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une notice de M. Bouvet sur les Espèces nouvelles de Maineet-Loire (1) et pour la partie bryologique par un mémoire du même botaniste intitulé: Catalogue raisonné des Mousses et Sphaignes du département de Maine-et-Loire.

Après ces généralités, je vais donner en quelques lignes le compte-rendu des herborisations et des séances auxquelles j'ai assisté.

Lundi 21 juin. Séance publique dans une belle salle de l'école de la rue Bodinier.

Après quelques paroles de bienvenue prononcées par le Maire d'Angers, M. Bureau, président de la Société botanique de France, déclare la session ouverte.

La présidence revenait de droit à l'auteur de la Flore du Centre; mais retenu chez lui par une douloureuse maladie, M. Boreau (2) n'a pu prendre part aux travaux de la session, et c'est M. Germain de Saint-Pierre qui a occupé constamment le fauteuil de la présidence.

Voici, du reste, qu'elle a été la composition du bureau :
Président M. Boreau;

:

Vice-présidents MM. Germain de Saint-Pierre, André Leroy, Dezanneau, Thibezard;

:

Secrétaires MM. Doumet-Adanson, Ravain, G. Bouvet, Ant. Magnin.

L'éloge du comte Jaubert, dont la science botanique déplore la mort récente, éloge prononcé par le président Germain de Saint-Pierre, a été le morceau capital de cette séance, à laquelle assistaient toutes les notabilités angevines. On a entendu ensuite des lectures de M. Bras sur des plantes rares de l'Aveyron et de M. Magnin sur l'habitat du Porphyridium cruentum.

Mardi 22. La première excursion avait pour but l'exploration des bords de l'étang Saint-Nicolas; on appelle ainsi une série de profondes excavations remplies d'eau et creusées dans les schistes siluriens. Une tradition locale en fait d'anciennes ardoisières.

(1) Bulletin de la Société d'études des sciences naturelles, 3° année, 1873. (2) M. Boreau est mort peu de temps après.

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Les schistes, échauffés par le soleil et dans les débris desquels on trouve parfois de nombreuses vipères, sont couverts d'un mince gazon desséché où croissent:

Astrocarpus purpurascens Walp. Digitalis purpurea L.
Umbilicus pendulinus D. C. Festuca tenuicula Link.

et surtout des Orpins, Sedum anglicum Huds., S. andegavense Desv., ce dernier rare. Dans les parties plus herbeuses, surtout dans les taillis garnis de Quercus tozza, aux formes si variées, on trouve en outre : Corydalis claviculata D. C., Spergularia vulgaris Boenn., S. Morisonii Bor., Galium saxatile L., Hypericum linearifolium Vahl.

La plante la plus intéressante est sans contredit le Myosotis sicula Guss. dont l'habitat à cette latitude est un curieux fait de géographie botanique.

Je ne dois pas oublier les Mousses intéressantes que le savant bryologue M. Husnot nous a fait récolter. Ce sont sur les schistes: Racomitrium heterostichum Brid., Grimmia Schultzii Wils., G. leucophaea Grév., G. montana B. S., et surtout le Campylopus polytrichoides De Not., belle Mousse toujours stérile; enfin, sur les troncs de peupliers, une espèce très-rare, le Barbula latifolia B. S.

Mercredi 23. Visite du Jardin des plantes et des cultures de M. Leroy.

Le Jardin des plantes est remarquablement bien tenu. En parcourant ces belles collections, où l'on peut étudier sur le vif et comparer les espèces critiques des Sedum, Sempervivum de l'école moderne, les Agropyrum si peu connus encore, on reconnaît de suite la direction d'un botaniste consommé qui ne dédaigne pas l'étude de ces formes difficiles; M. Boreau est habilement secondé, du reste, par le jardinier-chef, M. Jolibois (1).

(1) Les botanistes qui ont assisté à la session d'Angers seront heureux d'apprendre que la direction du Jardin botanique a été confiée à M. Lieutaud.

La visite à l'établissement horticole de M. André Leroy n'a pas été une des parties les moins intéressantes de la session. On ne peut imaginer la quantité de plantes accumulées dans ces 200 hectares de culture. Certaines collections, celle des Quercus, par exemple, demanderaient plusieurs heures pour être passées en revue et exigeraient plusieurs journées d'étude. Les arbres verts sont représentés par les espèces les plus rares. Grâce à la douceur du climat occidental d'Angers, M. Leroy peut cultiver en pleine terre, le Thé, l'Olivier, le Câprier, etc. Certains arbres qui exigent une somme assez considérable de chaleur moyenne y prennent même un plus beau développement que dans le Midi, parce qu'ils n'ont pas à craindre à Angers les coups de vent qui, dans le Midi, brisent si fréquemment la flêche des jeunes plantations.

Dans l'impossibilité de donner un compte-rendu, si succinct soit-il, de notre visite, dans laquelle M. Leroy nous a guidé avec une rare bienveillance, malgré son état maladif (1), je me bornerai à signaler les deux expériences suivantes qui ont attiré surtout l'attention des physiologistes; c'est d'abord un Genista sagittalis greflé sur un Cytisus laburnum, depuis une dizaine d'années; et le Garrya elliptica greffé sur un Aucuba japonica. Ce dernier fait est d'autant plus important qu'il confirme physiologiquement le rapprochement opéré, depuis quelques années, par les botanistes systématiques, de ces deux genres qui avaient été placés pendant longtemps à une assez grande distance l'un de l'autre dans la série naturelle.

