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Le Thrincia hirta Roth, qui se montre çà et là, a les feuilles couvertes de l'Ecidium cichoracearum.

Descendant dans les communaux, nous apercevons un espace entièrement couvert de Ranunculus gramineus L., et dans le voisinage Globularia vulgaris, Helianthemum canum Dun. et H. Fumana Mill. Non loin de là est un buisson de Rhammus saxatilis L.

La saison n'étant pas assez avancée, nous ne pûmes découvrir le Polygala exilis D. C. et l'Orchis fragrans Poll. que M. Saint-Lager avait récoltés au mois de juin 1873. (Voir Ann., 1re ann., page 122.)

Enfin, nous rapprochant du marais, nous trouvâmes en grande quantité Tetragonolobus siliquosus Roth, Cardamine pratensis L. à fleurs blanches, Carex paradoxa Willd., Hippuris vulgaris L.

2o HERBORISATION A TENAY (suite), par M. le D' Saint-Lager.

J'ai déjà indiqué, dans la première partie du compte-rendu de l'herborisation à Tenay (Ain), quelques plantes récoltées dans la station du Carex brevicollis D. C. (Annales, t. II p. 54-56.)

Je viens actuellement continuer le récit de cette excursion qui fut prolongée au-delà de Tenay, en remontant le cours de l'Albarine.

Arrivés près du pont où la route se bifurque pour se diriger, d'un côté vers Chaley, d'autre part vers Hauteville, nous trouvâmes dans les prés une forme du Narcissus poeticus L.; puis Cardamine amara L. et C. impatiens L., Geum rivale L., Cirsium oleraceum Scop.

Sur les bords de la route de Chaley croissent Erinus alpinus L. et Saxifraga aizoon Jacq. Ces deux plantes descendent autour de Tenay jusqu'à la faible altitude de 400m. On a vu qu'il en est de même des Linaria alpina et Anthyllis montana mentionnés dans la première partie de mon rapport. Avant d'arriver au village de Chaley, nous vîmes dans les prairies un grand nombre de pieds d'un Seneçon remarquable par ses fleurs toutes tubuleuses et qui, à cause de cette particularité, a reçu le nom de Senecio flosculosus Jord. Cette espèce qui manque dans une grande partie de la France, paraît être spéciale aux basses montagnes calcaires qui s'étendent depuis le Reculet, la Faucille, le Colombier de Gex jusque dans le massif du Bugey, ainsi que dans la partie voisine du Dauphiné, entre Crémieu, Morestel et Bourgoin, puis dans la Savoie au Salève et dans la vallée du Fier, entre Annecy et Thônes.

Gaudin connaissait cette plante et l'avait appelée Senecio Jacobœa var. flosculosus. C'est peut-être la même que Wimmer et Grabowski (Flora von Schlesien) ont voulu désigner sous le nom de S. Jacobæa var. discoideus.

Les botanistes qui, à l'exemple des auteurs que je viens de citer, auxquels il faut encore joindre Koch, F. Schultz et M. Grenier, ont considéré cette plante comme une variété d'un type linnéen, fondent leur opinion sur la variabilité du caractère tiré de l'absence ou de la présence des fleurs ligulées dans plusieurs Seneçons, notamment les S. erucæ folius, aurantiacus, vulgaris, etc.

M. Jordan et après lui Reuter et Michallet pensent, au contraire, que le S. flosculosus diffère assez du S. Jacobæa pour qu'on soit fondé à l'élever au

rang d'espèce. En effet, le premier, indépendamment de l'absence constante de demi fleurons, a des capitules plus petits que le second; les écailles de l'involucre sont plus étroites et pourvues d'une nervure moyenne plus saillante; en outre, les feuilles sont plus profondément divisées; les graines sont toutes velues.

Quoiqu'il en soit, c'est une forme très-remarquable qui avait été omise dans la Flore de France. Je m'empresse d'ajouter que M. Grenier a réparé son omission dans sa Flore de la chaîne jurassique (Besançon, 1864-69).

Autour du village de Chaley, nous trouvons le long des chemins une espèce fort intéressante au point de vue de sa dispersion géographique, c'est le Draba muralis L.

Cette crucifère manque en un grand nombre de pays, et là où elle existe, elle n'est, sauf de rares exceptions, représentée que par un petit nombre d'individus, bien différente sous ce rapport du Draba verna L. Pourtant elle ne paraît pas plus sensible que cette dernière aux influences climatériques; car d'une part nous constatons sa présence depuis le Portugal à travers l'Espagne, l'Algérie, l'Italie méridionale, la Grèce, la Turquie et les provinces du Caucase; et au nord elle s'étend depuis la Sibérie jusque dans la Finlande, la Suède, la Laponie, la Norwége, l'Angleterre et même dans l'Amérique scptentrionale, notamment au Canada.

