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maintenant les diverses dispositions que peut offrir ce tissu: 1o à peine une trace sous le faisceau médian; 2o un groupe à la carène et à chaque marge; des traces vis-à-vis des autres faisceaux; 3° groupes à la carène et aux marges, ou même assise continue, mais à la face inférieure seulement; 4° groupes au-dessus et au-dessous des faisceaux primaires seuls; 5o groupes au-dessus et au-dessous de chaque faisceau, mais non contigus; 6o idem, mais contigus; 70 groupes envahissant le mésophylle pour la plus grande partie.

M. Duval-Jouve a constaté, à propos de ce tissu, un fait remarquable. Les expositions sèches et chaudes en favorisent le développement.

Parenchyme. Il se présente sous trois formes: 1° cellules à chlorophylle; 20 cellules simples incolores, dans certaines espèces seulement; 3o cellules étoilées ou rameuses, chez les espèces aquatiques.

Le parenchyme vert affecte plusieurs dispositions: 1o il est répandu entre les faisceaux en masses continues et uniformes; 2o sur les espèces à grosses nervures, il constitue des bandes latérales aux faisceaux; 3° les masses situées entre les faisceaux ont du tissu incolore à leur centre; 4° il entoure chez les espèces où il y en a, les canaux aérifères intérieurs; 5o certaines cellules renferment la chlorophylle à l'état de gelée verte, d'autres la contien. nent à l'état granulifère; mais, sous ces deux formes, elles constituent une enveloppe cylindrique des faisceaux.

Le parenchyme incolore, quand il existe, offre les variations suivantes : 1o quelques cellules incolores sur le flanc des faisceaux; 20 il forme une assise plus ou moins complète et contiguë à l'assise limite; 3° il s'étend en dehors de l'assise limite en dessus et au-dessous jusqu'aux groupes fibreux; 4o une masse plus ou moins forte à la côte médiane au-dessus des faisceaux; 50 de la côte médiane il s'étend à toute la surface supérieure du limbe; 6o outre celle de la côte médiane, une bande incolore alterne avec les faisceaux, s'étend verticalement d'un épiderme à l'autre; 7o il sépare dans la côte médiane les canaux aérifères; 8° latéralement il s'étend entre les faisceaux là où se développent les canaux aérifères; 9o latéralement il sépare les canaux aérifères.

Tissu étoilé. La particularité la plus remarquable que présente ce tissu est celle ci chez le Glyceria fluitans dont les feuilles inférieures seules flottent à la surface de l'eau, ces feuilles sont planes et sans carène : les feuilles aériennes sont fortement carénées. Aussi si l'on détache une de ces dernières, et qu'on place la face supérieure du limbe sur l'eau, il se retourne brusquement et tourne cette face supérieure vers le ciel. Or, le développement extérieur de la carène est dû à celui intérieur du tissu étoilé.

Vous pouvez, dès à présent, Messieurs, juger même d'après cette rapide analyse du travail de M. Duval-Jouve, des combinaisons variées que peuvent offrir les divers tissus chez les feuilles des graminées. Vous pouvez comprendre comment il est possible que chaque espèce ait son faciès propre qui la distingue nettement de toute autre. En tenant compte des différentes formes de tissus, de leur distibution dans la feuille, de leurs rapports les uns avec les autres, M. Duval-Jouve a pu préciser le type histotaxique de chacune des espèces qu'il a décrites et qui comprennent déjà un grand nombre de Grami. nées. Si, en considérant combien il reste encore à étudier, l'on ne peut pas encore affirmer que la méthode histotaxique résoudra tous les problèmes re

latifs à la distinction de l'espèce, on peut dire qu'elle est en bonne voie et qu'elle a déjà fait ses preuves. Il est juste de reconnaître que son application est délicate et que l'on ne rencontre pas toujours des observateurs aussi exercés que M. Duval-Jouve. La question toutefois n'est pas là, suivant nous. Alors même qu'elle ne résoudrait pas tous les problèmes relatifs à l'espèce, elle nous fera pénétrer plus qu'on ne l'avait fait jusqu'alors dans la connaissance de la structure intime des végétaux. Au lieu de considérations générales, elle aborde les détails de l'organisation individuelle et analyse chaque végétal cellule par cellule pour ainsi dire.

