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SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1875

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté après quelques rectifications de M. Cusin.

M. SAINT-LAGER annonce qu'il a fait transporter l'herbier de M. Joannon dans le local des séances de la Société ; il en examinera ultérieurement le contenu et en dressera un catalogue. M. VIVIAN-MOREL croit savoir que cet herbier renferme beaucoup de plantes des environs de Bône (Algérie).

Sont déposés sur le bureau :

1. Un envoi considérable de plantes des États-Unis adressé par notre infatigable correspondante, M" Bobard. Ces plantes tant phanérogames que cryptogames seront, autant que possible, déterminées, et la liste publiée dans les Annales;

M. Saint-Lager demande, à ce sujet, si les graines, précédemment envoyées par M Bobard, ont été utilisées ?

M. CUSIN répond que la plupart de ces graines ont été semées, mais qu'il ne connaît pas encore le résultat de cette opération.

2o Annales de la Société d'Horticulture de l'Hérault, t. VII, n• 4;

3o Bulletin de la Société botanique de France, t. XXII, no 1. Parmi les mémoires que ce numéro renferme, signalons, comme nous intéressant particulièrement, la note de M. G. Rouy sur les localités nouvelles de la Côte-d'Or et de la Saône-et-Loire (p. 77).

Admissions:

Le R. P. Jacquard, régent des études à l'Ecole Saint-Thomas d'Aquin, à Oullins, est admis à faire partie de la Société, à titre de membre titulaire;

M. Ménager, interne des hôpitaux de Nantes, sur la présentation de M. Perroud, est admis comme membre correspondant. Communications :

1° M. VIVIAN-MOREL donne lecture de la note suivante :

ÉTUDE D'UN CAS DE VIRESCENCE OBSERVÉ, EN NOVEMBRE 1875,
SUR LE « RANUNCULUS BULLATUS », par M. Vivian-Morel.
On se sert du mot virescence pour désigner une altération
des organes floraux portant non-seulement sur la couleur, mais

aussi sur la forme et surtout sur le rôle qu'ils doivent remplir dans la vie de la plante.

A mon avis, ce terme de virescence est trop vague pour désigner, avec justesse, les différents états pathologiques ou tératologiques, auxquels on l'a généralement appliqué, et j'estime qu'on rendrait service à la science en adoptant plusieurs termes conventionnels, car la précision est une des conditions essentielles de progrès dans les sciences d'obser

vation.

Cette altération, assez souvent observée, a été surtout étudiée dans le but d'éclairer la science sur la nature de l'ovule; je pourrais rappeler les travaux de Ad. Brongniart, Cramer, Marchand, E. Faivre, etc., mais ces auteurs ont généralement laissé de côté l'étude de la maladie elle-même, pour s'occuper des différentes transformations que le retour des verticilles floraux à l'état de feuilles leur permettait de suivre.

Je n'ai pas l'intention de reprendre ici cette étude; je me bornerai à donner une hypothèse sur les causes qui ont produit la déformation observée par moi sur le Ranunculus bullatus.

L'altération chez cette plante consiste, comme je l'ai déjà dit, dans le passage à l'état foliacé des différents organes floraux et dans leur développement exagéré.

Les sépales, moins déformés que les autres organes, ont conservé à peu près leur forme habituelle; on remarque seulement que leur caducité habituelle n'existe plus.

Les pétales sont devenus de véritables petites feuilles pétiolées, affectant la forme des feuilles de la plante et villeuses comme elles.

Les étamines sont stériles et paraissent réduites à leur filet. Les pistils sont constitués par un style allongé terminé par une feuille carpellaire repliée sur elle-même habituellement, ou quelquefois complètement étalée. On pourrait, à la rigueur, suivre la transformation des ovules, car tous les carpelles n'ont pas le même degré de développement.

A quelles causes faut-il attribuer cette transformation des organes? La plupart des auteurs, qui ont traité ce sujet, l'attribuent à une culture trop riche en engrais; mais la plante qui fait l'objet de cette note pèche plutôt dans le sens contraire; ce n'est donc pas là qu'il faut chercher l'explication.

Il y a un fait hors de toute contestation, c'est que le végétal

demande, pour se développer normalement, un contingent déterminé de forces physiques. Si, mettant de côté son organisation, on cherche quelles sont les causes qui influent le plus sur son développement, on trouve qu'elles n'agissent pas avec la même intensité pour lui faire développer: 1° des feuilles ; 2o des fleurs. Ainsi, une température relativement basse fera développer facilement des feuilles, et la même température sera impuissante à faire éclore des fleurs; une trop grande vigueur empêchera la formation de boutons floraux; une température anormale, survenant avant que l'élaboration intime des boutons floraux soit complète, les fait avorter dans beaucoup de cas. Je pourrais citer de nombreux exemples qui montreraient que, l'harmonie des causes ayant été rompue, il s'en est suivi une grande perturbation dans la vie de la plante.

