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M. Debat montre un échantillon non fructifié de Bartramia stricta Brid. trouvé par lui à Orliénas (Rhône). Cette mousse, qui aime les expositions chaudes, est fort rare dans le nord et l'est de la France. On l'a signalée sur les coteaux de Barré, dans Maine-et-Loire, puis dans une localité du Dauphiné. Enfin elle est assez commune dans le midi de la France.

Peut-être a-t-elle échappé jusqu'ici dans notre région aux bryologues à cause dǝ sa stérilité habituelle.

M. Debat montre un échantillon d'Hypnum callichroum Brid. trouvé au mont Thoux, près Lyon; la variété Dicksoni Hook et Tayl. du Pogonatum aloides, provenant du mont Pilat.

Il fait ensuite passer sous les yeux des sociétaires une série de Mousses rares ou nouvelles trouvées autour d'Aix, en Provence, par M. Philibert. Ce sont: Trichostonum convolutum, T. tophaceum, Barbula cirrhata, B. oblongifolia, chloronotos, inermis, Mülleri, Grimmia tergestina, G. orbicularis et l'hybride de ces deux derniers découvert par M. Philibert, Leptodon Smithii, Habrodon Notarisii, Camptothecium aureum, C. fallax, espèce nouvelle qui a les feuilles du C. aureum et les capsules du C. lutescens, Rhynchostegium megapolitanum. Enfin trois mousses nouvelles Trichostomum hymenostoides, T. Phiberti et Barbula revolvens, appartenant au groupe de l'unguiculata.

NOTE SUR LES CRYPTOGAMES ENVOYÉS PAR M. ROUX, DE MARSEILLE, par M. Ant. Magnin.

Parmi les Cryptogames que M. Roux a fait parvenir à la Société, il en est quelques-uns qui, vivant en parasites sur des plantes méridionales, vous intéresseront sans doute; je crois devoir vous les présenter, en les accompagnant de quelques observations.

Ce sont d'abord:

Puccinia jasmini D. C. sur feuilles vivantes de Jasminum fruticans, cueilli par M. Roux dans les Alpines, en mai 1867.

Ecidium cressae D. C. sur le Cressa cretica L., singulière convolvulacée de la Provence; l'échantillon provient des bords de l'étang de Marignane. Erineum ilicinum D. C. sur les feuilles du Quercus ilex.

Phacidium quercinum Desm. sur les feuilles du Quercus coccifera. Des feuilles du même arbre ont fourni une hypoxylée à laquelle Desmazières a donné le nom de Sphæria contecta et que vous pouvez voir sur ces échantillons.

- Phacidium lauro-cerasi Desm.

Sphæria Rouxii, nom attribué par C. Montagne à un petit parasite trouvé par M. Roux sur l'Erica multiflora.

Thelephora Derbesii Mont, dans les bois de pins vers Fontaine-d'lvoire, à Mazargues en décembre 1872; cette espèce, remarquable par les divisions en lanières de son réceptacle, a été dédiée par Montagne à M. Derbès, botaniste de Marseille; elle appartient au groupe T. caryophyllea, qui croît aussi sur terre dans les bois de pins et se rapproche de la forme laciniata de Persoon. Les espèces suivantes sont des cryptogames étudiés par Castagne et publiés par lui dans son catalogue des plantes des environs de Marseille et dans l'ouvrage intitulé: Observations sur quelques plantes acotylédones, par L. Castagne (Marseille).

Coniothyrium Montagnei Cast. herb., petits conceptacles noirs, superficiels sur des rameaux de Bupleurum fruticosum.

Cycloconium oleaginum Cast. La tache noire circinée qu'on aperçoit sur ces feuilles mortes d'Olivier est formée par un stroma supportant des sporidies sessiles, ovoïdes, uni-septées ; c'est une Mucédinée voisine des Cladosporium si communs à l'automne sur les feuilles mortes.

Ascopora oleæ Cast. sur d'autres feuilles d'Olivier; le genre Ascopora est un démembrement du genre Septoria; l'Asc. oleæ de Castagne est le Sept. oleæ de Durieu de Maisonneuve, et de D. C.

Pileolaria terebinthi Cast. Cat. p. 204, la plus intéressante de toutes, croissant sur des feuilles vivantes de Pistacia terebinthus; ce sont les tubercules noirs, durs, que vous apercevez sur ces échantillons; ils sont formés par des houppes de filaments tortueux, hyalins, simples, supportant à leur extrémité un globule discoïde; cette structure les rapproche des Urédinées. Enfin, pour terminer, je vous présente un parasite appelé par M. Roux Gymnosporangium juniperi Link, et qu'il a trouvé sur des rameaux de Juniperus oxycedrus, dans les sables de Mazargues, près de Marseille, en mars 1872. Ne serait-ce pas plutôt le Podisoma juniperi Fr.? Le Gymnosporange a, en effet, une forme trémelloïde; tandis que les Podisoma se distinguent par un appareil reproducteur conique ou en forme de massue, tel que celui qui existe dans le Champignon que je vous présente. Permettez-moi d'entrer à son sujet dans quelques détails.

