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Traversant le Garon près du Moulin de Barail, nous allons chercher dans les bois le long de la rive droite :

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La plupart des plantes que nous venons d'énumérer se retrouvent sur tous les territoires du département du Rhône dans la zone granitique qui s'étend depuis Mornant jusqu'à Dardilly. Toutes les espèces que nous avons indiquées à partir de Chaponost-le-Vieux peuvent se diviser en deux catégories :

1o Les ubiquistes qui sont Potentilla verna, Genista sagittalis, Cystopteris fragilis, Pimpinella saxifraga, les Hieracium, Scleranthus annuus, les Herniaires, Campanula persicaria et rotundifolia, Phalangium ramosum, Festuca glauca, Linaria striata, Peucedanum oreoselinum, Asperula cynanchica, Filago arvensis, Silene nutans, Melica uniflora, Polypodium vulgare, Brachypodium sylvaticum, Phyteuma spicatum, P. filix mas. C'est aussi dans cette catégorie que rentrent les plantes trouvées entre Saint-Genis-Laval et Chaponost, excepté les Jasione, Filago montana et Nardurus Lachenalii.

2° Les silicicoles qui comprennent toutes les autres espèces énumérées dans le cours de cette herborisation.

2o MM. V. MOREL et CHABANNE signalent les plantes les plus intéressantes qu'ils ont rencontrées dans une excursion faite dans les bois de Sathonay: Orchis fusca, O. simia, Potentilla rupestris, etc.

Communications :

1 M. CUSIN entretient la Société des plantes envoyées par M. Boudeille, membre correspondant de la Société à la Condamine-Chatelard (Basses-Alpes).

2° M. MAGNIN présente des Cryptogames envoyés pour l'herbier de la Société par M. Roux de Marseille, par l'intermédiaire de MM. Perret et Salle. Cet envoi se compose de trois paquets: l'un contient des Mousses; le 2me des Champignons surtout des Champignons parasites déterminés; le 3me des Champignons parasites non déterminés. M. Magnin se charge de déterminer

et de classer ces échantillons; il présentera les plus intéressants à une prochaine séance.

3° M. SAINT-LAGER rend compte d'un ouvrage adressé à notre Société et ayant pour titre : Observations sur le règne végétal au Maroc, par Schousboë.

L'édition danoise-latine publiée à Copenhague en 1800 étant épuisée, M. Bertherand, médecin à Alger, a pensé qu'il y aurait utilité à publier une édition française-latine de l'ouvrage de Schousboë. Il s'est appliqué à faire une traduction aussi fidèle que possible et, en véritable érudit, il a poussé le scrupule jusqu'à conserver la pagination de l'édition originale. M. SaintLager pense qu'il aurait mieux valu mettre l'ouvrage de Schousboë au niveau des connaissances modernes et l'enrichir des nouveaux documents fournis par les divers explorateurs qui ont parcouru les régions barbaresques. En premier lieu, l'ouvrage de Schousboë est très-incomplet et ne supporte pas la comparaison avec le Flora atlantica de Desfontaines, antérieur pourtant de deux années ce dernier a été publié en 1789 et le livre de Schousboë en 1800. Secondement, l'arrangement des plantes suivant le système de Linné n'est plus tolérable aujourd'hui. Enfin la conservation des anciens noms impose au lecteur une grande fatigue, en l'obligeant à chercher la synonymie de chaque espèce.

Ces réserves faites, l'ouvrage de Schousboë, édité par M. Bertherand ne manque pas d'intérêt et sera consulté avec fruit par le naturaliste qui prendrait à tâche de composer une flore de l'Afrique septentrionale comprenant l'énumération et la description des espèces végétales du Maroc, de l'Algérie, de Tunis et de Tripoli.

SÉANCE DU 15 MAI 1874

Le procès-verbal de la dernière séance donne lieu aux observations suivantes :

1o M. DE TEISSONNIER, à propos des Tulipa présentés à la dernière séance par M. Salle, donne lecture de la note suivante, sur quelques plantes trouvées à Grand-Croix, Lorette, SaintChamond et Rive-de-Gier.

1° Tulipa sylvestris L.

