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l'Ecluse, et se continue au-delà de l'étroite cassure du Rhône par le Mont-Vuache, en Savoie.

Les sommités principales de la première chaîne sont plus élevées que celles de la seconde. Le Colombier de Gex a 1,691", la Dôle 1,720 et le Reculet atteint, au Crêt de la Neige, 1,723".

La seconde chaîne jurassique, dont le Colombier du Bugey est le prolongement, offre dans toute sa longueur une composition géologique assez uniforme.

A la base se montrent les marnes et les calcaires oxfordiens passant, dans les parties supérieures, à des calcaires blancs saccharoides, souvent remplis de polypiers, qu'on avait rapportés, jusqu'à ces dernières années, à l'étage corallien. Cet ensemble constitue le jurassique moyen. J2.

Au-dessus apparaissent les schistes et calcaires kimméridgiens et portlandiens qu'on désigne, sur les cartes géologiques, sous le nom de jurassique supérieur J 3.

Sur les deux flancs de la chaîne on voit, sur quelques points, les couches crétacées du valangien et de l'urgonien.

A la base du Colombier règne une zone, interrompue sur le versant occidental, de sables et de grès molassiques qu'on remarque surtout à Chavornay et à Seyssel; et enfin des amas de graviers mêlés à des blocs de nature et de dimension variables transportés, les uns par les anciens glaciers qui avaient leur point de départ dans les Alpes, les autres par les petits glaciers formés dans le Valromey. Les blocs charriés par ces derniers sont tous calcaires et proviennent des montagnes voisines.

L'ascension du Colombier peut être faite par diverses voies: 1° par Culoz; 2° par Seyssel; 3° par le vallon de Brançon situé au-dessus de Munet; 4° par la forêt d'Arvières.

Ce dernier itinéraire est le plus avantageux aux botanistes, soit qu'ils viennent directement de Lyon, soit qu'ils aient traversé le Valromey, après avoir visité le plateau d'Hauteville et les forêts de Mazières et de Cormaranche.

Je supposerai donc que nous partions d'Artemare de grand matin, après avoir mis dans le sac de voyage quelques provisions de bouche pour la journée. On pourra trouver du vin, du fromage et du pain chez le garde-forestier d'Arvières.

Au sortir d'Artemare se présente une haute falaise de rochers appartenant à l'étage valangien sur lesquels nous remarquons en passant :

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Nous traversons le hameau de Don et, arrivés près du pont que traverse la route de Champagne, nous prenons à droite le chemin de Virieu-le-Petit.

Les champs et les prairies ne nous offrent qu'un petit nombre d'espèces assez communes :

Cynoglossum officinole L.
Aquilegia vulgaris L.
Barkhausia taraxacifolia D. C.
Anchusa italica Retz.
Hypericum microphyllum Jord.

Sur les rochers, nous voyons
Fumana procumbens Gr. Godr.
Helianthemum obscurum Pers.
Linum marginatum Poir.
Phalangium ramosum Lam.
Dianthus carthusianorum L.

:

Chondrilla juncea L.
Bromus squarrosus L.
Orchis ustulata L.
Ajuga chamaepitys Schreb.

Trifolium montanum L.
Sedum sexangulare D. C.
Brunella grandiflora Moench.
Carlina acaulis L.

var. caulescens Lam.

Arrivés au hameau de Munet, nous apercevons le vallon de Brançon dominé par une grosse protubérance, que les habitants du pays appellent la pierre Amion. On pourrait parvenir au sommet du Colombier en remontant ce vallon dans lequel on trouverait une grande abondance d'Amelanchier vulgaris, de Campanula cæspitosa, d'Erinus alpinus et d'Hieracium amplexicaule.

Mais continuons notre route et, après avoir dépassé Munet, Assin et Virieu-le-Petit, prenons à droite un chemin qui longe le ruisseau d'Arvières.

Le long des haies nous trouvons :

Daphne Laureola L.

Digitalis parviflora All.

Epipactis latifolia All.

Coronilla emerus L.
Cytisus laburnum L.
Phyteuma orbiculare L.

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Dans une prairie arrosée par une source d'eau incrustante, nous voyons les Hypnum commutatum Hedw., cuspidatum L. et stellatum L.

Quelques pas plus loin se présente un petit bois dans lequel

se montrent:

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Les pierres qui encombrent le lit du ruisseau sont tapissées d'Hypnum palustre L.

Sur les bords du ruisseau se montre le Saxifraga rotundifolia L., qu'on retrouvera plus haut dans tous les lieux humides. Quelques troncs de bois abandonnés sur le sol sont recouverts de Plagiothecium silesiacum B. S. Le Metzgeria furcata N. forme de larges plaques à la surface des pierres moussues.

