Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Peu de temps après avoir rencontré, à droite, un ravin par lequel on pourrait descendre dans la grande prairie située au pied du rocher de la chartreuse d'Arvières, on sort de la forêt pour entrer dans une vaste prairie, où se présentent en abon

[blocks in formation]

et quantité d'autres espèces qu'on trouve dans toutes les prairies

des montagnes.

Dans les taillis se montrent quelques pieds d'Aconitum anthora L. et lycoctonum L.

On arrive bientôt vers les granges du Colombier.

Les prairies environnantes forment, au commencement de la saison, un magnifique parterre tout émaillé de Crocus vernus, de Narcissus poeticus, N. pseudo-narcissus, de N. Bernardi, hybride des deux précédents, de Gentiana Kochiana P. S. Plus tard, de nombreux Orchis succèdent à ces plantes vernales; les Orchis albida Scop., viridis Crantz, sambucina L. et globosa L., sont les seuls qui méritent une mention particulière.

Gravissons, à l'est, une pente rapide toute couverte de Sesleria cærulea Ard., mêlé à quelques pieds de Carex sempervirens Vill. et de Luzula sudetica D. C. Nous remarquerons à travers les touffes épaisses de ce gazon glissant une forme naine de Vicia sepium L., puis une très-jolie et toute mignonne Violette V. arenaria D. C., les Polygala vulgaris L. et calcarea Schultz; enfin, dans les parties rocheuses, le Draba aizoides L. et le Globularia cordifolia L.

Après avoir escaladé cette pente rapide, nous arrivons sur un

plateau tourbeux entièrement couvert de Potentilla tormentilla Nestl., de Nardus stricta L. et de Luzula sudetica D. C., tout autour duquel croissent plusieurs plantes des plus vulgaires, qu'on est presque désappointé de rencontrer ici. Était-ce en effet la peine de monter si haut pour

[blocks in formation]

voir :

Tragopogon pratensis L.
Veronica teucrium L.
Trifolium montanum L.
Plantago media L.

Kæleria cristata Pers.
Leontodon proteiformis Will.
Festuca duriuscula L.
Anthoxanthum odoratum L.
Dactylis glomerata L.

De cette légère déception, tirons au moins cet enseignement que beaucoup de plantes sont indifférentes aux influences climatériques, et, après nous être ainsi consolés, poursuivons notre ascension en récoltant sur les pelouses :

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

tacle s'offre à notre admiration. Du côté de l'est, nous suivons du regard le cours du Rhône, depuis le fort de l'Écluse et Bellegarde jusqu'à Culoz. En face de nous se déroule la longue chaîne des monts de la Chautagne, couverts à la base de riches vignobles auxquels succèdent, dans les parties supérieures, de petits bois et des pâturages. Au centre de cette chaîne, nous voyons l'étroite gorge que traverse le Fier avant de se jeter dans le Rhône, au-dessous de Seyssel. Au-delà, nous apercevons la contrée ondulée qui s'étend de Rumilly à Frangy, Saint-Julien,

et qui se termine au pied du Salève et vers le lac Léman. Directement à l'est, on distingue parfaitement l'extrémité septentrionale du lac d'Annecy. Le reste du lac est caché par le Semnoz (1,698 mètres). Au-delà du lac se dresse la masse imposante de la Tournette (2,349 mètres), qui dissimule en partie aux regards la chaîne des Aravis terminée, au sud, par le mont Charvin (2,414 mètres). Les cîmes de la chaîne du Mont-Blanc, couvertes de leur manteau de neiges éternelles, forment de ce côté le fond de cet admirable tableau. Au sud-est, miroite la gracieuse nappe du Bourget, dont on n'est séparé que par la plaine marécageuse de Culoz et la butte du mont Châtillon. Sur la rive gauche, s'étagent en gradina successifs les collines de Saint-Germain, de Saint-Innocent, puis les montagnes du mont de la Cluse (1,545 mètres), du mont de la Rame (1,489 mètres) et de Nivolet (1,553 mètres), qui dominent tout le pays compris entre Aix et Chambéry. Au-dessus de la rive accidentée du lac, se profile la longue arête si bizarrement dentelée du mont du Chat (1,497 mètres), qui semble être le prolongement du Colombier et qui elle-même se continue par le mont de l'Épine jusque près des Échelles. Au-delà, on aperçoit le massif de la GrandeChartreuse, et, dans le lointain, les sommités neigeuses des montagnes d'Allevard et de Belledonne.

A l'ouest s'étend, pour ainsi dire à nos pieds, le riant pays du Valromey (vallis romanorum), borné en face de nous par les belles forêts de Cormaranche, de Sutrieu, de Ruffieu, des Moussières, et, du côté du nord, par les monts d'Ain, qui nous dérobent la vue de Nantua.

Non loin de nous, au sud-ouest, on remarque, sur une haute colline, le château de Grammont et les petits lacs de Chavoley et de Pugieu, entourés de verts et riants coteaux. De ce côté, l'horizon est fermé par le Mollard de Don, les montagnes de Tantaine et de Saint-Benoît, derrière lesquelles coule le Rhône.

Ne quittons pas le sommet du Colombier sans cueillir une plante intéressante, le Tulipa Celsiana D. C, qui se trouve là en compagnie de l'Allium fallax Don. dans un espace de quelques mètres carrés. Cette Tulipe ne se retrouve pas dans la partie septentrionale de la chaîne jurassique (1).