Avec son secours, nous ne connaîtrons pas seulement les divers végétaux par leurs caractères extérieurs, par leur différence de configuration externe, nous pourrons reconstruire chaque individualité pièce à pièce, étant connu l'agencement de ses divers éléments organiques. Dans beaucoup de cas, elle est appelée à remplacer la méthode ordinaire. S'il est prouvé, en effet, qu'avec son aide, l'examen d'une portion minime, d'un fragment de feuille, ou de tige, rend possible la détermination précise de l'espèce, elle sera seule efficace lorsque nous aurons sous les yeux des plantes incomplètes et privées d'un grand nombre de leurs caractères.

Sous ces divers points de vue, la méthode histotaxique se recommande au premier chef, et dût-elle ne pas tenir toutes ses promesses, elle n'en aurait pas moins introduit dans l'organographie botanique une foule de données nouvelles et de faits intéressants à connaître.

3o M. CUSIN annonce qu'il a commencé ses conférences dimanche dernier.

M. le président, à ce sujet, fait appel au zèle des jeunes botanistes et remercie au nom de la Société M. Cusin du dévoûment qu'il ne cesse de déployer pour l'instruction de ses jeunes confrères.

4° M. SAINT-LAGER demande la parole pour faire une rectifi

cation:

Dans la communication que j'ai faite, à la séance du 13 janvier 1876, relativement à l'influence chimique du sol sur les plantes, j'ai mis M. Contejean au nombre des botanistes qui ont soutenu que, dans la grande majorité des cas, les terrains influent sur la dispersion des espèces végétales par leurs propriétés physiques et nullement par leur composition chimique, si ce n'est lorsque ces terrains contiennent des sels très-solubles, comme le sel marin et les sels ammoniacaux.

M. Contejean, dans son Enumération des plantes vasculaires des environs de Montbéliard (Mém. de la Soc. d'Émulation du Doubs, 1853-1854), avait en effet soutenu cette opinion, à l'exemple de son maître Thurmann. J'aurais dûù ajouter que le savant professeur de la Faculté des sciences de Poitiers, avec

une bonne foi qui fait le plus grand honneur à son caractère, est venu déclarer qu'il s'était trompé et, dans deux Mémoires intitulés De l'influence du terrain sur la végétation (1), a victorieusement réfuté les assertions de Thurmann et démontré que le carbonate de chaux exerce sur la dispersion des plantes une influence tout aussi évidente que celle du sel marin et incomparablement plus importante, puisque les roches calcaires entrent pour une part considérable dans la constitution de l'écorce terrestre.

Cependant il reste encore une lacune dans l'argumentation de M. Contejean, car il a laissé sans réponse l'objection faite par Thurmann à la doctrine de l'influence chimique, à propos de la présence des Betula alba, Luzula albida, Arnica montana, Sarothamnus scoparius et Digitalis purpurea sur les calcaires dolomitiques de l'Alb du Wurtemberg.

Il résulte des recherches que j'ai faites sur ce sujet que les espèces silicicoles que je viens d'énumérer se trouvent exclusivement dans les parties de l'Alb du Wurtemberg où les calcaires jurassiques, et notamment les couches portlandiennes, sont recouverts de sables quartzeux presque entièrement dépourvus de carbonate de chaux et superposés à des argiles. onctueuses associées à des minerais de fer (Bohnerz des géologues allemands; couches sidérolithiques des géologues français). Les calcaires dans les fentes et les cavités desquels sont déposés ces sables et argiles sont eux-mêmes silicifiés et ont été souvent transformés en jaspes faisant feu au briquet.

M. Contejean, reprenant la classification de quelques botanistes allemands qui divisaient les plantes en kalkliebe et kalkfeindliche, distingue : 1o des espèces calcicoles qui, ayant besoin de carbonate de chaux, se fixent de préférence sur les sols qui contiennent cet élément; 2° des espèces calcifuges, auxquelles le carbonate de chaux est nuisible, et qui, par conséquent ne peuvent vivre et prospérer que sur les terrains non calcaires, comme le sont la plupart des sols siliceux et tourbeux. D'après M. Contejean, il n'est pas prouvé que la potasse et l'acide silicique des sols siliceux exercent sur la dispersion naturelle des plantes l'influence qu'on ne peut s'empêcher de refuser à la chaux et au sel marin.

(1) Ann. des sc. natur., 5e série, t. XX et 6° série, t. II.

