Page images
PDF
EPUB

3° Champignons divers recueillis sur du bois pourri dans les mines de plomb argentifère de Chenelette par M. Lacroix.

Communications :

1° M. SAINT-LAGER présente à la Société le Tulipa Celsiana récolté à la montagne de Saint-Loup, près Marseille, par M. H. Perret; ce zélé sociétaire a adressé, en outre, des Tulipa sylvestris et præcox ainsi que la note suivante.

2o NOTE SUR LES TULIPES DU LYONNAIS, par M. H. Perret.

M. l'abbé Cariot indique dans la 5o édition de son Etude des fleurs (lisez Flore lyonnaise), le Tulipa Clusiana D. C. à SaintGenis-Laval; cette espèce que je connaissais depuis longtemps dans cette localité, n'y est certainement pas spontanée; car cette plante essentiellement méridionale, ne remonte pas les cours d'eau et ne quitte pas son habitat ordinaire. Dans cette même localité, à Saint-Genis, on trouve en abondance le Tulipa sylvestris L., dont les feuilles solitaires et les bulbilles couvrent, au printemps, un espace de terrain bien plus considérable que l'espèce précédente. La distinction des deux espèces, d'après les feuilles, offre une certaine difficulté. Les feuilles du T. sylvestris sont allongées, assez larges, d'un vert foncé peu ou point glauque; celles du T. Clusiana sont plus petites, canaliculées, glauques et bordées sur les bords d'une légère ligne rougeâtre. L'une et l'autre viennent pêle-mêle, enchevêtrant leurs feuilles et leurs bulbilles qui croissent avec une étonnante rapidité. M. Méhu, dans une lettre lue à la séance du 21 mars 1872, signalait déjà le mode de multiplication par stolons du T. sylvestris et M. de Teissonnier donnait également d'autres renseignements identiques, dans la communication faite à la séance du 15 mai 1874. La plante de Saint-Genis-Laval produit aussi des stolons et se multiplie comme celle de Romanèche et de Grand-Croix. MM. Grenier et Godron sont donc dans l'erreur lorsqu'ils décrivent le T. sylvestris à bulbe sans stolons. Ce qui explique l'erreur commise par ces savants botanistes c'est que les pieds florifères sont en effet presque toujours dépourvus de ces organes.

L'accroissement de la bulbe n'est pas terminal dans les Tulipes; cet accroissement latéral les sépare de beaucoup d'autres Liliacées. Près du faisceau radiculaire se développent deux bour

geons toujours enveloppés par une bractée; cette bractée n'est pas autre chose que la feuille solitaire qui croîtra, en premier lieu, s'il y a floraison, ou qui se développera seule, si la bulbe ne porte pas de fleur. De ces deux bourgeons l'un produit une tige ascendante et l'autre une tige souterraine ou stolon. Il est fort rare que ces deux tiges se développent simultanément, car si le bourgeon supérieur donne une tige florifère, l'autre bourgeon s'atrophie et la plante n'a pas de stolons; si, au contraire, la nouvelle tige souterraine produit de nouvelles bulbes, il n'y a pas de tige extérieure et par conséquent pas de floraison. C'est pourquoi les échantillons fleuris n'ont jamais de tiges souterraines, et c'est en décrivant l'espèce d'après ces échantillons que les auteurs de la Flore de France ont commis l'inexactitude signalée plus haut.

Les stolons ne sont pas toujours verticaux, comme l'a dit M. Méhu; j'en ai trouvé beaucoup ayant une direction horizontale.

Les mêmes faits s'observent dans la végétation du T. Clusiana, ce qui confirme, pour cette dernière espèce, la description de Loiseleur, seul auteur qui lui ait donné des stolons; MM. Grenier et Godron ne les signalent, en effet, que sur l'indication de Loiseleur.

