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Deux propositions, l'une proposant de porter la cotisation à 10 fr., l'autre à 8 fr., sont en présence.

La Société décide, par 19 voix contre 15, que le montant de la cotisation, pour l'année 1876, sera fixé à dix francs.

Renouvellement du Bureau.

M. SAINT-LAGER, président sortant, donne lecture des articles du règlement concernant les élections du Bureau.

Il est procédé ensuite aux élections qui donnent le résultat suivant :

M. SARGNON, vice-président, est élu Président de la Société, pour l'année 1876;

M. le D' PERROUD est élu vice-président;

M. ANT. MAGNIN est maintenu secrétaire général; M. G. Roux, secrétaire des séances, et M. MERMOD, trésorier.

La séance est levée.

SÉANCE DU 13 JANVIER 1876

PRÉSIDENCE DE M. SARGNON

M. SARGNON remercie la Société de l'honneur qu'elle lui a fait en le nommant Président pour l'année 1876.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu par M. Roux, secrétaire, et sa rédaction adoptée.

Admissions :

MM. Gacogne et Guillerme, présentés à la dernière séance, sont admis comme membres titulaires.

Correspondance:

Sont déposés sur le bureau :

10 Revue bryologique de M. Husnot, 1876, no 1;

2o Bulletin du Cercle pratique d'Horticulture et de Botanique du Havre, nos 3, 4 et 5;

3o Revue savoisienne.

M. SAINT-LAGER donne lecture d'une lettre qui lui a été adressée par M. Magnin, et dont voici des extraits :

Les Lichens qui m'ont été envoyés par M. Boudeille et qui proviennent de la vallée de l'Ubaye (Basses-Alpes) paraissent, d'après l'étude encore imparfaite que j'en ai faite, devoir fournir quelques espèces intéressantes : je citerai de suite les Solorinella asteriscus et Gyalolechia Schistidii, récoltés par M. Boudeille dans les environs de La Condamine (BassesAlpes), et qui n'ont pas encore été signalés en France.

Je compare, en ce moment, les espèces douteuses avec les types contenus dans l'herbier du Muséum d'histoire naturelle, gracieusement mis à ma disposition par M. Bureau; à la séance prochaine, je pourrai probablement vous donner des renseignements plus précis sur l'importante collection de notre zélé

confrère.

A la dernière séance de la Société botanique de France, M. Daveau, chef de la section des graines au Muséum d'histoire naturelle, a donné d'intéressants détails sur le voyage botanique qu'il vient de faire dans la Cyrénaïque. M. Daveau a étudié sur place le fameux Thapsia Silphium de Viviani, auquel quelques personnes ont voulu, dans ces dernières années, rapporter le Silphion des anciens; le Silphium de la Cyrénaïque ne serait rien moins qu'un spécifique contre la phthisie! M. Daveau a pu se convaincre que le Thapsia de la Cyrénaïque ne diffère en rien du Thapsia garganica, qu'on trouve dans une grande partie de la région méditerranéenne, dans l'Algérie en particulier; la comparaison des échantillons rapportés par M. Daveau et déposés par lui dans les collections. du Muséum, avec le Thapsia garganica de l'Algérie, des îles Baléares, ne laisse aucun doute sur l'identification de ces deux espèces.

Une particularité intéressante de la végétation de la Cyrénaïque, c'est l'existence de grandes surfaces de terrains, quelquefois plusieurs lieues carrées, habitées par la même espèce. de plante; c'est ainsi qu'en allant de Benghazi à Dernah on rencontre successivement des zones couvertes exclusivement de Kentrophyllum lanatum, puis de Phlomis Samia, Seseli tortuosum, Passerina hirsuta, Artemisia Herba-alba, Juniperus lycia, Pistacia Lentiscus, etc. (1).

(1) Voy. Bull. Soc. bot. de France, 1876, p. 23; La Vérité sur le Sylphion, par M. Hérincq; analysé par nous dans Lyon-Médical, 1876, t. xxi, P. 408.

Nécrologie:

M. SAINT-LAGER annonce la mort de M. Emile Burle, de Gap, et prononce à ce sujet les paroles qui ont été reproduites à la page 142 du tome III de nos Annales.

Communications :

1° M. VIVIAN-MOREL donne lecture de la note suivante :

OBSERVATIONS SUR QUELQUES PLANTES CROISSANT SPONTANÉMENT SUR LES PLATRAS DE L'USINE COIGNET

La géographie botanique est une science de création naissante, qui étudie les faits de dispersion et les met en rapport avec leurs causes probables. Elle met à profit et coordonne toutes les données fournies par la botanique descriptive, la géologie, la météorologie, la physique et la chimie.

Pénétré de cette idée que l'étude d'un fait même peu important peut servir, sinon à résoudre une question, du moins à l'éclairer, je vous apporte aujourd'hui le résultat de quelques observations que j'ai faites sur les plantes qui, depuis longtemps, se sont établies sur les plâtras de la fabrique Coignet.

La présence de quelques espèces considérées habituellement comme silicicoles par ceux qui admettent que l'influence chimique du terrain est le facteur principal des faits de dispersion observés, me confirma dans cette idée, déjà soutenue par plusieurs botanistes éminents, que cette influence, sans être complètement nulle, est évidemment subordonnée à l'influence physique ou mécanique du sol.