Vous savez que telle n'est pas ma manière de voir et que, suivant moi, les espèces silicicoles (calcifuges de M. Contejean) se subdivisent en kaliphiles qui ont besoin de potasse, ce sont les plus nombreuses; et siliciphiles qui recherchent surtout l'acide silicique, comme les Équisétacées et les Diatomées.

Mais je ne veux pas actuellement traiter à fond cette question et je me borne à constater l'heureuse conversion à la doctrine de l'influence chimique du sol d'un savant distingué par l'étendue de ses connaissances en botanique, en chimie et en géologie.

5° M. SAINT-LAGER présente à la Société des échantillons de mousses envoyés par M. Paillot.

La séance est levée.

SÉANCE DU 9 MARS 1876

Le procès-verbal de la dernière séance est lu par M. Roux, et sa rédaction adoptée.

Présentation de membres.

M. Gacogne présente comme membre correspondant M. l'abbé Brun, curé de la Bessée-sur-Durance, qui, depuis de longues années, consacre ses loisirs à l'histoire naturelle, et spécialement à l'étude des plantes et des insectes. M. Brun offre à la Société un opuscule intitulé: Guide du Botaniste et du Coléoptérologue au mont Viso, et annonce qu'il se met à la disposition de ceux de nos collègues qui visiteront la Vallouise ou le Queyras, en les accompagnant dans leurs herborisations ou en leur fournissant des renseignements sur les localités à explorer. M. Brun se propose aussi de récolter, pendant cette année, les plantes rares des montagnes qui avoisinent sa résidence, pour enrichir l'herbier de notre Société botanique.

M. l'abbé Brun est à l'unanimité admis comme membre correspondant.

Communications :

1° M. THERRY rend compte d'excursions cryptogamiques qu'il a faites dernièrement à Sathonay et dans les environs de Bessenay; notre collègue fait passer sous les yeux des mem

bres de la Société un très-grand nombre d'échantillons de Champignons, Lichens et Algues provenant de ces localités.

Cryptogames récoltés à Bessenay dans un petit vallon près la route de Saint-Bonnet :

Badhamia?..., Dædalea quercina, Pleurotus mitis sur un tronc d'orme; Agaricus stypticus, Leptogium lacerum; Diplodia inquinans West., sur brindille d'orme; Clitocybe vibecinus Fr., dans bois ombragé; Stilbospora macrosperma sur charme; Telephora quercinum sur vieux chêne abattu; Polyporus adustus, Diatrype disciformis, Stictis versicolor, Peziza rufoolivacea; Tremella glandulosa sur branche de chêne; Radulum orbiculare, Rhizomorpha subcorticalis, Lecanora aurantiaca, Stereum acerinum, Colpoma quercinum, etc.

Cryptogames provenant du vallon de Sathonay : Psilonia gilva sur feuilles d'Helleborus fœtidus; Lenzites betulina, Barbula unguiculata, Fusisporium roseum, Peziza quercina, Corticium quercinum, Polyporus nigrescens recueilli par M. le docteur Thévenon.

2o M. DEBAT demande la parole pour proposer à la Société botanique de Lyon de demander l'autorisation de faire un ou plusieurs cours municipaux de Botanique, analogues à celui que professe déjà M. Noguès sur la géologie. Si les finances de la Ville étaient insuffisantes, la Société pourrait renoncer momentanément à une subvention, et il se trouvera certainement des conférenciers assez dévoués pour faire ces cours gratuitement.

Après une discussion à laquelle prennent part MM. Sargnon, Cusin, Therry, Debat, Gacogne et Saint-Lager, et sur la demande de M. Therry, la discussion de la proposition de M. Debat est renvoyée à la prochaine séance.

Sur les plantes carnivores.

3° M. DEBAT entretient ensuite la Société d'une question encore peu connue et que des travaux récents ont mise à l'ordre du jour il s'agit des plantes carnivores que M. Darwin a récemment étudiées dans les Insectivorous plants, ouvrage qui n'est pas encore traduit en français. Les Dionea muscipula, Drosera rotundifolia, les Nepenthes, les Utricularia, etc. sont successivement passés en revue par M. Debat, qui, d'après les travaux analysés, conclut à la possibilité de l'alimentation de certaines plantes par la viande crue ou les insectes.

4 M. Gab. Roux, à la suite de la précédente communication, analyse brièvement certains chapitres très intéressants du

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