Cette plante, découverte primitivement à la plaine du Fay, entre le ruisseau des Arcs et Saint-Chamond, a été retrouvée plus tard à Chavannes près Saint-Chamond. Sa station exacte se trouve à environ cinq cents mètres de la croix qui est sur la place de Saint-Ennemond, en suivant la route qui, de là, va au hameau de Chavannes. Après avoir passé devant la première ferme

à droite de la route, se trouvent des champs cultivés où elle est très-abondante. On peut la récolter aussi dans les champs à gauche au-dessus de la même route. C'est à M. Hervier-Basson, de Saint-Etienne, qu'est due la découverte de cette nouvelle station. Dans les mêmes champs se trouve mêlé à ce Tulipa sylvestris le Gladiolus segetum Gawl. que j'ai le premier signalé dans cet endroit ainsi que dans un autre champ en descendant de SaintChamond par le chemin qui, passant devant l'église, aboutit à la route de Lyon à Saint-Etienne. Ce Tulipa est certainement le sylvestris, parce que, ce qui est très rare dans les espèces de ce genre, la hampe porte quelques fois deux et trois fleurs. Toutefois, est-il permis de regarder cette Tulipe comme spontanée, en cet endroit où elle est très-abondante ? On serait tenté de le croire au premier abord parce que malgré l'ardeur que mettent les cultivateurs de ces champs à la détruire, ils ne peuvent en venir à bout. Les radicules des bulbes, qui ne sont autre chose que les rameaux souterrains d'une tige également souterraine, portent à leur extrémité des bourgeons ou bulbilles qui, devenus bulbes parfaits, produisent de nouvelles plantes et de nouvelles racines ou rameaux qui, s'enfonçant de plus en plus en terre, arrivent de bulbe en racine et de racine en bulbe à un mètre et plus de profondeur. Nous avons lieu de croire que notre Tulipe a été introduite: on raconte qu'un amateur de fleurs transplanta, il y a près de cent ans, dans ce terrain les premiers ognons de Tulipe et de Glaieuls qui s'y sont acclimatés à la longue. Depuis quelques années, on ne retrouvait plus la Tulipe à la plaine du Fay, lorsque, par suite de la grande profondeur où parviennent ses bulbes, elle a reparu tout à coup dans les champs de blé de ce quartier en avril 1873 et 1874.

2° Corydalis minor.

Cette plante que j'ai eu l'honneur de présenter à la Société, et que de plus savants que moi ont cru pouvoir rattacher au Corydalis solida Sm. en diffère cependant par plusieurs points. Le bulbe est presque semblable à celui du Corydalis fabacea, les fleurs sont plus petites et moins nombreuses que dans le C. solida, quoique se rapprochant de la forme et de la couleur de ces dernières. La plante est grêle dans toutes ses parties, et tandis que tous les Corydalis viennent dans des terrains humides et ombragés, le C. minor pousse sur les fentes des rochers, en plein soleil. Son habitat se trouve sur la route de Rive-de-Gier au Réservoir (vallée de Couzon), dès les premiers rochers que l'on rencontre, à gauche, après avoir franchi les terrains cultivés.

3° Tragopogon hirsutus Gouan.

Plante méridionale trouvée par moi sur les talus du chemin de fer à GrandCroix, où elle s'est acclimatée depuis quelques années et où elle a dû être apportée dans les foins expédiés du midi de la France. Cette plante a les pédoncules un peu moins renflés, mais plus longuement que le Tragopogon major; ses feuilles sont linéaires et plus développées que celles de l'espèce dont je viens de parler; enfin, dans l'état frais et surtout pendant la jeunesse, elle est couverte, surtout aux aisselles des feuilles, d'un fort duvet

floconneux qui disparaît rapidement au toucher et à la dessication. Je pourrais ajouter qu'elle est plus rameuse que tous les Tragopogons de nos pays.

4° Ranunculus hederaceus L.

Cette jolie Renoncule signalée vaguement au Pilat par les auteurs se trouve sur les collines peu élevées et non dans les parties élevées du massif. Elle est disséminée dans de petites mares servant d'abreuvoir, au milieu des prairies herbeuses de ces collines. Je l'ai récoltée en trois stations différentes: 1° sur les bords d'une mare, vers le milieu de la plaine du Fay; 2 au-dessus de Farnay; 3° à Lorette, quartier de Buzaran, à environ 1 kilomètre de la grande route.

