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Lacroix, de Mâcon, et M. Fr. Crépin, de Bruxelles, assure qu'il l'a rencontrée plusieurs fois en Belgique (1).

M. Méhu entretient ensuite la Société du Vallisneria spinalis qu'il vient de rencontrer dans le canal du Centre et le canal latéral de la Loire; cette plante y a probablement pénétré par l'écluse de Châlon, où M. Méhu l'a retrouvée en grande abondance. M. Méhu demande des renseignements sur l'apparition de cette intéressante espèce aquatique à Lyon.

MM. Allard, Cusin, Vivian-Morel donnent des indications qu'on retrouvera dans la communication que M. Méhu a faite à la Société botanique de France, et qui a été publiée dans le Bulletin de cette Société, en 1874.

Notons cependant que M. Vivian-Morel, qui a contribué a propager le Vallisneria dans les environs de Lyon, est parvenu à trouver les pieds mâles qui échappent facilement aux recherches; il y arrive, en examinant la surface de l'eau dans le voisinage des pieds femelles de Vallisnerie; à la place où se trouvent des plantes mâles, on voit à la surface une mince couche de poussière provenant des étamines de cette plante; cette poussière ne se rencontre qu'au moment de l'anthèse, qui a lieu dans le courant de juillet.

M. Cusin ajoute que l'Elodea canadensis, introduit dans les fossés du parc de la Tête-d'Or, par M. l'abbé Boullu, s'y est rapidement propagé, surtout dans le fossé où croît le Nelumbium speciosum.

PLANTES DE LA SAVOIE NOUVELLES POUR LA FLORE DE FRANCE,

par M. Saint-Lager.

J'ai fait, pendant le mois d'août de l'année 1874, un voyage botanique dans quelques parties des montagnes du Faucigny, de la Tarantaise et de la Maurienne. Je ne veux pas présenter ici l'énumération des nombreuses et intéressantes espèces que j'ai observées pendant ce voyage; car je serais, pour ainsi dire, conduit à faire passer sous vos yeux le tableau complet de la Flore alpine. Je me bornerai à signaler et à vous montrer quel

(1) M. Timbal-Lagrave a bien voulu comparer la Renoncule de Bourdelans à la figure et aux échantillons qu'il tient de M. Revel lui-même, et il conclut à la parfaite identité des deux plantes. (Note ajoutée pendant l'impression).

ques plantes exclues de la Flore française avant l'annexion de la Savoie, et qui, par conséquent, n'ont pas été admises dans l'ouvrage classique de MM. Grenier et Godron, publié de 1848 à 1856.

Quoique ce sujet ait déjà été traité par MM. Chabert (1), Perrier de la Bathie et Songeon (2), puis par M. l'abbé Chevalier (3), je crois qu'il ne sera pas sans utilité d'y revenir afin de donner une nouvelle notoriété aux faits intéressants signalés par ces savants botanistes, et aussi dans le but de compléter les observations antérieures par celles que j'ai faites dans les chaînes de montagnes qui s'étendent depuis le mont Blanc jusqu'au mont Cenis.

La Flore de la partie orientale de la Savoie offre une grande ressemblance avec celle du Valais. Afin de faire ressortir cette similitude dans la végétation des deux pays voisins, j'aurai soin, à l'occasion de plusieurs espèces, d'indiquer aussi les stations botaniques du Valais.

Des faits analogues s'observent dans la partie de la Savoie qui confine au Piémont sur une assez grande étendue; j'en citerai quelques exemples, pris notamment à la Levanna, au mont Iseran et au mont Cenis. En ce qui concerne cette dernière montagne je crois devoir faire remarquer que, avant ces dernières années, le plateau du mont Cenis jusqu'au village de Grande-Croix dépendait de la commune de Lans-le-Bourg, mais que, par suite de considérations stratégiques dont le naturaliste n'a pas à se préoccuper, une grande partie de ce plateau et des montagnes environnantes a été séparée de la Savoie et réunie au royaume d'Italie. Malgré cette modification, je continuerai à considérer le mont Cenis comme faisant partie de la Savoie, au moins au point de vue tout-à-fait inoffensif de la Phytostatique.

