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remercie la Société de son bon concours durant l'exercice de l'année 1871; M. le conseiller Gust. Dupont remercie la Société des suffrages unanimes qui l'ont appelé à la présidence, et fait continuer le vote au scrutin. Vice-Président: M. J. FERRAND, préfet du Calvados. Secrétaire M. Eug. CHATEL, archiviste du Calvados. Vice-Secrétaire: M. Gaston LE HARDY, docteur en droit. Conservateur du Musée: M. Ch. GERVAIS, ancien bâtonnier de l'ordre des avocats.

Conserv.-Adjoint: M. LAVALLEY-DUPERROUX, architecte. Bibliothécaire: M. Ch. RENARD.

Trésorier: M. Léopold HETTIER, conseiller général. Le vote pour les membres du Conseil d'administration désigne :

MM. DE FORMIGNY DE LA LONDE, JOLY, Jules Cauvet, Hippolyte DANSIN et Eugène de BEAUREPAIRE.

Les élections terminées, M. le Président propose un amendement à l'art. 4 des statuts de la Société, amendement qui avait été réclamé depuis plusieurs années. La proposition est appuyée.

En conséquence, M. le Président propose de remplacer les mots : LES QUATRE CINQUIÈMES, par : LES DEUX TIERS des voix.

La majorité décide, par mains levées, que : « le «< candidat présenté par deux membres titulaires devra « réunir les deux tiers des voix des membres présents. » La séance est levée à 9 heures 1/4 du soir.

Rapport à la Société des Antiquaires de Normandie, par M. Desportes.

MESSIEURS,

M. Thaurin, de Rouen, vous a fait hommage d'une brochure de quelques pages, intitulée : Antiquités de tous les âges découvertes dans le sol du Vieux-Rouen.

M. Thaurin, mort dernièrement, était membre de la Société française d'Archéologie et conservateur des collections des Sociétés savantes de la ville de Rouen. C'était lui-même un collectionneur infatigable, qui, à force de recherches et de patience, a laissé à l'hôtel des Sociétés savantes de sa ville natale un musée local, aussi important qu'intéressant, puisqu'il comprend plus de quinze mille objets provenant des fouilles pratiquées depuis 1834 dans le sol du Vieux-Rouen et se rapportant, non-seulement à toutes les divisions et subdivisions des temps historiques, mais encore aux deux grandes phases de l'existence humaine, que les savants distin⚫ guent par les noms d'époques préhistoriques.

La brochure qui nous occupe a pour objet le résultat des dernières fouilles opérées dans la ville de Rouen, au point de vue historique et archéologique.

J'en extrais quelques citations, qui m'ont paru de nature à vous intéresser.

En creusant une cave dans la cour dite des Chanoines, rue St-Romain, no 44, des ouvriers ont découvert, entre

autres débris gallo-romains, plusieurs objets en bronze, notamment deux styles à écrire entiers et l'extrémité d'un troisième ; quatre belles médailles antiques en bronze, dont trois du grand module. Les deux premières, à l'effigie d'Antonin Ier; la troisième, à l'effigie de Posthume le père, qui régna glorieusement sur les Gaules de l'an 258 à 267; et la quatrième, plus belle encore et surtout plus rare que les précédentes, est un moyen bronze de l'empereur Magnus Decentius, frère de Magnence.

On ne saurait douter que des constructions antiques aient existé dans le lieu où ont été découverts ces objets; c'était, d'ailleurs, dans la direction absolue qu'occupe, de nos jours, la rue St-Romain, que passait la voie romaine allant de Rouen à Paris. Cette voie, on le sait, suivait la rue, traversait les terrains occupés depuis par la rue Impériale, l'extrémité nord de la rue Malpalu, près de Saint-Maclou, pour suivre la direction de la rue Martainville. Cette rue était alors un marais, où la voie antique avait été construite sur des pilotis et des fascines, ainsi qu'on avait dû faire pour établir solidement la partie de la voie venant de Lillebonne, qui traversait les terrains où se trouvent de nos jours les plans du Vieux-Marché et du Marché-Neuf.

L'une des sépultures découvertes dans le bas de la rue de Fontenelle fut sans doute celle de quelque jeune et très-noble dame ou damoiselle. Quand on déterra le squelette que renfermait cette tombe, le crâne conservait encore une certaine quantité de paillons et de filigranes en argent, qui avaient constitué un riche ornement de tête, avec pendants ou pendeloques.

Une dernière fouille plus importante fut ouverte, dans le courant du mois d'octobre 1869, sous presque

dont le service, à peu près unique, consistait à se réunir à tous les offices de la métropole.

Dans une dernière tranchée, ouverte à sept mètres de profondeur, les ouvriers ont trouvé un grand fragment de hachette gauloise, en silex pyromarque, et un grand et beau vase gallo-celte, dont la fabrication remonte certainement à une très-haute antiquité. Ces objets faisaient probablement partie d'un même tumulus et incinération humaine dans les profondeurs mystérieuses du sol gaulois de l'antique Rotomagus, cité des Veliocathi.

Je renvoie à la brochure pour les amateurs de céramique normande, dite poterie à pastillages; ils y trouveront des détails intéressants.

Lettre de M, de Brécourt au Secrétaire.

Caen, le 18 juin 1871.

MON CHER CONFRÈRE,

Voulez-vous me permettre de recourir, une fois encore, à votre aimable intermédiaire pour offrir au musée de notre Société deux modestes objets se rapportant à l'époque reculée où l'usage des métaux était inconnu parmi les habitants de notre pays?

L'un de ces objets est un disque en silex, de petite dimension, circulairement percé dans son centre, et qui rappelle, par sa forme, les pierres analogues déjà

reconnues pour avoir servi à garnir la ralingue de certains filets de pêche.

Nous aurions alors sous les yeux l'un des poids formant le lest nécessaire à compléter l'équipement d'un épervier quelconque, et cette explication pourrait être acceptée d'autant plus facilement, que ce petit objet a été trouvé sur la plage de Ouistreham, non loin de l'embouchure de la rivière.

Mais peut-être va-t-on dire avec raison que, le forage d'un silex étant chose longue et délicate, il est difficile de supposer qu'un pêcheur ait pris la peine d'exécuter un pareil travail, renouvelé trente fois peut-être pour arriver à la garniture complète de son filet.

Dans ce cas, en effet, il eût été préférable de choisir une pierre plus tendre, quoique suffisamment résistante, pour obtenir un résultat analogue.

Ne pourrait-on pas reconnaître, au contraire, dans cette rondelle siliceuse, un objet de parure, une amulette, qui, en sortant des mains de l'ouvrier, pouvait avoir acquis un poli brillant et même un aspect assez agréable? Nous serons alors en présence d'un bijou plus que primitif, il est vrai, mais ayant pu servir à rehausser la grâce virile de quelque beauté celtique.

Pour mon second caillou, il ne laisse aucun doute sur son origine et sur sa destination au temps de l'industrie rudimentaire de nos aïeux.

Ce silex taillé, qui mesure 22 centimètres dans sa longueur et 9 centimètres sur sa largeur, ne peut avoir été autre chose qu'une hache ou cognée, capable d'abattre, en temps de sève, des arbres d'une dimension très-considérable.

C'est à Bonneval, près du Sap (Orne), que ce silex a été découvert, à la surface du sol, où il faisait par

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