Vous vous rappelez sans doute qu'une espèce du même genre, le Podisoma Sabina, a été accusée d'être la cause d'une maladie du poirier, caractérisée par la présence sur les feuilles du Ræstelia cancellata; le Rostelia ne serait qu'un des appareils reproducteurs du Podisoma, d'après les idées ayant cours sur le polymorphisme des Champignons, polymorphisme compliqué ici d'hétérœcie (c'est-à dire changement de forme dans les appareils reproducteurs coïncidant avec un changement d'habitat.)

Or, d'après Ersted, le Podisoma juniperi donnerait naissance aussi à un Ræstelia différent de celui du Poirier, croissant sur l'Aubépine et décrit par les mycologues sous le nom de Ræstelia lacerata Var. cratægi (1).

(1) M. Maxime Cornu m'a dit, au mois de mai dernier, avoir institué des expériences et vérifié la transformation de ce Podisoma en Ræstelia cratægi. (Note ajoutée pendant l'impression.)

Je reviens au Ræstelia cancellata pour citer un fait personnel qui vient à l'appui de la théorie. Dans un jardin que je possède près de Lyon, tous les poiriers étaient atteints depuis quelques années par le Ræstelia; or, au milieu du jardin se trouvait un magnifique pied de Sabine sur lequel j'ai pu recueillir, chaque printemps, de nombreux échantillons de Podisoma. Cet arbuste est mort l'année dernière et a été arraché. Cette année je n'ai pu, malgré de consciencieuses recherches, trouver un seul Ecidium sur tous les poiriers, qui en étaient couverts les années précédentes.

M. Cotton a connaissance d'un autre fait semblable sur lequel il donnera ultérieurement quelques détails.

A la suite de ces communications, M. le Président informe la Société qu'elle vient de perdre un de ses membres les plus zélés, Pierre Siméan, et fait de la vie de notre regrettable confrère une courte esquisse, dont il a été déjà donné un résumé dans le dernier fascicule de nos Annales.

SÉANCE DU 21 JANVIER 1875

Correspondance:

La Société a reçu:

1o Annales de la Société scientifique et littéraire d'Apt; 2o Une lettre de M. le docteur Gillot, d'Autun, qui demande à faire partie de la Société.

M. DEBAT distribue aux membres présents des échantillons de Dicranum undulatum qui lui ont été donnés par le frère Pacôme, zélé naturaliste, attaché à l'établissement de SaintGenis-Laval.

M. LE PRÉSIDENT propose de faire, dimanche, 24 janvier, une herborisation cryptogamique à Francheville.

Communications :

M. CUSIN.

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Rapport sur l'ouvrage de M. Ant. Legrand, intitulé: Statistique botanique du Forez.

Le travail que M. Legrand a publié dans les Annales de la Société des sciences de la Loire se divise en deux parties. Dans la première, l'auteur, après l'historique de la Botanique dans le Forez, donne un aperçu clair et succinct de la topographie du pays et étudio successivement l'action des diverses influences qui agissent sur la végétation; c'est-à-dire la température,

l'exposition, l'altitude, la nature du sol, etc. La seconde partie comprend le catalogue de toutes les espèces qui ont été observées dans la plaine du Forez, ainsi que dans les chaînes de montagnes qui la circonscrivent à l'est et à l'ouest. Les indications fournies par l'auteur sur le Pilat et sur la chaîne orientale qui sépare le bassin de la Loire de celui du Rhône ont pour nous un vif intérêt.

M. Legrand paraît avoir étudié avec un soin tout particulier la végétation de Pierre-sur-Haute et donne sur celle-ci des détails très-circonstanciés.

C'est avec raison que M. Legrand a mis en doute l'existence de plusieurs espèces qui ont été indiquées au Pilat comme Isopyrum thalictroides, Hieracium angustifolium, Campanula cœspitosa, Carex tomentosa, Gastridium lendigerum, Festuca violacea.

En ce qui concerne cette dernière graminée, je puis assurer ne l'avoir jamais trouvée au Pilat, bien que je me sois appliqué particulièrement à la découvrir l'an dernier ; je n'ai pu voir que le Festuca rubra plus ou moins teinté de violet.

Quant au Sesleria cærulea que M. Legrand exclut de sa Flore, je l'ai vu sur les rochers qui bordent le Gier.

En fin de compte, la statistique botanique du Forez est une œuvre consciencieuse et très-recommandable.

M. DEBAT.

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Rapport sur la monographie de M. de Seynes, intitulé: Recherches sur les Fistulines.

Le genre Fistulina représenté par une espèce en Europe et par trois espè ces exotiques offre des caractères du plus haut intérêt, et l'étude très-remarquable qu'en fait M. de Seynes permet de pénétrer plus profondément dans l'organisation des Champignons basidiosporés.

