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floriste de Toulouse, qui ont à la fois pour objet l'œuvre de Pourret et la flore des Corbières et dont la série, inaugurée par l'étude de quelques synonymes du Chloris narbonensis, vient d'être couronnée récemment par la publication des Reliquiæ Pourretianæ.

4° ANALYSE DU BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ botanique de France, par M. Sargnon.

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Ce numéro contient des articles de MM. Delacour, Roumeguère et Méhu sur l'extension du Vallisneria spiralis. Une note de M. Max. Cornu sur l'introduction en France de la Puccinie qui attaque les Malvacées.- Un travail de M. Heckel sur l'irritabilité des étamines. Une théorie des mouvements de la sève par M. Leclerc. Une notice de M. Weddel concernant la florule d'Agde. L'auteur émet l'opinion d'un parasitisme réciproque des Champignons et des Algues. Une esquisse de la végétation du Pérou par le même.

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Enfin un mémoire de M. Naudin sur la théorie de l'évolution. Ce travail est, en quelque sorte, une réponse au mémoire lu par M. Jordan à la séance du 28 août 1874, pendant la session tenue à Lyon par l'Association française pour l'avancement des sciences.

La question de l'origine des espèces qui préoccupe si vivement les naturalistes à notre époque est certainement l'une des plus graves et des plus difficiles de la philosophie scientifique. Deux systèmes sont en présence. D'après le premier, qui a été soutenu par Linné, Cuvier, puis développé avec autant de talent que d'énergie par M. Jordan, tous les êtres que nous voyons sont sortis des mains de Dieu par une création unique. Ces types primordiaux se sont perpétués depuis leur origine, sans présenter jamais aucune déviation dans leurs caractères essentiels. Au contraire, suivant Lamarck et Darwin, les espèces actuelles sont issues d'espèces antérieures moins nombreuses et se transformeront à leur tour par une sorte de création successive et permanente. Le but le plus élevé de la science est donc de dresser la généalogie des êtres. C'est ce qu'a essayé de faire Heckel en s'appuyant sur les données de l'observation actuelle. Dans la doctrine de l'Evolution, l'espèce n'est donc qu'une forme variable et accidentelle dans le temps et l'espace.

M. Naudin, tout en admettant l'Evolution, repousse l'opinion qui veut que les êtres éprouvent une transformation lente et continue, en vertu de laquelle les types organiques, simples à l'origine, se compliquent et se perfectionnent de plus en plus de telle sorte que, de transmutation en transmutation, la cellule primordiale serait devenue successivement mollusque, reptile, poisson, oiseau, puis mammifère.

M. Naudin, s'appuyant sur les travaux récents de W. Thompson, ne croit pas qu'il soit nécessaire d'admettre les longues périodes de temps dont les transformistes ont besoin pour faire comprendre les modifications lentes et graduelles éprouvées par les êtres. Rien n'est aussi faux, dit-il, que le célèbre adage de Linné: Natura non facit saltus. Au contraire, les changements éprouvés par les espèces se font brusquement et non par progression lente. Voici comment M. Naudin comprend l'Evolution.

Du Blastème primordial se seraient formés des proto-organismes, non sexués, se reproduisant par bourgeonnement. De ces formes larvées primordiales seraient sorties des formes secondaires ou meso-organismes, contenant en germe les formes que la force évolutive devait faire éclore dans la suite des temps. Mais à la longue la force s'épuise, cesse de créer et devient seulement conservatrice. La terre est arrivée à cette période de stabilité qu'on peut comparer à l'âge adulte.

Il est possible que, pour certains types, la force évolutive ne soit pas complètement épuisée et qu'il se produise encore des formes secondaires que les botanistes appellent des espèces affines. A ce point de vue, les espèces les plus fixes et les mieux caractérisées seraient les plus anciennes. Ainsi, d'après M. Naudin, l'espèce n'est pas un type absolu et immuable; ce n'est pas non plus une forme contingente et perpétuellement variable. C'est plutôt une Catégorie que l'esprit de chacun élargit ou rétrécit, suivant l'impression que la vue des objets lui fait éprouver. L'espèce n'a pas de réalité en dehors de l'esprit humain.

Entrant dans les détails, M. Naudin reproche à M. Jordan de morceler et d'émietter les espèces à ce point que la nomenclature botanique, déjà si embarrassée, devient tout à fait inextricable.

Mais il serait facile de répondre que, quelque soit le nombre des espèces, le devoir du naturaliste est de les distinguer et de les décrire, sans se préoccuper des difficultés de la tâche. La vérité ne doit pas être rapetissée à la mesure de notre esprit.

