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mérés, on ne doit point espérer trouver un grand nombre de mousses. Cependant, la simple constatation des faits offre toujours quelque intérêt au statisticien. J'étais aussi bien aise de montrer à nos collègues la station de l'une des Mousses les plus rares de notre Flore, je veux dire le Barbula membranifolia Schultz, espèce beaucoup plus répandue dans la région méridionale que dans le centre de l'Europe, où du reste elle se montre toujours sur des coteaux secs et bien exposés.

A la Pape, elle se trouve sur un poudingue qui borde à gauche la route, à vingt mètres avant d'arriver au pont de la Cadette. Je présume qu'on pourra la rencontrer en d'autres endroits de cette région, soit en remontant du côté de Miribel, soit en se dirigeant du côté de Rillieux et de Sathonay, On la reconnaît à la couleur blanchâtre des touffes qu'elle forme, à ses feuilles à bords courbés, garnies en dessus d'une masse dense de filaments articulés et terminées par un long poil blanc, flexueux, denticulé.

Entrés dans le vallon de la Cadette, nous n'eûmes que quelques pas à faire pour cueillir sur les premières pentes du versant situé à droite un autre Barbula assez rare dans les environs de Lyon, c'est le B. inclinata Schwaegr., plus remarquable par la couleur vert-glauque de ses feuilles que par l'inclinaison de sa capsule. Si j'avais à lui donner un nom, je l'aurais appelé Barbula glauca. Tout près de là nous trouvâmes un autre Barbula tellement crispé par la sécheresse que nous ne le reconnûmes pas d'abord. La plupart d'entre nous, le voyant en aussi mauvais état, ne le cueillirent pas. M. Debat, mieux avisé en prit un échantillon et, l'ayant examiné attentivement chez lui, reconnut le B. squarrosa Br. Sch. Cette mousse, arrivée à une phase avancée de sa végétation, présente une particularité bien faite pour induire en erreur : les fleurs femelles deviennent tout-à-fait latérales comme dans les Hypnacées.

Au même lieu se trouve une grande abondance d'Hypnum rugosum entremêlé au Thuidium abietinum Br. Sch. Ces deux dernières mousses m'ont paru avoir une préférence très marquée pour les terrains secs, sablonneux ou graveleux. Je les ai retrouvées au Molard de Décines, sur les collines arides de sables et de cailloux souvent visitées par les botanistes lyonnais, et en plusieurs autres localités analogues du Dauphiné, du plateau Bressan et du Beaujolais.

En continuant à longer la base orientale du vallon nous vîmes la toute mignonne mousse appelée Funaria calcarea Wahlenb., beaucoup moins exigeante, sous le rapport de la nourriture, que l'opulente F. hygrometrica Hedw., laquelle ne vient que dans les lieux riches en matières azotées comme les décombres, les terres qui ont reçu les eaux ménagères des habitations, et encore les places où on brûle du bois et où se développe rapidement une production de nitrate de potasse, ainsi qu'il arrive toutes les fois que le terreau se trouve mêlé à des cendres végétales.

En montant dans le bois voisin nous trouvâmes le Fissidens adianthoides Hedw., dont les feuilles sont si gracieusement découpées. Il était là mêlé à quelques mousses communes Weisia viridula Brid., Phascum bryoides Dicks., Atrichum undulatum P. B., Encalypta vulgaris Hedw., Thuidium tamariscinum Br. Sch., Cylindrothecium Montagnei Br. Sch. que je n'ai pas encore pu voir fructifié, et le sempiternel Hypnum cupressiforme L.,

dont le polymorphisme ne me paraît pas avoir été suffisamment étudié jusqu'à présent.

Enfin, sur les troncs de bois apparaissaient: Pylaisia polyantha Br. Sch., Homalia trichomanoides Br. Sch. et Brachythecium populeum Br. Sch.

Nous ne vîmes que trois plantes phanérogames fleuries: Helleborus fætidus L., Scilla bifolia L. et Carex humilis Leyss. Elles nous firent plaisir, car elles nous annonçaient le réveil de la nature et le retour du printemps.

HERBORISATION DANS LE VALLON DE FRANCHEVILLE,
par M. Emile Guichard.

M. Guichard fait circuler un grand nombre d'espèces, les espèces vernales habituelles: Scilla bifolia, Corydalis solida, etc. L'abondance des espèces récoltées indique que la saison est déjà assez avancée pour faire des herborisations phanérogamiques fructueuses.

RAPPORT SUR LES ANNALES DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICulture et D'HISTOIRE NATURELLE DE L'HÉRAULT, ENVOYÉES A LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON EN ÉCHANCE DE SES PUBLICATIONS, par M. Ant. Magnin.