Tout ce qui va suivre s'applique plus spécialement au Fistulina hepatica, la seule espèce que l'on puisse se procurer et étudier avec facilité.

Le Champignon se présente sous la forme d'un chapeau de couleur rouge brique, convexe à la surface supérieure qui est en général un peu hispide ou pileuse, plane à la face inférieure, qui porte les tubes hyménophores. Ce chapeau est inséré latéralement sur les écorces de Chênes, Châtaigniers, Noisetiers, etc., et s'y fixe au moyen d'un pédicelle plus ou moins long et de teinte plus claire que celle du chapeau. Souvent plusieurs chapeaux sont juxtaposés avec un seul pédicelle formé par la fusion des pédicelles particuculiers. Le tissu qui constitue le chapeau est charnu pendant la vie du Champignon, plus mou et même parfois gélatineux à la partie supérieure. Une section à travers le chapeau permet d'observer dans le parenchyme des bandes alternativement rouges et blanches, longitudinales dans la partie pédicellaire et plus ou moins élargies en éventail dans l'intérieur du chapeau. Etudions maintenant avee M. de Seynes l'évolution et l'organisation du Fistulina. Mycelium.Essentiellement transitoire; a déjà disparu quand le Fistulina atteint la grosseur d'une tête d'épingle. Le passsage du mycelium au tissu parenchymateux est encore inconnu.

Réceptacle.- Nous en avons décrit la forme générale. Les éléments se composent de cellules qu'on peut ramener à deux types généraux ; chacun

de ceux-ci offrant d'ailleurs des formes distinctes; 1° cellules larges, cylindriques, fusiformes; 2° cellules étroites; les unes à cloisons assez rapprochées, surtout vers la base d'attache du Champignon (hypha); d'autres à cloisons variables et à suc propre en général coloré (réservoirs à sucs propres, laticifères); d'autres enfin à cloisons variables et affectées à certains organes (tubes hyménophores, cellules conidifères, houppes du chapeau, cellules trémelloïdes). Toutes ces cellules se colorent en jaune par l'iode. Bien que différentes de forme, les cellules sus-énoncées ne constituent pas des tissus distincts, mais naissent les unes des autres en affectant seulement une certaine prédominance dans quelques parties de la masse.

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Réservoirs à sucs propres. - Le suc est en général coloré en rouge brique bien que parfois incolore. Les cellules se terminent par des anses ou com. muniquent entre elles par des anastomoses. Elles sont souvent bifurquées. Houppes pileuses. La surface supérieure et convexe du chapeau est, principalement dans la jeunesse, couverte d'excroissances papilleuses constituées par des paquets de poils unicellulaires, non ramifiés, à extrémité un peu renflée et généralement colorés par le suc propre. Ces poils naissent sur les cellules sous-jacentes sans constituer un tissu spécial.

Tubes hymenophores. Les tubes sont formés par des cellules allongées, cylindriques, non ramifiées. Le tube qu'elles forment est d'abord clos. A l'intérieur elles sont tapissées par une couche de cellules courtes, renflées en massue et dont l'axe de direction est perpendiculaire à celui des cellules formant le tube. Ces cellules courtes sont les basides, et portent chacune à leur extrémité, deux, trois ou généralement quatre spores, portées par autant de stérigmates. Les spores naissent-elles à l'extrémité des stérigmates (formation acrogène), ou à l'intérieur de cette extrémité (formation endogène), c'est ce que M. de Seynes n'a pu établir rigoureusement. Il croit cependant pouvoir conclure d'observations faites sur d'autres Champignons que la formation des spores est endogène.

Conidies. Longtemps avant que le chapeau du Fistulina ait donné naissance à des tubes hyménophores, c'est-à-dire dans la première période de son développement, les cellules fines et étroites du parenchyme se ramifient dans la partie supérieure. Elles se renflent çà et là, et chacun de ces renflements engendre une conidie. La conidie se forme d'abord à l'intérieur du renflement. Plus tard, ce renflement s'étrangle au-dessous de la conidie, qui ne paraît plus alors tenir à la cellule mère que par un mince et court pédicelle. Enfin elle se détache. En général, avant sa chute, plusieurs autres conidies naissent par le même procédé de la même cellule, en sorte que celle-ci se montre terminée par une grappe de conidies. Cette génération de conidies se produisant aux dépens des cellules, celle-ci-finissent par être détruites, et une lacune apparaît dans le tissu du Champignon.

Protoplasma. M. de Seynes le décrit sous trois états, correspondant chacun à une période de l'existence du Champignon:

1. Protoplasma homogène avec gouttes huileuses disséminées dans la masse (état antérieur à l'activité végétative);

20 Protoplasma en émulsion épaisse (maximum de l'activité);

3° Protoplasma à vacuoles centrales claires (période d'épuisement).

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