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M. Vivian-Morel propose de faire, pendant les vacances, des herborisations d'automne, et fait observer, avec raison, qu'à l'époque où l'on cesse d'herboriser, on néglige une flore spéciale qui n'est cependant pas sans intérêt; tant que les premières. gelées ne se sont pas fait sentir, il y a toujours, dans les marais principalement, quelques bonnes espèces à récolter. La première excursion est fixée au dimanche, 24 août prochain. La séance est levée.

La Société n'aura pas de réunion avant le 13 novembre 1873.

SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1873

Le Président annonce la présentation de plusieurs membres.

M. Debat offre à la Société, pour sa bibliothèque, un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publier sous le titre de Flore des Muscinées; M. le président annonce aussi l'ouverture de son cours public de Cryptogamie.

Au sujet des cours publics institués par la Société de botanique, une discussion s'engage sur l'opportunité de rouvrir, pendant l'hiver prochain, des cours analogues aux cours d'Organographie que M. Cusin a faits avec tant de succès l'année dernière. Plusieurs membres en font ressortir l'utilité soit pour le public, soit pour la Société elle-même, et la proposition suivante est mise aux voix et adoptée à l'unanimité : La Société vote des remercîments à M. Cusin et le prie de reprendre, l'hiver prochain, son cours d'Organographie végétale.

Le Secrétaire présente à la Société les brochures suivantes, qui lui sont parvenues pendant les vacances:

1° 2° fascicule des Annales de la Société physiophile de Lyon;

2° 1er et 2 fascicules du Bulletin de la Société d'études des sciences naturelles de Nîmes.

MM. Roux et Vivian-Morel sont chargés d'en présenter un compte-rendu à la prochaine séance.

M. Debat présente les communications suivantes :

1o EXCURSION AUX ENVIRONS D'allevard, juillet 1873,

par M. Debat.

N'ayant pu consacrer que fort peu de temps à l'examen de la flore bryologique de cette localité, je me contenterai de signaler les principales espèces rencontrées. Sur les rochers qui encaissent le chemin conduisant à la source et aux fonderies, on rencontre le Gymnostomum curvirostre bien fructifié, le Barbula tortuosa, le Neckera complanata; un peu plus loin, dans un endroit très-arrosé, l'Hypnum commutatum est très-abondant. Nous avons rencontré cette dernière espèce presque partout dans les stations analogues au fond des gorges nombreuses qui aboutissent au Bréda, en compagnie du Bryum pseudotriquetrum : les deux mousses s'y rencontraient très-richement fructifiées, à une hauteur de 1,200m. Les bois de conifères qui avoisinent les mines de la Tailla, offrent des tapis moussus très-étendus. Mais ces tapis se composent des mêmes espèces qui croissent dans les taillis de la région granitique aux environs de Lyon. Les Hypnum purum, Schreberi, les Hylocomium triquetrum, splendens, les Thuidium tamariscinum, le Dicranum scoparium, les Polytrichum commune, piliferum, le Pogonatum aloïdes, etc. Nous n'avons trouvé à récolter que le Mnium punctatum qui croissait en belles touffes fructifiées au pied des sapins.

Malgré le peu d'espèces signalées, nous croyons qu'il y a lieu d'explorer avec soin les environs d'Allevard. Il faudrait surtout remonter aux sources du Bréda, visiter les pâturages marécageux qui forment la ceinture des glaciers. Les Bryologues qui tenteraient cette ascension un peu pénible, ne regretteraient pas, croyons-nous, leur temps et leurs fatigues.

2° EXCURSION DANS LA VALLÉE DE CHAMONIX, AOUT 1873, par M. Debat.