(1) La Tulipe de Celsius est assez commune dans la Provence et les AlpesMaritimes, à la Sainte-Victoire, à Saint-Loup. près Marseille, sur les monta

Le retour peut se faire suivant diverses directions. Si on est pressé par le temps, il faudra redescendre la pente gazonnée par laquelle on est monté, puis s'engager à gauche dans le vallon de Brançon, à l'entrée duquel on trouvera les Sorbus aria Crantz, S. Mougeoti Soy. Will., Cotoneaster vulgaris Lindl. et tomentosa Lindl., Amelanchier vulgaris Manch., et, plus bas, sur les rochers, Hieracium amplexicaule L., Kernera saxatilis Rchb., Campanula cæspitosa Scop., Erinus alpinus L., et diverses autres espèces déjà signalées. On arrivera ainsi à Munet, d'où on se rendra à Artemare en une heure et demie.

Je ne conseille pas de descendre sur le versant du Rhône à Anglefort ou à Seyssel; les chemins sont mauvais et la récolte serait peu abondante. Il vaut mieux, si on peut disposer de trois ou quatre heures, effectuer le retour par Culoz. A cet effet, on descendra du côté du Rhône jusqu'à la prairie qu'on voit au bas des escarpements, car il importe de savoir qu'on ne peut pas suivre l'arête du Colombier à cause des nombreuses cassures qu'elle présente. On remontera ensuite jusque vers une agglomération de granges.entourées de riches prairies, où abonde le Crepis succisafolia Tausch et la plupart des espèces qu'on trouve habituellement sur les hauts plateaux jurassiques.

Derrière la pierre Amion on trouve dans un taillis une espèce qu'on n'est pas accoutumé à voir à cette altitude, c'est l'Anemone ranunculoides L.

Lorsqu'on est arrivé à l'extrémité méridionale du plateau, on descend à travers une forêt, dans laquelle on rencontrera beaucoup d'Orchis bifolia L., O. chlorantha Cust., Valeriana tripteris L., Neottia nidus avis Rich., Dentaria pinnata L. Au centre de la forêt est une belle prairie, dans laquelle abonde le Viola alpestris Jord.

gnes des environs de Toulon, le Luc, Fréjus, Grasse, Mont-Cheiron, l'Estérel, Clans, col de Tende, Saorgio; de là elle remonte dans les Basses-Alpes, autour de Sisteron, Castellane jusqu'aux prairies de Larche; dans les HautesAlpes, vers Gap, à Charance et au col de Glaise, à Montmorin, Bruis, Rosans; dans l'Isère, à Gresse, Claix, Saint-Nizier, Mont-Rachais; enfin dans la Savoie on la retrouve sur les sommités des Bauges.

Elle existe d'autre part dans le Roussillon, près de Collioure et d'Argelèssur-Mer; dans l'Hérault, au Caroux, au Caylar et à Fraisse; dans le Gard, sur toute la chaîne de l'Espérou, aux bords du Gardon, à la Baume, au Pontdu-Gard.

Dans le reste de la France on ne la connaît que sur les rochers du PontBarré, près Beaulieu, dans Maine-et-Loire.

Plus bas on rencontre Alyssum montanum L., Centaurea montana L., Crepis blattarioides Vill., Hieracium præaltum Vill., H. farinulentum Jord., H. lanatum Vill., Cytisus alpinus Vill., C. laburnum L., Lonicera alpigena L., Laserpitium latifolium L., L. Siler L., Gentiana cruciata L., Crupina vulgaris Cass., Asperula taurina L., Helianthemum grandiflorum D. C.

Après ces diverses récoltes, on ne tarde pas, en descendant le long du chemin à lacets tracé sur les flancs de la montagne, à parvenir à Culoz, terme du voyage.

En terminant, jetons un coup d'œil d'ensemble sur la végétation du Bugey.

Le botaniste qui, après avoir avoir visité le Jura, vient herboriser dans les montagnes du Bugey, s'aperçoit bientôt de la ressemblance frappante que présentent les Flores des deux pays, de telle sorte que, réunissant les données de la phytostatique à celles qui sont fournies par l'orographie et la géologie, il n'hésite pas à considérer comme la suite immédiate de la chaîne jurassique toute la contrée montagneuse comprise dans les arrondissements de Belley et de Nantua, qu'on appelle à bon droit le Jura méridional.

Cependant, entre celui-ci et le Jura septentrional, on observe quelques différences, qu'il ne sera pas sans intérêt de faire ressortir. En effet, on remarque une prédominance plus marquée d'espèces alpines sur les sommités de la première chaîne, c'està-dire sur le Montendre, la Dôle, le Colombier de Gex et le Reculet que sur les montagnes du Bugey. La démonstration de ce fait est donnée par le tableau suivant :

Espèces du Colombier du Gex, de la Dôle, du Reculet et du Noirmont qui manquent dans le Jura méridional.

Ranunculus thora.

Anemone narcissiflora.

Aconitum paniculatum.

Hutchinsia alpina.
Arabis brassicaformis.
Viola biflora.

Alsine verna.
Silene quadrifida.

Linum alpinum.

Orobus luteus.

Oxytropis montana.

Trifolium caespitosum.

calcarata (1).

badium.

(1) Cette violette existe pourtant dans la partie supérieure de l'arrondissement de Nantua, au crêt de Chalam.

« PreviousContinue »