J'arrive à l'énumération des plantes de la Savoie qu'on devra introduire dans la Flore française.

Matthiola varia D. C. Rochers gypseux près du pont de Bramans, en Maurienne.

(1) Session de la Soc. bot. de France, à Grenoble, en 1860. Bulletin, t. VII. (2) Session à Chambéry, en 1863. Ibid., t. X.

(3) Session à Annecy, en 1866. Ibid., t. XII.

Se trouve en Valais, au Simplon, dans le val de Binn et à Saint-Nicolas.

Saponaria lutea L. C'est à tort que, sur la foi de Liottard, cette rarissime caryophyllée avait été indiquée, par Mutel, à la Chapelle-Blanche en Savoie. Elle existe près du col du petit mont Cenis, sur les rochers qui dominent au nord la Combe d'Ambin, à 300 mètres environ avant d'atteindre la borne qui indique la limite de la France et de l'Italie. Au mont Cenis elle est très-abondante derrière le vieux fort.

On la trouve aussi dans les Alpes-Maritimes, près de SaintÉtienne et au mont Turlo.

Dans les montagnes du Piémont, à l'Assiete d'Exiles, au col de Fenêtre, et enfin dans le val Tournanche sur le versant méridional du mont Rose.

Phaca frigida Jacq. Cette espèce qui diffère du P. alpina Jacq. par sa tige simple, ses stipules grandes, ovales et amplexicaules, et enfin par ses feuilles à 4-5 folioles a été vue au Méry, au col d'Anterne, au mont Joli et à la montagne de la Gitaz près Beaufort. Elle est assez commune en Valais sur les montagnes des environs de Leukerbad, de Zermatt et à Zermontana, Zanrion.

Meum adonidifolium Gay. Élégante ombellifère, commune dans les prairies autour de Laval de Tignes et au mont Cenis. Peucedanum austriacum Koch. Brizon, vallée du Reposoir, la Clusaz, Samoëns, Saint-Jeoire; existe aussi dans le Valais.

Linnæa borealis L. Cette jolie caprifoliacée, qui habite les forêts moussues des régions septentrionales de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique, et qu'on rencontre dans quelques rares localités du nord de l'Allemagne, de la Bohême, du Tyrol et de la Suisse, avait été indiquée, par l'illustre de Saussure, à la montagne des Voirons, en Savoie. Aucun botaniste n'a pu l'y retrouver. Aura-t-elle disparu à la suite des déboisements? Il est certain qu'elle existe dans le Valais, à peu de distance de la frontière française, au pied de la forêt de Tête-Noire, non loin de Valorsine. Ses autres stations dans le Valais sont Vende, Vercorin, Turtmann, Ballen et Fee dans la vallée de Saas. Valeriana celtica L. Mont Cenis à Corne-Rousse. Valais Saint-Bernard, Distelalp de Saas.

Piémont: Macugnaga, Gressoney, val Formazza, Courmayeur, vallées vaudoises, Lancei, Vici.

Crepis jubata Koch. Cette petite plante est une des plus rares de la Flore alpine. Les seules localités où elle ait été vue en Europe sont la moraine du glacier de Fimberg dans le Tyrol, le Hornli de Zermatt en Valais, le col du mont Iseran et la Vanoise en Savoie.

Tige monocéphale un peu courbée vers la base, portant 1-2 feuilles, hérissée dans toute sa longueur, surtout près de l'involucre, de poils courts, jaunâtres, non glanduleux. Involucre hérissé de poils semblables aux précédents, formé d'écailles lancéolées et imbriquées. Feuilles radicales, lancéolées, obtuses, spathulées, atténuées vers la base, à bords entiers ou faiblement dentés, glabres; feuilles caulinaires sessiles et brièvement poilues. Ligules d'un jaune d'or.