Je comprends très-bien que l'influence chimique des terrains. a dû séduire les botanistes géologues et que, le plus souvent, les faits étudiés dans de petites circonscriptions semblaient leur donner raison. Pourtant, je demeure convaincu que la plupart des végétaux peuvent croître sans le secours des forces chimiques du sol, lequel peut, à la rigueur, être remplacé par un support inerte, et que l'eau, l'air, la chaleur et la lumière sont les agents essentiels de toute végétation.

Depuis quelques années j'herborise fréquemmment sur les plâtras de la fabrique Coignet. Dans le courant de l'été dernier, j'ai catalogué les noms des espèces qui ont envahi ce sol factice; beaucoup d'entre elles sont très-communes et se trouvent surtout sur les bords des chemins. En les éliminant ainsi que

celles qui sont réputées calcaréophiles, il reste quelques espèces qui sont généralement citées comme préférant les terrains où dominent la silice et l'alumine.

Avant de vous donner leurs noms, il est utile que je vous indique le résultat de l'analyse chimique du sol où elles croissent. Vous savez que cet énorme dépôt de matière blanchâtre, qui avoisine l'usine Coignet, est un des résidus de la fabrication du phosphore. On calcine d'abord les os pour en détruire la matière animale; puis les os calcinés et pulvérisés sont traités par l'acide sulfurique; le mélange est ensuite délayé dans l'eau et filtré; les matières solubles passent et il reste sur le filtre du sulfate de chaux, mêlé de 2 à 3 0/0 de phosphate retenu pendant l'opération.

Au bout de quelques années, la poussière du chemin en modifie légèrement la surface, et, en admettant qu'un peu de silice et d'alumine vienne s'y joindre, on peut certainement assurer que le sulfate de chaux est l'élément dominant et que ce terrain est éminemment gypseux.

Voici maintenant la liste de quelques plantes que je signale à votre attention: Epilobium collinum, Spergularia rubra, Rumex acetosella, Polycnemum majus, Herniaria hirsuta, Vulpia pseudo-myuros, Gnaphalium luteo-album, Thrincia hirta, Chondrilla juncea, Dianthus prolifer.

Même en ne considérant que la Flore lyonnaise, il est certain que quelques-unes de ces plantes (1) doivent être rangées parmi les ubiquistes; mais comme elles sont données par les botanistes comme caractéristiques des terrains primitifs dans des contrées plus éloignées au Nord, j'en conclus déjà que les observations des auteurs qui se sont occupés de ce sujet manquent de cette précision qu'on est en droit de demander dans une question aussi importante.

L'Epilobium collinum habite spécialement les granites dans nos environs. M. Godron, dans sa Flore de Lorraine, signale comme croissant sur les grès: Vulpia pseudo-myuros, Hernaria hirsuta, Spergularia rubra, Thrincia hirta.

Ces plantes, que nous trouvons dans nos terrains argilo-si

(1) Les Chondrilla juncea, Dianthus prolifer, Gnaphalium luteo album, Polycnemum majus, sont très-communs sur les alluvions caillouteuses qui s'étendent de Lyon à Villeurbanne et aux Charpennes.

liceux, sont pour la plupart nulles sur les calcaires du Jura et de la Lorraine. Le même auteur, dans son mémoire sur l'espèce, reconnaît que la grande majorité des plantes sont assez indifférentes relativement à la nature du sol. Parmi les exemples qu'il donne de celles qui, au contraire, paraissent préférer les sols siliceux, je trouve, comme exemple de silicicoles: Digitalis purpurea, Arnica montana, etc., qui, en effet, sont caractéristiques des terrains siliceux au Mont-Pilat et ailleurs; mais j'y vois aussi le Vulpia déjà cité, ce qui n'est point conforme à ce que nous voyons sur les plâtras de l'usine Coignet.

De Mohl, dans ses considérations géographiques sur la flore du Wurtemberg, signale comme espèce des grès keupériens les Vulpia, Polycnemum, Genista pilosa et sagittalis, etc.

Les deux premiers abondent sur le sulfate de chaux, et les deux genêts sont assez communs sur les calcaires jurassiques. Lachmann signale également le Vulpia sur les grès liassiques. Je pourrais aisément multiplier les citations d'auteurs, et montrer, comme Schultz l'a déjà fait, que la présence de certaines espèces, considérées comme liées à la présence de certains terrains géologiques dans de petites circonscriptions, ne ne vérifie pas toujours dans des limites plus étendues. Telles plantes réputées calcaréophiles dans un pays sont souvent regardées comme silicicoles dans un autre, et il arrive parfois que les unes et les autres vivent ensemble dans un terrain de même nature. Ainsi, ceux qui ont herborisé dans les collines formées de grès et de sables quartzeux de Fontainebleau savent trèsbien qu'un bon nombre de plantes de nos calcaires y croissent avec les plantes dites granitiques. Ainsi, avec la Digitalis purpurea, on trouve: Trinia vulgaris, Hutchinsia petræa, Orobus vernus, Teucrium montanum, Globularia vulgaris, Carex humilis, Stipa pennata, Sesleria cærulea, etc.

De ce qui précède, il résulte clairement qu'en examinant l'ensemble des faits de dispersion, on arrive à classer parmi les ubiquistes la plupart des plantes que je vous ai signalées.

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Si on établissait des expériences sérieuses sur une grande échelle, il est plus que probable que beaucoup de plantes devraient rentrer dans la même catégorie; alors l'hypothèse de l'influence chimique du sol ne reposerait plus que sur des faits isolés, absolument insuffisants au point de vue scientifique. En fin de compte, il me semble que si on connaissait mieux

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