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livre de Darwin, tels que le chap. III, qui traite de l'aggrégation du protoplasma dans les cellules des tentacules du Drosera; le chap. IX, dans lequel il est question des effets de certains alcaloïdes, sur les mouvements de ces tentacules, en insistant sur les faits curieux fournis à l'histoire de l'action des poisons sur l'organisme vivant; le chap. XVII qui traite des Utricularia, et dans lequel M. Darwin prouve que les vésicules des Utriculaires ne digèrent pas les matières animales, mais absorbent les produits de leur décomposition, etc. (1).

5o ANALYSE DU BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 1875, t. XXII, (14 mai — 17 déc.), par M. A. Magnin.

Je crois devoir commencer cette analyse en vous parlant d'abord de la note de M. Loret sur les Bulbes pedicellés du Tulipa sylvestris (p. 186), note suggérée par la lecture d'une communication faite dans nos Annales (t. II, p. 85), et due à M Teissonnier. Notre collègue, en rappelant le curieux mode de végétation souterraine du Tulipa sylvestris (2) observé par lui dans les environs de Grand' Croix, avait dit que les radicules des bulbes ou faux stolons « arrivent de bulbe en racine et de racine en bulbe à un mètre et plus de profondeur. M. Loret a étudié de près ces singuliers organes, et il est d'avis de modifier ainsi la fin de la phrase de M. Teissonnier: « Arrivent de bulbe en feuille et de feuille en bulbe à une grande profondeur. » C'est qu'en effet, comme l'avaient déjà vu, du reste, MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre, les faux stolons, qui supportent les singuliers bulbes, en forme de pipe, ne sont autre chose que « la partie « inférieure d'une feuille qui, avant de s'élever pour former le limbe aérien, s'atténue au-dessous de sa base en un prolongement pétioliforme..... Ce «pétiole souterrain finit par se renfler à son extrémité inférieure en un «< bulbe nouveau qui, dès l'année suivante, présente à son tour le même « phénomène. »

M. Germain de Saint-Pierre complète cette communication en rappelant (p. 188) ce qu'il a dit de ces mêmes organes dans son Nouveau dictionnaire de botanique (pp. 165, 166): pour lui, l'organe filiforme, qui constitue le pédicelle des bulbes « est une véritable feuille fermée en gaîne..... Cette «feuille tubuleuse se termine par un limbe qui constitue la tunique externe « du caïeu dit pédicellé, etc. »

(1) C'est par erreur que l'analyse du livre de M. Darwin, par notre col· lègue M. Grenier, a été indiquée comme lue à la séance du 10 février dernier; à cause de son importance, la rédaction a cru devoir l'insérer, par anticipation, en appendice, à la fin du fascicule.

(2) Consulter aussi sur le même sujet :

A. Méhu: Sur le Tulipa sylvestris des vignes de Romanèche (Ann. Soc. bot. de Lyon, t. I, p. 78).

H. Perret Note sur les Tulipes du Lyonnais (Ann. Soc. bot. de Lyon, t. III, p. 94).

A la morphologie appartiennent encore la note de M. Casimir de Can dolle sur les Embryons velus (p. 229), faits rares et intéressants observés et étudiés par ce botaniste chez diverses espèces océaniennes d'Epicharis (E. rosea Baill., Lessertiana A Juss., pachypoda Baill.), de Trachilia du Brésil (Tr. Clausseni, silvatica, Barraensis) et l'Aglaia eleagnoideo de l'Australie, plantes appartenant toutes à la famille des Méliacées — La communication de M. Germain de Saint-Pierre sur les Hybrides à divers degrés développés spontanément entre le Primula officinalis mère et le P. grandiflora var. hortensis père; hybrides observés dans une prairie de sa propriété de Bessay (Nièvre), à proximité du parc où l'on cultive en bordures une collection des plus jolies variations du Pr. hortensis. Ces hybrides présentaient une série graduée de coloration, de forme et de dimension, diversités pouvant s'expliquer soit par l'hypothèse d'une hybridation entre les espèces typiques père et mère à divers degrés, soit parce que ces spé cimens appartiendraient à des générations différentes (pp. 184, 185).

L'anatomie pathologique est représentée par une note remarquable de M. Max. Cornu sur l'Altération des radicelles de la vigne sous l'influence du Phylloxera vastatrix (p. 290).

