Page images
PDF
EPUB

Toulouse en recueillant quelques pieds bien caractérisés du V. sepincola Jord. dans sa station classique du Vernay (1).

5° M. DEBAT: Sur le Trichostomum tophaceum.

En me promenant le long du quai des Etroits, je remarquai sur une conduite d'eau adossée au mur de la propriété Périsse une végétation moussue très-abondante qui attira mon attention. Les eaux qui proviennent de tout ce coteau composé de dépôts glaciaires sont généralement chargées de produits calcaires et par suite incrustantes. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner si la masse moussue et compacte que j'avais sous les yeux était agglutinée jusqu'à une assez grande hauteur des tiges par un ciment calcaire assez résistant. Au premier abord, je crus avoir affaire à l'Eucladium verticillatum que dans nos diverses courses bryologiques nous avons ob servé plusieurs fois autour de Lyon et placé dans des conditions tout-à-fait identiques. Mais bientôt en examinant de plus près, il me fut facile de reconnaître dans les échantillons recueillis un faciès très-différent et qui ne rappelle en rien celui de l'Eucladium.

Cette dernière détermination écartée, j'en étudiai plus scrupuleusement les caractères et, le microscope aidant, je reconnus le Trichostomum tophaceum (section de l'Eutrichum). La constitution de la capsule, du péristome, la terminaison obtuse chez les feuilles très-accentuée, surtout chez les périchétiales, ne laissent aucun doute. Cette mousse intéressante est considérée comme assez rare par beaucoup de bryologistes, par Schimper, notamment. Je suis plutôt disposé à croire qu'elle a été souvent méconnue. Depuis la découverte que j'ai signalée dans cette note, elle m'a été envoyée de diverses localités, environs de Sathonay, Saint-Germain-au-Mont-d'Or, environ d'Aixen-Provence, etc. Je crois donc qu'elle est plus répandue qu'on ne le croit; mais il est vrai de dire qu'exigeant certaines conditions spéciales du support elle ne se dissémine pas et ne se rencontre que par places étroitement circonscrites, en sorte que si on n'a pas la chance de tomber sur cette place nettement limitée, elle échappe aux recherches. A ce point de vue, nous avons cru utile de signaler une de ces places située pour ainsi dire à notre porte et qui peut en fournir un nombre considérable de spécimens.

Comme exemple des erreurs dans lesquelles on est tombé relativement à cette mousse, je citerai l'exemplaire des Musci Galliæ de M. Husnot qui m'a été envoyé sous le nom de Gymnostomum curvirostrum. Cet exemplaire, pourvu de fort beaux péristomes, n'est autre qu'un Trichostomum tophaceum.

6° M. CUSIN: Note sur les caractères distinctifs des Carex brevicollis et Michelii. - Voyez Annales, 2° année, p. 52.

(1) La Société a reçu depuis la note suivante: MM. Ant. Magnin et Vivian-Morel ont eu l'obligeance de récolter eux-mêmes au Vernay les échantillons demandés. Dans une lettre adressée à M. Méhu le 24 juin dernier, M. Timbal-Lagrave rend compte de sa vérification et reconnaît la complète identité des deux Violettes. L'habile explorateur des Pyrénées ajoute qu'il a retrouvé la même plante à Castanèse, dans les plus hautes vallées des Pyrénées centrales.

7° M. MAGNIN donne lecture du Rapport suivant sur les Annales de la Société littéraire, scientifique et artistique d'Apt (Vaucluse), envoyées en échange des Annales de la Soc. bot. de Lyon.

Les Annales de la Société d'Apt, dont j'ai à vous faire le compte-rendu, sont surtout intéressantes au point de vue littéraire et archéologique; les sept volumes qui nous ont été adressés, renferment des travaux importants sur l'histoire locale et sur la géologie des environs; mais ils ne contiennent que deux mémoires de quelque valeur au point de vue botanique: une flore des environs d'Apt de M. Collignon, et une étude de paléontologie végétale de M. de Saporta.

Avant d'analyser ces deux travaux, je dois mentionner les notes suivantes tenant de plus ou moins près à la botanique:

1o Recherches de M. Bonnet sur les causes de la mortalité des Oliviers par le froid (t. I, p. 97): cette note renferme quelques faits qui intéresseraient le physiologiste;

20 Deux mémoires sur la Truffe (t. V, p. 1 et 60): l'un de M. le Dr Michel, l'autre de M. Ch. Bressy, pharmacien; ces mémoires dont un a été couronné par la Société ne contiennent aucune recherche sérieuse sur la structure, le développement et les organes reproducteurs de ce délicieux cryptogame; leurs auteurs ne paraissent pas au courant des récentes recherches faites à ce sujet, par M. Tulasne dont ils citent cependant le Fungorum Carpologia;

3o Enfin deux autres notes sont consacrées à l'examen de deux mémoires du Dr Michel; l'un a pour titre: Etudes sur l'Amandier, le second: Etudes sur les Champignons de la Provence et du Comtat-Venaissin; ils ne renferment rien de nouveau, et le second, d'après le rapporteur lui-même M. Arnaud, n'est pas au niveau de la science.

