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NOTE

SUR UNE

NOUVELLE ESPÈCE DE MOUSSE LE LEPTOBRYUM DIOICUM

Par M. DEBAT

Notre président, M. Saint-Lager, qui fait actuellement un voyage botanique dans le Valais, m'a envoyé une mousse qu'il a trouvée le 14 août dernier sur les talus de la route de Tæsch à Zermatt. M. Saint-Lager n'ayant ni le temps ni les moyens n'examiner cette mousse pendant son voyage, me l'a envoyée sous la désignation de Leptobryum piriforme, variété nouvelle.

En l'examinant attentivement, j'ai reconnu que ce Leptobryum, au lieu d'être synoïque comme le L. piriforme, est manifestement dioïque. On aperçoit, en effet, à travers les touffes de plantes femelles des plantes mâles assez nombreuses, qu'au premier aspect on pourrait prendre pour des pieds de Pleuridium nitidum, ainsi que l'a cru d'abord M. Saint-Lager.

Comme on ne connaissait jusqu'à ce jour aucun Leptobryum dioïque, j'ai cru être autorisé à considérer la mousse découverte par M. Saint-Lager comme une espèce nouvelle et à en faire une description détaillée.

Leptobryum dioicum, Debat.

Touffes assez serrées, vert pâle à la surface, décolorées ou un peu rougeâtres dans la partie inférieure.

Tiges de 1 à 2 centim. 1/2 de longueur, filiformes, dressées, flexueuses, pourvues d'une touffe de racines et innovantes à la base, en général simples, mais offrant parfois 2-3 rameaux courts.

Feuilles inférieures écartées, lancéolées, squammiformes, plus longues en s'élevant sur la tige; les plus hautes formant une

touffe terminale assez serrée, à partie basilaire oblongue, puis lancéolées et enfin très-longuement subulées, dressées-étalées, flexueuses, à dents écartées au sommet. Côte large atteignant l'extrémité. Cellules de la partie basilaire rectangulaires, presque hyalines. Tissu hexagono-rhomboïdal dans la partie subulée; les feuilles caulinaires comme il a été dit ci-dessus; les terminales constituant un bourgeon floral formé par 5-6 folioles externes semblables aux feuilles caulinaires, mais un peu plus larges, et par 5-6 folioles internes, à partie basilaire ovale, concave, s'imbriquant assez étroitement, puis devenant brusquement subulées, étalées et flexueuses, pourvues d'une côte.

Inflorescence dioïque. Plantes mâles assez nombreuses, disséminées parmi les femelles; 8-10 anthéridies oblongues, avec paraphyses nombreuses, raides, fusiformes, à extrémité aiguë.

Enveloppes florales de la fleur femelle constituées par la touffe coronale qui termine la tige. 10-15 pistillidies avec paraphyses délicates en petit nombre.

Pédicelle allongé, mince, flexueux, rougeâtre à la base, pâle dans la partie supérieure. Vaginule renflée. Capsule tantôt dressée ou oblique, souvent même horizontale ou pendante, pâle, nettement piriforme, à col égal en longueur au sporange. Coiffe? Péristome développé. Dents dressées par la sécheresse. Processus ouverts sur la carène. Cils très-appendiculés. Opercule assez grand, conique. Anneau formé d'une seule série de cellules (1).

(1) Quelques jours après la communication faite à la Société, j'ai envoyé à M. Schimper la description qu'on vient de lire et des échantillons du Leptobryum dioicum. L'illustre auteur du Bryologia europaea a pris la peine de comparer notre mousse avec les nombreux spécimens de Leptobryum piriforme qu'il a recueillis lui-même ou qui lui ont été envoyés de divers pays, et a reconnu qu'aucun d'eux ne ressemble à notre Leptobryum, lequel, suivant M. Schimper, est bien une espèce nouvelle. M. Schimper ajoute, avec sa bienveillance accoutumée, que, à son grand regret, la description de cette espèce intéressante ne pourra pas paraître dans la 2e édition de son Synopsis muscorum, attendu que le chapitre qui concerne la famille des Bryacées est déjà imprimé.

COMPTE-RENDU

DE

L'HERBORISATION FAITE DE TENAY A HAUTEVILLE DANS LA FORÊT DE MAZIÈRES ET AU VÉLY

PAR

M. Adolphe MÉHU

Le Bugey est une des contrées les plus intéressantes du cours du Rhône. Peu connu anciennement, mieux apprécié maintenant des naturalistes lyonnais, il est et sera toujours un champ très-vaste de découvertes et de riches herborisations. » J. FOURREAU, Catal. des Plantes du cours du Rhône. Lyon, 1869, préf. p. 3.