2° M. CUSIN a trouvé le Vinca minor à fleurs panachées sur les bords de la Saône, à Collonges.

Correspondance :

Le Secrétaire donne lecture:

1° De la circulaire envoyée par la Société botanique de France à tous les membres de notre Société, les invitant à prendre part à la session extraordinaire dont l'ouverture aura lieu à Gap (Hautes-Alpes) le jeudi 23 juillet prochain.

2o D'une lettre de M. de Schoenefeld accompagnant sa circulaire et contenant divers renseignements sur l'organisation de cette session.

A la suite de ces lectures, M. le Président fait remarquer que cette faveur n'a été accordée qu'à deux sociétés : la Société royale de botanique de Belgique et la Société botanique de Lyon; ce témoignage de sympathie acquiert par ce fait même une bien plus grande valeur. M. le Président termine en invitant les membres de la Société à se préparer à répondre dignement à l'offre si gracieuse de la Société botanique de France.

3° De deux lettres de M. Grenier, membre titulaire à Tenay (Ain), donnant des renseignements sur des plantes adressées à la Société et récoltées dans les environs de Tenay. Ce sont : 1° Erysimum ochroleucum D.C., espèce plus rare que l'E. Cheiranthoides, qui n'est indiquée dans la Flore lyonnaise qu'à Chame-Chaude, aux Monts-d'Ain et sur la route de Tenay à La Burbanche; l'échantillon présenté vient de cette dernière localité; 2° Scrophularia Hoppii Koch, démembrement du Sc. canina L., et que M. Chevrolat avait déjà indiqué comme très-commune de Tenay à la Burbanche; 3° un Orchis mo

rio L. à fleurs répandant une douce et suave odeur, récolté dans le voisinage de la forêt de Jailloud; cette forme, en outre de l'odeur de ses fleurs, paraît encore différer du type par les bractées et le lobe médian du tablier ne dépassant pas les latéraux; 4° un autre Orchis morio mais flore albo, de la même localité; 5° Linaria alpina Mill.; Aconitum anthora Lin.; Paris 4-folia L.; Ranunculus aconitifolius L.; L.; Trollius europæus L.; Actæa spicata L.; Dentaria pinnata, à fleurs blanches, etc. La Société a reçu:

1° Bulletin de la Société des sciences naturelles d'Angers, 1re année;

2o Revue savoisienne.

Compte-rendu des herborisations:

10 HERBORISATION A LA VALBONNE PAR LE CAMP DE Balan, LE 3 MAI 1874, par M. Mathieu.

La plaine de la Valbonne est l'espace compris entre le Rhône et les coteaux qui s'étendent de Montluel à Meximieu. Le sol est constitué par les anciennes alluvions du Rhône, c'est-à-dire par un amas de cailloux, de graviers et de sables dépourvus de cohérence.

Sous la conduite de M. Vivian-Morel, nous nous acheminons le long de la route qui traverse le camp de Balan. Tout d'abord nous trouvons une forme singulière du Ranunculus chorophyllos L. dont les sépales présentent sur leur face extérieure une nervure médiane de couleur rouge.

Plus loin, nous remarquons un Ajuga genevensis L. qui nous paraît différer notablement du type qu'on a l'habitude d'observer. Nous présentons ici la diagnose différentielle de cette forme et du type.

Ajuga genevensis genuina.
Plante velue.

Verticilles floraux assez espacés.
Contour des feuilles régulier.
Style ne dépassant pas les étamines.

Lobes latéraux larges.

Anthères petites, d'un jaune d'or.

Ajuga genevensis longistyla. Plante velue cotonneuse. Verticilles floraux très-rapprochés. Feuilles arquées.

Style dépassant longuement les éta

mines et la corolle.

Lobes latéraux étroits.

Anthères grosses, d'un jaune serin.

On pourrait appeler cette variété Ajuga genevensis longistyla.

Quittant la route du Camp, nous traversons un champ rempli de Veronica prostrata L., Crucianella angustifolia L., Linaria simplex D. C.

Arrivés à une berge qui forme terrasse le long de la plaine, nous récoltons Carex montana L., Silene conica L., Helianthenum pulverulentum D. C. ot salicifolium Pers., puis une variété du Taraxacum lævigatum D. C. dont les écailles involucrales sont toutes terminées en croissant.

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