En voici la substance :

Fixation de l'insecte vis à-vis du point végétatif de la radicelle; arrêt de développement des éléments placés sous lui, hypertrophie des points voisins: d'où courbure et renflement de la radicelle en forme de crochet; les conséquences physiologiques de ces lésions sont la mortification du tissu périphérique, puis du cylindre central, destruction complète de la radicelle, d'où impossibilité pour la plante d'absorber et mort du végétal.

Deux communications de physiologie végétale intéresseront ceux de nos collègues qui s'occupent de cette branche de la science. C'est d'abord un mémoire de M. Cauvet sur l'Absorption des liquides colorés par les racines (pp. 200, 234); des nombreuses expériences effectuées sur des Jacinthes, des Ognons, de jeunes plants de Pois et d'Orge, avec des solutions colorées par la Cochenille, l'Orseille, le Safran, le Campêche ou le suc du Phytolacca, M. Cauvet conclut : « que les racines physiologiquement saines n'absorbent « pas les liqueurs colorées; que leur immersion dans ces liqueurs amènent << fatalement leur destruction; qu'on ne peut enfin tirer de ces sortes d'expé«riences aucun renseignement positif sur la marche des sucs. » M. Cauvet insiste aussi sur l'influence manifestement nocive de la Cochenille et du Phytolacca sur les racines.

Le second mémoire de physiologie a pour titre : Recherches sur la végétation des feuilles détachées du rameau et est dû à M. Em. Mer (p. 211). En continuant ses recherches sur la glycogénèse dans le règne végétal, par l'étude de la végétation des feuilles isolées, M. Mer est arrivé aux résultats suivants : « La feuille peut, par son activité propre, produire de l'amidon ; cette substance, formée dans le limbe, s'écoule par le pétiole, en vertu « d'une force encore inconnue et malgré la pesanteur; en s'accumulant dans «<les tissus d'une feuille détachée, elle lui permet, dans certains cas, de vivre plus longtemps que si elle était restée fixée au rameau. Une feuille peut donc être considérée comme un organisme se suffisant à lui-même et « capable parfois d'assurer la perpétuité de l'espèce (Begonia). »

Un certain nombre de notes concernent la végétation de notre bassin rhodanien; ce sont: Note sur Althenia filiformis rencontré avec l'A. Barrandonii, par M. J. Duval-Jouve (p. 233), dans les mares saumâtres des Onglous; sur les Scleropoa rigida et hemipoa, des environs de Montpellier (p. 310); Note sur quelques plantes récoltées en 1875, par le même botaniste (p. 285), renfermant des observations fort intéressantes sur le Juncus Thomasinii Parl. de Palavas, les variétés velutinus de diverses graminées (Bromus arvensis, sterilis, maximus, rubens, etc., Vulpia, Festuca), le Polypogon littorale considéré par Clauson comme un hybride des Polypogon monspeliense et Agrostis alba, le Triticum acutum D. C. également hybride des Tr. junceum L. et Tr. littorale Host., les Triticum Rouxii, Pouzolzii, etc. Et enfin une Herborisation aux iles de Leucate, près Nar · bonne, par. M. Gautier (p. 300).

Signalons aussi aux Rhodophiles la description de cinq espèces nouvelles de Roses, par M. G. Rouy: R. alpicola, d'Huez - en- Oisans (Isère); R. recognita, de la Côte-d'Or, de la Saône et Loire; R. rothomagensis, R. elatior, R. lævipes (p. 295).

Les mycologues enfin consulteront avec intérêt la note de M. Roumeguère sur la Synonymie et l'aire de végétation de l'Agaricus Palomet Thr. (p. 223), et le mémoire suivant, de M. Van Tieghem: Sur la structure et le mode de dehiscence du sporange des Pilobolées, et sur deux espèces nouvelles de Pilobolus (p. 274).

La séance est levée.

SÉANCE DU 23 MARS 1876

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Correspondance:

M. l'abbé Brun remercie, par lettre, la Société de son admission.

La Société a reçu:

1o Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, t. XXII et XXIII, 1875;

2o Annales de la Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault.

L'ordre du jour appelle l'examen de la proposition de M. Debat, relativement à l'institution de cours municipaux de botanique.