J'ai quelquefois rencontré le T. sylvestris biflore, dans la localité de St-Genis-Laval. L'étude comparative de la plante de Grand-Croix, Saint-Genis et Romanèche, m'a donné les résultats suivants : la plante du Beaujolais a la fleur plus globuleuse; les pétales sont larges, moins longs que dans les échantillons provenant de Saint-Genis et de Grand-Croix; le T. sylvestris de cette dernière localité a les pétales accuminés très-aigus, caractères qu'on retrouve aussi, mais moins accentués, dans la plante de Saint-Genis. Ces variations doivent provenir des différences dans la composition du sol de ces diverses localités.

La fleur du T. sylvestris s'ouvre, lorsqu'elle est en pleine floraison, entre 9 et 10 heures du matin pour se refermer entre 1 et 2 heures du soir; celle du T. Clusiana s'ouvre entre 10 et 11 heures, et se ferme le soir à 3 ou 4 heures.

Lorsque M. Salles a présenté, l'année dernière, quelques échantillons de T. Clusiana, cueillis d'après mes indications,

plusieurs membres de la Société ont émis l'opinion que cette espèce ne pouvait y être que subspontanée; c'est aussi mon avis.

Tout le monde sait que les Tulipes ont été très-recherchées dans le XVII siècle. En Hollande, à la mort d'un amateur, certaines variétés auraient été vendues, dit-on, 4,000 et 4,500 florins l'ognon. On ne recherchait alors que les T. Gesneriana, stenopetala; mais un peu plus tard on introduisit dans les cultures des espèces à couleur unie ou panachée, plus robustes et demandant moins de soins que les précédentes, comme le T. suaveolens parmi les exotiques et les T. Clusiana, oculussolis, præcox parmi nos espèces indigènes. J'ai vu ces dernières, à cause de leur multiplication facile par stolons, devenir fort embarrassantes et même nuisibles.

En considérant que la localité du T. Clusiana, à St-Genis, est située près des habitations (environ 50 mètres), dans une propriété close qui a été peut-être un jardin, il y a tout lieu de croire que cette plante y est subspontanée. Il en est probablement de même pour le T. præcox de Vienne, qui pousse dans les jardins et les pépinières du Plan-de-l'Aiguille. Quant au T. sylvestris, il est certainement spontané à Saint-Genis; il ne s'y trouve pas sur un espace restreint comme le T. Clusiana, mais dans un rayon assez étendu, dans plusieurs propriétés différentes et aussi bien dans les haies que dans les cultures.

3° M. CUSIN rend compte de l'herborisation faite le 27 juin, aux Echets, et montre quelques plantes récoltées par lui pendant son herborisation. Les principales espèces trouvées sont: Viola stagnina, Malachium aquaticum, Lotus major, Comarum palustre, Isnardia palustris, Enanthe fistulosa, E. phellandrium, Hydrocotyle vulgaris, Gnaphalium uliginosum, Veronica scutellata, Scutellaria galericulata, Rumex maritimus, R. hydrolapathum, Salix cinerea, Lemna polyrhiza et quelques autres espèces qu'on y rencontre habituellement. Le Lemna polyrhiza n'avait pas encore été indiqué aux Echets.

4° M. CUSIN a exploré, le 6 juillet dernier, les délaissés du Rhône compris entre la digue submersible et le Parc de la Tête-d'Or; il y a de nouveau constaté la présence des espèces suivantes qui y ont probablement été introduites à l'époque de

l'exposition de 1872: Coronilla scorpioides, Medicago lappacea, Phalaris canariensis, Melilotus parviflora, M. italica, M. infesta, Trifolium resupinatum, T. panormitanum, T. lappaceum, T. ligusticum, Glaucium corniculatum, etc. Quelques-unes avaient déjà été indiquées comme erratiques, le Coronilla scorpioides par exemple, à Villeurbanne, aux Charpennes.