Les influences géologiques ne peuvent être mises en cause, car la Drave des murailles, se plaisant sur les débris de pierres calcaires ou sur le mortier des murs, doit trouver bien souvent les conditions physico-chimiques qui lui conviennent.

Comment se fait-il donc que, en France par exemple, elle manque complètement dans le Jura, le Doubs, la Haute-Saône, la Champagne, le bassin parisien et la région pyrénéenne?

Dans le bassin du Rhône, nous la voyons apparaître çà et là sur le littoral du Roussillon, dans le Languedoc, la Provence, les Alpes-Maritimes; puis elle remonte jusque dans les environs de Vienne et de Givors; elle reparaît dans le Bugey, où elle semble avoir son maximum de densité, autour de Saint-Rambert, de Tenay, de Virieu-le-Grand, de Saint-Germain et Muzin près Belley, Virignin.

En Suisse, elle n'est connue que près de Martigny en Valais et autour de Bâle. De cette dernière ville, elle redescend le Rhin dans les provinces du Palatinat, de la Prusse et du Nassau; on la perd de vue jusque dans le Anhalt, la Thuringe et le versant méridional du Harz et quelques rares localités du nord de l'Allemagne.

Dans les états autrichiens, on ne la cite que sur quelques points de la Dalmatie, Croatie, Transylvanie, Hongrie, Moravie et Bohême. L'examen de ses stations dans les autres États de l'Europe confirme aussi ce que j'ai dit précédemment sur le caractère qu'elle présente d'avoir une faible densité locale et de manquer complétement sur de grands espaces.

La singulière dispersion de cette espèce ne pouvant être expliquée par l'organisation des graines vient encore fortifier les considérations que j'ai développées dans la première partie de cette Notice sur la part considérable qu'il faut accorder, relativement à la distribution naturelle des plantes, aux circonstances fortuites et sur les difficultés de l'établissement de lois certaines

en Géographie botanique, si l'on se borne, ainsi qu'on l'a fait jusqu'à présent, à constater les faits existants sans contrôler ceux-ci par les données de l'expérimentation.

Après cette petite digression, reprenons le récit de notre herborisation. Lorsque nous eûmes dépassé le village de Chaley, nous aperçûmes sur la droite de la route une prairie toute émaillée des belles fleurs d'une des plus charmantes Liliacées, le Fritillaria meleagris L. Cette localité n'a été indiquée dans aucune Flore.

Un peu plus loin, près du pont en pierre sur lequel la route franchit l'Albarine, la vallée se rétrécit subitement et devient une gorge étroite fermée par deux parois verticales sur lesquelles croissent un grand nombre d'arbustes qu'il est impossible d'atteindre. Dans les parties inférieures, nous remarquons les espèces suivantes :

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Les pierres qui encombrent le lit de l'Albarine sont couvertes de Cinclidotus fontinaloides P. de Beauv, et plus rarement de Fontinalis antipyre · tica L.; plus loin, au tournant de la route, nous voyons sur un rocher constamment arrosé par des ruissellements d'eau calcarifère l'Orthothecium rufescens Br. et Sch. si remarquable par ses reflets rougeâtres et chatoyants, et l'Hypnum commutatum Brid.

En remontant dans les bois, nous faisons ample provision de :

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Nous arrivons enfin à la grande route de Tenay à Hauteville, et afin de ne pas faire double emploi avec ce qui a déjà été indiqué par notre collègue M. Magnin dans le rapport sur une herborisation à Hauteville (Annales, 1re année, p. 45), je termine là mon récit que j'aurais pu rendre plus intéressant encore et plus complet si j'avais énuméré toutes les espèces qu'on peut trouver dans la vallée de l'Albarine à une époque plus avancée de l'année.

Toutefois, en réunissant les indications contenues dans le rapport de M. Magnin et dans les deux parties de mon compte-rendu, on verra qu'on peut faire de très-fructueuses herborisations depuis les environs de Tenay jusque dans les parties supérieures de la vallée de l'Albarine, sur le plateau de Hauteville. J'ajoute que c'est une des plus charmantes promenades qu'on puisse faire. Sans doute, les paysages du Bugey n'ont pas la majesté grandiose des vallées alpines et subalpines du Dauphiné, de la Savoie et de la

Suisse, mais elles ont cette beauté simple et gracieuse qui plaît tant aux artistes.