M. Naudin me paraît avoir été mieux inspiré lorsqu'il accuse les multiplicateurs et pulvérisateurs d'espèces de faire consister la science en une simple accumulation de faits. En effet, la statistique est un travail stérile sans le jugement de l'esprit qui pèse et coordonne les données de l'observation.

Enfin M. Naudin, tout en concédant à M. Jordan que la science doit s'éclairer des lumières de la Philosophie, ne veut pas qu'elle soit l'esclave soumise de la Théologie. La science et la Théodicée correspondent à des aspirations différentes et doivent rester indépendantes l'une de l'autre.

Après avoir posé ce principe, M. Naudin n'a-t-il pas eu tort de se mettre en contradiction avec lui-même en s'évertuant à prouver longuement que son système, loin d'être en opposition avec la Genèse, est en parfaite conformité avec divers passages des livres de Moïse?

Il a paru il y a peu de temps dans la Revue des Deux-Mondes un article dans lequel les doctrines de M. Jordan sont l'objet d'attaques très-vives de la part de M. Planchon. Il ne nous appartient pas d'intervenir dans le débat. M. Jordan est un des savants qui font le plus d'honneur à notre ville; et, quelles que soient les critiques plus ou moins fondées qu'on puisse adresser à sa doctrine, il n'est pas moins vrai qu'il aura amassé des matériaux consi dérables qui serviront à constituer l'édifice futur de notre science.

Au surplus, il nous semble que les adversaires de l'Ecole, si dignement représentée par notre éminent collègue, devraient employer, pour combattre une doctrine si laborieusement établie, d'autres preuves que des arguments purement théoriques et métaphysiques.

M. Jordan prétend prouver, par une culture patiemment prolongée, que certaines formes végétales, jusqu'alors méconnues, se perpétuent indéfini

ment par le semis et, conséquemment, méritent le nom d'espèces, au même titre que celles qui sont plus anciennement connues et décrites. Il croit avoir démontré qu'un grand nombre de types linnéens sont des groupes d'espèces affines aussi légitimes les unes que les autres. Que faut-il faire pour le combattre victorieusement? A ses expérimentations il faut opposer d'autres expérimentations qui démontrent que les prétendues espèces n'ont pas l'immutabilité qu'on leur attribue, attendu que celle-ci ne peut être obtenue qu'a l'aide d'une sélection savamment prolongée au moyen de laquelle, sous prétexte d'hybrité supposée, on écarte tous les sujets qui paraissent dévier du type que l'on désire conserver.

En plaçant les plantes critiques dans des conditions variées de sol, d'exposition, d'humidité, en les soumettant à des procédés divers de culture il faudrait prouver que les unes reviennent, après un temps plus ou moins long, à un type unique dont elles ne sont que des déviations, que les autres sont des variétés assez durables pour que la sélection ait pu en faire de véritables races.

Ce n'est pas tout encore. Botanistes et horticulteurs devraient unir leurs efforts en vue de créer, d'une manière authentique, des races végétales nouvelles se perpétuant par semis. Ne serait-ce pas le moyen le plus sûr de prouver la variabilité de l'espèce? On ne trouverait plus alors aucune opposition à admettre que les formes affines, voisines les unes des autres, sont des dérivés d'un type unique.

Tant qu'on ne se décidera pas à entrer largement dans la voie expérimentale, la question de l'Espèce restera, entre les naturalistes, une stérile et perpétuelle logomachie.

Toutefois, qu'on ne l'oublie pas, lors même qu'on arriverait à démontrer que quelques-unes des formes décrites par M, Jordan doivent être rattachées à certains types linnéens l'œuvre de notre compatriote n'en subsistera pas moins. Il n'y aura qu'un seul changement à faire à la désignation de ces plantes critiques au lieu de les appeler des espèces on leur donnera le nom de races et il faudra bien, bon gré mal gré, qu'on en tienne compte, puisque ces races ont acquis assez de solidité pour donner le change sur leur véritable origine et sur la place qu'il convient de leur assigner dans une hiérarchie naturelle.