M. Magnin dit que ces espèces auront peut-être une destinée différente; les unes, comme le Trifolium resupinatum, paraissent devoir se maintenir; tandis que le Melilotus parviflora apparaît une année dans une localité où on le recherche en vain l'année suivante.

5° M. GUICHARD, ayant planté l'année dernière un pied de Plantago intermedia, caractérisé par ses hampes alternativement couchées et redressées, a observé, cette année, que les sujets provenant d'un semis naturel ont tous des hampes dressées et nullement décombantes.

6° M. MAGNIN donne un compte-rendu sommaire de la session extraordinaire que la Société botanique de France vient de tenir à Angers.

La Société décide que la grande excursion annuelle se fera, cette année, à Hauteville, les 11 et 12 juillet.

M. Magnin avertit à ce propos les personnes qui consulteront le compte-rendu de cette herborisation, donné par lui dans le ler volume des Annales, de retrancher de la liste des plantes indiquées autour de la Chapelle de Mazières l'Eryngium alpinum.

COMPTE-RENDU DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE A ANGERS, par M. Ant. Magnin. Plusieurs de nos sociétaires avaient formé le projet de prendre part aux herborisations que la Société botanique de France devait faire du 21 au 27 juillet 1875, dans les environs d'Angers. Malheureusement, par suite de diverses circonstances, ce projet n'a pu être mis à exécution. Ne voulant pas manquer cette occasion d'étudier la Flore si intéressante de l'Anjou, je me suis rendu à Angers le 21 juillet, regrettant vivement qu'un malentendu m'ait privé du plaisir d'y rencontrer plusieurs de nos collègues, et en particulier notre Président.

La ville d'Angers est extrêmement curieuse à visiter. Ses maisons du XIIIe siècle avec leur façade admirablement sculptée; ses monuments religieux d'architecture romane et gothique; ses musées où l'artiste peut admirer l'œuvre presque entière de notre grand sculpteur David d'Angers; toutes ces merveilles artistiques rendent la ville fort intéressante pour l'archéologue.

Mais si la situation pittoresque d'Angers et la beauté de ses monuments excitent vivement l'admiration du voyageur, par contre les environs de la ville présentent une série de petits coteaux d'une monotonie et d'une aridité désespérantes. Partout le sol est formé par des schistes ardoisiers ou des calcaires devoniens sur lesquels croissent en abondance les Quercus tozza et robur, puis plusieurs espèces de Sedum qui s'accommodent très-bien de ce support aride et brûlant.

Cependant, entre ces coteaux desséchés, on rencontre çà et là des dépressions profondes, anciennes carrières d'ardoises abandonnées depuis longtemps, où le défaut d'écoulement de l'eau et la présence d'un sous-sol imperméable ont déterminé la formation de tourbières très-dangereuses à explorer, mais dans lesquelles le botaniste audacieux fait d'agréables découvertes.

Les environs immédiats d'Angers ont une végétation presque entièrement silicicole; la flore des terrains calcaires peut cependant s'observer non loin de cette ville, à Saumur, par exemple, où la Société a fait une excursion à laquelle je n'ai pu prendre part.

Enfin les bords de la Loire présentent quelques espèces particulières, spéciales aux alluvions et à dispersion géographique moins limitée.

Les noms célèbres des Bastard, Desvaux, Guépin, Béraud, Boreau sont attachés à l'histoire de la Flore d'Angers et de ses environs. On trouvera dans l'introduction du Catalogue raisonné des plantes de Maine-et-Loire (1), de M. Boreau, un historique complet des botanistes de l'Anjou. On peut aussi consulter les comptes rendus donnés chaque année par M. Boreau, dans le même recueil, des excursions faites dans les environs sous sa direction. Ces renseignements sont complétés, en ce qui concerne les plantes phanérogames, `par

(1) Catalogue raisonné, etc., dans Mém. de la Soc. académ. de Maine-etLoire, t. VI, p. 6 à 26.

« PreviousContinue »