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France ont cru que le Carex brevicollis se trouve 1° près de Belley, 2° près de Pierre-Châtel. La première alternative nous paraît plus vraisemblable. Dans les deux cas ils auront été probablement induits en erreur par l'expression de Duby, Rhodano proximas, laquelle ne peut s'appliquer en réalité qu'aux rochers de Pierre-Châtel et aussi peut-être par la lecture de la carte de l'état-major, feuille de Belley, no 169. Le dessinateur, au lieu d'écrire les mots montagne de Parves dans le sens vertical et dans toute l'étendue de la susdite montagne, a tracé les caractères transversalement et les a condensés près de la cote 629TM placée au voisinage du fort de Pierre-Châtel, lequel domine le cours du Rhône et regarde le midi. Belley est éloigné du Rhône de plus de six kilomètres.

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On aurait évité toutes ces incertitudes en disant seulement : C. Brevicollis sur les rochers situés à l'est de Coron, près de Belley.

M. l'abbé Cariot s'exprime ainsi qu'il suit : (Etude des fleurs, Ve édition, p. 645) montagne de Parves au-dessus de Coron près Belley, sur le versant au midi. »

Cette désignation serait irréprochable si notre auteur avait dit sur le versant qui regarde le couchant.

Nous devons encore ajouter que notre savant collègue, mieux informé que les auteurs précédemment cités, lesquels évidemment ne peuvent connaître le Bugey aussi bien que les botanistes lyonnais, indique encore une seconde localité du Carex brevicollis, sur le chemin de Saint-Germain à Belley, près de la Croix-du-Reposoir.

Expliquons, pour les botanistes qui ne connaissent pas le Bugey, que cette seconde localité ne fait pas partie de la montagne de Parves, mais est située à quelques kilomètres à l'ouest de Belley.

Ces deux localités étaient les seules connues en France.

Je n'ai pas pu étudier d'une façon complète la dispersion de ce Carex dans le reste de l'Europe; les quelques ouvrages que j'ai consultés ne le signalent pas en dehors de la France. Ainsi Kunth, dans son Enumeratio plantarum, etc., II, p. 447, reproduit simplement la phrase de Duby, sans y ajouter une seule localité; mais cette étude de dispersion se complique d'une question de synonymie qu'il importe d'éclaircir. La question est celleci le Carex brevicollis D. C. n'aurait-il pas été confondu

avec le Carex Michelii Host, qui est répandu dans une grande partie de l'Europe.

Déjà dans De Candolle, nous trouvons au commencement de la description du C. brevicollis cette phrase: « Cette espèce › ressemble beaucoup aux deux précédentes (C. depauperata et › C. Michelii), surtout au C. de Micheli. » De Candolle donne la description des deux Carex, et indique le C. Michelii, sur la foi de Mérat, dans les prés montueux, au Plessis-Piquet, près Paris.

Duby le traduit fidèlement.

Mais Grenier et Godron mettent le C. Michelii dans leurs espèces exclues avec cette mention n'existe pas dans les en› virons de Paris où Mérat l'a signalé. » Cosson et Germain n'en parlent pas dans leur Flore des environs de Paris.

D'un autre côté, nous trouvons dans Kunth (Enum. plant., p. 447) Carex brevicollis simillima Carici Michelii D. C; › Sprengel (syst. 3,813) cum ea conjungit. » Cependant Kunth les distingue tous deux, donne leurs diagnoses respectives, et indique pour le C. Michelii Host. les localités suivantes: Moravia, Austria, Pannonia, Istria, Galicia, Salisburgia, Italia, Gallia (Lutetia), Tauria, Caucasus.

Enfin Steudel, dans son Nomenclator botanicus, donne au C. brevicollis D. C. in Galliâ, pour synonyme C. Michelii Host., mais (sec. Spr.).

Grâce à l'obligeance de M. Cusin, qui m'a permis de faire les recherches précédentes, j'ai pu voir dans l'herbier du Conservatoire botanique, trois échantillons de Carex Michelii Host. Comparés au C. brevicollis, ils présentent au premier coup d'œil de notables différences. Le temps ne m'a pas permis d'en faire un examen attentif, de façon à pouvoir donner une conclusion. Mais M. Cusin, plus habile, veut bien se charger de ce travail. Il importe en effet de savoir si ces deux Carex sont identiques ou non; dans l'affirmative, le C. Michelii se retrouvant dans un grand nombre de localités d'une partie de l'Europe, une station nouvelle du C. brevicollis, n'aurait plus le même genre d'intérêt.

ADDITION

N. B. Le Comité de publication croit devoir extraire des

séances suivantes, qui ne seront publiées que dans le troisième fascicule, les communications qui ont trait au Carex brevicollis.

Extrait de la séance du 2 avril 1874

NOTE SUR LES CARACTÈRES DISTINCTIFS DES « CAREX BREVICOL

LIS ET C. MICHELII », par M. Cusin.