Dans l'altération qui nous occupe, les boutons, déjà formés à l'état rudimentaire, ont continué de croftre jusqu'au moment ou la force florale a cessé de se faire sentir alors la plante, n'ayant plus à son service les éléments nécessaires au développement des organes floraux, les a simplement développés en ce qu'ils étaient primitivement, c'est-à-dire, en feuilles.

L'examen attentif de l'échantillon malade me fait conjecturer que c'est à un affaiblissement de la provision des tubercules qu'il faut attribuer cette altération, les tubercules ayant été rongés par un insecte au moment de sa production. Cette déformation, que l'on classe habituellement dans la tératologie, doit donc être classée, pour le cas présent, dans la pathologie végétale, puisqu'elle est survenue dans le cours de l'existence de la plante.

M. VIVIAN-MOREL fait passer sous les yeux des membres de la Société, un échantillon déformé, accompagné d'un échantillon normal, comme terme de comparaison.

M. CUSIN pense, contrairement au sentiment de M. Morel, qu'un excès de température ou une trop grande richesse d'engrais empêchent souvent la floraison, en facilitant la production des feuilles.

MM. Sargnon, Cusin, Morel, donnent quelques renseignements sur les roses prolifères et les roses vertes.

M. G. Roux fait observer que l'examen même des échantillons présentés par M. Morel prouve que la plante malade est

bien plus vigoureuse que la plante normale, ce qui serait contraire à l'explication de M. Morel et favorable à l'opinion générale.

M. MOREL répond que les deux échantillons, soumis aujourd'hui à la Société, ne sont ni contemporains, ni de la même localité; à une séance prochaine, M. Morel apportera des échantillons plus concluants.

20 M. DEBAT donne lecture des analyses qui suivent :

ESSAI D'UN CATALOGUE RAISONNÉ DES MOUSSES ET DES SPHAIGNES DU DÉPARTEMENT DE MAINE-ET-LOIRE, par M G. Bouvet.

Notre dévoué secrétaire, M. Magnin, nous a déjà donné un aperçu des richesses botaniques des environs d'Angers (1). En attendant qu'il complète ses renseignements, le Catalogue dont j'ai à vous rendre compte nous fera connaître d'une manière très-complète la Flore bryologique du département. En ne considérant que le but spécial que s'est proposé la Société, il ne sera, il est vrai, d'aucune utilité; mais pour tous ceux qui auront l'occasion de visiter les localités indiquées, ce sera un guide précieux, et la Flore générale de la France y trouvera des indications précises. Le travail de M. Bouvet n'est pas susceptible d'analyse; nous croyons utile cependant de résumer en trois tableaux les conséquences que nous pouvons en déduire au point de vue de la Bryologie générale. Dans le tableau A, nous signalons les espèces qui, assez communes dans nos environs, sont rares aux environs d'Angers. Le tableau B renferme au contraire celles qui sont rares dans notre flore locale, et plus ou moins communes dans le département de Maine-et-Loire. Enfin le tableau C fera ressortir un fait très-caractéristique de la Flore angovine, savoir la présence d'espèces qui ne se rencontrent habituellement que sous des latitudes plus méridionales que celles de Lyon et qu'il est assez intéressant de retrouver à une latitude plus rapprochée du pôle. Comme l'étude comparée des Flores phanéroganiques conduit aux mêmes résultats (2), il faut en conclure que le climat d'Angers est la résultante de certaines conditions spéciales dont l'étude appartient à la physique et à la géologie et qu'il ne m'appartient pas de déterminer.

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Nota. Plusieurs des espèces figurant dans le tableau A sont calcioles; leur rareté pourrait s'expliquer par la prédominance des éléments schisteux et arénacés dans les terrains angevins. Mais cette raison est insuffisante relativement à d'autres espèces indiquées comme aussi rares et qui se rencontrent assez généralement sur des sols siliceux.

3° RÉCIT D'UNE HERBORISATION AU MONT CENIS ET AU MONT ISERAN, DU 25 JUILLET AU 3 AOUT 1875, par le D' Perroud.

Le temps n'est plus où les botanistes lyonnais limitaient leurs herborisations les plus lointaines aux montagnes d'Iseron ou au Pilat et où les intrépides seuls s'aventuraient jusqu'au Colombier du Bugey ou à la Grande-Chartreuse.

Aujourd'hui, les chemins de fer, en diminuant les distances, ont singulièrement élargi le cercle de nos explorations, et l'on pourrait presque avancer que par eux le Mont-Cenis fait partie de notre région lyonnaise. Il est possible, en effet aujourd'hui, grâce à la vapeur, en partant le matin de Lyon, de coucher le soir auprès du lac du Mont Cenis, à l'hôtel de la Poste, en plein champ d'herborisation. Mieux vaut, cependant, prendre son temps, coucher à Lanslebourg, pour monter le lendemain au col du Mont-Cenis par le chemin de la Ramasse, tout en herbo

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