Il n'en est pas ainsi des ouvrages suivants et surtout de la savante note de M. de Saporta qui a pour titre « Recherches sur l'enchaînement des différen<< tes flores tertiaires locales du Midi de la France et les avantages qui ré« sultent de leur disposition en série, pour la connaissance des changements « opérés autrefois dans la végétation. » Si je ne craignais pas d'abuser de votre attention en analysant ce mémoire plein d'observations profondes, de vues ingénieuses, mais qui est en dehors, il faut le reconnaitre, des recherches, des occupations habituelles de notre Société, je vous ferais assister au développement successif des diverses flores qui ont couvert notre sol à l'époque tertiaire: M. de Saporta compare les végétations fosiles d'Aix, de Gargas, de Saint-Zacharie, d'Armissan, de Manosque, il décrit cette végétation. formée d'abord par des types tropicaux, puis australiens et européo-américains, et qui devient enfin exclusivement européenne. Avec lui, vous verriez comment des familles alors représentées par des espèces et des individus nombreux, les Protéacées, les Cycadées, par exemple, ont disparu graduellement et ne sont plus représentées à l'époque actuelle que dans un autre hémisphère; Comment les Laurinées, les Myrtacées, les Araliacées, les Palmiers, etc., après avoir longtemps dominé par leur nombre et leurs formes variées ont subi un déclin non interrompu vers la fin des temps

tertiaires et ne se maintiennent parmi nous que réduites à de rares espèces, le Figuier, le Laurier, le Myrte, le Lierre, le Houx, le Laurier-rose, le Caroubier, le Palmier-nain, représentants solitaires de ces anciennes familles autrefois florissantes.

Ce mémoire est d'autant plus intéressant pour notre Société, que nous avons à proximité de Lyon, une station de fossiles végétaux presque de la même époque et dont l'étude est faite en ce moment par le même savant: je veux parler de la flore des calcaires d'eau douce de Meximieux, dont j'ai eu l'honneur de vous présenter un échantillon dans une précédente séance. J'ai gardé pour examiner en dernier lieu, le travail qui nous intéresse tous au même degré, la flore d'Apt, de M. Collignon, pharmacien de cette ville: elle comprend les pages 88 à 157 du t. 2me (1868). C'est une simple nomenclature des espèces récoltées par M. Collignon dans les environs d'Apt, disposée sur 4 colonnes, la 1re contenant les noms français, la 2me les noms latins, la 3me la synonymie provençale et la 4me quelques localités; on déplore de n'y trouver indiquées que des espèces communes; l'absence de noms d'auteurs et le nombre tout à-fait restreint des localités est aussi très-regrettable. Malgré ces imperfections, l'énumération de M. Collignon est un travail à consulter pour notre catalogue.

Fixation de l'herborisation, le dimanche de Quasimodo à Décines.

SÉANCE DU 16 AVRIL 1874

Admission de MM. Gastoud, Louis Rérolle, Dr Faivre, Dr Soulier.

Correspondance:

M. Debat, président, donne lecture de la lettre suivante de M. W. de Schoenefeld, secrétaire général de la Société botanique de France :

Monsieur le Président,

Paris, le 6 avril 1874

Dans sa séance du 27 mars dernier, la Société botanique de France, désirant donner à sa sœur puinée, la Société botanique de Lyon, déjà connue par d'importants travaux, un témoignage de cordiale sympathie et de fraternel intérêt, a pris, sur ma proposition, la décision suivante, que je suis heureux, Monsieur le Président, d'avoir l'honneur de vous communiquer.

« A partir de cette année, MM. les membres de la Société botanique de « Lyon seront invités à prendre part à toutes nos sessions départementales, « et entièrement assimilés, durant ces sessions, pour les facilités de voyago « et de logement, l'organisation des courses, etc., aux Membres titulaires « de la Société botanique de France. »

Dans la même séance, la Société a décidé que sa session départementale

de cette année serait tenue dans les Hautes-Alpes et ouverte à Gap à une date qui ne sera ni antérieure au 15 juillet, ni postérieure au 6 août 1874.

MM. les Membres de la Société botanique de Lyon, qui désireront prendre part à cette session sont invités à en adresser la déclaration écrite (signée par chacun d'eux et contresignée par vous, Monsieur. le Président) au secrétariat de la Société botanique de France, au plus tard le 20 juin 1874. Ils recevront ensuite, en temps utile, les cartes nécessaires pour être, jusqu'à la clôture de la session, assimilés aux membres de la Société botanique de France.

J'ai l'honneur, etc.

Signé W. DE SCHENEFELD.

Sur la proposition de M. le Président, vivement appuyée par tous les Membres présents, des remercîments sont votés à l'unanimité à la Société botanique de France, pour les marques de sympathie qu'elle a bien voulu nous témoigner. Il est décidé, en outre, que ce vote sera consigné au procès-verbal et transmis au bureau de la Société botanique de France.

