Page images
PDF
EPUB

PROCÈS-VERBAUX

DE LA

SOCIÉTÉ BOTANIQUE

DE LYON

SÉANCE DU 2 AVRIL 1874

Admission de MM. Prosper et Auguste Ferrouillat, Charles Veuillot, Michel Prudhon et de Mme Larcher.

COMPTE-RENDU de L'HERBORISATION FAITE DIMANCHE DERNIER DANS

LES SAULAIES DU GRAND-CAMP, SOUS LA DIRECTION DE M. CUSIN, par M. Mathieu.

L'époque de l'année ne permettant pas de faire une riche récolte de plantes phanérogames, nous acceptâmes avec empressement la proposition qui nous fut faite par M. Cusin d'aller étudier les Saules en amont de Lyon entre le Grand-Camp et le Rhône.

La première espèce qui se présenta à notre observation fut l'Osier brun à trois étamines ou Salix triandra L. Ses fleurs femelles ont des capsules glabres. Immédiatement après, nous cueillimes l'Osier brun à deux étamines et à capsules soyeusespubescentes et le Saule pourpre à une étamine et à capsules finement tomenteuses, Salix purpurea L.

En cherchant à travers les massifs d'arbres nous parvinmes à découvrir quelques pieds de Saule rouge, Salix rubra Huds., beaucoup plus rare autour de Lyon que le précédent dont il se distingue par ses deux étamines dont les filets ne sont soudés que dans la moitié inférieure et par la couleur rougeâtre de

ses rameaux.

Plus loin nous fimes une ample récolte de Saule à feuilles

blanchâtres Salix incana Schk., si reconnaissable à ses feuilles étroites, blanches cotonneuses en dessous et qui se sépare nettement des Saules pourpre et rouge par ses capsules glabres. Une variété de cette espèce le S. incana var. viridis, qui présente des chatons arqués et assez gros, est fort commune dans cette localité.

Enfin arrivés à l'extrémité de la Saulaie, près des bords du Rhône, nous trouvâmes le sol jonché de rameaux du Saule faux Daphne, Salix daphnoides Vill. qu'on venait d'abattre et qui bientôt va disparaître de la flore lyonnaise par suite du défrichement.

Cependant il en existe encore un autre pied à quelques mètres du Rhône qu'on n'a pas encore songé à détruire.

Ce Saule, le plus beau de tous ceux de nos environs, attire de loin l'attention par ses gros chatons couverts d'un duvet soyeux et grisâtre, par ses larges feuilles glabres et luisantes.

Il y a lieu de croire que ses graines ont été transportées par le Rhône depuis les vallées alpines où il se plaît d'habitude, jusque près de Lyon, de même qu'il est arrivé aux Linaria alpina D. C. et Gypsophila repens L. qu'on trouve aussi dans la même localité.

Nons terminerons le récit de cette petite herborisation en signalant la fréquence du Veronica Buxbaumii Ten. dans les champs voisins du Salix daphnoides. Cette espèce, dont les pédoncules floraux sont beaucoup plus longs que les feuilles, est du reste assez commune dans les territoires de Vaulx-enVelin et des Charpennes.

Communications :

1° M. MATHIEU: De l'influence d'un cidium sur la floraison de l'Anemone ranunculoides.

Ayant examiné sur place un grand nombre de pieds de l'Anémone fausse renoncule soit sur les bords du ruisseau de Chalins à Ecully, soit dans deux autres localités non indiquées dans la Flore de l'abbé Cariot, je veux dire sur les bords du ruisseau de Tassin et sur ceux du ruisseau de Francheville dans la propriété de M. Côte, j'ai remarqué que tous les plants non fleuris portaient sur la page inférieure des feuilles un grand nombre de points blanchâtres produits par un cidium particulier à

cette espèce.

Je constatai aussi qu'aucune des Anémones fleuries n'était atteinte par ce parasite.

Rapprochant ce fait d'un autre analogue souvent observé sur l'Euphorbia cyparissias L., j'en conclus que la non-floraison de l'Anemone ranunculoides est due à la présence du champignon qui envahit ses feuilles.

Je profite de cette occasion pour présenter à la Société de beaux échantillons de Fritillaria meleagris L., cueillis à Tassin dans une localité très-restreinte qu'il n'est pas facile de trouver ni même d'indiquer d'une manière précise.