De Tenay jusqu'au-delà de Chaley, la vallée de l'Albarine offre une succession de sites ravissants, puis on la voit subitement fermée par un demi-cirque de rochers perpendiculaires qui s'élèvent à une hauteur de 200 mètres, et du sommet desquels, à l'époque des pluies, l'Albarine s'élance avec impétuosité et rebondit ensuite avec un immense fracas sur les blocs entassés au pied de la montagne.

Cette cascade serait célèbre entre toutes celles de notre pays si elle avait constamment le volume d'eau que nous lui avons vu à certains moments. Malheureusement, ainsi qu'il arrive à plusieurs rivières du Bugey, en temps ordinaire la plus grande partie de l'eau se perd dans les fentes des rochers et s'échappe ensuite par plusieurs orifices près du fond de la vallée.

Si, suivant la grande route, on s'élève au-dessus des rochers de Nantuy, on voit tout d'un coup la scène changer; on a alors devant soi un vaste plateau couvert de cultures et terminé à l'est par les belles forêts de sapins de Cormaranche et de Hauteville.

De nouvelles surprises attendent le voyageur lorsque, après avoir dépassé le plateau, il atteindra les hauteurs qui dominent les forêts. Il aura alors devant lui un des plus gracieux tableaux qu'on puisse admirer dans le Bugey: il verra, par delà le riant pays du Valromey, se profiler au premier plan la chaîne pittoresque du Colombier, au sud-est les dentelures bizarres du Montdu-Chat, puis, dans un horizon lointain, les cimes neigeuses des Alpes de la Savoie et du Dauphiné.

SÉANCE DU 28 MAI 1874

Correspondance:

1 M. Magnin, secrétaire, donne lecture d'une lettre de M. de Schoenefeld annonçant que, sur sa proposition vivement soutenue par M. Jules de Seynes, le Conseil d'administration de la Société botanique de France a décidé :

« Qu'en échange de l'obligeant envoi que la Société bota« nique de Lyon a bien voulu lui faire de ses publications, le ‹ Bulletin de la Société botanique de France lui sera adressé à partir du tome XIX, année 1872, date de la fondation de ◄ la Société de Lyon. »

M. de Schoenefeld termine sa lettre en nous annonçant une perte bien douloureuse que la Société botanique de France. vient d'éprouver: « Notre vénérable président, M. Fée, ancien < professeur à la Faculté de médecine de Strasbourg, a succombé hier à une longue maladie, dont les premiers symp

« tômes remontent aux émotions qu'il a éprouvées durant la << funeste guerre de 1870. Nous ne doutons pas de la sympa<<thie avec laquelle la Société de Lyon partagera les regrets << que nous cause ce douloureux événement, triste contre-coup des malheurs de la patrie! »

«

2o Essai physiologique sur les trachées des végétaux, par M. Paul Espardeilla.

M. le président annonce que la Société linnéenne de Lyon veut bien nous inviter à prendre part à son excursion annuelle qui aura lieu, cette année, à Saint-Rambert-en-Bugey.

Communications:

1° M. LE D' SAINT-LAGER, compare le Carex brevicollis, découvert à Tenay, à celui de la montagne de Parves; il conclut à leur identité.

2o M. DEBAT présente à la Société une Mousse rare, le Barbula membranifolia récolté le long du chemin de Sathonay à Fontaines, sur les indications de M. Thévenon, chirurgien-militaire du 21o de ligne.

3° M. DEBAT analyse ensuite la 2° année (1872) du Bulletin de la Société d'études scientifiques d'Angers. Ce volume contient un assez grand nombre d'observations et de notes botaniques. Nous signalerons surtout: 1° plusieurs notes de M. Boreau sur une nouvelle espèce d'Ombellifère, le Thysselinum Crouanorum, sur le Salix fruticulosa, sur le genre Teesdalia, etc.; 2° notes de M. Reverchon sur quelques plantes rares ou nouvelles pour l'Anjou: Cuscuta suaveolens Scr., Melilotus parviflora Desf., Centaurea solstitialis L., dans des luzernières ensemencées avec des graines des graines du Midi, etc.; 3o Catalogue raisonné des Mousses et Sphaignes du Maine-etLoire, par M. Bouvet. Ce jeune botaniste, en outre de plusieurs espèces nouvelles pour l'Anjou, telles que le Barbula Mülleri, le Fissidens rivularis, etc., signale un fait curieux relatif au Ceratodon purpureus:

<< Quant un bois vient à brûler, j'ai toujours vu, dit-il, cette << espèce se montrer en quantité prodigieuse, l'année d'après, << sur la terre à demi calcinée. Ce fait s'est produit surtout pendant les années qui ont suivi l'incendie des bois taillis « au delà de la Halloperie, sur les coteaux de Saint-Nico

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