Les quatre livraisons des Annales qui nous ont été adressées contiennent les procès-verbaux des séances du mois de janvier au mois d'août 1873 et les mémoires présentés dans ces séances. Bien que la majeure partie de ses travaux soit consacrée à l'horticulture, j'ai cependant à signaler, à la Société, plusieurs notes ayant trait à la botanique de l'Hérault et par conséquent pouvant être de quelque utilité pour la rédaction de notre Catalogue de la Flore du Bassin du Rhône. Les comptes-rendus des excursions faites par la Société d'Horticulture de l'Hérault, comptes rendus rédigés avec soin par MM. Aubouy et Doûmet-Adanson, pour la partie botanique, fourniront d'utiles indications pour le travail dont M. Saint-Lager s'acquitte avec tant de zèle.

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Le premier rapport, par M. Aubouy, rend compte d'une excursion à Lattes et à Palavas, le 30 mars 1873; j'y relève les observations suivantes : Erysimum perfoliatum Crantz, commun sur le plateau calcaire de Larzac; je rappellerai que la seule localité lyonnaise où l'on ait rencontré cette espèce est aussi une localité calcaire Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, au pied du MontCindre. Panicum vaginatum Sw., qui n'avait pas encore été signalé à Lattes. · Capsella gracilis de Grenier, très voisine du C. bursa-pastoris L., est aussi de notre flore lyonnaise; cette espèce critique, considérée par MM. Paillot et Bavoux comme un hybride des C. bursa-pastoris et C. rubella Reuter, n'est pour M. Aubouy qu'une forme abortive de la capselle bourse à pasteur. « L'absence ici, dit-il, du C. rubella doit exclure toute « idée d'hybridité; la forme à silicules avortées se montre presque exclusi

47 «vement au milieu des Capsella que le pied de l'homme ou celui des ani«maux foule souvent, qui croissent aux bords des chemins, dans les aires « où l'on bat les grains, les champs de manoeuvre, etc. » Ce serait à vérifier dans nos environs de Lyon, au Grand-Camp, par exemple.

Le deuxième compte-rendu (excursion au plateau basaltique de Roquehaute), est dû à M. Doûmet Adanson; en outre des listes des espèces récoltées dans le cours de l'excursion, je note le fait du nombre considérable de légumineuses, vingt-et-une espèces différentes trouvées au sommet du plateau, sur des débris de lave. M. Planchon observe, à ce sujet, que cette abondance de Légumineuses indique la présence du calcaire et rappelle que les basaltes donnent des calcaires par décomposition. Les membres de la Société botanique de Lyon, doivent se souvenir d'une observation analogue d'espèces calcicoles, venant sur des basaltes, signalée dans une brochure offerte l'année dernière par M. Legrand et intitulée : Quelques remarques sur la végétation de la plaine du Forez. Cette note a été analysée par M. le docteur Guillaud, dans la séance du 7 août 1873. Les espèces citées par M. Legrand comprennent aussi, surtout, des Légumineuses: Trifolium alpinum et T. medium et en outre Fragaria collina.

Un troisième rapport de M. Aubouy, sur une excursion faite à Palavas et à Maguelonne, donne des listes d'espèces du littoral, constituant, comme on le sait, une flore toute spéciale. Une annexe, p. 129, contient l'énumération des espèces récoltées dans : 1 champs et terrains incultes voisins de Palavas; 2o dans les prairies et marécages; 3o autour de Maguelonne; 4° dans les sables maritimes; notons aussi l'indication de trente-trois espèces récoltées sur le toit de l'antique église de Maguelonne et qui nous rappelle un travail analogue d'un lyonnais, sur la flore du clocher de l'église d'Ainay. M. Aubouy, dans une autre note, signale :

1• Teucrium flavum et Linaria Peliceriana, qui n'avaient pas encore été signalées dans l'arrondissement de Lodève.

2. Des plantes exotiques, introduites probablement par des laines importées de l'étranger et récoltées dans les étendages et séchoirs des fabriques de Lodève : Artemisia austriaca, Centaurea diffusa, et une espèce nouvelle, Lapago phleoïdes Aubouy.

Je trouve encore, en compulsant les procès-verbaux :

Viola suavis Gedron, indiquée avec doute par M. Doûmet, comme le type de la violette de Parme.

Une espèce d'Orobanche parasite sur des Petunia, sans plus ample indication.

RAPPORT SUR LES TROIS BROCHURES ENVOYÉES PAR M. DUVAL

JOUVE.

M. Duval-Jouve a adressé à la Société trois notes extraites des Bulletins de la Société botanique de France; deux de ces notes ont pour objet des plantes du littoral méditerranéen, fort intéressantes au point de vue de la biologie végétale.