Nos recherches bryologiques dans cette localité se sont faites dans un rayon assez borné. C'est l'espace compris entre le glacier des Bossons et la mer de glace que nous avons exploré assez rapidement, il est vrai, mais qui nous a fourni cependant quelques bonnes espèces. Les masses considérables de pierres détachées des aiguilles qui surplombent la vallée, sont couvertes de Weisia crispula et de Pterigynandrum filiforme. Cette dernière mousse appartient en général à la var. heteropterum. Assez souvent mélangé avec le Weisia crispula, se rencontre le Pohlia elongata. Les Polytrichacées communes abondent; nous avons été assez heureux pour rencontrer quelques échantillons du Pogonatum alpinum. Un fait qui nous a surpris, est la rareté relative des Neckera crispa et du Thamnium alopecurum dans une station où ces deux mousses pullulaient il y a deux ans. Les espèces citées ci-dessus s'élèvent à une assez grande hauteur au-dessus de la vallée. Dans la partie inférieure on rencontre fréquemment sur les rochers les Racomitrium canescens, aciculare, heterostichum, l'Eucalypta ciliata, plusieurs Grimmia communes. Au-dessus du hameau des Barats, un éboulis de rochers traversé en tous sens par les eaux descendues des glaciers supérieurs

est recouvert de larges tapis d'Hypnum commutatum et de Philonotis calcarea. Cette dernière espèce se retrouve, également en grande quantité, dans les flaques d'eau qui bordent la route en remontant l'Arveyron. La partie boisée qui s'étend du hameau des Barats à la cascade du Dard, n'offre que des mousses connues et fréquentes dans nos environs. Nous y avons rencontré une variété assez curieuse d'Hylocomium triquetrum à feuilles homotropes. Les espèces de tufs qui forment le bassin de la cascade du Dard renfermaient des touffes abondantes d'Anæectangium compactum en fleurs, et des traces de Hookeria lucens. Dans la vase d'un torrent qui est très-voisin du glacier des Bossons, apparaissaient au milieu de la vase des gazons assez étendus du Webera Ludvigii malheureusement trop jeune, mais très-reconnaissable à ses bulbilles. Enfin, dans les bois qui ont poussé sur les anciennes moraines des Bossons, nous avons recueilli, en grande quantité, de beaux spécimens de Timmia austriaca.

Route de Chamonix à Vernayaz. - Partis de Chamonix le lendemain de notre exploration des Bossons, nous sommes arrivés à l'Argentière sans avoir fait de récolte intéressante. De l'Argentière, nous nous sommes dirigés par le col des montées dans la vallée de Vallorsine. Le haut du col forme une arête de partage d'eau et sa double pente nous paraît mériter une exploration attentive. Malheureusement il a fallu la faire un peu à la course. Néanmoins nous avons trouvé un certain nombre de muscinées dignes d'être citées. Les sphaignes sont assez répandus dans cette station. A force de recherches, nous en avons trouvé une espèce fructifiée, le Sph. acutifolium. Les petits filets d'eau qui traversent en tous sens la pente occidentale nous ont présenté l'Heterodyctium julaceum, le Dichodontium squarrosum, le Brachythecium salebrosum, tous malheureusement non-fructifiés. Sur les rochers épars çà et là, de belles touffes de Grimmia patens et quelques échantillons d'un Barbula que nous avons cru pouvoir rapporter au Syntrichia alpina. Mais les capsules trop mûres avaient perdu leur péristome. Le Scapania subalpina? se rencontre fréquemment. Les parties boisées de la Vallorsine offrent en abondance le Bryum pallens que nous avions déjà rencontré au col même, mais en mauvais état. Dans les parties humides l'Aulacomnium palustre croît au milieu des Hypnum aduncum, purum, etc., mais est assez rare. A la station de Châtelard où la route de Vernayaz se sépare de celle de la Tête-Noire, grande abondance de Climacium dendroïdes, d'Hypnum myurum, de Neckera crispa. Près des Fins hauts, à 2,300m de hauteur, nous rencontrons une espèce de plaine rocheuse, qui nous fournit de beaux spécimens fructifiés de Bryum alpinum. La plupart sont remarquables par la couleur jaune d'or brillant de leurs touffes. A la descente audelà de Salvans, les cours d'eaux qui se dirigent vers la vallée du Rhône nous donnent la var. Speciosum du Mnium affine.

A Vernayaz se termine notre excursion bryologique. Ce que nous avons dit suffira, croyons-nous, pour provoquer des recherches qui, poursuivies avec plus de lenteur, seront plus fructueuses. Plus que toute autre, une herborisation faite au point de vue des muscinées exige de la patience et un examen minutieux des localités. Il n'est guère possible d'être à la fois touriste et bryologue, et nous étions, par les circonstances, obligés d'être à la

fois l'un et l'autre. La bryologie s'en est ressentie, bien que nous n'ayons pas lieu d'être tout-à-fait mécontent des résultats obtenus.