M. MAGNIN, à la suite de cette communication, ajoute les renseignements suivants :

Le parasite dont M. Mathieu vient de vous entretenir doit être rapporté à l'Ecidium leucospermum D. C., mais il n'est pas seul sur les feuilles de l'Anémone en question et au milieu de ses peridiums vous pouvez apercevoir de petits points noirs qui paraissent être des spermogonies. Depuis les récents travaux des cryptogamistes on sait que les Champignons peuvent avoir plusieurs sortes d'organes de reproduction; quelques-uns en ont jusqu'à quatre, conidies, spermogonies, pycnides et thèques, qui ont été prises pendant longtemps pour autant d'espèces distinctes. Or, les spermogonies constituent un appareil de reproduction dont les usages sont encore peu connus, mais qui se trouve fréquemment associé aux organes reproducteurs des Urédinées et surtout des Ecidiacées. Ces spermogonies sont constituées par une cavité hypodermique, s'ouvrant par un pore et renfermant des corpuscules appelées spermaties. Elles occupent des positions très-variables: dans certaines espèces, dans le Rostellia du Poirier par exemple, elles sont situées à la face opposée de la partie attaquée de la feuille; dans les cidiums, dont les péridiums sont groupés en cercle, les spermogonies sont souvent placées au centre de ce cercle; ici elles sont irrégulièrement distribuées comme les peridiums.

J'ai dit que leurs fonctions étaient peu connues; quelques cryptogamistes ont prétendu que les spermaties jouaient le rôle d'organes fécondateurs; mais d'après des recherches très-récentes de M. Cornu, encore inédites du reste (1), les spermaties placées dans des conditions convenables germeraient et donneraient naissance à des sporidies.

Vous vous rappelez aussi que les Ecidiums ne représentent qu'une des phases du curieux cycle parcouru par les Urédinées; mais on n'a pas encore signalé, à ma connaissance du moins, quelles étaient les urédospores et les téleutospores de l'Ecidium de notre Anémone.

2o M. MAGNIN présente ensuite deux Erophiles critiques,

(1) Voyez note de M. Van Tieghem, dans Traité de bot. de Sachs, p. 355.

Erophila stenocarpa Jord. et Erophila brachycarpa Jord; cette dernière bien reconnaissable à ses silicules arrondies, a été trouvée, sur l'indication d'un de nos collègues, M. Em. Guichard, à la montée des Roches à Vaise.

M. Magnin fait passer des échantillons accompagnés des dessins des poils de ces deux espèces.

3o EXCURSION BOTANIQUE A VIENNE (ISÈRE), LE 28 mars 1874, par M. Vivian-Morel

La vallée de Levau près Vienne (Isère) peut offrir aux botanistes une herborisation fructueuse au mois de mai.

Quelques espèces méridionales commencent à s'y montrer. J'ai pu constater la présence de plantes intéressantes mais qui sortaient à peine de leur engourdissement hivernal, je n'en parlerai donc pas. Sur de vagues indications, j'ai vainement cherché l'espèce voisine du Gagea saxatilis Koch. signalée par J. Fourreau, mais j'espère être plus heureux l'année prochaine. Vous signalerais-je Scilla bifolia, Anemone nemorosa, Capnites (Corydalis) solida dont les nombreuses formes demandent à être étudiées, Cornus Mas, etc., vous trouvez tout cela chaque année à Francheville; au reste, il y a une assez grande analogie entre la végétation des deux vallées, je ne ne m'attarderai donc pas à vous signaler les plantes que vous connaissez tous. Je me bornerai à vous indiquer les espèces du genre Viola que j'y ai rencontrées en fleurs à cette époque:

Viola sepincola Jord., une forme qui m'a paru différer sous quelques rapports de celle du Vernay (Rhône), Viola collina Bess., V. multicaulis Jord., Viola virescens Jord., V. scotophylla Jord., Viola dumetorum Jord., Viola odorata L. une forme que je n'ai pas trouvée décrite.

Viola permixta Jord., V. propera et Viola hirta flore albo, fl. carneo, Viola hirto-alba. Toutes ces plantes parfaitement caractérisées ne demandent qu'une observation attentive pour être bien reconnues.

4o M. MÉнυ appelle l'attention sur le Viola sepincola Jord. et le V. Tolosana Timb.

C'est Billot qui, le premier, en étudiant ces deux espèces avant de les publier dans ses centuries, reconnut qu'elles étaient identiques et proposa de les réunir. M. Boreau et la plupart des floristes adoptèrent cette opinion. L'étude de Billot avait porté sur des échantillons d'herbier ; or, lorsqu'il s'agit de plantes si délicates et dont les caractères sont si profondément altérés par la dessication, la comparaison, pour être valable et sans réplique, doit avoir lieu sur le vif. L'observation est encore à faire dans ces conditions. Pour la réaliser, M. Timbal-Lagrave s'est adressé à M. Méhu qui demande à ses collègues de Lyon de vouloir bien l'aider à répondre au désir du savant botaniste de

« PreviousContinue »