Il semble que la Société botanique de Lyon ait été séduite, dès son origine, par les riantes montagnes du Bugey. A coup sûr, aucune circonscription de notre flore n'a fourni à nos Annales de si nombreux documents. Au mois de juillet 1872, M. Cusin dirigeait à Cormaranche et au Vély une herborisation dont M. Magnin a donné un remarquable compte-rendu (1). Les environs de Tenay ont été explorés avec autant d'habileté que de bonheur par deux botanistes distingués, MM. Chenevière et Grenier, qui nous ont communiqué plusieurs fois leurs précieuses observations (2). Enfin, M. Saint-Lager, appelé à Tenay par la découverte du Carex brevicollis D. C., a complété heureusement dans un savant mémoire (3) les indications de M. Magnin. En présence de tous ces travaux et pour éviter les répétitions, nous aurions certainement borné à quelques notes rapides le compte-rendu de l'herborisation que la

(1) Annales de la Société botanique de Lyon. I, p. 45. (2) Annales II, p. 48-53-86. III, P. 40

(3) Annales II, p. 54 et 88.

Société botanique de Lyon exécuta dans le Bugey les 10 et 11 juillet 1875, si le prochain voyage de la Société botanique de France n'était venu prêter à cette étude un nouvel intérêt. Nous suivons l'exemple qui nous a été donné en 1873 avec tant d'à propos par la Société royale de Botanique de Belgique. Puisse notre modeste compte-rendu, inspiré par les élégantes notices de MM. Bamps (1) et Crépin (2), être accueilli favorablement par nos collègues étrangers!

La pluie tomba toute la nuit et le ciel était si menaçant le samedi matin, 10 juillet, que nous nous acheminions vers la gare des Brotteaux bien plutôt pour tenir une parole donnée qu'avec la pensée arrêtée de partir. Mais tel est l'attrait d'une herborisation dans les riches vallées du Bugey qu'au moment du départ la crainte d'être mouillé n'arrête plus personne. Nous prenons place dans le train. Emportés dans la direction de Genève, nous passons rapidement devant quelques localités remarquables de la Flore lyonnaise : Le Grand-Camp, la Pape, Neyron, Montluel et le Camp de la Valbonne, Meximieux et ses tufs calcaires, dont les savantes études de M. de Saporta nous révèlent tout l'intérêt (3). Déjà la voie abandonne les bords du Rhône, franchit l'Ain qui roule avec impétuosité ses flots grossis par les pluies récentes et s'engage au delà d'Ambérieux dans la pittoresque vallée de l'Albarine (4). La vapeur nous entraîne trop vite à notre gré à travers ces beaux paysages dont la grandeur n'exclut pas la grâce et qui se transforment à chaque instant sous nos yeux. Sur les deux rives les montagnes se rapprochent; la vallée est tellement resserrée que la rivière, la route et la voie ferrée paraissent se disputer l'espace. Nous arrivons à Tenay. Au sortir de la gare, nous prenons la direction du village, mais déjà les boites s'ouvrent et la récolte commence. On observe, en effet, sur le bord de la route:

(1) Constant Bamps. Les Plantes rares des environs de Hasselt. Bruxelles, 1873.

(2) Fr. Crépin. Florule des environs de Han-sur-Lesse, 2e édit., Bruxelles, 1873.

(3) Cf. Ant. Magnin. Annales de la Société botanique de Lyon, II, p. et de Saporta, Archives du Muséum d'histoire naturelle de Lyon, sons 4, 5 et 6.

37,

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(4) Albarine alba arena.

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Le déjeuner nous attend à l'hôtel Pittion, où viennent bientôt nous rejoindre MM. Chenevière et Grenier. Nos sympathiques collègues de Tenay n'hésitent pas, malgré des occupations pressantes, à nous sacrifier leur temps pour nous diriger dans un pays dont ils connaissent si bien toutes les richesses. M. Grenier viendra nous retrouver le lendemain pour nous accompagner au Vély. Nous prenons aussitôt la route d'Hauteville, sous la conduite de M. Chenevière.

Les escarpements du plateau d'Hostiaz (771") commandent l'entrée de la vallée de l'Albarine. Tandis que M. Chenevière nous indique le sentier qu'il faut suivre pour atteindre le Carex brevicollis D. C. qu'il a si heureusement découvert dans ces parages, M. Saint-Lager appelle l'attention sur les divers étages de la roche jurassique que nous avons sous les yeux. La corniche et les éboulis qui s'en sont détachés appartiennent à l'étage corallien. La base est constituée par le calcaire oxfordien. Tandis qu'à notre droite l'Albarine bondit sur son lit de rochers, des champs et des prairies bordent la gauche de la route et nous invitent à l'herborisation. Nous récoltons successivement :

Bromus commutatus Schrad.

Sedum acre L.

album L.

reflexum L.

Dipsacus silvestris Mill.

Poterium dictyocarpum Spach.

Prunus fruticans Weihe.

Rubus caesius L.

rusticanus Merc.

Poa compressa L.

Geranium columbinum L.
Cirsium bulbosum D. C.
Melica Magnolii G. G.
Saponaria ocymoides L.

Brachypodium pinnatum P. Beauv.

Cerasus Mahaleb Mill.

Inula Conyza D. C.

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Rumex scutatus L.

tenuifolium L.

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