Jeudi 24. Dans cette quatrième journée, nous avons exploré les tourbières et les coteaux de Juigné-sur-Loire.

En sortant de ce village, M. Bouvet nous fait cueillir sur un mur le Syntrichia princeps, espèce méridionale qui a remonté jusqu'ici. On arrive bientôt dans une de ces dépressions signalées plus haut dont le plancher mouvant renferme de rares espèces, mais sur lequel on ne peut s'aventurer sans danger. Ce plancher est formé par des Sphaignes entrelacés, Sphagnum cymbifolium, Sph. fimbriatum, que nous trouvons bien fructifié. On y voit aussi :

(1) M. Leroy est mort au commencement de l'année 1876.

Aulacomnium palustre.
Hydrocotyle vulgaris.

Polystichum thelypteris.
Osmunda regalis.

Drosera rotundifolia.
Eriophorum gracile.
Salix cinerea, etc.

Notons surtout l'Utricularia neglecta dans les parties où l'eau est à découvert et les Typha angustifolia, elata Bor.; ce dernier principalement a excité de nombreuses mais irréalisables convoitises.

Les collines qui séparent ces dépressions, complètement arides au moment de notre visite, ne nous ont livré que des Sedum, mais à la vérité en assez grand nombre: Sedum micranthum Bast, S. rubens L., S. anglicum Huds., S. andegavense Desv., S. albescens Haw., S. collinum Bor., etc. Nous y retrouvons aussi et en abondance le Campylopus polytrichoides.

Au retour, en nous dirigeant vers les Ponts-de-Cé, nous avons récolté sur les bords d'un bras de la Loire :

Carex ligerica Gay.

Genista purgans D. C.

Trifolium Michelianum Sav.

Myosotis sicula Guss.

Herniaria glabra L.

Et dans l'eau :

Helosciadium nodiflorum Koch. Damasonium stellatum Pers.

Je fus obligé de partir le soir même, et je ne pus pas prendre part à la promenade projetée pour le lendemain 25, à l'IleSt-Aubin, où l'on a dû rechercher l'Ilysanthes gratioloides, curieuse scrofulariée, originaire d'Amérique, qui tend depuis quelques années à se répandre partout où existe son congénère le Lindernia pyxidaria. Sur les bords de la Sèvre, l'Ilysanthes a chassé complètement le Lindernia, ainsi que l'a observé M. Lloyd. L'Ilysanthes a envahi les environs d'Angers, et le sentiment de M. Bureau est qu'ici, comme ailleurs, la Lindernie succombera dans la lutte. Ce curieux exemple d'envahissement doit être rapproché de ceux observés depuis quelque temps pour l'Elodea canadensis, le Stratiotes aloides, etc.

Le samedi, dernier jour d'excursion, la Session s'est terminée par une herborisation à Saumur et à Champigny-le-Sec; les excursionnistes y ont trouvé un sol nouveau, le calcaire, une flore nouvelle et surtout la gracieuse et cordiale hospitalité de M. Trouillard.

En résumé, ce qui frappe dans la végétation d'Angers et de ses environs, c'est la présence de plantes à faciès méridional, qu'on ne s'attend pas à trouver à une telle latitude (47°); mais il faut se rappeler l'influence que le courant chaud du golfe du Mexique, le Gulf-Stream exerce sur nos côtes et qui permet au Chamaerops de croître à Cherbourg. Angers, bien qu'éloigné de plus de 100 kilomètres de l'Océan, se ressent de ce voisinage et son climat tempéré permet la culture de toutes nos plantes du Midi. J'ai eu l'occasion de le montrer à plusieurs reprises, dans le cours de cette communication, non-seulement à propos des espèces spontanées, Myosotis sicula, Barbula membranifolia, Syntrichia princeps, etc., mais aussi à propos du bel établissement horticole de M. Leroy où l'on peut voir l'Olivier et le Câprier fleurir en pleine terre.

SÉANCE DU 22 JUILLET 1875

Lecture du procès-verbal de la dernière séance.
Correspondance:

Mme de Lastic-Saint-Jal remercie la Société de son admission.

Sont déposés sur le bureau :

1° Annales de la Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault, n° 2 du t. VII de la 2a série. Ce fascicule (mars-avril 1875) contient un Catalogue des plantes des environs de Montpellier ;

2° Compte-rendu d'une excursion à la Glacière de la GrâceDieu, par M. J. Paillot;

3o Les fouilles de Solutré, par M. l'abbé Ducrost;

4° Revue bryologique de M. Husnot, n° 4-7, contenant le Catalogue des Mousses et Hépatiques de la Haute-Vienne et le compte-rendu bryologique des Mousses trouvées pendant la session de la Société botanique de France à Angers;

5° Hepaticologia gallica de M. Husnot, deux fascicules; 6o Des fascicules du Flora Sequaniæ exsiccata libéralement offerts à la Société par M. Paillot, de Besançon ;

7° Une collection considérable de plantes récoltées dans l'Amérique du Nord par Me Bobart.

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