Après avoir franchi le ruisseau, on rencontre la ferme de la Rivoire, autour de laquelle croît en abondance l'Artemisia absinthium L.

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A mesure que l'on s'élève on rencontre sous les sapins :

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Saponaria ocymoides L.

Carduus defloratus L.

Charophyllum cicutaria Vill. (1).

Après avoir monté dans la forêt pendant environ quarante minutes, on trouve, à droite, un chemin en plaine qu'il faut laisser pour continuer à suivre celui qui s'élève en pente douce, et le long duquel on trouve en grande abondance le Cynoglossum montanum Lam., qui se distingue aisément du C. officinale L. par ses feuilles luisantes et presque glabres en dessus, par ses carpelles non bordés et hérissés, sur la face externe, de pointes entremêlées de tubercules coniques.

De l'autre côté du chemin, on verra quelques pieds de Belladone et d'Angélique, puis la succession des espèces suivantes :

Campanula rhomboidalis L.

Festuca sylvatica Vill.

Dentaria pinnata L.

Carduus personata Jacq.

Calamagrostis sylvatica D. C.
Veronica montana L.

Calamintha alpina Lam.
Myosotis sylvatica Hoffm.
Spiræa aruncus L.
Laserpitium latifolium L.
Ranunculus platanifolius L.

Enfin on cesse de monter, et, tout à coup au détour du chemin, on se trouve en face d'un des plus admirables tableaux qu'on puisse imaginer. Le vallon d'Arvières apparaît soudain aux regards entouré d'une gracieuse ceinture de forêts, dans laquelle la couleur sombre des sapins se marie agréablement au vert tendre des hêtres, des ormes et des érables. Au pied de ce bel amphithéâtre s'étagent, en gradins successifs, de riantes prairies tout émaillées de Narcisse des poètes, de Trolle, d'Astrance, d'Orchis globuleux, de Gentiane jaune, de Campanule rhomboïdale et d'une nombreuse cohorte de charmantes fleurs qui ornent cette magnifique oasis. A l'extrémité de la vallée, les flancs opposés des montagnes, qui se rapprochent de plus en plus l'un de l'autre, laissent pourtant entre eux un espace étroit à travers lequel le regard se perd au loin dans un horizon vague et indéfini. Enfin, comme pour compléter cet admirable tableau que la palette du peintre le plus habile serait impuissante à reproduire, les ruines de la chartreuse d'Arvières se dressent sur un rocher à parois verticales, qui forme un hardi et gigan

(1) Le Cypripedium calceolus L. a été trouvé dans la forêt sur le versant qui regarde Lochieu.

tesque promontoire élevé de plus de 100 mètres au-dessus du fond de la vallée (1).

A côté des ruines de la chartreuse se trouve la maison forestière, dans laquelle il est bon de s'arrêter pour déjeûner.

Le botaniste qui voudrait employer une journée entière à visiter les prairies et les bois qui s'étendent au nord des ruines d'Arvières jusque vers la grange du cimetière et au-delà, ferait certainement des découvertes intéressantes. La partie septentrionale de la chaîne du Colombier n'a pas été explorée comme il conviendrait; les botanistes qui viennent à la chartreuse d'Arvières ont tous le Colombier pour objectif et négligent de pousser leurs recherches, suivant d'autres directions.

Après avoir cueilli autour des ruines le Myrrhis odorata Scop., belle ombellifère qui mériterait l'épithète de carthusianorum à plus juste titre que le Dianthus auquel on a donné ce nom, remettons-nous en route pour le Colombier, dont nous ne sommes plus séparés que par 308 mètres d'altitude verticale (2).

Descendons à travers la forêt, et bientôt nous arriverons à une belle route forestière, que nous suivrons à droite pendant une centaine de mètres, puis, laissant cette route qui nous conduirait dans la prairie située au pied du rocher qui porte la maison du garde, remontons brusquement à gauche à travers la forêt, en prenant un petit sentier qui nous conduira jusqu'au commencement des prairies du Colombier.

Dans les parties de la forêt qu'on vient de traverser depuis les ruines d'Arvières, on aura pu voir un grand nombre de mousses intéressantes :

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puis les nombreuses fougères qu'on trouve habituellement dans les forêts de sapins.

(1) La chartreuse d'Arvières, ravagée et en partie détruite en 1793, avait été fondée en l'an 1140 par Amédée III, comte de Savoie, en exécution d'un vou que celui-ci avait fait pendant la longue guerre qu'il soutenait contre le dauphin Guy IV, de Viennois, et qui se termina à son avantage.

(2) La maison forestière est à 1,226 mètres; le signal du Colombier, à 1,534 métres.

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