A la suite de cette communication, M. Debat fait circuler un grand nombre d'échantillons de mousses récoltées dans le cours de ces excursions.

M. DEBAT présente ensuite quelques mousses rares recueillies par M. Saint-Lager dans les environs de Lyon; la plus intéressante est le Barbula membranifolia, qui n'avait pas encore été signalé dans nos localités et que M. Emile SaintLager fils a découvert à La Pape sur des blocs de conglomérat bressan.

Communications diverses :

1o M. DEBAT, en examinant des feuilles de tilleul tombées à terre, a cru remarquer dans ces feuilles des altérations analogues à celles produites par les vapeurs ammoniacales; mais dans quelques-unes l'altération paraissait partir de la périphérie et non des nervures. M. Debat demande à M. Merget s'il s'est occupé de ce phénomène.

M. MERGET répond qu'il s'est occupé, en effet, des changements de coloration qui surviennent dans les feuilles à l'automne; pour le platane, le sumac qui ont été examinés par lui, la cause de la décoloration peut être attribuée à l'influence de l'oxygène de l'air, oxygène pénétrant par les stomates; car des réserves appliquées sur leurs feuilles ont empêché ou tout au moins retardé le changement de coloration; mais il y a eu des exceptions, ce qui tend à faire croire que ces phénomènes sont sous la dépendance de conditions climatériques; il faut, du reste, distinguer, dans ces changements de couleurs, deux ordres de faits: les altérations du protoplasma et les altérations de la chlorophylle. M. Merget se propose de revenir sur ce sujet. M. CUSIN cite un fait analogue, mais en sens inverse la variété de hêtre à feuilles pourpres, souvent cultivée dans les jardins, reprend la couleur verte du type, à l'automne, ainsi qu'on peut le voir en ce moment au Parc de la Tête-d'Or.

2' M. GABRIEL Roux, sur un cas de tératologie observé dans une fleur de Campanula linifolia :

Cette fleur présentait une corolle à sept divisions placées de la façon suivante : un verticille extérieur était formé de cinq

dents et supportait à sa partie interne deux autres dents soudées à la base, mais dont les rapports de symétrie avec les dents du cercle extérieur corollaire n'ont pu être déterminés exactement, l'échantillon étant en assez mauvais état; le calice et les étamines étaient disposés normalement. Une observation analogue est citée, par M. Lemaire, dans les Annales de la Société d'études d'Angers; mais dans cette observation, les dents du 2 verticille corollaire tenaient la place des étamines.

M. Cusin voit dans la fleur observée par M. Roux, un cas de duplicature, phénomène qui se présente souvent dans les fleurs de Campanula persicifolia, cultivé précisément dans les jardins, à ceux de la facilité que ses fleurs ont de doubler.

:

3° M. GRENIER fasciation observée sur un Primula officinalis:

M. Grenier a trouvé ce printemps dernier, au-dessus de Tenay (Ain), un pied de Primula officinalis dont la hampe épaisse de 8 millimètres environ dans toute sa hauteur, était garnie de cannelures, comme si elle résultait de la soudure d'une huitaine de hampes; les fleurs aussi étaient plus nombreuses qu'à l'ordinaire. D'après la discussion qui suivit cette note et à laquelle prirent part MM. Cusin, Morel, Roux et Magnin, il est probable que M. Grenier a eu affaire à un cas de fasciation.

SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1873

Admission de MM. Prost, Nizius Roux, D' Jutet, Thévenin, Fiard; de Mme Gervais; de Miles Jeanne Blanchard et Félicie Bobart.

Correspondance. Le Secrétaire donne lecture:

1 D'une lettre de M. Moullade, pharmacien au Puy, accompagnant une note de M. Isidore Hedde sur le Senecio leucophyllus et son habitat au Mézenc;

2o M. Horace Perret, en ce moment à Marseille, promet de faire part, à l'herbier de la Société, de ses récoltes dans les environs de cette ville;

3 M. de Teisonnier s'excuse de ne pouvoir assister aux

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