Cette remarquable espèce a quelque ressemblance avec le Crepis alpestris Tausch. Mais celui-ci a les poils de l'involucre glanduleux, des feuilles dentées-roncinées et en outre une tige beaucoup plus élevée.

D'après Ledebour (1), on trouverait le C. jubata dans le pays des Samojèdes, autour du lac Baikal, dans les monts Altaï près de Riddersk.

L'existence du C. jubata en Savoie a été signalée pour la première fois, sans aucune indication de localité, par MM. Perrier de la Bathie et Songeon dans un mémoire intitulé: Aperçu sur la distribution des espèces végétales dans les Alpes de la Savoie (2). Ces savants botanistes, ayant omis d'indiquer la localité où ils avaient vu cette plante, je demandai à M. Perrier de vouloir bien me donner quelques renseignements plus détaillés. J'appris alors que le C. jubata avait été découvert par MM. Perrier et Songeon au col du mont lseran, près de la cabane, le 22 juillet 1854 et à la Vanoise le 23 juillet 1855. Il n'est pas inutile d'insister sur ce point afin d'épargner aux botanistes qui visiteront ces deux localités l'illusion, que j'ai eue moi-même, de croire avoir découvert une station nouvelle d'une plante rare.

Senecio cordatus Koch. Très-abondant dans la vallée du Reposoir en Savoie.

(1) Flora rossica, t. II, p. 826.

(2) Bulletin de la Société botanique de France, 1863, t. X.

Valais Vouvry, Val d'Illiez, Bovonnas, Morgins, Fée.

Achillea atrata L. Le Buet et tout le massif des montagnes calcaires entre Samoëns, Sixt et le Valais.

Valais : Val d'Illiez, Saint-Bernard, mont Fully, Cheville, montagnes autour de Leukerbad.

Achillea moschata Wulf. Granite et schistes cristallins des flancs du mont Blanc dans les vallées de Chamonix et de Montjoie jusqu'au Bonhomme.

Piémont et Valais: mêmes terrains sur les deux versants de la chaîne qui s'étend depuis le Saint-Bernard jusqu'au SaintGothard, vallée de Conches et glacier du Rhône.

Saussurea alpina D. C. Tré-la-Tète, Saut-des-Allues, prairie voisine de l'extrémité orientale du lac du mont Cenis.

:

Valais Saint-Bernard, mont Fully, Zermontana, Hornli, Staffel et Schwarzsee près Zermatt, mont Stock dans la vallée de Conches.

Erica carnea L. Rochers d'Andey, près de Bonneville, entre Avrieux et le fort de l'Esseillon, bois de sapins entre Bramans et la Combe de Villette où cette Bruyère est en si grande abondance que je suis surpris qu'aucun botaniste ne l'y ait vue.

Cortusa Matthioli L. Allioni connaissait déjà l'existence de cette belle Primulacée dans la grotte située vers le premier pont sur l'Isère en amont de Tignes; elle est connue aussi depuis longtemps au mont Cenis à l'entrée de la gorge de Savalain où on prétend qu'elle a semée par Molineri.

Allioni indique la Cortuse en Piémont dans la vallée d'Exiles, en montant à l'Assiete, dans la vallée du Chisone, entre les Traverses et Sestriers.

Primula pedemontana Thomas. Tignes, dans la vallée de l'Isère; Bessans en Maurienne et de là en remontant vers les sources de l'Arc; mont Cenis.

Androsace glacialis Hoppe. Diffère de l'A. pubescens par ses feuilles d'un vert-cendré, hérissées de poils rameux et étoilés. Col du mont Iseran, la Galise près des sources de l'Isère, le Bonhomme, entre le col des Fours et l'aiguille de Tré-la-Tête, col de la Magdeleine au Cheval-Noir.

Valais toutes les sommités de la chaîne entre le Saint-Bernard et le Saint-Gothard.

Gentiana purpurea L. Massif du mont Blanc et des Aiguilles rouges, Vergy, Brizon, Môle, mont Cormet, les Allues.

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