SÉANCE DU 15 AVRIL 1875

Le procès-verbal de la séance du 1er avril est lu et adopté. Correspondance:

Le Secrétaire donne lecture:

1° D'une lettre de M. Boudeille, correspondant de la Société à la Condamine (Basses-Alpes), annonçant son départ de cette dernière localité et indiquant sa nouvelle résidence à Grenoble. -M. Saint-Lager rappelle les découvertes bryologiques faites

par M. Boudeille dans le bassin de l'Ubaye, et regrette vivement le déplacement de notre collègue; toutefois M. Lannes, qui habite les mêmes localités, continuera l'exploration du versant méridional du Mont-Viso dans le bassin de l'Ubaye;

2o D'une lettre de M. l'abbé Fray donnant des renseignements sur la flore de la Bresse et des Dombes.

M. LACROIX offre à la Société plusieurs exemplaires d'une brochure intitulée: Essai sur la végétation des environs de Mâcon, tirage à part d'un mémoire lu à l'Académie de cette ville.

Communications :

1 PLANTES RARES DES ENVIRONS DE MACON, par M. Lacroix.

M. Lacroix présente à la Société les espèces les plus remarquables du Mâconnais; il en donne libéralement des échantillons pour l'herbier; parmi les plus intéressantes nous citerons : Une Renoncule que M. Lacroix crut d'abord être le R. confusus. M. Grenier, à qui elle a été soumise, y a reconnu le R. trichophyllos var. Godroni. M. Billot, qui a aussi reçu la même plante, s'accorde avec M. Grenier à ne point y voir le R. confusus.

Nelumbium speciosum, splendide Nymphéacée, originaire de l'Orient et acclimatée depuis quelque temps en divers points de la France. L'échantillon présenté par M. Lacroix provient des fossés du château d'Aumusse;

Alsine mucronata, de la roche de Solutré ;

Digitalis purpurascens qui, pour tous les botanistes, est un hybride des Digitalis purpurea et grandiflora;

Scirpus fluitans, espèce très-rare, récoltée avec M. l'abbé Fray dans l'étang Genoud près Pont-de-Veyle (Ain). Ce Scirpus est d'autant plus difficile à trouver qu'il ne peut être récolté que lorsque l'étang est à sec.

M. Saint-Lager ajoute que le même fait s'observe chez quelques Cyperus, notamment les C. fuscus et flavescens.

A propos du Nelumbium, M. Magnin rappelle les circonstances dans lesquelles il a éte introduit en France, d'abord à Montpellier, puis successivement plus au nord, dès qu'on se fût aperçu qu'il pouvait être cultivé au dehors, dans des fossés contenant assez d'eau pour ne pas geler complètement.

2° NOUVELLE LOCALITÉ DE L'ORCHIS PAPILIONACEA L.,

par M. Fiard.

Cet Orchis, l'un des plus rares de France, n'est indiqué par M. l'abbé Cariot qu'à la Pape. Grenier et Godron donnent une seconde localité près de Toulouse.

En 1873, j'en ai récolté de nombreux échantillons à SaintMaurice-de-Gourdans, canton de Meximieu (Ain), sur une colline peu élevée au-dessus de la plaine, dans un terrain sablonneux supportant quelques chênes peu vigoureux et clairsemés, sous lesquels viennent en abondance: Potentilla rupestris, Orchis morio, Geranium sanguineum, Phalangium liliago, etc. Ces bois-pâtures appartiennent aux territoires des communes de Saint-Maurice-de-Gourdans et de Saint-Jean-deNiost; peut-être en cherchant bien pourrait-on y trouver l'Orchis papilionacea en plusieurs points; néanmoins, malgré mes nombreuses pérégrinations dans ces localités, je ne l'ai jamais rencontré que dans un seul endroit et sur un espace restreint, mais où il était très-abondant.

L'année suivante, en 1874, je suis retourné au moment de la floraison de l'Orchis papilionacea dans l'endroit où je l'avais récolté l'année précédente; mais par suite de l'extrême sécheresse, tout était flétri et je n'ai pas même pu trouver des feuilles d'un seul exemplaire.

Au reste, la sécheresse avait produit les mêmes résultats dans la localité dite des Peupliers près Meximieu; tandis qu'en 1873, l'Orchis fragrans et le Polygala exilis y avaient été très-abondants, en 1874 je n'ai pu y trouver un seul échantillon.

Pour aller à l'endroit où croit notre rare Orchis, il faut partir de Meximieu par le chemin d'intérêt commun de cette ville au Port-Galand par CharLoz. Peu après avoir dépassé le château de Marcel, appartenant à M. Jules Julien, on trouve à droite un chemin conduisant aux bois; on le suit pendant quelques minutes et l'on arrive aux premiers bois-pâtures; c'est sur les premières pentes, en face de Port-Galand, à moins d'un kilomètre de ce village que l'on rencontre la plante rare qui fait l'objet de cette notice.

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