Après une courte discussion, une commission composée de MM. Debat, Cusin, Guillaud, Sargnon et Saint-Lager est nommée pour étudier la question.

Communications :

1. M. CUSIN entretient la Société des caractères différentiels qui distinguent les diverses espèces de Typha suivantes : T. minima Hopp., T. lugdunensis Chab., T. gracilis Jord., T. Martini Jord.; M. Cusin invite ses collègues de la Société à rechercher au mois de mai, sur les bords et dans les îles du Rhône, surtout en amont de Lyon, ces différents types qui y ont été signalés par nos botanistes lyonnais.

2o CONSIDÉRATIONS SUR LA VÉGÉTATION DU VALAIS, par M. le Dr Saint-Lager:

Au mois d'août dernier, j'ai fait une herborisation dans le Valais, principalement dans les vallées de Saint-Nicolas, Zermatt, Saas, Louèche-les-Bains, au pied de la Gemmi, et enfin vers le glacier du Rhône et le Grimsel.

Je ne vous ferai pas actuellement un récit de cette excursion que j'ai le projet de recommencer l'an prochain; je me bornerai à vous présenter quelques considérations générales sur la Flore du Valais dont la beauté incomparable a, depuis longtemps, attiré les botanistes, et qui est bien connue grâce aux recherches de Murith, Thomas, Gaudin, Rapin, Rion, Ritz et Wolf.

Le beau développement de la Flore alpine dans le Valais résulte assurément de la hauteur considérable et de l'étendue des chaînes montagneuses qui, sur une longueur de 40 kilomètres, limitent de chaque côté la vallée du Rhône, depuis les sources du fleuve à la Furca jusqu'à son embouchure dans le lac Léman.

Le tableau suivant indique les altitudes des principales sommités du Valais.

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Toutes ces sommités, et beaucoup d'autres que je ne cite pas,

s'élèvent au-dessus de la limite extrême de la végétation, laquelle est à 3,000 mètres environ.

Mais on comprend que, entre ce dernier niveau et le point le plus bas du thalweg de la vallée du Rhône qui est vers le lac Léman à 300 mètres, il existe une série de zones climateriques et botaniques superposées les unes aux autres qui offrent successivement, depuis avril jusqu'à septembre, un sujet, pour ainsi dire, perpétuel d'observation.

On distingue dans le Valais, comme dans la plupart des grandes vallées montagneuses, quatre zones de végétation bien distinctes les cultures de la plaine, les forêts de sapins, les pâturages et enfin les rochers et les moraines des glaciers.

:

Je n'ai pas besoin de dire que, sauf pendant les mois de juin, juillet et août, le climat de la région des rochers et des pâturages est extrêmement froid. Ce qui est moins counu, c'est que le climat du bas Valais, surtout entre Martigny et Sierre, est beaucoup plus chaud que celui des autres vallées de la Suisse, de la Savoie et du Dauphiné septentrional, et présente quelque ressemblance avec celui des environs de Gap. Les vignobles de Fully, Saillon, Sion et Sierre, exposés en plein midi, produisent des vins blancs généreux, quoique moins exquis que celui du célèbre crû d'Yvorne, situé plus bas dans la partie vaudoise de la vallée du Rhône, non loin d'Aigle.

A Sion, sur les monticules pittoresques de Valère et Tourbillon, ainsi qu'à Saint-Léonard, on a depuis longtemps acclimaté Opuntia vulgaris, Punica granatum, Laurus nobilis, Telephium Imperati, Rhus cotinus, Ficus carica.

Voici d'ailleurs une liste d'espèces méridionales ou thermophiles, dont l'indigénat dans le bas Valais prouve la douceur de la température de ce pays, aussi bien que pourraient le faire des observations thermométriques :

Clematis recta.

Adonis autumnalis.

æstivalis.

flammea.

Glaucium luteum.

corniculatum.

Clypeola jonthlaspi.
Vesicaria utriculata.

Calepina Corvini.

Neslia paniculata.

Isatis tinctoria.

Buffonia macrosperma.
Helianthemum salicifolium.
Ruta graveolens.

Genista radiata.

Trigonella monspeliaca.

Vicia Gerardi.

Rubia tinctorum.

Potentilla recta.

Telephium Imperati.

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