Plusieurs botanistes ayant réuni les deux Carex indiqués dans le titre de la présente note et s'étant laissé induire en erreur par les descriptions inexactes ou incomplètes qui en ont été données par quelques auteurs, il m'a semblé utile de faire ressortir les différences qui séparent ces deux espèces.

Leurs caractères communs sont : un épi staminifère en massue, des épis femelles présentant des carpelles à trois stigmates, un utricule obové, sillonné par quelques nervures, trigone et à bec bifide; la bractée inférieure est engaînante et ne dépasse pas son épi.

Voici quels sont les caractères

Carex brevicollis D. C.

Souche cespiteuse.

Bec de l'utricule court, atténué.

différentiels :

Carex Michelii Host.

Souche stolonifère.

Bec brusquement contracté, al-
longé.

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Le dessin ci-joint achève de donner une idée exacte de la forme des utricules et des écailles.

Les auteurs s'accordent à dire que la capsule du C. Michelii est glabre. Ils ne sont point d'accord au sujet de celle du C. brevicollis ; les uns, copiant De Candolle, disent qu'elle est glabre; d'autres, avec Grenier, Godron et Cariot disent qu'elle est parsemée de poils.

Heuffel décrit une forme principale glabra et une variété puberula.

Tous les échantillons que nous avons vus sont pubescents. Nous croyons que Grenier et Godron ont eu raison de ranger le C. brevicollis dans la section des Carex à utricules fructifères velus.

Les spécimens de C. Michelii qui nous ont servi pour établir la diagnose précédente sont complètement semblables entre eux et proviennent l'un de la Tauride, où Steven l'a récolté en 1825, le second a été cueilli en Autriche et envoyé par Skofitz, le troisième porte la date de 1820 et vient des environs de Parme. Tous trois font partie de l'herbier Seringe appartenant à la ville de Lyon.

Le C. brevicollis, du même herbier, vient de la montagne de Parves, dans le Bugey.

Extrait de la séance du 16 avril 1874

M. le Secrétaire donne lecture d'une lettre de M. Chenevière, de Tenay.

Ce botaniste vient de retrouver le Carex brevicollis dans la localité signalée plus haut; il y est très-abondant et paraît tout-à-fait spontané. D'après M. Chenevière il existe probablement aussi, dans la même exposition, de Tenay à Rossillon.

Un échantillon frais est joint à la lettre, et tous les sociétaires peuvent se convaincre que c'est une acquisition certaine pour la flore du Bugey, laquelle a un si grand intérêt pour nous.

Extrait de la séance du 25 mai 1874

LE CAREX BREVICOLLIS » DE TENAY ET LA DISTRIBUTION GÉOGRA-
PHIQUE DE CETTE ESPÈCE, par le Dr Saint-Lager.

Après la communication de M. Chenevière sur l'existence du Carex brevicollis dans les environs de Tenay (Ain), je proposai à la Société de botanique de déléguer une Commission à l'effet d'examiner avec soin la nouvelle station de cette espèce, l'une des plus rares et des plus intéressantes de la Flore française. Il importait d'ailleurs d'aller promptement faire cet examen, car nous étions déjà arrivés au 30 avril, époque à laquelle les capsules du Carex brevicollis sont parvenues à un degré de maturité au-delà duquel elles ne peuvent être conservées à cause de la fragilité de leur point d'insertion.

Ma proposition n'ayant pas eu de suites, je ne voulus point différer plus longtemps une constatation que je considérais comme très-importante. J'allai donc, le dimanche 2 mai 1874, à Tenay, accompagné de mon ami M. Sargnon et de mon fils. Bien que nous n'eussions pas l'honneur d'être connus de lui et qu'il ne fût pas prévenu de notre arrivée, M. Chenevière se mit immédiatement en route avec nous avec l'empressement qu'il aurait montré à recevoir de vieux amis depuis longtemps attendus.

Jamais d'ailleurs nous n'avons mieux compris l'utilité d'un guide que dans cette occasion. Assurément le botaniste qui, sur cette simple désignation: Carex brevicollis D. C., à Tenay (Ain), se mettrait en quête de ladite plante, risquerait fort de passer plusieurs jours sans la trouver. Il n'est donc pas superflu de donner ici des renseignements précis sur l'itinéraire à suivre.

Après avoir dépassé les grandes usines qui se trouvent à l'extrémité méridionale du village de Tenay, il faut continuer de suivre, pendant 400 mètres, la route qui conduit à Rossillon. Lorsqu'on est arrivé vers une petite maison établie par la société de tir, on quitte brusquement la route et l'on gravit les pentes rocailleuses qui sont appliquées sur les flancs de la montagne au sommet de laquelle est situé le village d'Hostiaz. Toutes les personnes qui ont fait en chemin de fer le trajet de Lyon à

B

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