M. MAGNIN, Secrétaire, donne lecture de divers passages d'une autre lettre par laquelle M. de Schoenefeld l'informe de la décision prise en notre faveur par la Société botanique de France et indique les avantages que cette décision procure aux membres de notre Société.

M. MAGNIN présente ensuite un échantillon vivant de Carex brevicollis D. C. qu'il vient de recevoir de M. Chenevière et qui est accompagné de la note suivante :

Tenay, le 12 avril. Je reviens à l'instant d'une course que j'ai faite pour retrouver le Carex brevicollis ; je l'ai retrouvé dans la même localité indiquée plus haut (voy. p. 49); du moins, le Carex que j'y ai récolté correspond bien à la description de De Candolle, je vous en envoie ci-inclus un échantillon que je vous prie de communiquer à la Société dans sa prochaine séance; le C. brevicollis est assez abondant, et à mon avis, il doit se trouver dans la même exposition de Tenay à Rossillon.....

On fait circuler l'échantillon: c'est bien le C. brevicollis comme tous les membres présents peuvent s'en convaincre.

La Société a reçu deux volumes du Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Toulouse; en les présentant, M. Magnin donne le compte-rendu suivant :

Nous avons reçu de la Société d'histoire naturelle de Toulouse, en échange de nos Annales, le Bulletin des années 1871 à 1873; avant d'analyser les mémoires et notes de botaniques qu'ils renferment, je tiens à faire ressortir que Toulouse possède un groupe de savants, s'occupant spécialement d'histoire naturelle; je citerai les Joly, Cartaillac, Trutat, Garrigou, etc., et

particulièrement comme botanistes, MM. Clos et Desjardins; je rappelle aussi l'initiative prise, il y a deux ans, par cette Société d'une pétition auprès du Ministre de l'instruction publique, pour donner plus d'extension à l'enseignement des sciences naturelles dans les établissements d'instruction secondaire, et pour les rétablir dans les programmes des examens. Cette pétition qui signalait vivement le triste abandon dans lequel les sciences. naturelles étaient laissées en France depuis quelques années fut appuyée par plus de soixante-dix Sociétés savantes, mais je ne sache pas qu'elle ait amené quelque amélioration.

Quoi qu'il en soit, en attendant les réformes demandées, la Société Tolosane s'efforce pour sa part de lutter contre l'indifférence générale; ses Annales sont remplies de communications intéressantes; malheureusement pour nous, la botanique y est représentée par bien peu de mémoires ou des notes. En voici l'analyse sommaire :

6 ANNÉE (1871-1872):

M. Clos (p. 67) signale l'existence dans le Tarn, du Betula pubescens Ehrh. qui avait été niée par M. de Martrin-Donos (Florule (p. 651.) M. Desjardins (p. p. 245, 264) signale des localités nouvelles de diverses plantes, aux environs de Toulouse: le Schistostega osmundacea, mousse rare, découverte par M. le C. A. de Chasteigner, à Saint-Mamet, près Bagnères-de-Luchon; l'Allium roseum L., subspontané à l'embouchure du Touch où il a été planté, il y a une vingtaine d'années, par M. MoquinTandon ; - Lychnis diurna; Ranunculus muricatus L. sur les bords du canal du Midi;

[ocr errors]

Glyceria spectabilis M. et Koch., qui trouvée il y a dix ans en un seul pied sur le bord du canal du Midi, occupe maintenant un espace de quatre à cinq mètres.

Enfin, M. Desjardins (p. 250) expose le résultat de ses expériences sur le Primula grandiflora Lamk. Des pieds de P. grandiflora récoltés en 1856, dans la forêt de Sén rt, transplantés dans un bon terrain, donnèrent naissance l'année suivante à des fleurs à hampes uniflores et à d'autres à hampes multiflores ressemblant en tout point au P. variabilis Goupil. L'expérience recommencée cette année (1871) n'a pas donné les mêmes résultats : un pied de P. grandiflora transplanté, a donné trois fleurs; une normale, les deux autres à calice trois fois plus grand que dans le type, largement ouvert en coupe, à divisions obtuses et déjetées en dehors. M. Desjardins se demande si le P. variabilis ne serait pas une forme amplifiée du P. grandiflora ? Nous observerons que les expériences ne sont pas assez nombreuses, et que la présence de hampes multiflores ne prouve rien; Koch a décrit, en effet, sous le nom de P. caulescens, une variété de P. grandiflora à fleurs en ombelles dressées.

LA 7 ANNÉE (1872-1873) contient :

1° (P. 275) note de M. Trutat, sur la chute d'une grande quantité de pollen de pin maritime, apporté des Landes par le vent d'ouest, dans la matinée du 20 avril.

2o Une note très-intéressante de M. Balansa, que je ne peux analyser ici, sur la géographie botanique de la Nouvelle-Calédonie.

3o La description par M. Balansa, d'une graminée nouvelle, de la Cochinchine, le Germainia capitata (avec planche).

« PreviousContinue »