, ingénieuses, judicieuses, profondes. Un de mes amis, hélas! il me reste bien peu des amis de ce temps-là ! l'un des meilleurs et des plus distingués, M. Vitet, fut l'un des principaux défenseurs de l'honneur de l'art chrétien dans ce débat.

Plus tard survint un incident d'une autre nature. Votre Société prit part à l'érection d'une statue à Guillaume le Conquérant. Ce n'était pas une question d'art, c'était une question historique, politique ; je fus appelé à Falaise pour prendre la parole à l'inauguration de la statue. J'y pris plaisir; il ne s'agissait pas d'un conquérant, mais d'un fondateur d'État; ils sont rares les conquérants qui deviennent des fondateurs d'États! la plupart des conquêtes sont passagères. La statue de Guillaume le Conquérant fut érigée toute guerrière ; mais derrière le guerrier il y a là l'homme, l'organisateur d'un royaume qui est devenu un pays libre.

Ceci se passait en 1851, je suis ensuite rentré dans la retraite; depuis lors j'ai passé mon temps à réfléchir sur les événements et sur mes propres actes. Je ne veux pas parler de la politique de ce temps-ci, ni pour la critiquer ni pour la défendre. Je reviens à notre Société des Antiquaires.

:

Après l'érection de la statue de Guillaume, une tout autre question survint le monastère du Mont-SaintMichel menaçait ruine; cette perspective émut vivement un vénérable prélat, l'évêque de Coutances qui siége ici, à côté de moi; elle nous émut tous. La vie monastique n'est pas aujourd'hui en grande faveur dans l'opinion; nous ne la voyons pas d'un bon ceil; cette défaveur, selon moi, est peu juste. Sans doute la vie monastique n'est plus en rapport avec l'état actuel de notre société, avec ses mœurs, ses institutions, sa publicité: mais au moyen-âge elle répondait à l'état des esprits, aux besoins d'âme de beaucoup d'hommes. Il y a dans l'animosité qui s'attache aux souvenirs qu'elle a laissés inintelligence et partialité.

Parmi les institutions monastiques, celle du Mont

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