Dans la première note intiulée: Particularités des Zostera marina L. et

Z. nana Roth. M. Duval-Jouve expose le résultat de deux années de recherches sur ces espèces de la famille des Zosteracées ou Naiadées, voisines toutes deux des Potamées de notre flore d'eau douce locale; dans cette note, M. Duval-Jouve suit le développement de la plante, rectifie quelques descriptions erronées, données par Kunth, Grenier et Godron, et surtout les hypothèses émises par Poiret et De Candolle, sur le mode de leur fécondation; sur ce dernier point, M. Duval-Jouve a observé que la fécondation du Zostera marina s'accomplissait plus ou moins à la surface de l'eau, tandis que celle du Z. nana avait lieu complètement sous l'eau; cette fécondation a présenté à l'auteur de la note des faits intéressants, mais en contradiction avec les observations de M. Hoffmeister sur le Z. marina et de M. Bornet, pour le Phycagrostis major, espèce voisine et à pollen aussi confervoïde. D'après M. Duval-Jouve, l'anthère s'appliquerait sur le stigmate sans laisser échapper de tubes polliniques, de sorte que la fécondation aurait lieu par l'action directe de la fovilla sur le stigmate.

La deuxième note a pour objet une nouvelle espèce d'Althenia, genre de la famille des Naiadées, voisine des Zostéracées, qui ont été le sujet de la note précédente. La nouvelle espèce Althenia Barrandoni a été trouvée aux Onglons, entre Agde et Cette.

Dans la troisième note, qui a pour titre : Sur une forme de cellules épidermiques qui paraissent propres aux Cypéracées, M. Duval-Jouve continue l'exposition de ses recherches sur la structure des Glumacées, recherches qui lui ont déjà donné de si beaux résultats (Agropyrum de l'Hérault, Arètes des graminées, etc.).

On connaît les diverses saillies que peut présenter la paroi externe des cellules épidermiques, depuis les petites papilles, jusqu'aux poils simples ou rameux; mais on n'avait pas encore signalé de saillie sur leur paroi interne.

C'est la présence de ces saillies que M. Duval-Jouve a constatée sur toutes les Cypéracées, soixante environ, qu'il a examinées jusqu'ici. - Ces saillies coniques, plus ou moins développées, suivant les espèces, ne se montrent pas sur toutes les cellules épidermiques indistinctement; ces cellules à fond conique n'existent qu'au milieu des lignes de cellule épidermique qui sont en contact immédiat avec les bandes de fibres libériformes.

Ces particularités de structure spéciales à des familles, des genres, des espèces, sont non-seulement intéressantes en elles-mêmes, mais peuvent aussi être d'un secours considérable pour la botanique descriptive; je n'ai qu'à rappeller les fibres aréolées spéciales aux conifères, et les services que ces observations de structure microscopique, rendent journellement à la Paléontologie végétale.

M. ANT. MAGNIN: SUR UNE NOUVELLE LOCALITÉ DU « CAREX BREVICOLLIS » D. C., DÉCOUVERTE PAR M. CHENEVIÈRE DANS LES

ENVIRONS DE TENAY.

Je viens de recevoir d'un de nos membres titulaires les plus actifs, M. Chenevière, résidant à Tenay, une plante qui sera

probablement une des riches découvertes faites cette année par notre Société.

Dans un ballot de plantes que ce botaniste a bien voulu me communiquer pour vérifier leur détermination, se trouve un Carex portant cette mention : Récolté dans les environs de

Tenay, sous les rochers d'Hostiaz; serait-ce le Carex brevi« collis? 1870. » Au premier coup d'œil, je reconnais, en effet, le Carex brevicollis, tel que pendant huit ans je l'ai récolté dans la station classique de Coron. Pour plus de certitude, je le montrai immédiatement à M. Cusin, qui vérifia l'exactitude de la détermination.

On sait que jusqu'à présent il n'a été signalé qu'en deux stations des environs de Belley.

En faisant des recherches bibliographiques, sur la dispersion de cette espèce, j'ai relevé les intéressantes remarques qui sui

vent :

Le Carex brevicollis a été signalé la première fois par De Candolle dans sa Flore de France, t. V, p. 295:

< Cette espèce croît sur les rochers exposés au midi, non loin « du Rhône, à la base de la montagne de Parves, près Belley, < où elle a été découverte par M. Auger. »

Bien que cette phrase contienne plusieurs inexactitudes, notamment en ce qui concerne l'exposition et la prétendue proximité du Rhône, il ressort, je crois, de la ponctuation, que De Candolle n'a voulu indiquer qu'une seule localité.

Duby, dans le Botanicon gallicum, p. 496, dit : « Ad rupes Rhodano proximas in monte Parve prope Belley (Cl. V. Auger). Jusqu'ici il n'était question que de rochers voisins du Rhône. Le mot voisin a encore une certaine élasticité.

Avec Loiseleur-Deslongchamps (Flora gallica, Parisiis, 1828), nous sommes presque sur les rives du Rhône : « In rupibus secus Rhodani littora, juxta Belley. »

Grenier et Godron, après la description du Carex brevicollis (Flore de France, t. III, p. 417), ajoutent : « Hab. mont Parve, près Belley; vallée du Rhône, près de Pierre-Châtel. »

De deux choses l'une, ou il n'y a dans cette phrase qu'une simple faute de ponctuation qui empêche de comprendre qu'on a voulu dire, avec Duby et De Candolle que le mont Parve est voisin du Rhône; ou, au contraire les auteurs de la Flore de

Ann. Soc. Bot.

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